Compétitivité d’abord

Dossier : ÉditorialMagazine N°676 Juin/Juillet 2012
Par Laurent BILLÈS-GARABÉDIAN (83)

La com­pé­ti­ti­vi­té de la France et la réin­dus­tria­li­sa­tion sont remises au cœur du débat.

Avec les contri­bu­tions des dif­fé­rents acteurs, nous devons déga­ger un consen­sus sur les sujets stra­té­giques : quelle poli­tique indus­trielle ? Com­ment réta­blir notre compétitivité ?

Pour aider à construire la crois­sance, il faut redé­fi­nir le rôle et la valeur ajou­tée de la puis­sance publique et l’État stra­tège doit, en ayant une vision inter­na­tio­nale, tra­vailler les sujets suivants.

• Défi­nir sur le long terme une véri­table poli­tique indus­trielle et les sec­teurs prio­ri­taires à pri­vi­lé­gier ain­si que les objec­tifs et les moyens pour l’enseignement supé­rieur, la recherche et l’innovation.

• Recons­ti­tuer des filières fortes, avec quelques pro­grammes ambi­tieux tout en évi­tant le sau­pou­drage des éner­gies et des fonds publics.

• Revi­si­ter les grands pro­grammes his­to­riques qui ont fait rayon­ner la France (télé­coms, nucléaire, aéro­nau­tique et espace, TGV, etc.), à par­tir des points de force et des actifs d’aujourd’hui en par­ti­cu­lier dans l’Énergie et les Sciences de la Vie.

• Ne pas réduire les inves­tis­se­ments d’innovation pour satis­faire à des contraintes de court terme – la fai­blesse des dépenses de R&D a un impact direct sur la capa­ci­té à inno­ver et de faire mon­ter en gamme les pro­duits et les ser­vices, et cer­tains pays dits émer­gents ont tri­plé en dix ans leur effort de R&D.

• Ren­for­cer la base natio­nale où se situaient des emplois de haute qua­li­fi­ca­tion en R&D et inno­va­tion, aujourd’hui dépla­cés à l’international – par­fois pour de bonnes rai­sons d’accès à des mar­chés ou des com­pé­tences, par­fois sim­ple­ment pour trans­fé­rer à des sous-trai­tants moins chers, entraî­nant une perte des savoir-faire technologiques.

• Favo­ri­ser le dia­logue et le tra­vail en équipe entre les grands groupes, porte-avions à l’international, et les ETI (entre­prises de taille inter­mé­diaire) ou les PME (petites et moyennes entreprises).

Pré­oc­cu­pé depuis tou­jours par le déve­lop­pe­ment indus­triel de notre pays, notre cama­rade Jean-Louis Bef­fa, pré­sident d’honneur de Saint-Gobain, homme d’action et d’entreprise, a lan­cé un cri d’alarme dans son ouvrage récent, La France doit choi­sir, qu’il nous a ami­ca­le­ment pré­sen­té lors d’une soi­rée à la Mai­son des X. Il sou­ligne le risque de voir la France se mar­gi­na­li­ser dans la mon­dia­li­sa­tion accé­lé­rée et mène une ana­lyse fouillée des types d’entreprises (mon­diales ou régio­nales). Il com­pare les modèles éco­no­miques en par­ti­cu­lier le modèle « libé­ral finan­cier » anglo-saxon et le modèle com­mer­cial indus­triel appli­qué en Alle­magne, Japon, Chine, Corée du Sud, et défend le modèle « qui a réus­si à créer ces entre­prises qui res­tent aujourd’hui un élé­ment essen­tiel du dis­po­si­tif fran­çais au sein de la mon­dia­li­sa­tion ». Pour répondre à la ques­tion de la crois­sance éco­no­mique de la France, il pro­pose des pistes en matière de fis­ca­li­té, de dis­tri­bu­tion des reve­nus et de démo­cra­tie sociale, à déci­der et mettre en oeuvre de façon d’autant plus urgente qu’il faut réta­blir au plus vite l’équilibre com­mer­cial qui condi­tionne la croissance.

À l’aube d’une nou­velle poli­tique, il est nor­mal que l’État prenne toutes les mesures néces­saires pour déve­lop­per l’économie et en par­ti­cu­lier l’industrie. Il est alors légi­time qu’il assume la for­ma­tion de ses meilleurs ingé­nieurs et éco­no­mistes. L’X se situe exac­te­ment dans cette pers­pec­tive et notre com­mu­nau­té doit tenir son rôle.

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