Jean TIROLE (73)

Colloque de l’AX 2016 Table ronde : Emploi, un peu d’ambition !

Dossier : Publications des lecteursMagazine N°Colloque de l'AX 2016 Table ronde : Emploi, un peu d'ambition !

Les autres articles consacrés au colloque
 

 Présen­ta­tion générale (vidéos résumés) 

 Table ronde Énergie : un peu de sérieux (52 + 16 min.) 

 Table ronde Numérique : du rêve à la réal­ité (1 heure) 

 Inter­ven­tion de Jean-Paul Bail­ly (65) (27 min.) 

Table ronde Inser­tion sociale : un peu d’au­dace (1 heure)

 Con­clu­sion de Claude BÉBÉAR (12 min.) 

Les articles de la brochure concernant l’emploi

Osons aller à contre-courant !

Jean TIROLE (73)
Prix Nobel d’économie

Le sujet dont je vais vous par­ler pour illus­tr­er l’intervention de l’économiste dans la poli­tique économique est en fait mal choisi : mes inter­ven­tions publiques dans ce domaine ont été jusqu’ici sans effet. 

Il n’est pas besoin de vous dress­er le con­stat de la sit­u­a­tion de l’emploi en France : elle est très mau­vaise. Nous sommes mar­qués par le type d’institutions de l’Europe du Sud, et nous serons sans doute les derniers à les con­serv­er. Ces insti­tu­tions découra­gent le recours au CDI, au prof­it des CDD, avec des dis­posi­tifs d’emplois aidés, une for­ma­tion pro­fes­sion­nelle très chère et cepen­dant peu effi­cace, une rup­ture con­ven­tion­nelle coû­teuse, etc. 

Ceci a un dou­ble effet délétère : d’une part la général­i­sa­tion des CDD dis­suade l’entreprise d’investir à long terme dans le cap­i­tal humain de ses employés et coûte cher à l’assurance chô­mage du fait en par­ti­c­uli­er de la per­mit­tence1 ; d’autre part la mobil­ité reste lim­itée, car le salarié, même si son emploi ne le sat­is­fait pas, a peur du change­ment (vais-je retrou­ver un emploi équivalent ?). 

Un emploi détruit, c’est une personne, un visage, et souvent un drame


Par ailleurs, le moral général en pâtit, avec une anx­iété qui atteint des salariés en CDI qui sont pour­tant par­mi les plus pro­tégés au monde (à la dif­férence par exem­ple des Danois, beau­coup moins pro­tégés au niveau de l’emploi, mais pour­tant dotés d’une bien meilleure con­fi­ance dans leur avenir pro­fes­sion­nel. La Scan­di­navie pro­tège des per­son­nes plutôt que l’emploi). Il en découle un coût social bien sûr pour les salariés, mais aus­si pour l’État, coût qui finit d’ailleurs par retomber in fine sur le salarié. 

Le syndrome de la victime identifiable

On peut se deman­der pourquoi l’opinion publique ne voit pas ce qui se passe. Les psy­cho­logues avan­cent une expli­ca­tion : celle de la « vic­time iden­ti­fi­able ». Il y a les vic­times que vous voyez, donc aux­quelles vous pou­vez vous iden­ti­fi­er, avec lesquelles vous pou­vez dévelop­per de l’empathie. Et les vic­times indi­rectes que per­son­ne ne voit. 

On dis­tingue en économie la « marge de créa­tion », les emplois qui se créent (on sait que les insti­tu­tions français­es actuelles découra­gent la créa­tion d’emplois) et la « marge de destruc­tion », avec bien sûr les licen­ciements. Un emploi non créé n’a pas de vis­age : il reste théorique, sans une per­son­ne iden­ti­fi­able. En revanche, un emploi détru­it, c’est une per­son­ne, un vis­age, et sou­vent – pré­cisé­ment dans nos pays – un drame. 

Lorsque nous avions tra­vail­lé sur ces ques­tions il y a une quin­zaine d’années avec Olivi­er Blan­chard, alors au MIT (il fut par la suite chef écon­o­miste du FMI), nous avions con­staté qu’une entre­prise qui procède à un licen­ciement paie une par­tie du coût (l’indemnité de licen­ciement) mais de loin pas la total­ité du coût pour la société, que prend en charge notam­ment l’assurance chô­mage. En revanche, celle qui garde ses salariés va être en quelque sorte « punie », car elle va pay­er les coti­sa­tions sociales qui ali­mentent les indem­nités chô­mage générées par celles qui licencient ! 

Le pollueur n’est pas le payeur

On est loin ici du principe pol­lueur-payeur qui a cours dans l’environnement. C’est même pire : celui qui ne pol­lue pas paye pour celui qui pol­lue. Vous me direz que ça ne se passe pas vrai­ment comme ça en France : il existe un con­trôle des licen­ciements, exer­cés par les tri­bunaux et les prud’hommes.

