Réinsérer les Mayas au Guatemala

Dossier : ExpressionsMagazine N°674 Avril 2012
Par Raphaël BOUGANNE (2010)

L’accueil dans les dif­férents vil­lages est tou­jours extrême­ment chaleureux. Certes nous sommes jeunes, Blancs, et nous « venons avec l’argent ». Mais, grâce à nos deux asso­ci­a­tions parte­naires guaté­maltèques, notre rela­tion avec la pop­u­la­tion locale est incom­pa­ra­ble. Celles- ci nous per­me­t­tent d’instaurer une véri­ta­ble rela­tion de con­fi­ance : nos emprun­teurs poten­tiels savent qu’ils peu­vent nous faire con­fi­ance puisque nous sommes recom­mandés par des mem­bres de leur peu­ple, qu’ils con­nais­sent. Inverse­ment, nous savons que la très grande majorité des per­son­nes qui nous demande un prêt est hon­nête avec nous.

La pop­u­la­tion maya du Guatemala fut soumise à l’autorité espag­nole au début du XVIe siè­cle, avec l’arrivée des con­quis­ta­dors. Sujé­tion dont elle ne s’est éman­cipée qu’en 1821. Le sort des indigènes ne s’améliora guère jusqu’au sor­tir de la Sec­onde Guerre mon­di­ale. Une république nais­sante enta­ma alors des réformes économiques et sociales, suiv­ies d’une longue péri­ode de con­flit interne jusqu’en 1996. Depuis seule­ment quinze ans, le Guatemala est une république sur la voie de la démoc­ra­ti­sa­tion. La com­mu­nauté maya représente plus de la moitié de la population.

Nos prêts sont de faibles mon­tants, les taux d’intérêt sont plus bas que ceux des ban­ques. Les démarch­es admin­is­tra­tives sont réduites au min­i­mum, le dia­logue est favorisé et le con­tact humain exigé. Nous nous déplaçons dans les vil­lages pour toutes ces démarch­es accom­pa­g­nés d’une col­lab­o­ra­trice indigène qui par­le le quiché (langue locale). Les emprun­teurs sont réu­nis en groupes sol­idaires (unité qui con­stitue un noy­au favorisant l’entraide). Nous suiv­ons l’évolution de leurs pro­jets et leurs rem­bourse­ments tout au long de l’année grâce à une col­lab­o­ra­trice indigène sur place qui ren­con­tre tous les chefs de groupe une fois par mois.

Un tremplin vers l’autonomie

Afin de pou­voir dis­tribuer nos fonds à un grand nom­bre de groupes, il est indis­pens­able d’accompagner ceux­ci vers le sys­tème ban­caire clas­sique ou vers des insti­tu­tions de micro­fi­nance d’envergure. Il n’est pas dans notre intérêt, ni dans celui des emprun­teurs, que ces derniers béné­fi­cient de nos prêts pen­dant de longues années. Nous ne con­sti­tuons qu’une étape de leur par­cours, un trem­plin vers l’autonomie.

Les pro­jets qui nous sont soumis sont de nature agri­cole, arti­sanale et com­mer­ciale : éle­vage, tis­sage de cos­tumes tra­di­tion­nels, com­merce de den­rées ou instal­la­tion d’une épicerie.

Une exclu­sion économique
Les cam­pagnes de prêts sont des­tinées aux citoyens du Guatemala n’ayant pas accès au crédit ban­caire et néces­si­tant un cap­i­tal de départ pour des pro­jets de natures divers­es. Plusieurs fac­teurs inter­vi­en­nent dans cette exclu­sion économique : les vil­lages sont éloignés des villes et des ban­ques, les déplace­ments peu­vent se révéler coû­teux, dif­fi­ciles et longs ; les seuils de prêt sont trop hauts dans les ban­ques, les taux d’intérêt trop élevés ; le sys­tème ban­caire guaté­maltèque est extrême­ment méfi­ant à l’égard de la pop­u­la­tion rurale qu’il con­sid­ère comme non solv­able ; la bar­rière de la langue est un frein considérable.

Commentaire

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site inter­netrépondre
2 juillet 2012 à 8 h 14 min

mer­ci
¡aló, je trou­ve que votre opin­ion de ce thème est réelle­ment intéres­sante, et je tiens à vous dire mer­ci pour post enrichissant. Quoiqu’il arrive, je vais repass­er sur votre blog dans très peu de temps. Bonne continuation !
Sophia

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