Une industrie pour la France

Dossier : ExpressionsMagazine N°680 Décembre 2012
Par Bernard ESAMBERT (54)

L’industrie est au cœur du phénomène. Pour ne pren­dre qu’un chiffre, le secteur indus­triel représente 22,4% de la valeur ajoutée de la zone euro, mais seule­ment 16% en France. Ce qui ne veut pas dire que l’industrie pèse le 5e de l’économie des pays européens. Si l’on y ajoute les exter­nal­i­sa­tions de toute nature – et l’imagination des ges­tion­naires a fait mer­veille en la matière –, il est prob­a­ble que l’industrie au sens large représente encore près de la moitié de la richesse des nations européennes. Rai­son de plus, si l’on tient compte de son effet d’entraînement, pour s’interroger sur les raisons d’une telle régres­sion en France.

Une compétitivité perdue

Il y a deux caus­es tout à fait dis­tinctes : nous ne par­venons à rivalis­er ni avec les pays qui pro­duisent moins cher (Asie, Maghreb, Europe de l’Est), ni avec ceux qui pro­duisent mieux (Alle­magne).

Le recul des exportations
La France assur­ait il y a vingt ans près de 6 % des expor­ta­tions mon­di­ales, con­tre 3,3 % aujourd’hui. Les expor­ta­tions indus­trielles français­es ne pèsent plus que 13 % de celles de la zone euro con­tre 16,7 % en 1998. Notre déficit com­mer­cial, qui aura atteint 70 mil­liards d’euros en 2011, cor­re­spond à la perte de presque 700 000 emplois, soit près du 5e du niveau de chô­mage actuel. Notre secteur man­u­fac­turi­er au sens large ne représente plus que 16 % de la valeur ajoutée marchande en 2008 con­tre près de 30 % la même année en Allemagne.

Voyons d’abord ceux qui pro­duisent moins cher : bien sûr les pro­duits chi­nois ont joué un rôle non nég­lige­able, ampli­fié par les délo­cal­i­sa­tions de groupes français en Ori­ent. Les salaires chi­nois ont beau aug­menter, l’écart de coût du tra­vail reste impor­tant, même si la Chine indus­trielle n’est plus celle de Dickens.

Cela dit, l’argument du coût du tra­vail perd de sa force si l’on y ajoute les coûts logis­tiques, le hand­i­cap des dis­tances géo­graphiques et cul­turelles, les prob­lèmes de pro­priété indus­trielle. La meilleure preuve en est le retour aux États- Unis, et même plus timide­ment en France, d’usines à pro­duits de bas de gamme. La Chine, qui dis­pose déjà d’un mil­lion de chercheurs, va mon­ter en gamme et sat­is­faire son marché intérieur.

Si l’industrie française a per­du 700 000 emplois en dix ans, soit 20 % de ses effec­tifs, c’est pour l’essentiel en rai­son de sa perte de com­péti­tiv­ité au sein du groupe des pays dévelop­pés, et pas seule­ment vis-à-vis de l’Allemagne.

Perte de références nationales

Nous ne par­venons à rivalis­er ni avec les pays qui pro­duisent moins cher ni avec ceux qui pro­duisent mieux

Com­ment en est-on arrivé là ? Du côté des grandes entre­pris­es, nous avons, depuis l’époque De Gaulle-Pom­pi­dou, réus­si à con­stru­ire un fais­ceau de cham­pi­ons de grande qual­ité, mais celui-ci, entraîné par une dynamique poussée à l’extrême, perd pro­gres­sive­ment ses références nationales : la base arrière où se situ­aient des emplois de haut niveau dans la ges­tion, la recherche-développe­ment, s’amenuise – à la dif­férence de ce qui se passe en Alle­magne –, et la recherche des sous-trai­tants « les mieux-dis­ants » dans le monde entier, ter­rain de chas­se de nos cham­pi­ons, nég­lige la prox­im­ité sin­gulière­ment tech­nologique qui per­met de main­tenir la con­nais­sance intime des pro­duits, des métiers, des tech­nolo­gies et de leur évolution.