Mais ces derniers ne peu­vent pas faire grand-chose : ce n’est pas une ques­tion de com­pé­tence, mais de manque d’information sur l’opportunité de l’emploi pour l’entreprise, qui con­duit sou­vent à des déci­sions arbi­traires (leur mis­sion est une mis­sion impossible). 

Pour une responsabilisation des acteurs

Nous avions pro­posé un sys­tème bonus/malus, neu­tre en ter­mes de prélève­ment total pour les entre­pris­es. On encour­age l’entreprise à ne pas trop licenci­er, en lui appli­quant une taxe de licen­ciement sous forme d’un malus sur les coti­sa­tions sociales ; l’entreprise qui garde ses salariés voit ses charges sociales allégées. Il y a aus­si bien sûr une mesure ex post : par exem­ple l’entreprise qui licen­cie un jeune infor­mati­cien parisien de 30 ans, qui retrou­ve un emploi dès le lende­main, n’a pas de rai­son de pay­er beau­coup de taxes. 

Le chômage n’est pas un hasard


Était-ce réal­iste ? Oui, car ce sys­tème a été inven­té non pas par nous mais par Roo­sevelt, aux États-Unis, mais bien sûr dans un con­texte de licen­ciements et d’indemnisation du chô­mage beau­coup plus faibles. Ce sys­tème a la ver­tu de respon­s­abilis­er l’entreprise (et cor­réla­tive­ment d’alléger la charge qui pèse sur les tri­bunaux), mais aus­si de l’inciter à inve­stir sur son cap­i­tal humain, avec un per­son­nel qui aura ten­dance à rester plus longtemps. Elle élim­in­erait aus­si celles par­mi les rup­tures con­ven­tion­nelles qui sont prin­ci­pale­ment mues par l’externalisation du coût vers l’assurance chômage. 

Le préalable : un accord bipartisan

Le chô­mage n’est pas un hasard. Il est struc­turel en France, et cela ne va pas s’améliorer spon­tané­ment. Nous avons un prob­lème aigu de chô­mage des jeunes, et aus­si de la tranche 55–64 ans, dont le taux d’emploi est très faible en France. Réformer est très dif­fi­cile, car on se heurte à des dif­fi­cultés des deux côtés : du côté des employeurs comme des salariés. C’est pourquoi il est indis­pens­able d’obtenir sur ce sujet un accord bipar­ti­san, de manière à avoir une cer­taine péren­nité, et que les acteurs puis­sent y croire. 

Du côté des employeurs, c’est la crainte de se voir engagé par des CDI ; et du côté des salariés, c’est la crainte devant un sys­tème de con­trat unique, qu’ils peu­vent ressen­tir comme une cer­taine pré­cari­sa­tion. La solu­tion serait de main­tenir les CDI anci­enne for­mule pour les con­trats exis­tants, et de pass­er pro­gres­sive­ment aux CDI nou­velle for­mule lors des créa­tions de nou­veaux emplois. 

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Syn­thèse des pro­pos tenus lors du col­loque du 10 décem­bre 2015.
1. Le terme de « per­mit­tence » désigne le phénomène selon lequel des salariés béné­fi­ciant du régime de l’intermittence sont employés de façon per­ma­nente ou qua­si per­ma­nente par un même employeur. (source : Régime d’indemnisation des inter­mit­tents du spec­ta­cle, Cour des comptes, févri­er 2007) 

Jean-Claude PRAGER (64)Quelles mesures faudrait-il inventer aujourd’hui pour enfin résorber le chômage ?

Jean-Claude PRAGER (64)
Président de X‑Démographie-Économie

L’emploi et la baisse du chô­mage sont devenus le sujet le plus grave de la poli­tique française après presque une quar­an­taine d’années d’incapacité du pays à résor­ber un fléau destruc­teur du lien social. Un jeune sur qua­tre se retrou­ve con­fron­té à une impasse pro­fes­sion­nelle. Les moin­dres soubre­sauts de la courbe du nom­bre de deman­deurs d’emploi agi­tent médias et poli­tiques. On a essayé nom­bre de pistes depuis l’opération des « 50 000 jeunes » à la fin 1975. Pra­tique­ment une mesure nou­velle chaque année. 

On a essayé nom­bre de pistes, mais, en dehors des mul­ti­ples rap­ports aus­sitôt oubliés, pour beau­coup du fait de l’absence de cul­ture de l’évaluation des poli­tiques publiques dans notre pays, pas de recherche d’un diag­nos­tic sere­in et partagé sur l’efficacité réelle de la poli­tique économique, celle de la poli­tique d’innovation et de crois­sance encore beau­coup mar­quée de l’interventionnisme des années 1980, celle de l’adaptation du droit du tra­vail de notre pays aux besoins de l’économie d’aujourd’hui.

