Bachelors de l'X

Bachelors (saison 2)

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°739 Novembre 2018
Par Robert RANQUET (72)

Vous les con­nais­sez déjà : Abdel­rah­man, Agathe, Alex­is, Maria et Ray­mond sont cinq étu­di­ants que nous avions ren­con­trés à leur arrivée dans la toute pre­mière pro­mo­tion du nou­veau cur­sus Bach­e­lor de l’École (voir JR n° 728 — octo­bre 2017). Nous sommes retournés les ren­con­tr­er un an après, au début de leur deux­ième année sur le campus. 


De gauche à droite : Abdel­rah­man, Alex­is, Agathe, Maria et Raymond

Vous les con­nais­sez déjà : Abdel­rah­man, Agathe, Alex­is, Maria et Ray­mond sont cinq étu­di­ants que nous avions ren­con­trés à leur arrivée dans la toute pre­mière pro­mo­tion du nou­veau cur­sus Bach­e­lor de l’École (voir JR n° 728 — octo­bre 2017). Nous sommes retournés les ren­con­tr­er un an après, au début de leur deux­ième année sur le campus. 

Un vrai choc

De l’avis général, la pre­mière année a été dure : un vrai « crash test » ! Mais ils s’en sont sor­tis, même si ce fut au prix d’un tra­vail acharné et quelque­fois d’un peu de décourage­ment, spé­ciale­ment durant le pre­mier hiv­er, long et gris sur le Platâl. Il faut dire que le manque d’activités extrasco­laires, spé­ciale­ment le week-end, aide pour s’investir dans le tra­vail ! Alex­is – pour­tant vis­i­ble­ment habile à trou­ver les bons plans – compte « sur les doigts de la main » les occa­sions qu’ils ont eues de faire autre chose que bosser. 

La charge de tra­vail, très supérieure à celle dont ils avaient l’habitude au lycée, les a plutôt soudés entre eux : « Quand vous êtes sous la vague, c’est bon de voir que vos voisins dans le couloir sont dans le même état : ça rap­proche ! » nous dit Maria. Mais c’est aus­si la var­iété des matières abor­dées en pre­mière année qui les a sur­pris : pas moyen de se con­cen­tr­er sur un sujet, il faut tout absorber ! « C’est aus­si une richesse incroy­able de cette for­ma­tion », d’après Ray­mond : « Cette var­iété per­met de mieux pré­cis­er notre pro­jet pour les années à venir. » 

À la sor­tie de pre­mière année, ils se ren­dent compte des pro­grès effec­tués, à une vitesse qui les impres­sionne eux-mêmes : « J’ai fait les mêmes choses que mon frère qui est en deux­ième année à l’EPFL », dit Agathe, tan­dis qu’Alexis con­state que leur pro­gramme se com­pare avec les pré­pas d’Henri-IV : « On a vrai­ment un niveau super, mais la recon­nais­sance n’est pas encore là. » Il leur fau­dra sans doute atten­dre pour cela que les pre­mières pro­mo­tions soient diplômées. 

Il reste quand même peut-être un prob­lème de langue : cer­tains élèves n’ont pas vrai­ment le niveau néces­saire pour être à l’aise dans la vie courante en anglais. Ça con­tribue à l’isolement. Et aus­si, le fait que beau­coup d’élèves sont fran­coph­o­nes en pre­mière ou deux­ième langue fait que ce qui devrait se pass­er en anglais bifurque sou­vent vers le français, au détri­ment de ceux qui ne maîtrisent pas bien le français. 

La vie sur le Platâl : peut mieux faire

Ils se ren­dent compte qu’ils ont dû essuy­er pas mal de plâtres : l’organisation générale, les cours, la vie étu­di­ante… tout était nou­veau pour eux comme pour l’École, mais ils recon­nais­sent volon­tiers que celle-ci n’a pas ménagé ses efforts pour résoudre les dif­fi­cultés : « Tous les prob­lèmes qui sont apparus ont été réglés. » 

Bien sûr, ils vivent pour par­tie l’expérience de tous les jeunes de leur âge qui pren­nent leur envol et s’essaient à un début d’autonomie. Mais l’expérience de Palaiseau leur est par­ti­c­ulière­ment rude : « Quand on pense qu’il n’y a même pas de super­ette ! » s’indigne Maria. « Pour s’acheter le néces­saire, il faut par­tir en expédi­tion la nuit à tra­vers la forêt. » La dif­fi­culté se niche par­fois dans des choses très pra­tiques : « Le vrai test, c’est d’avoir à faire sa lessive », avoue Alexis. 

