L’énergie gaz : levier de la transition énergétique

Dossier : 225e anniversaire de l'École polytechniqueMagazine N°749 Novembre 2019
Par Joël PEDESSAC

En misant sur les éner­gies renou­ve­lables et notam­ment le bio­gaz, les émis­sions de CO2 de la mobi­li­té en France pour­ront être divi­sées par 10. Joël Pedes­sac, Direc­teur géné­ral du Comi­té Fran­çais du Butane et du Pro­pane (CFBP), nous parle davan­tage du rôle du gaz dans la tran­si­tion énergétique.

Face au développement du mix énergétique initié par la politique de transition énergétique (PPE), le gaz, sous toutes ses formes, présente de nombreux avantages pour le secteur des transports et du logement principalement. Dites-nous-en plus.

En matière de gaz à effet de serre, le prin­ci­pal atout des gaz butane ou pro­pane, aus­si appe­lés GPL est qu’ils per­mettent de réduire de 20 % à 25 % les émis­sions de CO2 par rap­port aux pro­duits pétro­liers conven­tion­nels. Com­plé­men­taires du gaz natu­rel, ils sont pré­sents sur tout le ter­ri­toire. Ils four­nissent notam­ment une solu­tion gaz dans les 27 000 com­munes non des­ser­vies par le réseau de gaz naturel.
Le pro­pane peut se sub­sti­tuer au fioul comme com­bus­tible et contri­buer, au côté d’autres éner­gies comme l’électricité, le gaz natu­rel ou les réseaux de cha­leur, ain­si à la tran­si­tion éner­gé­tique nécessaire.
Pour ce qui concerne la mobi­li­té qui dépend encore à 9 9 % du pétrole, la migra­tion vers une autre source d’énergie moins car­bo­née sera plus com­pli­quée car le pétrole pré­sente des atouts indé­niables en matière de coût, d’autonomie et de performance.
Cepen­dant, le gaz peut se pré­sen­ter comme une solu­tion per­ti­nente à côté de l’électricité notam­ment lorsqu’il est d’origine renou­ve­lable. Le pro­pane car­bu­rant ( GPL) , gaz liquide qu’il soit d’origine fos­sile ou renou­ve­lable, pré­sente les mêmes avan­tages que l’essence ( auto­no­mie, coût, per­for­mance) mais per­met de réduire jusqu’à 80 % les émis­sions de CO2 ( bio­pro­pane) et de 20 % lorsque qu’il pro­vient d’une source fos­sile comme le gaz naturel.
Alors que la SNB C vise la neu­tra­li­té car­bone et que la PPE encou­rage les solu­tions qui pour­ront y contri­buer, le bio­gaz fait par­tie des solu­tions qui comme l’électricité portent l’enjeu de décar­bo­na­tion de la pro­duc­tion d’énergie. Gaz fos­sile ou renou­ve­lable, la dis­tri­bu­tion ou l’usage sont indif­fé­rents au mode de pro­duc­tion car dans les deux cas, la molé­cule est iden­tique ce qui n’est pas le cas des bio­car­bu­rants par exemple. Ain­si, cette flexi­bi­li­té nous per­met­tra de faci­li­ter le pas­sage au gaz renou­ve­lable dans le sec­teur du transport.

Concrètement, quelles sont les perspectives offertes par le gaz sur le plan de la mobilité ?

La loi Éner­gie et Cli­mat récem­ment dis­cu­tée au par­le­ment a ins­crit la fin de la com­mer­cia­li­sa­tion des véhi­cules ther­miques fonc­tion­nant aux éner­gies fos­siles en 2040.
À par­tir du moment où ces mêmes moteurs ther­miques peuvent fonc­tion­ner indif­fé­rem­ment au gaz fos­sile ou renou­ve­lable, que la tech­no­lo­gie est maî­tri­sée, la pos­si­bi­li­té de décar­bo­na­tion du sec­teur des trans­ports ne pèse plus uni­que­ment sur les pro­messes du véhi­cule élec­trique ou à hydrogène.
Le réseau de sta­tions GPL offre un maillage du ter­ri­toire avec 1 7 00 sta­tions en France et 35 000 en Europe. Ain­si, en termes de pers­pec­tives, il devient envi­sa­geable de sub­sti­tuer 30 à 40 % du pétrole par du gaz, GPL ou GNV, à l’horizon de 2040. En 2019, le parc de véhi­cules GPL s’élève à 200 000. Lorsque nous nous pro­je­tons à 2050, le mix éner­gé­tique uti­li­sé par le sec­teur des trans­ports pour­rait ain­si n’être consti­tué que de gaz renou­ve­lable et d’électricité dont une part sous forme d’hydrogène. Tous les modes d’hybridation sont envi­sa­geables sur les véhicules.

Qu’en est-il des enjeux qui persistent ?

L’enjeu prin­ci­pal est lié à la pro­duc­tion du bio­gaz , à la qua­li­té et la dis­po­ni­bi­li­té des intrants et à la baisse des coûts. Nous sommes encore dans une phase de démar­rage. S’il repré­sente moins de 1 % du gaz dis­tri­bué en France alors que la Loi de la tran­si­tion éner­gé­tique de 2015 fixe un objec­tif de 10 % à l’horizon de 2030, il reste encore beau­coup de fac­teurs d’incertitude. Sur le plan fis­cal, par exemple, le BioG­PL est sou­mis au même niveau de taxe car­bone que le butane et le pro­pane. Alors qu’il est ques­tion de révi­sion de la Direc­tive 2003/96/CE sur la fis­ca­li­té des éner­gies, les inves­tis­seurs dans les moyens de pro­duc­tion de gaz renou­ve­lables ont très peu de visi­bi­li­té sur ce qui sera appli­qué en 2025 ou en 2030.
Par ailleurs, la ques­tion de la place de l’hydrogène reste encore une incon­nue même si beau­coup d’espoirs sont mis sur ce vec­teur qui pour­rait per­mettre d’avoir des véhi­cules élec­triques aux carac­té­ris­tiques fonc­tion­nelles proches des véhi­cules ther­miques. Il s’agit donc d’un enjeu concur­ren­tiel entre l’hydrogène, le gaz natu­rel et le GPL.

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