Com­pren­dre et accepter les impérat­ifs de l’économie mod­erne où la réac­tion des entre­pris­es ne peut souf­frir de retards face aux change­ments tech­niques et des marchés du fait des surabon­dantes et insta­bles régle­men­ta­tions dont notre pays est friand plus que les autres demande beau­coup de péd­a­gogie, car, comme l’a mon­tré notre cama­rade Jean Peyrel­e­vade (X58) dans « His­toire d’une névrose »1, les Français, dans leur grande majorité et dans leur for intérieur, n’aiment pas leurs entre­pris­es, ils les veu­lent soumis­es au pou­voir poli­tique et préfèrent les rêves idéologiques dans lesquels un État omni­scient et omnipo­tent aurait la capac­ité de créer à sa guise richesse et emplois. 

Et ils sont comblés par le diver­tisse­ment des gourous s’écharpant à coups d’anathèmes poli­tiques, beau­coup plus attrayants pour les indices d’écoute que des analy­ses pru­dentes et les plus sci­en­tifiques pos­si­ble ou que des comptes ren­dus de négo­ci­a­tions dis­crètes et besogneuses. 

En bref, cette ques­tion du chô­mage et de l’emploi est par excel­lence un mar­queur de la préférence de la France pour le débat idéologique au détri­ment des réal­ités économiques. Poli­tiques de tous bor­ds, médias, experts, sont entraînés, par­fois mal­gré eux, dans une spi­rale polémique à chaque fois que la ques­tion du chô­mage et de la réforme du marché du tra­vail revient au cen­tre de l’agenda pub­lic. Le débat sur­réal­iste de la loi El Khom­ri en est un reflet éclatant. 

Sur ce sujet de la recherche d’une crois­sance riche en emplois et du chô­mage, les rap­ports, les exper­tis­es, les études les plus sérieuses ne man­quent pour­tant pas et les con­clu­sions des écon­o­mistes sont assez con­ver­gentes. Il est néces­saire d’introduire au moins un peu de sou­p­lesse, voire plus, dans le droit du tra­vail, d’améliorer sérieuse­ment la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle des jeunes, en favorisant égale­ment leur mobilité. 

Le débat idéologique au détriment des réalités économiques


Tout cela est prou­vé et bien con­nu et en par­ti­c­uli­er a été illus­tré d’une manière excel­lente dans son dernier petit livre par notre cama­rade Éti­enne Was­mer (X90), un des meilleurs spé­cial­istes actuels du sujet2 : le chô­mage de notre pays est assuré­ment lié au degré de pro­tec­tion de l’emploi, au niveau du salaire min­i­mum, à l’importance et la com­plex­ité des tax­es sur le tra­vail (le fameux coin fis­cal), au degré de cen­tral­i­sa­tion des négo­ci­a­tions pro­fes­sion­nelles, au degré de seg­men­ta­tion du marché du tra­vail entre un secteur de forte pré­car­ité et un secteur pro­tégé voire super­pro­tégé, for­mé des béné­fi­ci­aires de CDI des grandes entre­pris­es et d’emplois statu­taires (État, col­lec­tiv­ités locales, fonc­tion hos­pi­tal­ière, entre­pris­es publiques, etc.), aux insuff­i­sances mar­quées de l’appareil édu­catif et de for­ma­tion, et à l’absence de mobil­ité du marché du tra­vail ; sans par­ler, mais c’est un autre sujet, de la régle­men­ta­tion écras­ante et insta­ble dans tous les domaines de la vie des entreprises. 

Tout ce que l’on sait laisse à penser que les effets à long terme des réformes sur ces ques­tions seront posi­tifs en ter­mes de réduc­tion du chô­mage, mais les analy­ses empiriques exis­tantes ne peu­vent pas dire sérieuse­ment à quelle échéance ces effets posi­tifs se pro­duiront (prob­a­ble­ment de 5 à 10 ans), ce que sera leur ampleur, ni ce qui se passera con­crète­ment entre-temps. 

Quelles mesures pren­dre en pri­or­ité et com­ment pré­par­er les salariés à des tran­si­tions peut-être déli­cates ? Le débat est ouvert et il n’y a pas une seule bonne solu­tion. Et la manière dont sera réal­isé et accep­té un choix col­lec­tif majeur qui va peser sur les com­porte­ments soci­aux aura une forte inci­dence sur ses effets. C’est là que les enjeux exi­gent de savoir pren­dre le temps et les moyens d’expliquer l’intérêt de réformes en apparence à rebours du sens com­mun. Il n’est pas évi­dent de faire com­pren­dre aux salariés que c’est la plus grande lat­i­tude de licenci­er lais­sée aux chefs d’entreprise qui sera por­teuse de créa­tions d’emplois. Ou qu’un peu de flex­i­bil­ité des salaires est une des con­di­tions de la prospérité de tous et pas seule­ment de celle des patrons. 

