impression 3D métallique

Un acteur français désormais incontournable de l’impression 3D métallique

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°776 Juin 2022
Par Frank MOREAU

AddUp est une jeune start-up inno­vante active dans le domaine de l’impression 3D métallique. En moins de six ans, l’entreprise se posi­tionne déjà comme un acteur incon­tourn­able de ce secteur en Europe. Frank More­au, CEO d’AddUp, nous en dit plus dans cet entretien.

Quel est le métier d’AddUp ?

AddUp est une société française d’impression 3D métallique qui a vu le jour en 2016. AddUp est une joint-ven­ture entre les groupes indus­triels Fives (50 %) et Miche­lin (50 %). On retrou­ve au cœur de son activité : 

  • La con­cep­tion, la réal­i­sa­tion et la com­mer­cial­i­sa­tion de machines d’impression 3D métallique ;
  • La réal­i­sa­tion de pièces pour dif­férents clients ;
  • Le développe­ment d’un savoir-faire appli­catif fort qui s’appuie sur les deux précé­dentes activ­ités et qui est val­orisé au tra­vers de ser­vices de con­seil, de for­ma­tion, ou encore de ser­vice après-vente dans la con­ti­nu­ité de la vente des machines. 

Aujourd’hui, AddUp emploie près de 300 per­son­nes. Dans les années 2018, AddUp a con­nu une pre­mière phase de crois­sance avec l’acquisition de plusieurs sociétés français­es de petite taille. Aujourd’hui, nous vivons une nou­velle phase de crois­sance, hors des fron­tières nationales, avec un focus sur l’Allemagne et sa zone d’influence qui sont le cœur his­torique mon­di­al de l’activité d’impression 3D métallique avec des acteurs majeurs et un marché très dynamique. En par­al­lèle, nous ciblons aus­si les États-Unis où nous avons inau­guré en 2021 un ate­lier com­posé d’une dizaine de machines et où nous sommes en train de struc­tur­er notre développe­ment avec un focus sur le secteur médical.

Nous sommes aus­si act­ifs dans d’autres domaines, en par­ti­c­uli­er le spa­tial, la For­mule 1, l’aéronautique, l’énergie, le nucléaire et le luxe

Fabrication additive

D’ailleurs, que proposez-vous aux acteurs du monde de la santé ? À quelles problématiques et enjeux répondez-vous ? 

Le monde de la san­té et notam­ment le domaine des pro­thès­es (hors den­taire) est le marché le plus mature en ter­mes d’impression 3D métallique. Le seg­ment des pro­thès­es, qui est rel­a­tive­ment mûr, affiche de très belles per­spec­tives de crois­sance dans les prochaines années. En fonc­tion des sous-domaines (colonne vertébrale, hanche…), la part du marché améri­cain est com­prise entre 50 et 70 %. 

Acteur récent, AddUp doit gag­n­er en vis­i­bil­ité sur ce marché et met­tre en avant ses solu­tions tech­niques et tech­nologiques, sa maîtrise des machines d’impression 3D métallique et de la con­cep­tion des pièces afin de se posi­tion­ner comme une entre­prise recon­nue par les groupes incon­tourn­ables de ce seg­ment. Aujourd’hui, nous tra­vail­lons déjà avec suc­cès avec l’un des cinq groupes lead­ers dans le domaine des pro­thès­es aux États-Unis et dévelop­pons de nou­veaux pro­jets avec d’autres acteurs.

Les proces­sus du secteur de la san­té sont soumis à de fortes con­traintes en ter­mes de cer­ti­fi­ca­tion et de qual­i­fi­ca­tions qui enga­gent dif­férentes autorités. 

Nous avons fait le choix de miser sur le développe­ment de chaînes dig­i­tales (acqui­si­tion des don­nées et de leur traite­ment pen­dant les batchs de fab­ri­ca­tion) pleine­ment inté­grées, évo­lu­tives et inter­façables avec les univers dig­i­taux de nos clients dès les pre­miers designs de nos machines. Nous avons ici un avan­tage con­cur­ren­tiel recon­nu qui nous per­met d’avoir une meilleure maîtrise des paramètres et des don­nées générées pen­dant la phase de fab­ri­ca­tion. À titre d’exemple, on estime que le vol­ume de don­nées généré par une de nos machines pen­dant une journée de fab­ri­ca­tion équiv­aut au vol­ume généré par un groupe comme Miche­lin sur une année de pro­duc­tion, ce qui vous per­met de com­pren­dre que nous sommes au cœur des enjeux du Big Data temps réel. Parce que nous avons inté­gré la dimen­sion Big Data native­ment à nos machines, nous sommes ain­si en mesure de dévelop­per des suites logi­cielles per­for­mantes qui nous per­me­t­tent de nous posi­tion­ner mal­gré notre jeune âge comme un acteur incon­tourn­able de l’impression métallique 3D. 

