Armis qui a créé et met en œuvre une nouvelle approche sur la publicité locale et la digitalisation des prospectus

Transformer les prospectus en publicité sur Internet

Dossier : TrajectoiresMagazine N°752 Février 2020
Par Hervé KABLA (84)
Par David-Alexandre BARANES (03)

En 2016 David Baranes (2003) est le cofon­da­teur d’Armis qui a créé et met en œuvre une nou­velle approche sur la pub­lic­ité locale et la dig­i­tal­i­sa­tion des prospec­tus. La pro­mo 2003 a ain­si sus­cité un incroy­able nom­bre d’entrepreneurs de tal­ent (Quant­metry, Spendesk, Map­str, etc.).

David Baranes cofondateur d'Armis publicité digitale
David Baranes (2003), cofon­da­teur d’Armis

Quelle est l’activité d’Armis ?

Armis dig­i­talise les prospec­tus papiers des enseignes. Nous avons dévelop­pé une plate-forme en ligne (SaaS) s’appuyant sur l’intelligence arti­fi­cielle, qui trans­forme les prospec­tus en pub­lic­ité partout sur inter­net (Google, Face­book ; ordi­na­teur portable, mobile, tablette) et les dif­fuse de manière intel­li­gente autour de cha­cun des mag­a­sins de l’enseigne.

Quel est le parcours des fondateurs ?

Je suis X 2003, j’ai fait ma qua­trième année à Colum­bia Uni­ver­si­ty. Je suis ren­tré en France en tant que directeur Europe du Sud pour la licorne améri­caine App­Nexus, leader mon­di­al des tech­nolo­gies de pub­lic­ité en ligne. Mon asso­cié Dan Gom­plewicz est diplômé de l’ESCP. Il a débuté sa car­rière en pilotant la mar­que Petit Lu, puis créé un départe­ment « fidéli­sa­tion » chez Car­refour. Enfin, il a été directeur de la stratégie et de l’innovation d’E. Leclerc.

Comment vous est venue l’idée ?

Dan a piloté chez E. Leclerc l’initiative « 2020 : zéro prospec­tus », qui n’a certes pas empêché l’augmentation de la dif­fu­sion des prospec­tus. En repar­lant de ce pro­jet, nous avons pen­sé que les derniers développe­ments tech­nologiques sur la pub­lic­ité en ligne en matière de géolo­cal­i­sa­tion, automa­ti­sa­tion et machine learn­ing per­me­t­traient d’inventer une nou­velle approche sur la pub­lic­ité locale et la dig­i­tal­i­sa­tion des prospectus.

Qui sont les concurrents ?

Il existe un cer­tain nom­bre d’acteurs his­toriques ou nou­veaux sur la dig­i­tal­i­sa­tion du cat­a­logue ou plus générale­ment sur la créa­tion de traf­ic en mag­a­sin via l’influence de la pub­lic­ité (papi­er, dig­i­tal ou autre), mais aucun avec la même offre de ser­vice artic­ulée autour d’une plate-forme SaaS per­me­t­tant de per­son­nalis­er la com­mu­ni­ca­tion du mag­a­sin à grande échelle.

Quelles ont été les étapes clés ?

Nous avons créé la société en juin 2016 après une année de R & D auprès de mag­a­sins E. Leclerc. Nous avons ensuite levé 1 M€ en jan­vi­er 2017 auprès de busi­ness angels et du fonds Iris Cap­i­tal. En mars 2018 nous avons bouclé un sec­ond tour de finance­ment auprès d’Elaia Part­ners et à nou­veau Iris Cap­i­tal. Nous avons depuis lors trans­for­mé la société en édi­teur SaaS et accéléré com­mer­ciale­ment auprès des mag­a­sins spé­cial­isés (brico­lage, sport, high-tech, etc.).

Pourquoi le papier met-il autant de temps à disparaître ?