Le sens com­mun milite plutôt à l’opposé des con­clu­sions des écon­o­mistes pour­tant les plus réputés dans le monde. Les réac­tions des acteurs économiques, ménages, salariés ou entre­pris­es, ne sont d’ailleurs jamais mécaniques et leurs antic­i­pa­tions sont déci­sives ; si les agents économiques, salariés ou chefs d’entreprises, con­sid­èrent que les mesures de poli­tique économique doivent amen­er dans la durée de l’embauche et de la crois­sance, ils vont accom­pa­g­n­er ce mou­ve­ment, et la crois­sance aura des bonnes chances de se réaliser. 

Une des forces du pays, sa capacité de se projeter collectivement dans l’avenir


Si, au con­traire, les chefs d’entreprises pensent que la flex­i­bil­i­sa­tion du con­trat de tra­vail ne sera que tem­po­raire parce qu’ils n’ont pas con­fi­ance en la per­sévérance des dirigeants publics, ceux qui ont déjà, ou qui craig­nent d’avoir à un terme rap­proché, des sur effec­tifs vont prof­iter de cette sou­p­lesse tem­po­raire pour réduire leur per­son­nel et ce com­porte­ment entraîn­era une cer­taine hausse du chô­mage, don­nant rai­son aux détracteurs des réformes et les décideurs publics risquent de devoir revenir en arrière sous une forme ou sous une autre. D’où l’impérieux besoin de la con­fi­ance avec les parte­naires soci­aux. Le lien très fort con­staté entre le degré de con­fi­ance sociale et le taux de chô­mage est d’ailleurs un élé­ment cen­tral, mais encore insuff­isam­ment con­nu de l’analyse économique récente3. Les pays à faible taux de chô­mage sont des pays à fort degré de con­fi­ance sociale et les pays où le taux de chô­mage est le plus élevé sont les pays de l’Europe méditer­ranéenne où la con­fi­ance sociale est faible. 

Les réformes en pro­fondeur du marché du tra­vail, pour être accep­tées et réus­sir, deman­deront donc une longue col­lab­o­ra­tion avec les syn­di­cats qui, eux, et mal­gré ce que l’on peut en dire, ont la con­fi­ance des salariés. Il eût mieux valu, depuis le début des années 1980, per­dre cinq ou dix ans à analyser, à expli­quer et à négoci­er, que s’agiter d’une manière com­pul­sive autour de solu­tions de cir­con­stances, sou­vent rejetées, et finale­ment se retrou­ver aujourd’hui sans aucune autre per­spec­tive que de nou­velles déchirures de l’opinion publique et du tis­su social. 

Pour réduire le chô­mage en pro­fondeur, ce ne sont donc pas de nou­velles solu­tions seule­ment mirac­uleuses sur le papi­er dont a besoin la France, c’est de con­fi­ance sociale, de crédi­bil­ité des dirigeants publics et surtout de per­sévérance de leur part dans un domaine qui doit devenir un thème de con­sen­sus social, comme l’a été la recon­struc­tion indus­trielle pen­dant les trente glo­rieuses et devrait l’être égale­ment la com­péti­tiv­ité du pays. Cette con­fi­ance et ce con­sen­sus se con­stru­iront dans la durée et non pas à coups de beaux discours. 

Il con­vient donc, sans revenir à la plan­i­fi­ca­tion d’une époque révolue, de revenir à ce qui a fait une des forces du pays, sa capac­ité de se pro­jeter col­lec­tive­ment dans l’avenir, et de ren­dre au long terme une impor­tance dans la ges­tion publique qu’il a per­due depuis bien longtemps4, de la con­fi­er à une per­son­nal­ité recon­nue et indépen­dante d’esprit comme a pu l’être un Paul Delou­vri­er ou l’est un Louis Gal­lois aujourd’hui.

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1. His­toire d’une névrose, La France et son économie, Albin Michel, 2014
2. Dans son ouvrage facile à lire, écrit avec J.-B. Eyméoud Vers une société de mobil­ité : les jeunes, l’emploi et le loge­ment, aux Press­es de Sci­ences Po, 2016 ; voir égale­ment la syn­thèse de O. Blan­chard, F. Jau­motte and P. Loun­gani, 2013, Unem­ploy­ment, labour-mar­ket flex­i­bil­i­ty and IMF advice : Mov­ing beyond mantras
3. Blan­chard et al., 2013, cité, p. 9 ; voir égale­ment P. Aghion, Y. Algan, and P.Cahuc, 2011, Civ­il Soci­ety and the State : The Inter­play between Coop­er­a­tion and Min­i­mum Wage Reg­u­la­tion, Jour­nal of the Euro­pean Eco­nom­ic Association
4. Sou­venons-nous qu’en 1981 Michel Rocard avait été « puni » d’avoir imag­iné pou­voir être can­di­dat aux prési­den­tielles par une nom­i­na­tion comme min­istre du Plan et de l’Aménagement du territoire. 

