Services urbains : accompagner la transformation des territoires

Dossier : Le Grand Paris : Les territoires, espaces d‘anticipationMagazine N°676 Juin/Juillet 2012
Par Antoine FRÉROT (77)

Là où les entre­pris­es de ser­vices urbains sont implan­tées, elles s’impliquent, en général, à toutes les phas­es du développe­ment d’un ser­vice : la mobil­i­sa­tion des ressources ini­tiales, la trans­for­ma­tion de ces ressources en un ser­vice, puis la four­ni­ture de celui-ci aux habi­tants, avec un haut degré de fia­bil­ité et à un coût opti­misé. La ges­tion des ser­vices d’eau, d’énergie ou de ges­tion des déchets ne peut se faire sans pren­dre en compte, dès l’amont, les ques­tions cru­ciales de leur inser­tion envi­ron­nemen­tale, économique et sociale.

REPÈRES
Les ser­vices urbains tels que l’alimentation en eau potable et l’assainissement, la col­lecte et le traite­ment des déchets ménagers, le chauffage urbain, etc., sont des ser­vices à voca­tion ter­ri­to­ri­ale. Ils doivent être pro­duits sur place, là où ils sont con­som­més. Élaborés à par­tir de ressources locales, ils sont des­tinés à des clients locaux, ils relèvent de la com­pé­tence d’autorités publiques locales, ils sont naturelle­ment enrac­inés dans les territoires.

Tisser de nouveaux liens

Le Grand Paris s’édifie sur une nou­velle con­cep­tion de la notion de ter­ri­toire. De toutes les réflex­ions en cours (qu’elles soient menées par le SDRIF, par l’État, par le grand pari des archi­tectes, etc.) émerge une vision mul­ti­po­laire et « multi-échelle ».

Le Grand Paris s’édifie sur une nou­velle con­cep­tion de la notion de territoire

Il existe, d’une part, une métro­pole glob­ale, avec un rôle nation­al et inter­na­tion­al, au niveau de laque­lle s’organisent les grandes sol­i­dar­ités ; d’autre part, des pôles de développe­ment qui ont pour voca­tion de struc­tur­er des cen­tral­ités ; enfin, des villes et des quartiers, avec leur poten­tiel et, par­fois aus­si, avec leurs souffrances.

Les liens entre prestataires et col­lec­tiv­ités s’expriment sur cha­cun des ter­ri­toires de cette gamme. En pra­tique, ils se traduisent par de nou­veaux pro­jets ou de nou­velles com­plé­men­tar­ités. Il devient, par exem­ple, pos­si­ble de bâtir de nou­velles cohérences en matière de recy­clage des déchets, d’optimisation énergé­tique ou de sys­tèmes d’information urbains, à con­di­tion d’envisager et de traiter ces ques­tions à la bonne échelle.

Des services à l’échelle du Grand Paris

Décloi­son­nement
La nou­velle approche des rela­tions avec les ter­ri­toires exige des décloi­son­nements. Avant d’être un autre mode d’organisation et de fonc­tion­nement, le décloi­son­nement est un état d’esprit, qui se ren­forcera au fur et à mesure de l’avancement du Grand Paris.

Plusieurs des ser­vices urbains qui desser­vent le Grand Paris ont été conçus à l’échelle de l’agglomération, ou sinon, d’une large par­tie de celle-ci. Ils relèvent de grands syn­di­cats de spé­cial­ité : les trans­ports publics dépen­dent du STIF ; le SEDIF ali­mente en eau qua­tre mil­lions de Fran­ciliens ; le SIAAP joue, quant à lui, un rôle cen­tral dans l’assainissement ; le SYCTOM inter­vient dans la ges­tion des déchets, etc. C’est bien enten­du aux pou­voirs publics de pilot­er l’immense pro­jet du Grand Paris et de définir un sys­tème de gou­ver­nance adapté.

Cette organ­i­sa­tion, anci­enne et struc­turée, a fait la preuve de son adap­ta­tion aux besoins d’une aggloméra­tion en crois­sance, parce qu’elle a été sou­vent pen­sée à l’échelle régionale. D’une cer­taine façon, elle augure que les ser­vices urbains pour­ront jouer un rôle essen­tiel pour appuy­er les ambi­tions de la métropole.

