Cartouche d’encre

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°675 Mai 2012Rédacteur : Lady GastronomiX

Le mag­nan de La Jaune et la Rouge, ça se passe chez Car­touche. Aus­si ai-je suivi le bouclage du jour­nal qui s’achève, chaque dernier ven­dre­di du mois, dans ce restau­rant pour un rit­uel de détente. Il va sans dire que ce nom de Car­touche n’est pas sans provo­quer une cer­taine appréhen­sion de ma part : repaire de brig­ands ? Tire-laine prêts à dérober mon porte­feuille ? Gar­gote à étouffe-chré­tiens ? Notre arrivée dans la som­bre tav­erne évoque un refuge con­fort­able et dis­cret, à la mesure de per­son­nages ambi­gus tel notre ter­ri­ble Rédac-Chef. Dans ce monde d’hommes, la secré­taire de rédac­tion, aux yeux inno­cents et cheveux blonds, fait fig­ure de Con­stance par­mi les mousquetaires.

Le tavernier de CartoucheLe tav­ernier (com­ment l’appeler autrement) nous accueille de sa haute taille chaleureuse, on sent les habitués. Dès que nous sommes instal­lés, une accorte ser­vante nous apporte un vin blanc qui cha­touille agréable­ment le palais. Il est accom­pa­g­né d’amuse-gueule, crème de pis­senl­its et ril­lettes, prop­ices à séduire aus­si bien nos solides gail­lards que les inof­fen­sifs con­vives que nous sommes.

Dans une carte aux plats var­iés, évo­quant un ter­roir domp­té par les idées mod­ernes, je choi­sis une ter­rine de veau qui mal­heureuse­ment ne tien­dra pas tout à fait ses promess­es (un peu trop grasse, comme devaient l’apprécier, sans doute, les ban­dits d’antan). Je regrette de ne pas avoir choisi (goûtée dans l’assiette de ma voi­sine) la grecque tiède de champignons à la corian­dre, plus sub­tile. Heureuse­ment, le sancerre me trou­ble et m’enivre de sa gouleyante palette et le pain, un cam­pag­nard à la parisi­enne, est déli­cieux. Soucieux d’échapper à la crise de goutte, nous con­tin­uons par un filet de bar de ligne sur son lit de bet­ter­aves râpées, hon­or­able. Mal­gré ces agapes, je n’ai pas pu résis­ter à l’élégance sucrée du mac­aron blanc orné de quartiers de man­darine, qui m’est servi en fin de repas ; très spec­tac­u­laire à l’oeil, un peu moins au palais.

En sor­tant du lieu, un peu étour­die, je me dis que l’essentiel de ce repaire, c’est la gen­til­lesse de l’accueil, le car­ac­tère reposant du lieu, la bonne humeur du groupe avec lequel j’ai déje­uné – et la bonne tenue des vins. Après cette halte con­viviale, j’ai décidé de met­tre mon grain de sel dans tous vos repas de groupes. Alors chers X gour­mands ou gourmets, n’hésitez donc pas à m’inviter.

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