« Un club très fermé pour des rencontres informelles »

Dossier : X-HEC Capital InvestissementMagazine N°638 Octobre 2008
Par Arnaud SANTOIRE (89)

N’ou­vrez pas votre dic­tio­n­naire, Cap­i­tal investisse­ment est bel et bien une expres­sion française. En anglais, il faudrait dire Pri­vate Equi­ty. Equi­ty sig­ni­fie à peu près cap­i­tal et pri­vate s’op­pose à pub­lic. En d’autres ter­mes, il s’ag­it grosso modo d’in­ve­stir pour entr­er au cap­i­tal d’une société non cotée en Bourse. L’in­vestis­seur espère, bien sûr, ren­tr­er rapi­de­ment dans ses fonds et faire ensuite des béné­fices. Selon ses goûts et son audace, il peut inve­stir ses fonds dans le cap­i­tal-risque (nou­velles entre­pris­es), le cap­i­tal développe­ment (entre­prise en essor), le cap­i­tal retourne­ment (entre­prise en dif­fi­culté), ou encore le cap­i­tal trans­mis­sion. Il pour­ra alors faire appel, par exem­ple, à l’ef­fet de levi­er financier (lever­age buy out ou LBO) qui con­siste à emprunter pour acquérir, avec l’e­spoir d’une rentabil­ité de l’en­tre­prise supérieure à l’in­térêt qu’il faut pay­er pour la dette, ce qui per­met de gag­n­er la différence.

Mais qu’est-ce qui peut pouss­er des ingénieurs à se regrouper pour dis­cuter de sujets aus­si poin­tus ? ” Il n’ex­is­tait pas de groupe X con­sacré au pri­vate equi­ty, répond Arnaud San­toire. Le groupe X‑Finance est plus général­iste et s’adresse aux ban­quiers et assureurs. Nous avons souhaité un groupe qui attire les financiers mais aus­si les entre­pre­neurs et les man­agers d’en­tre­pris­es indus­trielles et com­mer­ciales. Per­son­nelle­ment, j’ai été forte­ment impliqué dans le cap­i­tal investisse­ment et je fais par­tie des deux com­mu­nautés : X et HEC. Le thème méri­tait une place à lui tout seul et c’est rapi­de­ment 150 per­son­nes qui ont souhaité rejoin­dre le groupe, par­mi des anciens X, HEC et centraliens. ”

Des inter­venants réputés
Les réu­nions se déroulent, soit à la Mai­son des X, soit au Yacht-club de France.
Par­mi les inter­venants récents, on peut citer : Jacques Veyrat (Neuf Cégé­tel), Olivi­er de la Morinière (Fraikin), Claude Dar­mon (Cégélec), Michel Combes (TDF).
En sep­tem­bre dernier a été débat­tu le fort intéres­sant thème du LBO spon­sor­less, dans lequel les investis­seurs en cap­i­tal ne sont pas majoritaires.

Le groupe compte 150 adhérents, partagés équitable­ment entre anciens de l’X et anciens d’HEC (pho­to ci-dessus) avec le ren­fort de quelques centraliens.

Une sélection stricte

” L’e­sprit de notre groupe con­siste à opér­er une sélec­tion très stricte. Nous accep­tons, d’une part, des pro­fes­sion­nels de l’in­vestisse­ment tra­vail­lant dans des entre­pris­es sus­cep­ti­bles de recevoir les fonds en ques­tion ; d’autre part, des anciens de nos écoles impliqués dans cette activ­ité (X, HEC, et aus­si quelques centraliens).

” Les entre­pris­es sont des PME de quelques mil­lions d’eu­ros de chiffre d’af­faires pour les plus petites, des grandes entre­pris­es de plus d’1 mil­liard d’eu­ros de chiffre d’af­faires ou encore des fil­iales de grands groupes.

