Superphénix pourquoi ?

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°529 Novembre 1997Par : Georges Vendryez (40)Rédacteur : Emmanuel GRISON (37)

Pourquoi arrêter Super­phénix ? Insuc­cès tech­nique ? Aven­ture coû­teuse ? Pro­to­type sans avenir ? Déc­la­ra­tions péremp­toires aux­quelles Vendryes veut con­fron­ter un exa­m­en sérieux du dossier, pour répon­dre point par point à des accu­sa­tions maintes fois for­mulées et maintes fois repoussées par divers­es com­mis­sions qui ont été saisies de la ques­tion par le gouvernement.

Depuis quar­ante ans le CEA, comme c’était sa mis­sion, a entre­pris l’étude de la fil­ière des réac­teurs à neu­trons rapi­des (une annexe donne, à la fin du livre, l’essentiel des don­nées tech­niques néces­saires à la com­préhen­sion du dossier). Le pro­gramme a été mené avec per­sévérance, con­sis­tance et suc­cès. Vendryez en a été le maître d’oeuvre et il peut avec autorité en décrire les étapes et les échéances : le réac­teur d’essai Rap­sodie, la cen­trale Phénix (“ quinze ans de fonc­tion­nement exem­plaire ”), enfin le pro­to­type indus­triel Super­phénix. Vendryez met à plat tous les dossiers, tech­niques, indus­triels, admin­is­trat­ifs, inter­na­tionaux, les inci­dents (c’était un pro­to­type) qui ont coûté deux ans d’arrêt pour les répa­ra­tions, “ l’invraisemblable imbroglio politi­co-admin­is­tratif ” qui a valu au total qua­tre ans et demi d’interdiction de fonctionnement.

Il expose le con­texte inter­na­tion­al qui a amené suc­ces­sive­ment les USA, l’Angleterre et l’Allemagne à inter­rompre leurs pro­grammes de réac­teurs rapi­des, dont l’intérêt économique ne se jus­ti­fi­ait pour le moment qu’à long terme, et la propo­si­tion française de main­tenir l’effort en faisant de Super­phénix non pas un pro­duc­teur de plu­to­ni­um, matière pro­duite actuelle­ment en excès, mais un brûleur de plu­to­ni­um : propo­si­tion approu­vée par l’Académie des sci­ences, le min­istre de la Recherche de l’époque, l’Office par­lemen­taire des choix sci­en­tifiques et tech­nologiques. Aspects économiques, tech­niques, prob­lèmes d’avenir proche ou loin­tain, con­séquences et coût d’un arrêt immé­di­at, tout cela est détail­lé sans pas­sion, mais avec la con­vic­tion pro­fonde que la démarche suiv­ie pen­dant ces quar­ante ans fut faite d’un bon pas et que ce serait un beau gâchis d’en ordon­ner la halte.

La con­clu­sion est véhé­mente : “ que nos dirigeants réfléchissent ! qu’ils ne se lais­sent pas aller par pure dém­a­gogie à brad­er Super­phénix et avec lui toute la fil­ière des réac­teurs à neu­trons rapi­des au nom d’arrangements par­ti­sans de circonstance ! ”.

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