Peu de PME exportatrices

La faib­lesse de notre appareil de PME et surtout de gross­es PME qui con­stituent out­re-Rhin le Mit­tel­stand est une sec­onde expli­ca­tion. Nous avons deux fois moins de PME expor­ta­tri­ces qu’en Alle­magne et très peu de celles qui, véri­ta­bles petites multi­na­tionales de quelques cen­taines d’employés, con­stituent le fer de lance des entre­pris­es alle­man­des. Et leur effort de recherche-développe­ment est plus timide que dans les autres pays développés.

Vues à court terme
Le taux de recherche-développe­ment de nom­breux groupes français a bais­sé ces dernières années, traduisant ain­si l’accent mis sur le court terme au détri­ment du temps long, qui seul per­met de juger les per­for­mances réelles de l’entreprise – et il est navrant de con­stater que les nôtres ont cédé plus facile­ment que nom­bre d’autres à la pres­sion des ana­lystes financiers. Il y a là une rai­son de notre déclin industriel.

Alors que les grandes entre­pris­es alle­man­des « chas­sent en meute » sur le marché mon­di­al en y emmenant leurs PME, le cloi­son­nement sub­siste en France. Mais c’est une chose de dire qu’il faut dou­bler le nom­bre de nos PME et une autre d’y arriv­er, si l’on en juge par les innom­brables mesures pris­es depuis vingt ou trente ans pour remédi­er à cette insuff­i­sance notoire, struc­turelle, et anci­enne. Mesures qui de toute évi­dence n’ont pas porté leurs fruits, prob­a­ble­ment parce que homéopathiques par rap­port à la taille du prob­lème et parce que l’on n’a pas traité le prob­lème de la trans­mis­sion de ces entre­pris­es comme les Alle­mands ont su le faire dans les années quatre-vingt.

Du côté des grandes entre­pris­es, la dou­ble dérive, men­tion­née plus haut, de ces dernières années ne se cor­rig­era qu’avec la mise en œuvre d’un envi­ron­nement notam­ment économique et fis­cal sta­ble et raisonnable qui redonnera con­fi­ance aux équipes dirigeantes, cadres et chercheurs de nos grands groupes.

Toutes les déci­sions de l’État doivent désor­mais être pris­es dans ce con­texte, même si l’État n’a plus en main tous les leviers de com­mande. Toutes les péri­odes de crois­sance de notre économie ont été celles où con­som­ma­tion et investisse­ment sont allés de pair.

Coût du travail

Mon­naie commune
Avant l’institution de l’euro, les par­ités moné­taires com­pen­saient les écarts de coût du tra­vail charges com­pris­es. Avec une mon­naie com­mune, ces écarts ne peu­vent que réduire la dynamique de nos entre­pris­es qui ne peu­vent y faire face qu’en com­p­ri­mant leurs marges au risque de réduire leurs capac­ités d’innover et d’investir pour l’avenir.

Sur le plan macroé­conomique, un allége­ment sen­si­ble des charges qui pèsent sur les entre­pris­es et sur le coût du tra­vail s’impose de toute évi­dence. Si les salaires horaires sont actuelle­ment rel­a­tive­ment sem­blables en Alle­magne et en France, ils sont large­ment supérieurs chez nous à la moyenne européenne et surtout les charges qui s’y ajoutent sont net­te­ment plus faibles chez nos voisins.

Bien enten­du, la crise et l’endettement qu’elle a révélé ne faciliteront pas la tâche de nos gou­ver­nants. Il est cepen­dant impératif de par­venir d’urgence à sup­primer une par­tie des coti­sa­tions assis­es directe­ment sur les salaires et de les rem­plac­er par d’autres recettes pesant le moins pos­si­ble sur l’activité économique.

La TVA dite sociale (surtout si l’on exonère du relève­ment les pro­duits de pre­mière néces­sité) est une solu­tion qui fait par­ticiper les impor­ta­tions aux finance­ments recher­chés et qui per­me­t­trait de faire con­verg­er cette forme de fis­cal­ité au sein de l’Europe. Un relève­ment général de la CSG en est une autre ain­si qu’un accroisse­ment sur la fis­cal­ité du pat­ri­moine et des revenus des priv­ilégiés à con­di­tion de respecter un min­i­mum d’homogénéité au niveau européen. Une fis­cal­ité écologique, la taxe sur les trans­ac­tions finan­cières peu­vent égale­ment jouer un rôle dans la panoplie des mesures à pren­dre (ou qui auront été pris­es quand cet arti­cle paraîtra).

