R. Wagner : La Walkyrie

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°644 Avril 2009Par : orchestre philarmonique de berlin, sir simon rattleRédacteur : Marc DARMON (83)

Coffret de la WalkyrieAprès L’Or du Rhin, Sir Simon Rat­tle abor­de le sec­ond volet de la Tétralo­gie de Wag­n­er, La Walkyrie, aux com­man­des de « son » Orchestre Phil­har­monique de Berlin, à l’occasion des deux fes­ti­vals mozar­tiens par excel­lence, Salzbourg et Aix. Les images de très bonne qual­ité pris­es à Aix en 2007 per­me­t­tent de mesur­er l’événement musi­cal que cela a été.

À tout seigneur tout hon­neur, par­lons de l’orchestre. Celui qui a répu­ta­tion d’être le plus bel orchestre du monde, forgé par von Bülow (dont Wag­n­er a séduit l’épouse), Nik­ish, Furtwän­gler et Kara­jan, ne se rend pas sou­vent dans la fos­se d’opéra. Pour­tant lui et Rat­tle nous offrent bien plus qu’un accom­pa­g­ne­ment : l’orchestre est ici un acteur majeur du drame. Les silences dans l’acte I (le plus bel acte de Wag­n­er, avec le troisième de Tris­tan), le sup­port orches­tral des sen­ti­ments des jumeaux qui se « décou­vrent » ont des moments d’une rare émo­tion. Tout au long de la journée, les leit­mo­tivs ressor­tent par­faite­ment du tis­su musi­cal pour pré­cis­er et mar­quer l’atmosphère. On en vient à décou­vrir encore des choses dans La Walkyrie.

Wotan, le vrai héros
La dis­tri­b­u­tion est par­faite aus­si, dom­inée par le Wotan de Sir Willard White plein d’autorité et de faib­lesse, tor­turé entre la défense de ses enfants naturels et l’obéissance à son épouse, gar­di­enne des nœuds sacrés du mariage. La fragilité, le naturel et la force de Wotan se ressen­tent suc­ces­sive­ment. Il est le vrai héros de cet opéra. Willard White avait déjà mar­qué un autre opéra dirigé par Rat­tle : il était le Por­gy inou­bli­able du Por­gy and Bess de Gersh­win. Il existe en DVD chez EMI, à con­seiller absol­u­ment car Por­gy and Bess mérite d’être vu plutôt qu’entendu, avec sa dis­tri­b­u­tion de Noirs américains.

La qual­ité des images de La Walkyrie est encore ren­for­cée par les nom­breux gros plans qui ajoutent au réal­isme et à la sen­sa­tion de prox­im­ité que nous avons avec la scène. L’enregistrement existe aus­si en Blu-Ray, le for­mat haute déf­i­ni­tion qui suc­cédera peu à peu au DVD.

Si le jeu des acteurs, ren­for­cé par la prox­im­ité et la qual­ité des images, donne l’impression d’être au cœur du drame, les décors et les cos­tumes sont plus con­venus : Hund­ing est en cos­tume, ce qui ne sur­prend plus depuis la célèbre Tétralo­gie de Boulez-Chéreau il y a près de trente ans. Les Walkyries por­tent boucliers et casques gaulois (ou goths). Mais cela n’affaiblit pas un spec­ta­cle lit­térale­ment mémorable, dont ce DVD garde trace. Rat­tle est défini­tive­ment aus­si un grand chef d’opéra.

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