La vitrine de Louis VINS

Le Bistrot d’à côté

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°682 Février 2013Rédacteur : Lady GastronomiX

Pour une fois je ne m’en remets pas aux recom­man­da­tions de vos cama­rades pour vous sug­gé­rer une bonne adresse, je me suis aven­tu­rée, seule, dans les esta­mi­nets locaux. À une enjam­bée de la Boîte à Claque, au Louis Vins, une adresse faite pour ceux qui sont dési­reux de se res­tau­rer rai­son­na­ble­ment à proxi­mi­té de l’AX et dans une ambiance bien parisienne.

Chez Louis Vins, ne vous atten­dez pas à un res­tau­rant dans la tra­di­tion monar­chique du comte de Paris. Non, nous sommes chez Louis, res­tau­ra­teur de son état et col­lec­tion­neur d’art éclec­tique, lou­foque ou popu­laire, vous en juge­rez lorsque vous irez vous y sustenter.

Grand ama­teur de vins aus­si, la preuve en est la magni­fique cave vitrée ouvrant direc­te­ment sur la salle du res­tau­rant. Je vous recom­mande de venir à pied ou par les trans­ports en com­mun, car vous ne résis­te­rez pas à l’envie de goû­ter quelques-unes de ces gra­cieuses bou­teilles qui nous narguent der­rière leurs barreaux.

L’aubergiste sau­ra vous conseiller. Et le prix incite à la consommation.

La salle chez Louis VinsLa salle, celle d’un vieux bis­trot popu­laire, façon bouillon, revue et joli­ment cor­ri­gée au goût du jour pour y appor­ter confort, élé­gance et qualité.

Le décor du bis­trot – baroque déca­lé – est le cadre idéal pour un patron ama­teur d’art et d’humour : un tabou­ret en pan­neaux signa­lé­tiques recy­clés avec déri­sion, une croix sul­pi­cienne décli­nant ses orne­ments en pain de mie embos­sé de Mickey mouse, une femme à la Hop­per, des amours, tout un bric-à-brac qui pour­rait sur­prendre mais qui, éton­nam­ment, s’harmonise et amuse l’œil du client.

Les plats sont de qua­li­té et plu­tôt légers. La fraî­cheur des pro­duits est irré­pro­chable, ici pas de sur­ge­lé, la cui­sine n’est pas un orgue de fours à micro-ondes, on épluche les légumes, on coupe les viandes, on cuit même le pain : on mitonne. C’est raf­fi­né, inven­tif, et copieux.

Et la preuve en est cette camion­nette qui, dès le matin, livre des cageots de légumes et autres den­rées péris­sables, bar­rant la route à vos serviteurs.

Cette mai­son per­pé­tue une tra­di­tion du vieux Quar­tier latin, un ser­vice volon­tai­re­ment gouailleur qui aime bous­cu­ler affec­tueu­se­ment ses hôtes dans une atmo­sphère très « Vieux Paris ». Et si l’on s’y perd, c’est la faute à Voltaire.

Un plat chez Louis VinsL’ambiance donc, le mobi­lier, le décor aus­si, ont su gar­der la cha­leur et la bon­ho­mie de nos bonnes vieilles bras­se­ries de quar­tier. La cui­sine, quant à elle, nous bous­cule aus­si un peu, mais pour notre plus grand plai­sir : j’ai consom­mé sans culpa­bi­li­té exces­sive les coquilles saint-jacques sur lit de chou­croute, le cro­quant aux poires et la petite mousse au cho­co­lat qui accom­pa­gnait le café (très bon).

L’ardoise pro­po­sait ce jour-là des plats très « ter­roir » comme la mor­teau aux pommes de terre et des assiettes végé­ta­riennes pour petits gaba­rits, dont je ne suis pas, vous le savez déjà.

Le menu est à 16 euros avec le café et son bal­lon. Rien qui fasse perdre la tête, et, comme l’a écrit le patron : « Puisqu’il faut périr, nous paierons. »

Poster un commentaire