Gilles de LABARRERéconcilier éthique et politique

Gilles de LABARRE
Manager de la transition numérique auprès du Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique

Les débats sur les nou­velles formes d’emploi sont mar­qués par la nos­tal­gie d’un passé issu de la recon­struc­tion de l’après Deux­ième Guerre mon­di­ale (l’âge d’or du CDI dans la même entre­prise jusqu’à sa retraite) et la fas­ci­na­tion de cer­tains pour un avenir fan­tas­magorique, la fin du salari­at. Au risque de déplaire, l’objectivité min­i­male et la vision non idéologique des évo­lu­tions de l’emploi doivent éclair­er sans a pri­ori le débat poli­tique et per­me­t­tre de se forg­er une opin­ion sans suc­comber aux thès­es manipulatrices. 

Rappelons en pre­mier lieu que la con­struc­tion lég­isla­tive et jurispru­den­tielle du CDI comme emploi pro­tégé et sta­ble ne date que des crises des années 1970, alors qu’au même moment, le lég­is­la­teur recon­nais­sait et encour­ageait l’intérim et le CDD, leur assur­ant ain­si une pro­gres­sion fulgurante. 

En fait, depuis le début des années 2000 et même avec la crise de 2008, la répar­ti­tion des grandes com­posantes de l’emploi – CDI, tem­po­raire et indépen­dant – est sta­ble. En France, comme ailleurs, le CDI demeure la forme ultra-dom­i­nante d’emploi, autour de 87 % de l’emploi salarié. La part d’emplois en CDD et en intérim (en stock) est, elle aus­si, sta­ble alors que le tra­vail indépen­dant s’est sta­bil­isé autour de 10 % de l’emploi total, avec un regain récent tiré par l’auto-entrepreunariat.

Par con­tre, on assiste à une diver­si­fi­ca­tion des formes juridiques d’emploi aux con­fins du salari­at et du tra­vail indépen­dant, avec le portage salar­i­al, les coopéra­tives d’activité et d’emploi, ou lorsqu’un indépen­dant exerce son activ­ité dans un cadre con­traint (la fran­chise, l’agent com­mer­cial man­dataire indépen­dant, le gérant non salarié, etc.). Mais ces formes d’emploi restent très minoritaires. 

Face à ce con­stat, peut-on dire pour autant que rien n’a changé ? Si, bien sûr, c’est même à un véri­ta­ble boule­verse­ment auquel nous assis­tons avec une grande vague de flex­i­bil­i­sa­tion et d’individualisation, qui touche toutes les con­di­tions d’emploi.

Con­cer­nant les CDI, la pro­gres­sion du temps par­tiel, très sou­vent subi avec horaires flex­i­bles et décalés, est ful­gu­rante, avec plus de 4 mil­lions de salariés, soit près de 16 % du nom­bre total de CDI. 48 % des salariés tra­vail­lent le same­di et près d’un tiers des salariés tra­vail­lent habituelle­ment le dimanche alors que cette pro­por­tion n’était que de 20 % il y a 20 ans. 

Quant à la part des horaires à la carte, elle a qua­si­ment dou­blé et dépasse 10 %, sans compter l’évolution de la spa­tial­ié du tra­vail, le télé­tra­vail con­cer­nant près de 17 % des salariés. In fine, seule­ment 25 % des CDI tra­vail­lent encore selon le mod­èle de la journée fordiste à l’usine, ce qui n’a rien d’étonnant compte tenu de la baisse con­tin­ue de la part de l’emploi ouvri­er dans la pop­u­la­tion active. 

D’autre part, le CDI n’est plus syn­onyme d’une sta­bil­ité de l’emploi : sait-on que plus d’un tiers des CDI sont rom­pus avant un an, que ce soit en rai­son d’une démis­sion, d’une fin de péri­ode d’essai, d’un licen­ciement ou d’une rup­ture con­ven­tion­nelle (dont le nom­bre est en très forte progression). 

Con­cer­nant les CDD, la flex­i­bil­i­sa­tion est là aus­si à l’œuvre, les flux d’emploi de moins de trois mois en CDD ou en intérim représen­tant 9 embauch­es sur 10 ! 

Quant à l’emploi indépen­dant sans salarié, il s’individualise de plus en plus avec en son sein plus de 1 mil­lion d’auto-entrepreneurs, mais dont plus de la moitié ont un chiffre d’affaires inex­is­tant ou symbolique. 

Mais le phénomène le plus mar­quant de ces dernières années est l’individualisation de l’activité elle-même, avec l’explosion de la pluri­ac­tiv­ité – avoir plusieurs emplois salariés ou un emploi salarié et un emploi indépen­dant. Elle con­cerne aujourd’hui plus de 2,3 mil­lions d’actifs, con­tre 1 mil­lion il y a 10 ans. 