” Nous organ­isons régulière­ment des ren­con­tres, sous forme d’un déje­uner réu­nis­sant une ving­taine de per­son­nes autour d’un invité qui leur fait partager son expéri­ence. Ces invités sont générale­ment des dirigeants d’en­tre­pris­es qui ont fait l’ob­jet d’un investisse­ment dans le cadre du pri­vate equi­ty.

” Nos mem­bres cherchent le con­tact avec des per­son­nal­ités qui dis­posent d’une expéri­ence au plus haut niveau, avec lesquelles ils pour­ront éventuelle­ment entr­er en rap­port dans des opéra­tions ultérieures.

” Ils souhait­ent aus­si trou­ver un cadre intime et informel, dif­férent de celui des organ­i­sa­tions de place (l’As­so­ci­a­tion française du cap­i­tal). Nous n’avons pas le même niveau de cen­sure qu’avec un audi­toire plus large et nous pou­vons dia­loguer libre­ment avec le con­férenci­er qui sait qu’il n’y aura pas de compte ren­du large­ment dif­fusé, sinon un mod­este procès-ver­bal pour se sou­venir de la date et de l’ob­jet de la rencontre. ”

Arnaud San­toire, père de trois jeunes enfants, rejoint tous les lundis à 21 heures l’équipe de ten­nis de sa pro­mo­tion. Marin émérite, il est mem­bre du Yacht-club de France. Chas­seur à ses heures, il se plaît à la fron­tière qui sépare l’X et HEC, en quête de bonne prise sur le ter­rain du cap­i­tal investissement.

X‑HEC Cap­i­tal Investissement

Prési­dent : Arnaud Santoire
36, rue Erlanger 75016 Paris

xhecpe@xhecpe.com

Le Bureau

Prési­dent : Arnaud San­toire (89)
Secré­taire : Younès Alaoui

Une dou­ble culture
Ingénieur de l’arme­ment, Arnaud San­toire suit par­al­lèle­ment des études à l’EN­S­TA et à HEC. Mis par la DGA à la dis­po­si­tion d’IBM, il par­ticipe au développe­ment d’un impor­tant progi­ciel de ges­tion des entre­pris­es. Détaché ensuite à la direc­tion du Tré­sor, il est en charge des fonds d’in­vestisse­ment et met au point les fonds com­muns de place­ment à l’in­no­va­tion, pro­posés au grand public.
Il y a dix ans, il devient mem­bre de la Com­mis­sion de pri­vati­sa­tion, tra­vaille auprès de France Télé­com et EADS, par­ticipe aux ventes par CDR des act­ifs du Crédit Lyonnais.
En 2000, il crée une banque d’af­faires, Hexa Cap­i­tal, con­seil en pri­vate equi­ty, et rejoint Gimar, autre banque d’af­faires spé­cial­isée dans les opéra­tions de LBO.
Début 2008, il devient directeur des fusions et acqui­si­tions de la CNCE, hold­ing qui con­trôle le groupe Caisse d’épargne.

De bouche à oreille

” Notre struc­ture est très légère, explique Arnaud San­toire. Il n’y a pas de coti­sa­tion, mais cha­cun paie entre 50 et 80 euros pour la par­tic­i­pa­tion à chaque événe­ment qui l’intéresse.

” D’une ving­taine à la créa­tion, en 2005, le nom­bre d’ad­hérents a aug­men­té régulière­ment jusqu’à 150 aujour­d’hui. J’or­gan­ise moi-même les événe­ments, aidé par Younès Alaoui, secré­taire général, et par le directeur fusions-acqui­si­tions d’ILOG.

” Tous nos adhérents sont en activ­ité. Soit ils opèrent des investisse­ments, soit ils diri­gent des entre­pris­es. Nous cher­chons d’ailleurs à aug­menter la pro­por­tion de ces chefs d’en­tre­prise. Notre prospec­tion s’ef­fectue de bouche à oreille et nous n’avons pas d’am­bi­tion de communication. ”

Propos recueillis par Jean-Marc Chabanas (58)

Poster un commentaire