Former des ingénieurs

Mais le but ne sera pas atteint pour autant. Pro­duire mieux résulte d’un meilleur savoir et c’est tout notre sys­tème édu­catif qui doit être repen­sé dans le sens d’une plus grande pro­fes­sion­nal­i­sa­tion sans que soit nég­ligée pour autant la cul­ture générale qui donne leur autonomie aux jeunes.

Redonner con­fi­ance aux équipes dirigeantes

À titre d’exemple, rap­pelons que la Corée du Sud, avec env­i­ron 48 mil­lions d’habitants, pro­duit deux à trois fois plus d’ingénieurs que la France. Et qu’on ne se leurre pas sur leurs qual­ités : en témoignent l’invasion des voitures et des télé­phones mobiles coréens sur notre marché, la récente per­cée spec­tac­u­laire du nucléariste coréen à nos portes, le qua­si-mono­pole mon­di­al de la con­struc­tion navale coréenne et bien d’autres témoins de la dynamique spec­tac­u­laire d’un pays en train de se dégager de l’image d’une France d’Asie du Sud-Est.

Et que dire de la maîtrise de l’informatique et des médica­ments génériques en Inde et des per­for­mances des proces­sus indus­triels en Chine ? Les pays émer­gents ont rejoint, par­fois dépassé, nos avan­tages comparatifs.

La solu­tion ne con­siste pas à sup­pli­er l’Allemagne de descen­dre à notre niveau, mais à s’élever pour rejoin­dre le sien. En sor­tant de la médi­ocrité en recherche-développe­ment (2,1 % de notre PIB con­tre 3% pour plusieurs de nos com­péti­teurs). En éle­vant rapi­de­ment le niveau d’éducation des jeunes Français (les Améri­cains se sont fixé comme objec­tif de porter leur jeunesse au niveau « entrée dans le grad­u­ate » en 2018). Notre sor­tie ne peut être que vers le haut, vigoureuse­ment et urgemment.

Enclencher un cercle vertueux

Cham­pi­ons français
Pourquoi faut-il que nous soyons le seul pays où le patri­o­tisme indus­triel soit con­sid­éré comme ringard alors qu’il ne viendrait pas à l’idée d’un Améri­cain de douter de la nation­al­ité de Microsoft, de Gen­er­al Elec­tric ou de Gen­er­al Motors ?
Le départ d’Arcelor vers d’autres cieux ne démon­tre-t-il pas l’évident intérêt de dis­pos­er de cham­pi­ons français ?

Faut-il rap­pel­er que les entre­pris­es com­péti­tives s’enrichissent certes, mais qu’elles payent plus d’impôts, créent de l’emploi, favorisent donc la con­som­ma­tion et enclenchent ain­si un cer­cle vertueux ? Faut-il rap­pel­er aus­si que tous les grands pro­grammes sur lesquels nous vivons aujourd’hui (télé­com­mu­ni­ca­tions mod­ernes, nucléaire civ­il, Ari­ane, l’Airbus, le TGV, le CFM 56) ont été lancés dans les années 1960–1970 et qu’il con­vient d’en renou­vel­er le stock en ten­ant compte de l’apparition d’une nou­velle sci­ence reine, la biolo­gie, et des pro­grès ful­gu­rants de l’informatique et de l’électronique qui n’en sont pour­tant qu’à leurs débuts ?

Nouvelle régulation des échanges

Au-delà de tous les débats à engager sur la struc­ture de nos entre­pris­es et sur les modes de finance­ment de la pro­tec­tion sociale, il restera, mais c’est une œuvre de plus longue haleine, à imag­in­er une régu­la­tion libre­ment con­sen­tie des échanges com­mer­ci­aux prenant en compte de grandes zones géo­graphiques de tailles suff­isam­ment impor­tantes et homogènes pour éviter le risque de protectionnisme.

Opti­miser la répar­ti­tion du tra­vail en Europe

L’Europe va être con­fron­tée à une con­trac­tion de la main‑d’œuvre disponible, et nom­breuses seront les régions européennes con­cernées par des pénuries struc­turelles de main‑d’œuvre. Il va nous fal­loir opti­miser la répar­ti­tion du tra­vail à l’échelle européenne. L’obstacle sera pour l’essentiel cul­turel, les jeunes Por­tu­gais ne rêvant plus de France depuis longtemps, mais d’Amérique ou de Singapour.

