Construire un projet professionnel

Dossier : ExpressionsMagazine N°645 Mai 2009
Par Michel PRUDHOMME (64)

Qui vient de démis­sion­ner ou d’être licen­cié a déjà chan­gé psy­cho­lo­gi­que­ment. Mais est-on prêt pour autant ? Cela dépend du choc que l’on vient de subir, de son carac­tère, de sa capa­ci­té de résis­tance, de son goût du chan­ge­ment, de son envi­ron­ne­ment personnel.

L’on ne peut être consi­dé­ré comme » bon pour le ser­vice » que lors­qu’on est capable de par­ler posi­ti­ve­ment de son pas­sé pro­fes­sion­nel proche, et de se pro­je­ter en même temps dans le futur, en com­mu­ni­quant autour de ce pro­jet vers son nou­vel employeur.

Beau­coup sous-estiment l’im­por­tance de cette pré­pa­ra­tion psy­cho­lo­gique. Et pour­tant, beau­coup res­sentent bien le besoin d’une rup­ture (voyage, vacances, for­ma­tion). C’est la mani­fes­ta­tion incons­ciente de ce chan­ge­ment psychologique.

Trois questions pour un projet

Construire son pro­jet pro­fes­sion­nel, c’est se poser trois types de ques­tions, et sur­tout y appor­ter des réponses. Le seul fait d’y tra­vailler aide à la pré­pa­ra­tion psy­cho­lo­gique, oblige à tour­ner la page et à se pro­je­ter dans l’a­ve­nir. Ce pro­jet, c’est le cahier des charges de sa future acti­vi­té, avec des élé­ments qua­li­ta­tifs et quan­ti­ta­tifs : métier, type, taille et culture d’en­tre­prise, sec­teur d’ac­ti­vi­té, style de mana­ger, équipe, bud­gets, etc.

Pre­mière ques­tion : qu’est-ce que je » sais » faire ? C’est le plus facile, la par­tie visible de l’i­ce­berg. Il suf­fit de regar­der dans le pas­sé les métiers, les sec­teurs, les com­pé­tences acquises, les réa­li­sa­tions et de syn­thé­ti­ser tout cela.

On ignore géné­ra­le­ment ce qu’on serait capable de faire dans un nou­vel envi­ron­ne­ment inconnu

Deuxième ques­tion : qu’est-ce que je suis » capable » de faire ? C’est déjà plus dif­fi­cile. Cha­cun sait ce qu’il a été capable de faire dans tel ou tel envi­ron­ne­ment, mais ignore ce qu’il serait capable de faire dans un nou­vel envi­ron­ne­ment inconnu.

Cela dépend de sa nature propre : valeurs, rela­tion au pou­voir, sens poli­tique, capa­ci­tés de com­mu­ni­ca­tion, freins et moteurs, etc.

Troi­sième ques­tion : qu’est-ce que j’ai » envie » de faire ? C’est le plus dif­fi­cile, et il faut être hon­nête avec soi-même pour répondre à cette ques­tion. C’est pour­tant le plus impor­tant. En effet, il y a une énorme dif­fé­rence entre un métier que l’on a envie de faire et un métier que l’on n’a pas, ou plus envie de faire. Cela dépend aus­si de l’âge : nous pou­vons nous for­cer quelques mois à faire quelque chose qui ne nous plaît plus à qua­rante ans, mais pas au-delà de cin­quante ans.

Le cœur et la raison

En fonc­tion des réponses aux ques­tions ci-des­sus, et plus spé­ci­fi­que­ment de la troi­sième, on pour­ra abou­tir à deux types de pro­jets : le pro­jet de la rai­son et le pro­jet du cœur. Un pro­jet de la rai­son s’ins­crit dans la conti­nui­té : son bateau conti­nue sur son cap, en chan­geant une voile ou un réglage.

Un pro­jet du cœur consiste à faire un vire­ment de bord vers un autre port : chan­ger de métier, de sec­teur, créer ou reprendre une entre­prise, deve­nir indé­pen­dant, faire des mis­sions, du conseil…

La plu­part des per­sonnes, sauf les plus âgées, ont un pro­jet de la rai­son, dans la continuité.

Par­mi les per­sonnes béné­fi­ciant d’un accom­pa­gne­ment les ame­nant à se poser sys­té­ma­ti­que­ment les trois ques­tions ci-des­sus, la moi­tié a aus­si un pro­jet du cœur. Par­mi ces pro­jets du cœur, deux tiers sont uto­piques ou pré­ma­tu­rés, et l’on se rabat sur le pro­jet de la rai­son. Mais, néan­moins, un tiers est réa­liste, et ce sont des réussites.

Cela veut dire que l’on a une chance sur six de por­ter en soi un pro­jet du cœur qui don­ne­ra un nou­veau départ à sa vie professionnelle.

Créé il y a plus de qua­rante ans, le Bureau des Car­rières de l’AX pro­pose des entre­tiens per­son­na­li­sés, des sémi­naires et ate­liers, l’ac­cès à dif­fé­rents réseaux ain­si que des moyens logistiques.

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