Terminaux et multimédia : au-delà du PC !

Dossier : Le MultimédiaMagazine N°550 Décembre 1999
Par Joseph HADDAD (80)

C’est un lieu com­mun de dire que le mul­ti­mé­dia est devenu l’un des moteurs majeurs de la cul­ture et de la crois­sance mon­di­ale. Mais la plus grande des révo­lu­tions se déroule en ce moment. L’ensem­ble des ser­vices que le mul­ti­mé­dia nous promet : com­mu­ni­ca­tion, édu­ca­tion, loisirs, com­merce… con­ver­gent via l’In­ter­net, qui devient le vecteur stan­dard­isé et uni­versel du mul­ti­mé­dia inter­ac­t­if et personnalisé.

Cette con­ver­gence autour de stan­dards non pro­prié­taires, cou­plée aux extra­or­di­naires pro­grès de l’in­dus­trie microélec­tron­ique, nous per­met aujour­d’hui d’en­trevoir une nou­velle ère, annon­cée par de grands titres dans la presse améri­caine, celle de l’après PC.

Aujour­d’hui, de Bill Gates (Microsoft) à Tim Koogle (Yahoo) en pas­sant par Jeff Bezos (Ama­zon) ou Thier­ry Bre­ton (Thom­son Mul­ti­mé­dia) ils martè­lent à longueur d’in­ter­view et de forums leur volon­té d’être présents sur des appareils autres que le PC.

Des ter­minaux ouverts, fab­riqués à très bas prix, util­isant l’In­ter­net pour s’in­té­gr­er dans l’en­vi­ron­nement domes­tique per­me­t­tront aux con­som­ma­teurs d’en­tr­er de plain-pied dans cette révo­lu­tion. Et cette révo­lu­tion va être à l’o­rig­ine d’un marché qui sera net­te­ment plus impor­tant que celui du PC ajouté à celui de l’élec­tron­ique grand public.

Ces “e‑devices” vont rem­plac­er pas à pas les appareils que nous util­isons tous chaque jour dans nos gestes les plus courants. Leur suc­cès sera d’au­tant plus rapi­de qu’ils seront sim­ples d’emploi, peu chers, et parce qu’ils seront ven­dus par les ser­vices aux­quels ils don­neront accès, à l’im­age du mar­ket­ing des télé­phones mobiles que nous avons con­nu ces dernières années. Branchez, opérez sur le Web ! Rien à installer, prêt à l’emploi, out­il sim­ple, pra­tique, bon marché et adap­té au com­merce électronique.

Demain une mère de famille con­sul­tera son agen­da, celui de son con­joint et celui de tous ses enfants sur la porte de son réfrigéra­teur reliée à leurs agen­das respec­tifs et dotée d’une mes­sagerie vocale. Demain les cours­es, les besoins de prox­im­ité seront sat­is­faits, et gérés à tra­vers des ter­minaux de prox­im­ité locale, ren­dant la vie plus sim­ple, plus con­viviale, sans appréhen­sion de la tech­nolo­gie : pou­voir béné­fici­er des ser­vices d’un concierge d’hô­tel à son domi­cile, recherche, livrai­son, commande.

Simplifier la vie ?

À cette ques­tion “que puis-je faire pour vous, pour vous sim­pli­fi­er la vie ?” chaque ter­mi­nal répon­dra, sim­ple­ment. À l’aube de l’an 2000, le marché de la “sim­pli­fi­ca­tion de la vie” est un gise­ment au poten­tiel insoupçonné !

“Les objets ont-ils une âme ?” titrait récem­ment un quo­ti­di­en, vraisem­blable­ment pas, mais ils vont s’animer de ser­vices les plus com­muns et les plus orig­in­aux, les plus soci­aux et les plus ouverts, dans une rela­tion indi­vidu­elle nou­velle. Pou­voir à par­tir de son téléviseur, ou de son web-phone, ou de son télé­phone cel­lu­laire, ou de son réfrigéra­teur organ­is­er ses déplace­ments, ses loisirs, pro­gram­mer son arrivée dans telle autre mai­son, gér­er ses paiements, ses act­ifs ban­caires, ses droits et oblig­a­tions, au niveau local, région­al, voire inter­na­tion­al… en texte, voix, image, de chez soi, de son bureau ou de sa voiture, c’est réelle­ment novateur.