Justice sociale et liberté d’entreprendre

Tir­er argu­ment de l’ampleur des dif­fi­cultés pour avancer trop lente­ment nous con­damn­erait à un déclin inéluctable. « Invente ou je te dévore », demandait le Sphinx. Il faut d’urgence s’atteler à toutes ces tâch­es et met­tre en œuvre une masse cri­tique de mesures.

Trois mous­que­taires
Ils étaient qua­tre à avoir œuvré sous la con­duite du Prési­dent Pom­pi­dou au développe­ment de l’industrie en France, au point d’en être surnom­més « les 3 Mous­que­taires » : Bernard Esam­bert (54), Jean-Paul Parayre (57), Lionel Stoléru (56) et Gérard Worms (55). Ils parta­gent pour l’essentiel l’analyse de la sit­u­a­tion et des solu­tions exposées ici.

En main­tenant la jus­tice sociale qui con­stitue le fond de doc­trine de tous les grands par­tis poli­tiques mod­érés d’Europe. Sous Georges Pom­pi­dou, les fruits des gains de pro­duc­tiv­ité étaient égale­ment partagés entre action­naires et salariés.

Sans oubli­er qu’il avait su mobilis­er le monde des entre­pris­es, créer un sur­croît de crois­sance d’un demi-point à un point par an par rap­port à nos voisins et avait ain­si propul­sé la France large­ment en tête du pelo­ton européen.

Nous sommes désor­mais ren­trés dans le rang. Une poli­tique indus­trielle doit-elle, encore aujourd’hui, ne pas s’éloigner du som­met de l’État ? Sans doute à con­di­tion de laiss­er une totale lib­erté d’action aux entre­pris­es ain­si encour­agées à chercher, à inve­stir, à témoign­er partout dans le monde sans nég­liger leur pays d’origine. Dans un monde en com­plet boule­verse­ment, la meilleure défense réside une fois de plus dans l’attaque et dans la réap­pari­tion de la furia francese.

4 Commentaires

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F.X. Mar­tin (63)répondre
15 décembre 2012 à 14 h 57 min

” À titre d’exemple,

” À titre d’exemple, rap­pelons que la Corée du Sud, avec env­i­ron 48 mil­lions d’habitants, pro­duit deux à trois fois plus d’ingénieurs que la France. ” Quelle est la pro­duc­tion annuelle d’ingénieurs coréens classée par niveau (bach­e­lor, mas­ter, PhD) ? Quelle est la source de cette infor­ma­tion ? A ma con­nais­sance, au niveau mas­ter (bac + 5) nous diplô­mons tous les ans en France 30 000 ingénieurs et 25 000 mas­ters sci­en­tifiques, soit compte tenu des éventuels dou­bles diplômes et de moins de 20% de diplômés étrangers plus de 40 000 Français (soit plus de 5% de la classe d’âge, vraisem­blable record du monde.


Le chiffre améri­cain cor­re­spon­dant (pour un pop­u­la­tion 5 fois plus impor­tante) est de 80 000 mas­ters sci­en­tifiques par an (dont 30 000 étrangers) soit un peu plus de 1% de la classe d’âge. Quel est le chiffre coréen ? Le prob­lème français n’est en aucun cas un nom­bre d’ingénieurs bac+5 for­més tous les ans trop faible. C’est essen­tielle­ment : — une util­i­sa­tion cat­a­strophique de cette ressource excep­tion­nelle par la société française (nos ingénieurs s’ex­pa­tri­ent ou se détour­nent de l’in­dus­trie quand ils restent en France), — le fait que nous ne for­mons pas d’ingénieurs et très peu de sci­en­tifiques qui se con­tentent du niveau bac+3 (licence ou bach­e­lor qui est le diplôme ultime des 3/4 des ingénieurs américains).


