Infrastructures digitales : un acteur à dimension européenne

Sipartech : un acteur des infrastructures digitales à dimension européenne

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°789 Novembre 2023
Par Julien SANTINA

Dotée d’une auto­no­mie stra­té­gique dans l’espace numé­rique, Sipar­tech construit et main­tient des infra­struc­tures four­nis­sant de la connec­ti­vi­té sur de très grands volumes. Quels sont les grands enjeux de l’entreprise et ses pers­pec­tives de déve­lop­pe­ment ? Entre­tien avec le pré­sident fon­da­teur de Sipar­tech, Julien San­ti­na.

Quelles sont les principales activités de Sipartech ?

Sipar­tech est un opé­ra­teur neutre d’infrastructures télé­coms pour le mar­ché entre­prises. Nous déployons, exploi­tons et assu­rons la main­te­nance d’un réseau de fibre optique de plus de 35 000 km en France et en Europe. Notre métier consiste à créer des solu­tions sur-mesure de connec­ti­vi­té très haut débit pour nos clients dans les meilleures condi­tions tech­niques et éco­no­miques. Nous four­nis­sons de la fibre noire sans ser­vice ain­si que des pro­duits et ser­vices « éclai­rés » de très haute connec­ti­vi­té pour les entre­prises sou­cieuses de la maî­trise et de la sécu­ri­té de leurs trans­mis­sions (lon­gueur d’onde, spec­trum, Ether­net, Tran­sit IP, Accès Inter­net Dédié…). Notre acti­vi­té prin­ci­pale est la four­ni­ture de capa­ci­té de trans­mis­sion pour le compte de tiers, et le déploie­ment des infra­struc­tures sous-jaçentes. Si nous vou­lons com­pa­rer notre acti­vi­té au trans­port, nous four­nis­sons l’autoroute et les camions qui l’empruntent.

Nos prin­ci­paux clients sont des data­cen­ters, des opé­ra­teurs spé­cia­li­sés dans le cloud ou des grands acteurs de la tech mon­diale. Nous leur four­nis­sons de la connec­ti­vi­té entre leurs sites, que ce soient des data­cen­ters ou des bâtiments.

Sipartech fête ses 15 ans cette année. Quels sont les grands enjeux de vos réseaux aujourd’hui ?

Notre pre­mier enjeu est celui de la rési­lience afin de garan­tir un ser­vice opti­mal à nos clients. Ensuite la per­for­mance car nous devons offrir des capa­ci­tés tou­jours plus impor­tantes dans les fibres optiques. Si l’infrastructure longue dis­tance est cou­pée, l’incident peut pro­duire des dom­mages sur l’accès au ser­vice des four­nis­seurs de conte­nus (CSP). Il faut aus­si noter l’importance de la main­te­nance : lorsqu’un inci­dent se pro­duit, nous devons répa­rer dans des délais courts. En effet quelles que soient les condi­tions, nous devons pou­voir déployer des solu­tions logis­tiques pour répa­rer les infra­struc­tures endom­ma­gées et les remettre en ser­vice dans les meilleurs délais. Pour résu­mer, les grands enjeux de nos réseaux sont la per­for­mance, la sécu­ri­té et notre capa­ci­té à réparer.

Votre réseau est-il souvent mis à l’épreuve dans ses infrastructures ?

Soyons lucides ! Tous les opé­ra­teurs font face à des inci­dents. Ces inci­dents sont sou­vent liés aux tra­vaux réa­li­sés dans les rues donc aux acti­vi­tés humaines. Quand des tra­vaux de génie civil sont réa­li­sés pour faire pas­ser du gaz ou de l’électricité, il y a un risque d’abîmer ou de cas­ser le réseau de fibre optique. Il peut s’agir aus­si d’actes de mal­veillance. Il faut donc mettre en place un sys­tème logis­tique per­ma­nent, rési­lient, et tota­le­ment fonc­tion­nel. Nous devons à tout moment avoir du per­son­nel, des res­sources donc des stocks disponibles.

“C’est en innovant qu’on améliore la performance ! […] nous sommes persuadés que l’avenir appartient à l’automatisation. Nous tâchons donc d’automatiser nos réseaux pour les rendre plus prédictibles et plus fiables.”

Nos réseaux longue dis­tance sont uti­li­sés de façon exten­sive, nos clients y font pas­ser des quan­ti­tés impor­tantes de don­nées (+20 Tbit/s). Quand le réseau est cou­pé, cela se voit ! La main­te­nance est donc pour nous au même niveau d’importance que la per­for­mance et la sécurité.

La crise sani­taire a mis en évi­dence le fait que notre acti­vi­té est vitale, cri­tique, essen­tielle au fonc­tion­ne­ment de la socié­té. C’est encore plus vrai avec le déve­lop­pe­ment du télé­tra­vail et avec toutes les appli­ca­tions du quo­ti­dien, comme Doc­to­lib ou le recours à l’IA Géné­ra­tive dans de nom­breuses activités.

