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REVIMA : Une expertise MRO de haut niveau, au service du monde militaire

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°769 Novembre 2021
Par Christophe MICHEL (2001)
Par Jean-Philippe BEAUJARD
Par Stéphane MÉNARD

REVIMA, acteur de taille dans la main­te­nance des APU, fait désor­mais son entrée dans le domaine des APU mil­i­taires. Le point avec Christophe Michel (2001), respon­s­able des activ­ités MRO du groupe REVIMA, Stéphane Menard, Busi­ness Unit man­ag­er en charge de l’activité mil­i­taire de chau­dron­ner­ie et Jean-Philippe Beau­jard, directeur général de Flight­Watch­ing, fil­iale de REVIMA.

REVIMA est l’un des MRO les plus expérimentés au monde avec plus de 60 ans d’expérience à son actif. Comment définiriez-vous votre positionnement ?

Christophe Michel : Né il y a plus d’un siè­cle, REVIMA s’est beau­coup dévelop­pé et a diver­si­fié ses métiers et ce, de la con­struc­tion des pre­miers hydravions, pen­dant la pre­mière guerre mon­di­ale, à la révi­sion de groupes aux­il­i­aires de puis­sance (APU) et de trains d’atterrissage. REVIMA se posi­tionne actuelle­ment en tant que groupe indépen­dant. La société est détenue majori­taire­ment par le fonds d’investissement Ardian.

Aujourd’hui, nous sommes bien posi­tion­nés, sur le plan mon­di­al, sur les activ­ités MRO, et nous sommes lead­ers mon­di­aux par­mi les indépen­dants. Nous avons d’ailleurs ouvert une nou­velle usine en Thaï­lande qui nous per­met aujourd’hui d’avoir une empreinte plus mon­di­ale sur les trains d’atterrissage et notam­ment sur de l’A320 et du 737.

Au-delà, nous avons aus­si d’autres activ­ités comme Flight­Watch­ing, une start-up que nous avons acquise en 2019. Nous avons aus­si une entre­prise en région parisi­enne, à Saint-Ouen‑L’Aumône (95310), spé­cial­isée dans la répa­ra­tion de pièces APU et des moteurs d’avion prin­ci­paux. Et pour finir, notre fil­iale Nor­mandy Aero Spares (NAS) est spé­cial­isée dans le domaine des pièces d’occasion d’APU et de trains d’atterrissage.

L’innovation digitale et les data sont des sujets phares pour REVIMA qui a racheté en 2019 la start-up FlightWatching. Jean-Philippe Beaujard, pouvez-vous nous en dire plus sur FlightWatching ?

Jean-Philippe Beau­jard : J’ai cofondé la start-up Flight­Watch­ing en 2013, avec Olivi­er Hodac que j’avais ren­con­tré quand nous étions tous les deux chez Air­bus, à Toulouse. Nous étions à l’époque des experts aux essais en vol sur l’A380.

Nous avons décidé de créer cette entre­prise pour pou­voir pro­pos­er des solu­tions dig­i­tales inno­vantes pour les acteurs de l’aéronautique. Nous avions d’ailleurs, très tôt, pris con­science du rôle clé qu’allaient jouer les don­nées dans le secteur, à une époque où on ne par­lait pas encore de big data ni de machine learn­ing pour l’aéronautique.

Nous avons donc décidé de cap­i­talis­er sur les quelques don­nées qui étaient déjà disponibles (mais sous-exploitées) sur l’avion, pour mod­erniser les out­ils qui étaient sur le marché.

Pen­dant les deux pre­mières années, nous nous sommes focal­isés exclu­sive­ment sur la recherche et le développe­ment, pour bâtir une plate­forme agile qui per­met de s’adapter aux besoins de nos clients pour exploiter au max­i­mum les don­nées déjà disponibles sur l’avion.

C’était à l’époque un sujet assez nou­veau, et d’ailleurs, trois ans plus tard (en 2016), il y a eu le boom de big data dans l’aéronautique notam­ment avec l’arrivée des dif­férentes plate­formes comme Sky­wise chez Air­bus, Ana­lytiX chez Boe­ing… Les grands acteurs s’y étaient mis et cela a con­tribué à un développe­ment impor­tant de notre activité.

Petit à petit, nous avons réus­si à bâtir un porte­feuille client et une plate­forme puis­sante grâce à notre approche glob­ale et com­plé­men­taire alliant à la fois ma pro­pre vision aéro­nau­tique, et la vision IT d’Olivier Hodac. Depuis 2019, Flight­Watch­ing est dev­enue fil­iale à 100 % du groupe REVIMA.

