Alain Rossmann (X76)

Alain Rossmann (X76) Profession : visionnaire communicatif

Dossier : TrajectoiresMagazine N°789 Novembre 2023
Par Pierre LASZLO

Alain Ross­mann est un aven­tu­rier de l’entrepreneuriat. Par­ti très tôt aux États-Unis, il fut de l’odyssée du Macin­tosh, puis dans la fou­lée créa nombre de start-up et est déten­teur de nom­breux bre­vets. Une telle créa­ti­vi­té est un exemple pour la com­mu­nau­té des X !

Alain Ross­mann naquit en 1956 et pas­sa son enfance à Saint-Cloud, où il effec­tua sa sco­la­ri­té secon­daire au lycée de Saint-Cloud. Il entra en pré­pa M’ à Louis-le-Grand en 1974 ; puis inté­gra l’X en 52, en 1976, dans le milieu du clas­se­ment. Il y tra­vaille fort et accède à la sor­tie de l’École des ponts et chaus­sées. 1976 est l’année du trans­fert de l’X à Palai­seau : Alain Ross­mann fait par­tie de cette pro­mo­tion inau­gu­rale, cou­pée d’avec le Quar­tier latin, ses ciné­mas, librai­ries et dis­quaires. Ce fut dur. Jean-Marie Mes­sier est l’un de ses cama­rades de pro­mo­tion. Mais il y a des contre­par­ties, Laurent Schwartz comme ensei­gnant de mathé­ma­tiques en par­ti­cu­lier. Alain Ross­mann en conser­ve­ra dura­ble­ment un goût pro­non­cé pour les maths. 

De Palaiseau à Palo Alto

Après l’École des ponts (1981), son appé­tence pour le risque et l’aventure se mani­feste. Il quitte la France – en fait défi­ni­ti­ve­ment – et s’inscrit à Stan­ford, pour un MBA qu’il obtien­dra deux ans plus tard. L’attrait de Palo Alto fut bien supé­rieur à celui de Palai­seau ! S’ouvre alors un cha­pitre pres­ti­gieux de son par­cours : de 1983 à 1986, il fait par­tie, en tant qu’head evan­ge­list, de l’équipe réunie par Steve Jobs pour conce­voir et mettre au point le Macin­tosh, un pro­duit révolu­tionnaire, car met­tant l’informatique dans les mains de tout un chacun. 

Le succès du Macintosh

Mon ini­tia­tion au Macin­tosh, en tant qu’ordinateur per­son­nel, date de sa sor­tie début 1984. J’avais été voir ma mère à Gre­noble. Cette excel­lente pia­niste ama­teur (1913−1999) s’était enten­due avec notre ami Jean-Marie Laborde, nor­ma­lien, mathé­ma­ti­cien et infor­ma­ti­cien (le concep­teur de Cabri), pour aller écou­ter ensemble chez lui l’enregistrement par Glenn Gould de sa seconde ver­sion – la pre­mière date de 1951 – des Varia­tions Gold­berg. À cette occa­sion, Jean-Marie nous fit un éloge enthou­siaste du Mac, avec toutes ses avan­cées tech­niques et d’aisance de manie­ment. Je m’empressai d’en com­man­der quelques exem­plaires pour mon labo­ra­toire à l’université de Liège, déjà équi­pé d’une dou­zaine de mini-ordi­na­teurs d’Apple.

“Durant sa carrière, il prendra 44 brevets et fondera neuf start-up.”

L’héritage d’Apple

On se le rap­pelle, Steve Jobs, évin­cé par John Scul­ley, quitte Apple en sep­tembre 1985. C’est déter­mi­nant pour Alain Ross­mann : lui aus­si quitte Apple pour fon­der Radius, une start-up pro­dui­sant des péri­phé­riques – dont un écran pleine page – pour Macin­tosh. Il y res­te­ra trois ans. Avoir côtoyé pro­fes­sion­nel­le­ment Steve Jobs, pen­dant la belle aven­ture de la mise au point du Macin­tosh, l’influença dura­ble­ment. De plus, chez Apple, il y ren­con­tra Joan­na Hoff­man, autre per­son­nage clé dans la splen­dide équi­pée du Macin­tosh. Joan­na était phy­si­cienne et archéo­logue – pour son mémoire de fin d’études au MIT (1978), elle étu­dia l’Urartu, ce royaume consti­tué vers le IXe siècle av. J.-C. sur le haut pla­teau armé­nien – avant que Jef Ras­kin (1943−2005) ne l’engage comme cin­quième membre de l’équipe Macin­tosh en sep­tembre 1980. Les deux s’épousèrent. Ils eurent deux enfants. 

Créateur de start-up et de produits révolutionnaires

Son goût du risque et son besoin d’innover le condui­sirent alors à créer une autre start-up de la Sili­con Val­ley, C‑Cube Micro­sys­tems, pour un nou­veau défi : la com­pres­sion d’images et de vidéos en temps réel, tech­no­lo­gie essen­tielle pour sto­cker, consom­mer et trans­mettre les médias numé­riques. Dès lors, son che­mi­ne­ment est tra­cé : se don­ner des défis indus­triels et com­mer­ciaux majeurs, pour les vaincre en beau­té. Au total, durant sa car­rière, il pren­dra 44 bre­vets et fon­de­ra neuf start-up : trois devinrent des socié­tés cotées en Bourse, trois furent rache­tées et deux échouèrent. Il en est à sa dixième. Son par­cours, d’innovation tech­nique, indus­trielle et com­mer­ciale, n’est pas sans rap­pe­ler celui de Tho­mas Edi­son (1847−1931) ou, plus près de nous, celui de R. Buck­mins­ter Ful­ler (1895−1983).


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