Quant aux doc­teurs sci­en­tifiques, nous en for­mons un nom­bre raisonnable (6 500 à 7 000 par an) con­tre 25 000 aux Etats-Unis (300 M habi­tants), 9 500 en Alle­magne (plus de 80 M hab), 3 500 en Corée. Notre retard (sou­vent men­tion­né dans les médias) au niveau du doc­tor­at est con­cen­tré au niveau des sci­ences humains (3 fois moins de doc­teurs en SHS en France qu’en Alle­magne ; le patron d’EADS est un doc­teur … en sci­ences politiques).

F.X. Mar­tin (63)répondre
15 décembre 2012 à 15 h 09 min

” En éle­vant rapi­de­ment le

” En éle­vant rapi­de­ment le niveau d’éducation des jeunes Français (les Améri­cains se sont fixé comme objec­tif de porter leur jeunesse au niveau « entrée dans le grad­u­ate » en 2018). Notre sor­tie ne peut être que vers le haut, vigoureuse­ment et urgemment.”


D’après les derniers chiffres de l’OCDE, 43% des jeunes Français sont diplômés de l’en­seigne­ment supérieur (chiffre en très forte hausse depuis 30 ans) con­tre 42% des jeunes Améri­cains (chiffre en légère baisse après avoir été longtemps le plus élevé du monde). Ces chiffres inclu­ent les bac+2 (“asso­ciate degrees” des com­mu­ni­ty col­leges aux Etats-Unis, DUT et BTS en France).


Si on se lim­ite aux diplômes sci­en­tifiques, l’a­vance française est énorme au niveau mas­ter : 4 fois plus de diplômés (5% des jeunes con­tre 1,2%), plus faible au niveau doctorat/PhD (0,8% en France con­tre 0,6% aux Etats-Unis.

Gilbert Ribesrépondre
27 décembre 2012 à 17 h 25 min

Renais­sance de l’industrie.

Il est indis­pens­able et urgent que la France rede­vi­enne com­péti­tive par rap­port à ses parte­naires européens,y com­pris par rap­port à l’Allemagne.


Mais ce ne sera pas suff­isant pour relancer la crois­sance et les créa­tions d’EM­PLOI et équili­br­er notre bal­ance com­mer­ciale et nos comptes publics dans un délai accept­able sociale­ment et poli­tique­ment. Il faut par­al­lèle­ment relo­calis­er dans l’U­nion Européenne la fab­ri­ca­tion de cer­tains pro­duits ou ser­vices, en tax­ant ou con­tin­gen­tant les impor­ta­tions provenant de pays, dont les Bal­ances de paiements courants avec l’Union sont struc­turelle­ment excé­den­taires, qui pra­tiquent un pro­tec­tion­nisme moné­taire ou qui pra­tiquent des restric­tions à l’importation ou aux investisse­ments étrangers ou qui ne respectent pas : ‑Les normes sociales fixées par l’ONU et par l’OIT ‑Et des normes envi­ron­nemen­tales, san­i­taires et juridiques com­pa­ra­bles à celles de l’Union.


Cette propo­si­tion rejoint : ‑la Réso­lu­tion du Par­lement Européen du 23 mai 2012,concernant les échanges com­mer­ci­aux entre l’UE et la Chine ‑la propo­si­tion n°13 du Prési­dent de la République,confirmée par le Pre­mier Min­istre dans son dis­cours de poli­tique générale,en faveur du “juste échange”(fair trade).


Elle est fondée sur 3 principes : ‑la réciproc­ité ‑l’équili­bre struc­turel des échanges com­mer­ci­aux et la régu­la­tion moné­taire ‑l’équité sociale,sanitaire et envi­ron­nemen­tale. Elle per­me­t­trait de relancer la crois­sance et les créa­tions d’emplois,dans un pre­mier temps par l’investissement indus­triel financé par des cap­i­taux privés,dans un deux­ième temps par la mon­tée en puis­sance de la pro­duc­tion industrielle,créant ain­si les con­di­tions du plein emploi et d’une crois­sance équili­brée dans l’Union Européenne.

michel.baudurépondre
3 mars 2013 à 21 h 52 min

Rein­dus­tri­alis­er en France

Pour revi­talis­er notre indus­trie, Bernard ESAMBERT a le grand mérite de pro­pos­er, plutôt que la panoplie des mesures anti-fisc, anti-coûts, anti-euro repris­es partout à l’en­vi, une voie sys­témique de redresse­ment de notre com­péti­tiv­ité con­stru­ite sur deux réformes rad­i­cales “fran­co-français­es”: — que les entre­pris­es — les grandes d’abord — retrou­vent le réflexe de dévelop­per le savoir-faire au Pays et de chas­s­er en meute, — que notre sys­tème édu­catif soit repen­sé en sorte de délivr­er un meilleur savoir : “plus pro­fes­sion­nel, sans nég­liger la cul­ture générale.