Enfin, deux écon­o­mistes d’Oxford, Messieurs Frey et Osborne, ont pub­lié en 2014 un arti­cle fra­cas­sant où ils éval­u­aient à 47 % la pro­por­tion d’emplois men­acés par l’automatisation aux États-Unis, leur méth­ode don­nant 42 % en France selon les cal­culs réal­isés par le cab­i­net Roland Berg­er. D’où une crainte sur l’avenir de l’emploi lui-même et au-delà de la société tout entière. Dès lors pourquoi le principe schum­pete­rien de « destruc­tion créa­trice » ne fonc­tion­nerait plus dans nos économies ? Au-delà d’un pes­simisme rel­e­vant plus de la pos­ture psy­chologique, trois raisons sont mis­es en avant dans un rap­port remar­qué con­joint de la banque améri­caine Citi et de l’université anglaise d’Oxford1.

D’abord le change­ment va plus vite : il avait fal­lu 75 ans pour que le télé­phone, lancé en 1878, compte 100 mil­lions d’utilisateurs. Il aura fal­lu à peine 7 ans à Inter­net et deux ans au réseau social de partage de pho­tos Insta­gram pour aboutir au même résul­tat ! Autre signe : la robo­t­i­sa­tion s’accélère, avec des achats de robots indus­triels en pro­gres­sion de 17 % par an depuis 2010 con­tre 3 % avant la crise finan­cière de 2008. Ensuite, les tech­nolo­gies de l’information bous­cu­lent toute l’économie et pas seule­ment quelques fil­ières indus­trielles. Enfin, con­traire­ment au passé, les fruits du change­ment tech­nologique prof­i­tent à quelques-uns et non au plus grand nombre. 

C’est cette ques­tion de la répar­ti­tion et donc du partage qui est donc au cœur des déci­sions poli­tiques à venir. Sans revenir sur les travaux mon­di­ale­ment con­nus de John Rawls2, d’Esther Duflo3 ou encore plus récem­ment de Thomas Piket­ty4, il est frap­pant de voir les experts de Citi évo­quer la mise en place d’un crédit d’impôt pour les pau­vres et le partage du tra­vail (déjà évo­qué par J.M. Keynes qui prédi­s­ait déjà la journée de tra­vail de 3 heures !). 

De la même manière, la lit­téra­ture et les débats sur le revenu min­i­mal uni­versel ne cessent de pro­gress­er, cer­tains écon­o­mistes, think tank ou insti­tu­tions (y com­pris le Con­seil nation­al du numérique) y trou­vant un intérêt majeur pour assur­er de meilleures régu­la­tions sociales au sein de nos sociétés. 

Mais sur la ques­tion de la créa­tion d’emploi, une autre lec­ture est pos­si­ble car il y a ce que l’on voit (les emplois qui dis­parais­sent) et ce que l’on ne voit pas (le tra­vail qui va naître et qui fait que 50 % des emplois créés d’ici 5 ans ne sont aujourd’hui ni con­nus ni iden­ti­fiés). Ain­si, l’emploi appa­raî­tra sous des formes qui ne ressem­blent pas for­cé­ment à l’emploi du XXe siè­cle. D’autre part, de nom­breux écon­o­mistes5 s’intéressent au phénomène de « polar­i­sa­tion » qui con­siste en une aug­men­ta­tion de la part des emplois très qual­i­fiés, dont la rémunéra­tion s’accroît forte­ment, et des emplois peu qual­i­fiés, dont la rémunéra­tion stagne, avec une réduc­tion de la part des métiers inter­mé­di­aires qui ont ten­dance à disparaître. 

La mise en exer­gue de ces ten­dances n’est pas sans impact sur l’assurance con­tre la perte d’emploi qui sera donc, elle aus­si, dif­férente. Les soubre­sauts issus de l’actuelle rené­go­ci­a­tion de la con­ven­tion rel­a­tive à l’assurance chô­mage n’en sont que les prémices. Et ce n’est pas en mod­i­fi­ant à la marge quelques paramètres tech­niques que l’on pré­pare et anticipe les évo­lu­tions majeures que les per­son­nes et les employeurs vont avoir à vivre dans les toutes prochaines années. 

C’est d’une réforme struc­turelle dont nous avons besoin afin de créer le dernier pili­er de notre mod­èle de sécu­rité sociale à la française, celle des par­cours pro­fes­sion­nels. Il est grand temps ! 70 ans après le pro­gramme du Con­seil nation­al de la Résis­tance qui a posé le socle de notre pro­tec­tion sociale. 