Des services « intelligents »

Les impérat­ifs d’une métro­pole à l’ambition affir­mée, les nou­velles exi­gences envi­ron­nemen­tales, la néces­sité de den­si­fi­er le tis­su urbain, dans un con­texte d’évolution cli­ma­tique, l’évolution de la demande des habi­tants exi­gent que les ser­vices urbains con­tin­u­ent de progresser.

Groupes de recherche
Dans le cadre de la trans­for­ma­tion mét­ro­pol­i­taine, des groupes de recherche tra­vail­lent spé­ci­fique­ment sur l’innovation. C’est Advanci­ty pour la ville durable, Mov’eo pour la mobil­ité, etc.

À l’avenir, ces ser­vices seront des ser­vices plus infor­més et plus « infor­mants ». En effet, l’introduction de puis­sants sys­tèmes de cap­tage et de traite­ment de l’information révo­lu­tionne les ser­vices publics locaux. Elle ouvre la voie à une ges­tion « plus intel­li­gente » de ceux-ci.

Ce seront aus­si des ser­vices plus sobres, qui con­som­meront moins de ressources naturelles, en par­ti­c­uli­er celles dont les stocks sont lim­ités et s’amenuisent. Ils y parvien­dront, en recy­clant davan­tage les déchets, en recourant sys­té­ma­tique­ment aux éner­gies renou­ve­lables ou en retrai­tant les eaux usées pour l’irrigation des espaces verts.

Ce seront égale­ment des ser­vices plus fiables et résilients, plus à même de prévenir d’éventuelles défail­lances, grâce à des sys­tèmes d’alerte éten­dus et à une inter­con­nex­ion ren­for­cée entre les infra­struc­tures critiques.

Atouts de départ
C’est un atout pour le Grand Paris que les eaux usées soient aus­si bien col­lec­tées et évac­uées à Mont­fer­meil qu’à Meudon, l’eau potable aus­si disponible à Épinay-sur-Seine qu’à Champigny-sur- Marne, les ordures col­lec­tées avec des exi­gences sim­i­laires à Clichy-sous-Bois et Saint-Germain-en-Laye.
Sur ce socle de ser­vices urbains, avec le fac­teur de cohérence qu’ils con­stituent, les ter­ri­toires du Grand Paris peu­vent se trans­former, vers des objec­tifs de sol­i­dar­ité plus étroite et de per­for­mances plus élevées.
Veo­lia et le Grand Paris
Sur le ter­ri­toire du Grand Paris, Veo­lia dis­tribue 370 mil­lions de mètres cubes d’eau par an, elle col­lecte les déchets de 3,4 mil­lions d’habitants, elle chauffe 650000 loge­ments et exploite 3400 véhicules de trans­port col­lec­tif. Pour ce faire, elle emploie 21 000 salariés sur l’espace francilien.
Veo­lia a créé une équipe exclu­sive­ment dédiée au Grand Paris, la « Mis­sion Métro­pole du Grand Paris ». Cette mis­sion agit comme une plate-forme de partage d’information et de savoir-faire. Elle est aus­si une source d’initiatives.

Logique d’intégration

Toutes les activ­ités de ser­vices urbains sont con­cernées par le Grand Paris. Mais ce sont les sujets com­muns, qui se situent à l’interface de celles-ci, qui sem­blent les plus prometteurs.

Les ser­vices urbains peu­vent jouer un rôle essen­tiel pour appuy­er les ambi­tions de la métropole

En effet, la ville de demain fonc­tion­nera selon une logique d’intégration max­i­male des ser­vices publics. Les dif­férents métiers s’imbriquent de plus en plus les uns dans les autres. Sur de nom­breux sites de la région parisi­enne, les déchets non recy­clables sont val­orisés sous forme d’électricité. Ain­si, nos dif­férentes unités de traite­ment des déchets cou­vrent les besoins en élec­tric­ité de 350 000 Fran­ciliens et chauf­fent 46 000 loge­ments. À Limay, nous pro­duisons du biodiésel à par­tir d’huiles usagées afin d’alimenter en bio­car­bu­rant des bus urbains. Ailleurs, la chaleur des eaux usées est réin­jec­tée dans les réseaux de chauffage urbain.

Enfin le Grand Paris se traduira par de vastes pro­jets de recherche : ils fer­ont pro­gress­er, de façon déci­sive, les tech­nolo­gies et les com­pé­tences, afin de ren­dre durables les villes qui ne le sont plus. Le Grand Paris crée une dynamique, il ouvre de nou­velles coopéra­tions entre ter­ri­toires et entre­pris­es, il est source d’enthousiasme et de créativité.

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