En 2020, REVIMA a vu son chiffre d’affaires baisser de 40 % sous l’impulsion de la pandémie. En quoi consiste votre plan de reprise à la sortie de la crise ?

C.M : En décem­bre 2020, notre nou­velle usine implan­tée en Thaï­lande a été cer­ti­fiée en Part-145, par les autorités aéro­nau­tiques européennes et améri­caines (l’EASA et la FAA). Cette usine représente aujourd’hui une pièce cen­trale pour notre stratégie MRO. D’ici 2025, son activ­ité va forte­ment aug­menter, dans une zone du monde, où il y a beau­coup d’avions, notam­ment des A320 et des 737 qui volent.

D’ailleurs nous sommes très fiers de ce bel ate­lier de 11 000 m2 devenu aujourd’hui com­pléte­ment autonome avec tous les équipements néces­saires pour procéder à la révi­sion com­plète des trains d’atterrissage, des machines numériques, des équipements con­nec­tés pour la sur­veil­lance et la main­te­nance de l’ate­lier à dis­tance… Nous accor­dons aus­si une atten­tion toute par­ti­c­ulière au respect de l’en­vi­ron­nement avec, par exem­ple, un sys­tème ultra mod­erne de traite­ment des eaux et de l’air…

En par­al­lèle, nous sommes aus­si très fiers d’avoir gag­né plusieurs marchés en 2020 mal­gré la crise et le con­texte san­i­taire inédit. Par­mi ces marchés, il y a le trans­fert sur le site français de REVIMA, de toute l’activité de main­te­nance des APU aupar­a­vant réal­isées par Pratt & Whit­ney sur son site de Floride, à l’is­sue d’une mise aux enchères. Ce trans­fert va nous apporter un marché APU très important.

Et pour finir, avec Flight­Watch­ing, nous sommes actuelle­ment en train de dévelop­per des ser­vices dig­i­taux très inno­vants pour per­me­t­tre aux opéra­teurs et aux com­pag­nies aéri­ennes de faire des économies finan­cières certes, mais aus­si des économies de car­bu­rants pour leurs groupes aux­il­i­aires de puissance.

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Dans un effort pour sauver l’aéronautique, le ministère des Armées a annoncé une accélération des commandes des équipements aéronautiques militaires, déjà prévues par la loi de programmation militaire (LPM), pour un montant de 600 millions d’euros. Qu’est-ce que cela implique pour Revima ?

Stéphane Menard : Même si l’impact n’est pas vrai­ment direct aujourd’hui, cela va impacter indi­recte­ment notre activ­ité mil­i­taire de chau­dron­ner­ie, pour laque­lle nous avons deux clients prin­ci­paux : l’Ar­mée française au tra­vers des ate­liers indus­triels de l’aéro­nau­tique sur le site de Bor­deaux, et Safran.

Donc le plan de relance va for­cé­ment dans le sens du main­tien d’une activ­ité de main­te­nance pour les forces armées, au tra­vers de la disponi­bil­ité du matériel notam­ment. Cela va don­ner un nou­v­el élan à notre activ­ité, et nous per­me­t­tra sans doute d’avoir une crois­sance et un bon niveau de main­tien de l’activité.

J‑P.B : Au niveau de Flight­Watch­ing, un de nos pre­miers clients était Das­sault Avi­a­tion. Nous avons tra­vail­lé sur un pro­jet de proof of con­cept (POC) sur les Rafale, en exploitant la carte PCMCIA con­tenant des don­nées tech­niques qui sont util­isées pour la main­te­nance de l’appareil. Cela nous a per­mis de démon­tr­er la capac­ité de notre plate­forme à pou­voir décoder ces don­nées et à pou­voir les exploiter pour la main­te­nance des Rafale en vue de créer une vision pour Das­sault pour la future ver­sion de leur sys­tème de main­te­nance Harpagon. 

Et quels sont donc vos grands défis et enjeux actuels ?

C.M : L’aéronautique est en train de vivre aujourd’hui une trans­for­ma­tion écologique, notam­ment avec l’arrivée des nou­veaux avions à l’hy­drogène, et toutes les ini­tia­tives autour de l’avion élec­trique et des agro­car­bu­rants pour réduire l’empreinte écologique de l’avi­a­tion. Accom­pa­g­n­er cette trans­for­ma­tion va être un enjeu majeur pour les prochaines années et les prochaines décen­nies. Je pense d’ailleurs qu’à ce titre, les ser­vices que nous dévelop­pons (et qui vont d’ailleurs être brevetés), pour aider les com­pag­nies aéri­ennes à réduire la con­som­ma­tion de car­bu­rant pour leur APU, nous per­me­t­tent de nous posi­tion­ner et de con­tribuer active­ment à ce défi mondial. 

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