Puissance de l’ellipse. Dé-coïncider d’avec le Cercle.

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°786 Juin 2023Par : Marc Guillaume (X60)Rédacteur : Christian Sautter (X60)Editeur : Éditions Galilée, collection Débats, février 2023

Pour ceux qui ont le sen­ti­ment de tour­ner en rond dans un monde secoué par des crises mul­tiples où cha­cun affiche de façon péremp­toire des opi­nions contra­dic­toires sur les causes et les remèdes, la lec­ture de Puis­sance de l’ellipse de Marc Guillaume sera une éva­sion vivifiante.

Au départ, le coau­teur autre­fois de L’Anti-économique affirme que l’humanité est conique. Un cône sec­tion­né à l’horizontale donne un cercle, cette figure bor­née, où le centre domine la péri­phé­rie, le vrai chasse le faux, reflé­tant l’univers étri­qué des êtres qui ne se veulent que ration­nels. Quand on aborde le cône par une coupe oblique tout change, et le lec­teur, le pen­seur, l’acteur découvrent « la puis­sance de l’ellipse ».

L’ellipse a deux foyers, l’autre et moi qui peuvent s’allier (l’amitié et l’amour), mais aus­si s’opposer, ce qui per­met à la média­tion d’intervenir. L’auteur, qui a pra­ti­qué la média­tion, fait l’éloge de cette pra­tique, trop peu uti­li­sée en France, pour récon­ci­lier des véri­tés contra­dic­toires sans aller jusqu’au juge­ment tran­chant des tribunaux.

L’ellipse ne dit pas tout, puisqu’on parle d’un lan­gage ellip­tique, ce qui ouvre le vaste champ de la poé­sie et laisse cou­rir l’imagination. L’ellipse n’aime pas les clas­se­ments et les juge­ments caté­go­riques. En sus du vrai et du faux, elle accepte à équi­dis­tance le « ni vrai ni faux ». Elle refuse « la morne immen­si­té des rou­tines cir­cu­laires des rela­tions sociales » et, grâce à ses deux foyers de réflexion et d’intuition, elle incite au doute et fonde la Recherche.

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