Pouvez-vous nous donner des exemples et des cas d’usages concrets ?

Comme men­tion­né précédem­ment, nous tra­vail­lons avec des acteurs lead­ers du secteur des pro­thès­es aux États-Unis. Dans le domaine de l’aéronautique, avec Das­sault, nous sommes mobil­isés sur un pro­jet soutenu par l’Union européenne et la région Auvergne Rhône-Alpes afin d’introduire l’usage des pièces 3D métalliques dans ce domaine. Nous avons aus­si livré pour un acteur français, leader mon­di­al dans la fab­ri­ca­tion des satel­lites, une machine que nous avons util­isées pour la con­cep­tion et la réal­i­sa­tion de pièces pour des antennes satel­lites. Enfin, nous tra­vail­lons aus­si dans l’univers de la for­mule 1 pour des clients comme Alpine et Fer­rari pour qui nous fab­riquons divers­es pièces.

Fabrication additive métallique

Vos solutions contribuent à l’essor et au développement de l’industrie 4.0. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Au-delà de la notion d’Industrie 4.0, l’impression 3D métallique par­ticipe au développe­ment de la fonderie 4.0. Nous ne sommes pas en con­cur­rence avec les acteurs his­toriques de la fonderie, car nous nous dévelop­pons autour d’un busi­ness mod­el axé sur la pro­duc­tion de longueur de série rel­a­tive­ment faible, con­traire­ment aux acteurs tra­di­tion­nels qui tra­vail­lent sur des séries de pro­duc­tion beau­coup plus impor­tantes. Sur des séries plus restreintes, l’impression 3D métallique per­met de con­cevoir des objets qui n’étaient pas fais­ables jusque-là et de dévelop­per des solu­tions avec des délais en ter­mes de sup­ply chain plus courts. Nous répon­dons ain­si à un dou­ble enjeu de per­for­mance tech­nique au tra­vers d’un nou­veau design et de la sup­ply chain en opti­misant les délais et réduisant les durées d’approvisionnement, y com­pris pour les pièces qui ne néces­si­tent pas de nou­veau design. 

En par­al­lèle, l’impression 3D métallique per­met une démarche de relo­cal­i­sa­tion de l’activité avec la créa­tion d’ateliers plus petits au plus proche des zones de com­mer­cial­i­sa­tion. Ce nou­veau moyen de con­cevoir les pro­duits et de sécuris­er la sup­ply chain est aus­si net­te­ment plus effi­cient en ter­mes de gain de matières. 

Dans cer­tains secteurs comme la défense, l’impression 3D métallique con­tribue par ailleurs à la sou­veraineté nationale, un enjeu stratégique d’actualité.

Quels sont vos enjeux et perspectives actuellement ? 

Créée il y a env­i­ron six ans, AddUp est une jeune pousse tech­nologique dont le prin­ci­pal enjeu est la crois­sance. Notre ambi­tion est de mul­ti­pli­er par cinq notre chiffre d’affaires dans les trois prochaines années. Dans cette con­ti­nu­ité, nous pour­suiv­ons nos activ­ités en France et inten­si­fions notre déploiement à l’international avec un focus sur le médi­cal comme précédem­ment mentionné. 

Sur la par­tie fab­ri­ca­tion des pièces, nous avons en France une quar­an­taine de machines répar­ties sur deux ate­liers à Cler­mont-Fer­rand et à Salon-de-Provence. Grâce à ces unités de pro­duc­tion, AddUp fait par­tie des lead­ers européens de pro­duc­tion de pièces métalliques 3D. En plus de la dizaine de machines dont nous dis­posons aux États-Unis, nous souhaitons dévelop­per notre out­il de pro­duc­tion avec une ving­taine de nou­velles machines. Sur le moyen terme, nous visons une cen­taine de machines ce qui représen­tera un véri­ta­ble avan­tage con­cur­ren­tiel. En effet, un parc de cette taille nous per­me­t­tra d’appréhender des prob­lé­ma­tiques très intéres­santes comme la main­te­nance tra­di­tion­nelle et pré­dic­tive, l’industrialisation des proces­sus, l’interopérabilité des machines, l’IA et la val­ori­sa­tion des don­nées générées… autant d’axes à très forte valeur ajoutée que nous pour­rons dévelop­per en interne, mais avec nos clients qui achè­tent nos machines. 

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