Avant-propos

Dossier : Défricher des voies nouvellesMagazine N°552 Février 2000
Par Jacques BOUTTES (52)

X-action a été fondé après le grand col­loque du Bicen­te­naire de l’É­cole poly­tech­nique de 1994 pour mobilis­er la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne sur les enjeux de la Société française. Plusieurs numéros de La Jaune et la Rouge ont été con­sacrés à l’emploi, à l’ex­clu­sion et à la for­ma­tion. Ce sont les muta­tions sociales et les voies nou­velles qui font l’ob­jet du présent dossier qui a été pré­paré par Jean Werquin (38), Lucien de Somer d’Assenoy et Jean-Noël Lhuil­li­er (58), tous trois mem­bres de X‑Action.

Les évo­lu­tions rapi­des de la tech­nolo­gie ont des con­séquences sur les sociétés humaines et donc sur les muta­tions sociales que nous vivons actuelle­ment et qui se dévelop­per­ont dans un futur proche. On pour­rait envis­ager de ralen­tir ces évo­lu­tions : c’est pra­tique­ment impos­si­ble en rai­son de la créa­tiv­ité des hommes dans un monde ouvert par les communications.

On peut observ­er le développe­ment des moyens de trans­port et de télé­com­mu­ni­ca­tion qui entraîne la mon­di­al­i­sa­tion des échanges économiques et cul­turels. Les change­ments qui en résul­tent con­cer­nent à la fois la vie économique, les marchés des pro­duits nou­veaux et con­duisent à une con­cur­rence, qui peut désta­bilis­er des pro­fes­sions entières. Ce sont ces change­ments qui ont fait dis­paraître de nos pays rich­es des indus­tries de main-d’œu­vre comme le tex­tile ou les indus­tries minières.

L’évo­lu­tion future aura des effets sur la nature de l’emploi. Dans les pays dévelop­pés, les emplois liés aux pro­grès tech­nologiques seront de plus en plus nom­breux et deman­deront une for­ma­tion ini­tiale ou con­tin­ue, évolu­ant rapi­de­ment et de plus en plus per­for­mante. De ce fait, les élites des pays en voie de développe­ment seront ten­tées par des car­rières plus rémunéra­tri­ces offertes par les pays dévelop­pés. Ce type de rup­ture que l’on peut déjà observ­er peut entraîn­er de grands risques d’instabilité.

Par ailleurs, jusqu’à ces dernières années, les sociétés évolu­aient suff­isam­ment lente­ment pour que les anciens puis­sent trans­met­tre leur expéri­ence aux plus jeunes. Actuelle­ment, la rapid­ité des change­ments fait qu’au cours de sa vie pro­fes­sion­nelle un indi­vidu devra appren­dre plusieurs fois de nou­veaux con­cepts ou proces­sus sur lesquels il devra acquérir lui-même son expérience.

Les muta­tions sociales seront for­cé­ment rapi­des donc dif­fi­ciles à sup­port­er par le corps social. Elles con­cerneront non seule­ment les pays dévelop­pés mais plus encore les pays en voie de développement.

Les insti­tu­tions clas­siques, naturelle­ment sta­bles et par­fois rigides, auront de gross­es dif­fi­cultés à s’adapter. Il pour­rait y avoir des rup­tures, dan­gereuses pour la paix du monde.

Au vu de ce con­stat, il est impor­tant que de nou­velles voies applic­a­bles et sup­port­a­bles par le corps social soient définies et expéri­men­tées rapi­de­ment. Le rôle des asso­ci­a­tions dans ces nou­velles voies sera essen­tiel en rai­son de leur sou­p­lesse et de leur prox­im­ité du ter­rain. Encore faut-il que leurs inter­ven­tions s’ef­fectuent dans un cadre poli­tique accep­té par tous. Il sera cer­taine­ment dif­fi­cile de se met­tre d’ac­cord sur cette sorte de con­sti­tu­tion mon­di­ale en rai­son des cul­tures dif­férentes des grandes régions du monde, mais il faut s’at­tel­er à cette tâche.

Le dossier qui est présen­té dans ce numéro est une con­tri­bu­tion à la réflex­ion sur les actions à men­er pour adapter le mieux pos­si­ble nos sociétés aux change­ments rapi­des actuels et futurs.

Je tiens à remerci­er les auteurs des arti­cles et les trois organ­isa­teurs de ce dossier qui sus­cit­era sans nul doute un abon­dant cour­ri­er de nos lecteurs.

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