Mais cela sup­pose de réc­on­cili­er éthique et poli­tique, ou encore l’axe ver­ti­cal du pou­voir et le vivre-ensem­ble hor­i­zon­tal. En cela à Sol­i­dar­ités Nou­velles face au Chô­mage, nous nous faisons les dignes suc­cesseurs d’Aristote, dernière fig­ure philosophique à penser ensem­ble ces deux reg­istres de l’agir humain. 

En s’attachant, à notre hum­ble échelle, à réar­tic­uler éthique et poli­tique, Sol­i­dar­ités Nou­velles face au Chô­mage entend faire en sorte que le souhaitable (éthique) puisse ori­en­ter le pos­si­ble (poli­tique). En remet­tant le bien com­mun et la bien­veil­lance envers l’autre au cen­tre (éthique), nous dif­fu­sons un sens partagé de ce à quoi notre société aspire et nous espérons que le pou­voir ver­ti­cal (poli­tique) se mon­tre capa­ble de l’entendre et de l’interpréter. C’est cette utopie créa­trice qui nous tran­scende et qui fait de chaque bénév­ole un com­bat­tant pour l’emploi et un résis­tant con­tre la fatal­ité du chômage. 

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1. Tech­nol­o­gy at work. The Future I Not What It used to Be. Oxford Mar­tin School / Citi jan­vi­er 2016
2. John Rawls, Théorie de la jus­tice, Seuil, 1987
3. E sther Duflo, Repenser la pau­vreté, Les livres du nou­veau monde, Seuil, 2012
4. Thomas Piket­ty, Le Cap­i­tal au XXe siè­cle, Paris, Seuil, 2014
5. S. Cather­ine, A. Landi­er, D. Thes­mar, Marché du tra­vail. La grande frac­ture. Paris, Insti­tut Mon­taigne, 2015 

Laurent DANIEL (96)L’emploi industriel en France : comparaison avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne

Laurent DANIEL (96)
Président de X‑Sursaut

Cet arti­cle se cen­tre sur l’analyse com­parée des dynamiques de l’emploi indus­triel et du rôle des réformes du marché du tra­vail réal­isées après la crise dans une sélec­tion de pays de la zone euro pour en tir­er des leçons pour la France. 

Les tendances de l’emploi industriel

L’emploi indus­triel en France, Alle­magne, Espagne et Ital­ie a suivi des ten­dances dif­férentes au cours des quinze dernières années : 

  • En France, une baisse mar­quée et con­tin­ue depuis 2001 
  • En Alle­magne, une baisse entre 2001 et 2006 ; un rebond depuis 2011 
  • En Espagne et en Ital­ie, une sta­bil­ité entre 2000 et 2008, puis une baisse mais qui a été stop­pée en 2014. 

En 2014 en par­ti­c­uli­er, l’emploi indus­triel s’est réduit de – 1,3 % en France con­tre – 0,2 % en Ital­ie et une pro­gres­sion de + 0,4 % en Espagne et + 0,5 % en Alle­magne. Les chiffres disponibles pour 2015 indiquent une pour­suite de cette ten­dance avec une réduc­tion de l’emploi indus­triel de – 1,3 % en France et de – 0,5 % en Ital­ie et une pro­gres­sion de + 3 % en Espagne et + 0,4 % en Allemagne. 

Emplois industriels dans une sélection de pays de la zone euro
Emplois indus­triels en mil­lions dans une sélec­tion de pays de la zone euro

Les raisons du déclin de l’emploi industriel

L’emploi indus­triel suit une ten­dance bais­sière en France depuis 1975 pas­sant de 5,7 mil­lions emplois fin 1974 à 3,0 mil­lions fin 2014, soit une baisse de 47 %. En moyenne, l’emploi indus­triel a dimin­ué de 65 000 per­son­nes par an au cours des 40 dernières années. Ce déclin de l’emploi indus­triel a été accen­tué par la crise économique de la fin des années 2000 qui a con­duit à une perte de 174 000 emplois indus­triels sur la seule année 2009. Sur la péri­ode 2009- 2011, 880 fer­me­tures de sites indus­triels en France ont été annon­cées selon une étude de Tren­deo cité par Les Echos1, con­tre 494 ouver­tures, soit 386 usines de moins en trois ans. 

Le déclin de l’emploi indus­triel est la con­jonc­tion de trois phénomènes con­comi­tants, tout d’abord le recours crois­sant à l’externalisation dans les ser­vices marchands, d’autre part les gains de pro­duc­tiv­ité et la défor­ma­tion de la demande au prof­it des ser­vices et enfin la perte de parts de marché par rap­port à la con­cur­rence internationale. 

Dans une note de la direc­tion générale du Tré­sor2 (DGT) de 2010, les con­tri­bu­tions3, entre 1980 et 2007, de cha­cune de ces trois com­posantes de la désin­dus­tri­al­i­sa­tion française sont estimées : 25 % proviendrait de l’externalisation vers les ser­vices marchands., 30 % aux gains de pro­duc­tiv­ité ; et entre 13 % et 39 % selon plusieurs méthodolo­gies util­isées des emplois détru­its seraient liés à la con­cur­rence inter­na­tionale. Les deux approches mon­trent une accen­tu­a­tion de ce phénomène dans la péri­ode plus récente. 