Cela me paraît telle­ment per­ti­nent à la lumière de mes 30 dernières années de vie pro­fes­sion­nelle que je n’hésite pas à ren­forcer ici ces deux propo­si­tions et le socle qu’elles for­ment d’un stratégie durable de recon­quête : — l’ex­i­gence de patri­o­tisme faite aux entre­pris­es, à com­mencer par les grandes, privées comme publiques : il s’ag­it que l’al­pha et l’omé­ga de leur stratégie soit de dévelop­per en France leur savoir-faire, dans leurs équipes et aus­si en coopéra­tion avec des four­nisseurs, des sous-trai­tants et des clients.

Cette stratégie de développe­ment de leur valeur ajoutée est à moyen terme, cen­trée sur le “good­will” et antin­o­mique avec une stratégie pure­ment finan­cière ; elle est aus­si par­faite­ment adap­tée aux con­texte de mon­di­al­i­sa­tion et de traite­ment général­isé de l’in­for­ma­tion, — le choix demandé aux organ­ismes de for­ma­tion — publics et privés, de for­ma­tion ini­tiale, pro­fes­sion­nelle et con­tin­ue — de porter à l’ex­cel­lence la for­ma­tion de leurs étu­di­ants en l’an­crant dans un appren­tis­sage mas­sif de l’ef­fi­cac­ité : nou­velle édu­ca­tion, généra­trice d’une cul­ture nou­velle, non par ses con­tenus mais par la façon de les mobilis­er et de les appréhender.

Cette nou­velle base éduca­tive est à la fois méthodologique (effi­cac­ité de l’ac­tion, apti­tude à com­mu­ni­quer, à coopér­er, à appren­dre de nou­veaux con­tenus, com­pé­tence pour con­duire des pro­jets et des équipes) et éthique (déclin­er en cohérence com­péti­tiv­ité de l’en­tre­prise et com­pé­tence des per­son­nes). Pos­er ain­si la prob­lé­ma­tique de notre redresse­ment fait ressor­tir son car­ac­tère struc­turel et l’oblig­a­tion qui nous est faite, à nous Français — à com­mencer par nos respon­s­ables privés et publics — de nous engager dans cette rup­ture néces­saire. Et aus­si com­bi­en il serait illu­soire d’at­ten­dre notre salut d’une amélio­ra­tion de la con­jonc­ture ou encore de la bien­veil­lance d’amis proches dont les intérêts con­verg­eraient pour un temps avec les nôtres ! C’est bien notre lib­erté col­lec­tive et indi­vidu­elle dans un monde dif­férent et nou­veau qui est en jeu.

Dans ces cir­con­stances, l’af­faire est la nôtre à tous et toutes les volon­tés sont req­ui­s­es. L’é­tat doit d’abord se per­suad­er que “seul”, il ne pour­ra rien et que sa pre­mière respon­s­abil­ité est d’im­pulser cette rup­ture, d’y entraîn­er une majorité de Français et de gal­vanis­er leurs éner­gies : — pro­mou­voir et met­tre en oeu­vre partout une démarche entre­pre­neuri­ale, à la fois méth­ode d’ef­fi­cac­ité et éthique human­iste : . qui libère l’ini­tia­tive indi­vidu­elle et privée, . qui porte en son cen­tre la recon­nais­sance de la valeur du tra­vail effi­cace (décliné comme fac­teur de com­péti­tiv­ité des organ­i­sa­tions et de com­pé­tence et employ­a­bil­ité des per­son­nes); recon­nais­sance en droit et en rémunéra­tion. Ensuite, il devra assur­er sa part du change­ment et en par­ti­c­uli­er : — dévelop­per une stratégie nationale et européenne adap­tée, — rénover nos sys­tèmes fis­caux, soci­aux et publics.

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