C’est la raison pour laquelle vous déployez votre propre réseau ?

Exac­te­ment. Pour garan­tir la meilleure qua­li­té de ser­vice à nos clients et le contrôle de nos réseaux, nous avons fait le choix dès le départ de déployer notre propre réseau que nous main­te­nons nous-mêmes avec nos sous-trai­tants. Nous maî­tri­sons ce que nous déployons. Et nos sys­tèmes de super­vi­sion sont plu­tôt en avance par rap­port aux autres.

Dans quelles directions envisagez-vous votre développement ?

Quand j’ai créé la socié­té en 2008, nous devions déployer un réseau de fibre optique en Île-de-France. Nous avons beau­coup évo­lué depuis, nous avons créé plu­sieurs réseaux métro­po­li­tains en France et connec­té tous ces réseaux entre eux via notre réseau euro­péen longue dis­tance. Cette année, nous avons annon­cé la mise en ser­vice de notre offre 400 G en Europe. En sui­vant cette direc­tion, nous confir­mons notre posi­tion d’acteur de la trans­for­ma­tion numé­rique des entre­prises dans les ter­ri­toires avec un niveau de den­si­té et de sécu­ri­té très élevé.

À l’échelle euro­péenne, nous nous déve­lop­pons dans le nord de l’Italie, en Espagne, Alle­magne, Suisse, Bel­gique, Hol­lande et Angle­terre. Nous vou­lons être pré­sents sur les plus gros hubs de connexion à l’internet dans le monde, des puits de trafic.

Quelle est la place de l’innovation dans votre société ?

C’est en inno­vant qu’on amé­liore la per­for­mance ! Cela concerne tous les domaines. Je vais vous don­ner un exemple. Un réseau longue dis­tance a besoin d’amplificateurs tous les 80 km donc des sites tech­niques. Ce sont de sites tech­niques qui requièrent de l’énergie pour leur fonc­tion­ne­ment : pour la four­nir, nous allons fixer sur leur toit des pan­neaux solaires de manière à consom­mer le moins d’énergie pos­sible sur le réseau élec­trique. Nous tra­vaillons éga­le­ment à des for­mats très contraints en sur­face pour réduire au maxi­mum l’artificialisation des sols et uti­li­sons les tech­niques de freecooling.

Quels sont vos projets en cours d’élaboration ?

Nous avons deux grandes direc­tions. Nous par­ve­nons au seuil que nous vou­lions atteindre au niveau euro­péen. Aujourd’hui, nous esti­mons qu’il faut accé­lé­rer la trans­for­ma­tion des infra­struc­tures, en y appor­tant du contrôle et de la maî­trise par une super­vi­sion per­for­mante. D’autre part, nous sommes per­sua­dés que l’avenir appar­tient à l’automatisation. Nous tâchons donc d’automatiser nos réseaux pour les rendre plus pré­dic­tibles et plus fiables.

Qu’est-ce qui peut motiver un jeune diplômé à rejoindre votre société ?

Un peu comme les méde­cins, infir­miers, urgen­tistes dans les hôpi­taux, nous avons besoin de talents pour pou­voir répa­rer, amé­lio­rer, main­te­nir les réseaux d’infrastructure fibre. C’est un enjeu clef pour tous nos ser­vices. Le plan fibre arri­vant à son terme, nous savons que beau­coup de talents se réorientent dans les éner­gies vertes, le renou­ve­lable, l’hydrogène. Il est donc essen­tiel pour nous de pro­po­ser des par­cours en interne spé­cia­li­sés et stimulants.

Sipar­tech pro­pose des car­rières inté­res­santes pour les jeunes ingé­nieurs, car nous tra­vaillons sur des tech­no­lo­gies de pointe, sur les infra­struc­tures les plus per­for­mantes. De plus, notre acti­vi­té s’inscrit dans une pré­oc­cu­pa­tion envi­ron­ne­men­tale constante : nous cher­chons sans arrêt à réduire notre empreinte car­bone, notre sur­face au sol, etc. C’est un enjeu majeur pour la pla­nète, et aus­si pour les nou­velles géné­ra­tions. En outre, grâce à nos clients et à leur niveau d’exigence, nos ingé­nieurs vivent en direct ce que seront les télé­com­mu­ni­ca­tions dans les pro­chaines années. Tra­vailler pour notre entre­prise, c’est avoir une réelle uti­li­té dans l’écosystème digi­tal et être au cœur des enjeux du numé­rique à venir.

Enfin, j’ajouterai que Sipar­tech est une socié­té fran­çaise contrô­lée par des action­naires fran­çais. Nous sommes un acteur sou­ve­rain, ce qui est rare aujourd’hui pour une entre­prise avec une ambi­tion euro­péenne. Cette indé­pen­dance nous anime !

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