Fon­da­men­tale­ment, toute l’ac­tiv­ité de ces ter­minaux mul­ti­mé­dias sera ori­en­tée vers les ser­vices et l’ingénierie d’in­té­gra­tion et non plus vers la tech­nolo­gie et l’in­for­ma­tique. Nous entrons dans l’ère du “con­tent-ware”, du “ser­vice-ware” après celle du “hard­ware” et du “soft­ware”. Ce n’est pas par les tech­niques que l’in­dus­trie rem­portera de nou­veaux marchés, mais par l’adéqua­tion ser­vices attrayants, prix et per­for­mance attrac­t­ifs, tout sim­ple­ment parce qu’en tant que con­som­ma­teur vous allez y trou­ver un avan­tage certain.

Les objets les plus courants vont voir leur des­tinée mar­ket­ing changée : ils seront sans doute don­nés au con­som­ma­teur en échange d’usage de ser­vices liés à l’ob­jet, ou de syn­di­ca­tion d’usages autour de la base de clients util­isant les mêmes services.

Un ter­mi­nal mul­ti­mé­dia, en rai­son du for­mi­da­ble poten­tiel économique qu’il génère dès lors qu’il est inter­ac­t­if sera offert au con­som­ma­teur dans la plu­part des cas. Une mar­que de téléviseur offrira, en asso­ci­a­tion avec un opéra­teur télé­com ou câble, un écran de télévi­sion en échange de l’ac­cès à un por­tail de ser­vices et de pub­lic­ités locaux ; un dis­trib­u­teur ali­men­taire offrira à un foy­er un réfrigéra­teur Inter­net en échange d’une fidéli­sa­tion accrue voire exclu­sive de ses fournitures.

Une économie nouvelle est en train de se construire

C’est sur cette intu­ition que Net­gem a créé un nou­veau mod­èle de plate-forme de ser­vices, com­bi­nant très faible coût (ter­mi­nal et exploita­tion), sim­plic­ité d’usage et util­i­sa­tion exclu­sive des tech­nolo­gies ouvertes nées de l’In­ter­net. Ces solu­tions per­me­t­tent aujour­d’hui à de nom­breux opéra­teurs à tra­vers l’Eu­rope de pren­dre de solides parts de marché, dans une rela­tion per­son­nal­isée et durable avec des con­som­ma­teurs aux­quels ils peu­vent apporter à coût min­ime les nou­veaux ser­vices de l’Internet.

Pou­voir choisir ses vacances, par­ticiper à des ventes aux enchères, acheter des actions ou des CD, recevoir la pho­to des petits-enfants sur un téléviseur… sont une réal­ité aujour­d’hui pour les cen­taines de mil­liers de con­som­ma­teurs européens clients de nos clients.

Big Brother ?

N’hési­tons pas à envis­ager avec réal­isme l’aspect éthique de tels déploiements. Les val­ori­sa­tions faramineuses des opéra­teurs de ser­vice Inter­net tien­nent pour beau­coup sur la promesse d’une analyse tou­jours plus fine des attentes de chaque consommateur.

Les ter­minaux mul­ti­mé­dias, de plus en plus omniprésents dans la vie de cha­cun à chaque minute, sont tech­nologique­ment capa­bles d’en pro­pos­er “tou­jours plus” aux opéra­teurs selon cette analyse.

Faire en sorte que ceci ne nuise pas à la garantie des droits fon­da­men­taux de l’in­di­vidu, en ter­mes de lib­erté, d’é­gal­ité d’usage et de pro­tec­tion du con­som­ma­teur est aus­si une com­posante de la réflex­ion qu’un acteur comme notre société doit considérer.

Jusqu’où le con­som­ma­teur voudra-t-il d’un terminal/service répon­dant à la ques­tion qu’il n’a pas encore posée ?

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