La comparaison France-Allemagne

Nous allons nous con­cen­tr­er sur la par­tie cor­re­spon­dant à la perte de marché de la France par rap­port à ses parte­naires, les autres cor­re­spon­dant à des ten­dances normales. 

Les raisons struc­turelles de la diver­gence de l’emploi indus­triel entre la France et l’Allemagne sont bien con­nues (voir notam­ment Met­tre un terme à la diver­gence de com­péti­tiv­ité entre la France et l’Allemagne, 2011, COE, Rex­e­code) ; il s’agit notam­ment du nom­bre et du dynamisme des entre­pris­es famil­iales de taille inter­mé­di­aire, de la bonne coopéra­tion de l’industrie, l’enseignement et la recherche alle­mands, des syn­er­gies entre les petites et grandes entre­pris­es, de la logique gag­nant-gag­nant du dia­logue social, du rôle des ban­ques régionales, des efforts impor­tant en ter­mes d’innovation per­me­t­tant un posi­tion­nement haut de gamme, et des dis­posi­tifs notam­ment régionaux favorisent les expor­ta­tions des entre­pris­es allemandes. 

Ce qui appa­raît nou­veau depuis la crise est la con­cur­rence de la part de l’Espagne et de l’Italie qui ont réus­si à stop­per ou ralen­tir le déclin de leur emploi indus­triel. Même s’il est trop tôt pour éval­uer leur effi­cac­ité de manière économétrique, il appa­raît que les réformes du marché du tra­vail ont con­tribué au redresse­ment de ces deux pays. 

En Espagne, les réformes du marché du tra­vail menées depuis 2008 ont pour­suivi comme objec­tifs prin­ci­paux de réduire la dual­ité du marché du tra­vail, de pro­pos­er des mécan­ismes de flex­i­bil­ité interne pour éviter les licen­ciements, de plac­er la négo­ci­a­tion col­lec­tive au niveau de l’entreprise et d’améliorer l’employabilité.

Les réformes inclu­ent notam­ment un assou­plisse­ment des pos­si­bil­ités de licen­ciement économique en con­trat à durée indéter­minée et des procé­dures de licen­ciement plus sou­ples et dont le coût est réduit. Un nou­veau con­trat a été créé pour les entre­pris­es de moins de 50 salariés avec une péri­ode d’essai d’un an. 

En Ital­ie, deux séries de réformes du marché du tra­vail ont été con­duites par les gou­verne­ments Mon­ti (2012) et Ren­zi (2014–2015) visant notam­ment un assou­plisse­ment du droit du licen­ciement avec une aide finan­cière à l’embauche en CDI, un recours facil­ité aux CDD et une décen­tral­i­sa­tion du droit de la négo­ci­a­tion col­lec­tive, ain­si qu’une con­di­tion­nal­ité plus stricte de l’indemnisation chô­mage. Le CDI à pro­tec­tion crois­sante inclus dans le Jobs Act de 2014 en est une des mesures clés. 

Bilan des réformes menées en Italie et en Espagne

En Espagne, les réformes ont entraîné un coût du tra­vail moin­dre pour les entre­pris­es, notam­ment pour les per­son­nes changeant d’emplois ou celles pas­sant du chô­mage à l’emploi. La com­péti­tiv­ité de l’industrie espag­nole a béné­fi­cié de cette baisse du coût de la main‑d’œuvre ce qui a con­tribué au redresse­ment des emplois indus­triels en 2014 et 2015. 

Le min­istère du Tra­vail ital­ien, dans une éval­u­a­tion de cer­taines réformes, a mon­tré une aug­men­ta­tion du nom­bre de procé­dures de con­cil­i­a­tion préal­able au licen­ciement. Pour le Jobs Act, et notam­ment le CDI à pro­tec­tion crois­sante, l’effet est atten­du à moyen terme. D’après le FMI, la réforme du marché du tra­vail con­tribuerait à une aug­men­ta­tion de 1,1 % de PIB à 5 ans. 

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1. Source : http://www.lesechos.fr/journal20111228/lec2industrie/0201809350658-desindustrialisation-pres-de-900-usines-francaises-ont-ete-fermees-en-trois-ans-268452.php
2. Direc­tion générale du Tré­sor, Tré­sor Eco n° 77, Le recul de l’emploi indus­triel en France de 1980 à 2007 : quelle est la réal­ité ? sep­tem­bre 2010.
3. Les trois con­tri­bu­tions n’égalent pas 100 % car celles-ci ne sont pas con­sid­érées comme exhaus­tives ni comme indépen­dantes dans l’étude de la DGT. 

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