L’isolement leur pèse : leurs familles sont au loin, beau­coup n’ont pas de con­tacts à Paris, et restent le week-end sur le plateau, où il n’y a pas grand-chose à faire. Alors, ils tra­vail­lent, et tra­vail­lent encore… Heureuse­ment, le sport, la gym, la piscine, le jog­ging autour du lac per­me­t­tent de s’aérer un peu. 

L’intégration à la vie étu­di­ante de l’École n’est pas évi­dente : leur par­tic­i­pa­tion aux activ­ités organ­isées par les élèves du cycle ingénieur s’est faite au cas par cas. Mais Maria se réjouit : « Cette année pour la pre­mière fois, nous allons pou­voir par­ticiper à la cam­pagne de Caisse ! Les négo­ci­a­tions avec la Kès pour organ­is­er notre par­tic­i­pa­tion aux binets avan­cent bien, mais cela n’a pas été facile, et surtout très long ! » En fait, ils se ren­dent compte qu’il y a à l’École déjà deux com­mu­nautés qui n’interagissent pas très spon­tané­ment, entre les élèves français et les étrangers, et que les bach­e­lors vien­nent con­stituer un troisième groupe qui se situe un peu entre les deux. 

Pour Agathe, « au début, c’était un peu comme si les élèves ingénieurs nous soupçon­naient de vouloir “resquiller” un accès à l’X sans pass­er par la case pré­pa. Mais en fait, la plu­part d’entre nous sont sur un pro­jet différent. » 

“Partager une cuisine à 40
se révèle une expérience extra-ordinaire
de vivre ensemble”

Un groupe solidaire

Heureuse­ment, le groupe des bach­e­lors est bien soudé et il y règne une très bonne atmo­sphère. La vie com­mune dans leurs bâti­ments actuels (pen­dant que se con­stru­it le bâti­ment qui pour­ra regrouper tous les bach­e­lors) est un point très posi­tif. Pour Agathe, partager une cui­sine à 40 sem­ble au début un peu fou, mais se révèle une expéri­ence extra­or­di­naire de vivre ensem­ble. Et surtout, il n’y a pas de com­péti­tion entre eux : cha­cun peut aider l’autre en dif­fi­culté, sans se deman­der s’il y a vrai­ment intérêt : pas d’enjeux de con­cours entre eux ! 

Ils comptent bien prof­iter de leur expéri­ence de cette pre­mière année pour aider la nou­velle pro­mo­tion à trou­ver ses mar­ques plus facile­ment : ils ont mis en place un sys­tème de par­rainage entre eux pour aider les nou­veaux à s’adapter, main­tenant qu’ils savent où sont les dif­fi­cultés et les pièges de cette pre­mière année. 

Et ils abor­dent leur deux­ième année avec plus de matu­rité et aus­si opti­misme : l’équilibre entre tra­vail et temps libre s’améliore ; ils ont main­tenant fait le choix de deux majeures, ce qui va leur per­me­t­tre de tra­vailler en ayant moins le sen­ti­ment de se disperser. 

Et les filles ?

C’était vis­i­ble­ment un souci impor­tant de l’administration, qui a mul­ti­plié pour eux amphis d’information et autres mis­es en garde. Apparem­ment pour rien, et c’est heureux : les filles du groupe dis­ent n’avoir jamais ressen­ti d’attitudes déplacées. Il faut dire qu’elles sont net­te­ment plus nom­breuses par­mi les bach­e­lors que dans le cycle ingénieur (35 %, con­tre moins de 20 % en général chez les X). La soci­olo­gie du groupe est aus­si dif­férente. Bref, pas de prob­lème de ce côté-là, apparem­ment. Les filles ne sem­blent d’ailleurs pas trop désireuses qu’on les monte en épin­gle, sous ce motif ou sous un autre : « On ne nous a quand même pas recrutées unique­ment pour faire mon­ter les sta­tis­tiques ! » s’amuse Agathe. 

À suivre…

Ils com­men­cent à penser à leur pro­gramme d’échange de troisième année : Maria s’imagine déjà au Mex­ique, tan­dis qu’Alexis voudrait aller à Toron­to ou peut-être à l’EPFL et Agathe en Alle­magne. Décidé­ment, l’international est dans leurs chro­mo­somes ! Mais cer­tains res­teront sans doute à Palaiseau pour valid­er leurs années d’études en France, et deman­der la nation­al­ité française à l’issue. 

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