Nous ne pen­sons pas que le papi­er ait voca­tion à dis­paraître ! En revanche, une par­tie des con­som­ma­teurs qui n’y sont plus du tout atten­tifs peu­vent être touchés par la pub­lic­ité en ligne : c’est donc le mix papi­er-dig­i­tal qui doit être revu. Par ailleurs, le cat­a­logue était jusqu’à présent le seul moyen de com­mu­ni­quer sur une sélec­tion de pro­duits et pro­mo­tions très large. C’est impos­si­ble en radio, en télévi­sion, sur les pan­neaux d’affichage ; en revanche inter­net a cette capacité.

“Des dizaines de licornes issues de la FrenchTech
vont apparaître dans les prochaines années.

Les grandes chaînes de distribution poursuivent-elles leur transformation digitale ?

Tout à fait ! 90 % du com­merce se fait encore dans les mag­a­sins physiques. Il existe aus­si un véri­ta­ble ADN d’entrepreneur chez les retail­ers, qui savent se saisir des oppor­tu­nités. Par exem­ple, le dri­ve a été inven­té au début des années 2000 par Auchan, il n’a fal­lu ensuite que quelques années à E. Leclerc pour mul­ti­pli­er ce for­mat et faire ain­si explos­er son chiffre d’affaires dans l’e‑commerce ali­men­taire. Enfin les retail­ers ont des act­ifs stratégiques clés sur lesquels ils peu­vent s’appuyer dans leur trans­for­ma­tion : leur mar­que, leur mail­lage de mag­a­sins physiques à prox­im­ité des con­som­ma­teurs et leur sélec­tion de produits.

Jeff Bezos a déclaré qu’Amazon restait encore un acteur modeste de la distribution.

Il va main­tenir la pres­sion : c’est son ambi­tion affichée. Il y a encore trois ans, des incer­ti­tudes planaient sur le grand plon­geon d’Amazon dans le retail physique. Depuis lors, Ama­zon a enchaîné les ini­tia­tives : ouver­ture du pre­mier mag­a­sin physique à Seat­tle en 2016, spec­tac­u­laire acqui­si­tion de Whole Foods et ses 500 mag­a­sins en 2017, ouver­ture du for­mat Ama­zon 4‑Star, déploiement de 3 000 Ama­zon Go d’ici fin 2021, etc. Tout cela en con­tin­u­ant de dévelop­per son cœur de méti­er his­torique sur le e‑commerce.

Quel est votre point de vue sur la FrenchTech ?

L’écosystème s’est incroy­able­ment dévelop­pé en quelques années : les entre­pre­neurs sont de très bon niveau, toute la chaîne de finance­ment est cou­verte, de l’amorçage jusqu’aux gross­es lev­ées entre 50 et 100 M€, l’entrepreneuriat est main­tenant sociale­ment val­orisé en France, il y a un bon nom­bre de struc­tures d’accompagnement (incu­ba­teurs, réseaux d’entrepreneurs, for­ma­tion) ; les pou­voirs publics ont beau­coup investi dans l’émergence de la mar­que FrenchTech. Des dizaines de licornes issues de la FrenchTech vont appa­raître dans les prochaines années.

Comment expliques-tu que la promo 2003 ait produit autant d’entrepreneurs ?

Pre­mière­ment, la crise finan­cière de 2008 a amené un cer­tain nom­bre d’entre nous à se deman­der ce qu’ils avaient vrai­ment envie de faire, et cer­tains ont donc choisi la voie de l’entrepreneuriat. Ensuite, nous sommes une généra­tion qui a vécu à la fois l’émergence de l’internet et l’extraordinaire ascen­sion de Google et de Face­book. Nous avons regardé la Sil­i­con Val­ley en nous dis­ant que des ingénieurs de notre âge, dans des garages, pou­vaient refaire le monde… c’est très inspi­rant ! Enfin, nous avons con­nu un nou­veau marché du tra­vail : « Ce n’est pas grave si je ne vais pas chez Orange en sor­tie d’école, je peux ten­ter quelque chose et y revenir plus tard si ça ne marche pas. »

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