Un homme de notre siècle

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°560 Décembre 2000Par : Jacques LESOURNE (48)Rédacteur : Bruno RENARD (51)

Jacques Lesourne abor­de dans cet impor­tant ouvrage qua­tre thèmes prin­ci­paux : une auto­bi­ogra­phie de sa vie per­son­nelle, celle de sa vie pro­fes­sion­nelle dans ses étapes suc­ces­sives, une analyse de la vie poli­tique (depuis la Grande Guerre) et enfin la présen­ta­tion de thès­es économiques.

La mul­ti­plic­ité des sujets traités, l’abondance extra­or­di­naire des références citées et l’ouverture vers des hori­zons cul­turels var­iés : tout cela jus­ti­fie facile­ment les sept cents pages du livre qui se lit avec un intérêt constant.

Certes, la chronolo­gie souf­fre de ce mélange, et il est par­fois dif­fi­cile de syn­chro­nis­er la vie privée de l’auteur avec le déroule­ment de sa car­rière ou celui de la vie poli­tique. Mais l’abondance ne nuit pas, et la var­iété des activ­ités de Jacques Lesourne ne peut s’appréhender simplement.

On com­prend alors la remar­que de Jacques Lesourne : “ Réflex­ion et action furent les deux pôles indis­so­cia­bles de ma vie ”, qui rejoint ain­si ce qu’écrivait Mau­rice Allais dans la pré­face du pre­mier ouvrage de Jacques Lesourne (Tech­nique économique et ges­tion indus­trielle, 1965), [l’auteur a] “ un remar­quable souci du con­cret et de l’application, très rare en général chez les jeunes trop sou­vent enclins à l’abstraction. ”

Pour­tant, on croit décel­er par moments une nette préférence pour la recherche, la réflex­ion, la créa­tion et “l’aventure ” (surtout intel­lectuelle) plutôt que pour la pure ges­tion. N’y a‑t-il pas aus­si une pointe d’amertume dans cette con­stata­tion : “ La SEMA ne fait plus l’histoire. Elle devient une société comme les autres ”, faite au moment du départ de la SEMA ?

Tout autre que Jacques Lesourne aurait sans doute fait d’un tel livre un autopané­gyrique, sans qu’on le lui reproche… Or, il n’en est rien et la mod­estie de l’auteur est éton­nante, mar­quant même par­fois une insat­is­fac­tion pro­fonde ; on est sur­pris de remar­ques telles que : “ … la tenace dépres­sion qui me ronge… ” ; “… mon exis­tence à demi réussie… ”. Quel dom­mage que J. Lesourne voie plus volon­tiers la bouteille à moitié vide que la bouteille à moitié pleine, et ne partage pas l’enthousiasme que sa car­rière est sus­cep­ti­ble d’inspirer au lecteur !

Nous regret­tons aus­si les détails, sou­vent fâcheux, qu’il donne sur sa vie per­son­nelle et famil­iale. Certes, ces détails font par­tie d’une exis­tence, et l’on ne peut qu’admirer le souci de les faire con­naître – aus­si – au lecteur. Mais estce bien nécessaire ?

Curieux titre, enfin, pour ce livre : Jacques Lesourne, Un homme de notre siè­cle, daté d’avril 2000… S’agirait-il donc du XXIe siè­cle ? Nous le souhaitons, et que Jacques Lesourne con­tin­ue longtemps encore à devancer “ notre ” siècle.

Poster un commentaire