Que d’eau !

Dossier : Les eaux continentalesMagazine N°698 Octobre 2014
Par Jean-Marc JANCOVICI (81)

Quoi de plus banal dans notre quo­ti­dien qu’un peu d’eau ? Cette petite molé­cule toute simple, dis­po­nible à la demande pour tout Occi­den­tal ou presque, et sou­vent décrite comme sans pro­prié­tés par­ti­cu­lières (inodore, inco­lore, sans saveur, neutre, etc.), la nature lui a pour­tant confé­ré des pou­voirs extraordinaires.

Un peu de phy­sique : grâce à un point triple proche de la tem­pé­ra­ture moyenne de la pla­nète, ce com­po­sé peut s’évaporer, pré­ci­pi­ter, et conden­ser un peu par­tout sur Terre, créant ain­si le cycle de l’eau et tout ce qui en découle.

“ Bref, l’eau, c’est la vie ”

Quand elle est pré­sente sous forme de vapeur dans l’atmosphère, la molé­cule d’eau absorbe les infra­rouges ter­restres, et par­ti­cipe de ce fait, depuis des mil­liards d’années, à un effet de serre natu­rel qui a per­mis à notre pla­nète de main­te­nir sa tem­pé­ra­ture moyenne à une valeur remar­qua­ble­ment stable depuis l’apparition de la vie, ce qui fut une des condi­tions de l’évolution qui nous a vus naître.

La vie n’aurait pas pu appa­raître sans l’extraordinaire apti­tude de ce liquide à dis­soudre d’innombrables com­po­sés qui ensuite réagissent entre eux. Il a fal­lu cela pour que l’Océan pri­mi­tif soit le siège d’une mul­ti­tude d’assemblages chi­miques, dont cer­tains ont fini par conduire aux 30 mil­lions d’espèces que nous connais­sons aujourd’hui.

Du reste, pour que la vie sorte de son lieu de créa­tion, il a fal­lu qu’elle emmène l’eau en son sein, pour per­mettre le trans­port interne des nutri­ments et déchets dans chaque cel­lule et chaque orga­nisme ren­con­trés sur les terres émergées.

Bref, l’eau, c’est la vie. Pour­tant, cela ne nous empêche pas de dire qu’il fait « mau­vais » quand il pleut. Et cela ne nous empêche pas plus d’accorder à l’existence de ce bien essen­tiel – comme à celle de toutes les res­sources natu­relles – une valeur nulle dans nos conven­tions macroé­co­no­miques, alors que sans eau, donc sans hommes, il serait dif­fi­cile d’avoir du PIB.

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