L'équipe de Poyesis

Poyesis développe des produits numériques sur mesure

Dossier : TrajectoiresMagazine N°794 Avril 2024
Par Hervé KABLA (84)

En 2021, Maxime Pfrim­mer (X13) a cofon­dé Poye­sis avec Walid Gha­nem (X13), qui accom­pagne les entre­prises dans la créa­tion de pro­duits 100 % sur mesure : logi­ciels, appli­ca­tions web, appli­ca­tions mobiles… Le déve­lop­pe­ment se fait au for­fait : ils s’engagent sur un prix fixe en début de projet.

Quelle est l’activité de Poyesis ?

Poye­sis est une agence spé­cia­li­sée dans le déve­lop­pe­ment de pro­duits numé­riques sur mesure. Concrè­te­ment, nous déve­lop­pons par exemple des logi­ciels (SaaS), des mar­ket­places, des outils de ges­tion ou encore des appli­ca­tions mobiles. Autant de pro­duits qui néces­sitent une approche très per­son­na­li­sée du déve­lop­pe­ment et ne peuvent se satis­faire de l’utilisation d’outils de construc­tion self-ser­vice (les CMS – content mana­ge­ment sys­tem, ou sys­tème de ges­tion de conte­nu – comme Word­Press ou Shopify).

Walid Ghanem (X13) et Maxime Pfrimmer (X13), cofondateurs de Poyesis.
Walid Gha­nem (X13) et Maxime Pfrim­mer (X13), cofon­da­teurs de Poyesis.

Quel est le parcours des fondateurs ?

Nous sommes deux fon­da­teurs, issus de la pro­mo X13, mais aux pro­fils très dif­fé­rents. Walid Gha­nem (CTO) et moi (CEO) sommes meilleurs amis depuis le lycée. Après l’X, j’ai opté pour un début de car­rière dans le conseil en stra­té­gie, au Bos­ton Consul­ting Group, où j’ai tra­vaillé pen­dant cinq ans. De son côté, Walid a pour­sui­vi un cur­sus tech­nique : recherche en Machine Lear­ning à l’Inria, CTO de start-up, puis Tech Lead dans une agence de déve­lop­pe­ment logi­ciel. Notre complé­mentarité est une force. L’expertise tech­nique de Walid est bien sûr indis­pen­sable à la réa­li­sa­tion des pro­jets de nos clients, alors que mon expé­rience en conseil nous per­met de per­for­mer dans d’autres dimen­sions : ges­tion de pro­jet, vente, stra­té­gie de crois­sance, orga­ni­sa­tion… Nous nous fai­sons une confiance (qua­si) aveugle dans nos domaines de com­pé­tence respectifs.

Comment t’est venue l’idée ?

Depuis notre ren­contre en classe de seconde, Walid et moi avons tou­jours pro­je­té de mon­ter ensemble un pro­jet entre­pre­neu­rial. Je n’étais pas par­ti­cu­liè­re­ment atti­ré par le modèle de start-up, qui impose des finan­ce­ments externes et leurs contraintes asso­ciées. Nous avons donc réflé­chi à un pro­jet auto­por­teur et le déve­lop­pe­ment numé­rique sur mesure nous est appa­ru comme une évi­dence alors que Walid tra­vaillait pré­ci­sé­ment dans ce domaine. Enfin, Walid étant fran­co-liba­nais, nous avons opté pour le recru­te­ment de déve­lop­peurs au Liban, où la for­ma­tion uni­ver­si­taire est excel­lente, les attaches avec la France fortes et le mar­ché de l’emploi des déve­lop­peurs moins concur­ren­tiel qu’en France. Quinze ans après nos dis­cus­sions sur les bancs de Louis-le-Grand, le pro­jet se concrétisait !

Qui sont les concurrents ?

Nos prin­ci­paux concur­rents sont les agences de déve­lop­pe­ment fran­çaises qui dis­posent de com­pé­tences tech­niques de pointe. À cet égard, les deux plus signi­fi­ca­tifs sont Gala­drim et Theo­do, deux entre­prises fon­dées par des X. Avant de créer Poye­sis, Walid était donc Tech Lead chez Gala­drim, dont je tiens à saluer les fon­da­teurs Jean Ash­ton (X11) et Arnaud Alba­lat (X11), qui ont per­mis à Walid de voler de ses propres ailes.

Quelles ont été les étapes clés depuis la création ?

La pre­mière étape a consis­té à confir­mer une hypo­thèse : nous pou­vons recru­ter, moyen­nant une poli­tique de rému­né­ra­tion très attrac­tive, des déve­lop­peurs de top niveau au Liban. Après de longues séries d’entretiens, nous avons trou­vé la perle rare et l’avons convain­cue de nous rejoindre – ce qui n’était pas chose aisée à l’époque. En paral­lèle, nous avons démar­ché nos pre­miers clients. Tout a été plus vite que pré­vu : nous sommes pas­sés en deux ans de 3 à 30 col­la­bo­ra­teurs, de 0 à + 50 clients et d’un open space en sous-sol à de beaux bureaux au cœur du quar­tier tech de Bey­routh. Nous sommes désor­mais recon­nus sur le mar­ché fran­çais du déve­lop­pe­ment sur mesure et sommes bien implan­tés dans l’écosystème tech liba­nais. Notre prio­ri­té est main­te­nant d’étoffer notre por­te­feuille de clients grands groupes, qui ont repré­sen­té ~ 30 % de notre acti­vi­té en 2023.

L’univers des agences est un océan rouge, comment y survit-on au quotidien ?

C’est en effet un océan rouge, mais par­se­mé d’eaux tur­quoise ! Les sous-domaines les plus concur­ren­tiels sont en effet ceux, connexes, de la com­mu­ni­ca­tion-mar­ke­ting numé­rique (réfé­ren­ce­ment, régie publi­ci­taire) et de la réa­li­sa­tion de sites stan­dards (vitrines et e‑commerce essen­tiel­le­ment). Notre position­nement exclu­sif dans le déve­lop­pe­ment sur mesure est plus pré­ser­vé, du fait des com­pé­tences de pointe qu’il néces­site de mobi­li­ser. Tou­te­fois, pour suivre la cadence du sec­teur, la qua­li­té d’exécution doit être irré­pro­chable et le rela­tion­nel client doit être culti­vé : ce sont nos meilleurs VRP.

Les clients sont-ils à la recherche de compétences pointues ou bien d’une vision plus généraliste ?

Du point de vue « pro­duit », nos clients sont à la recherche d’une com­pré­hen­sion fine du contexte et des enjeux spé­ci­fiques à leur pro­jet, afin de défi­nir une feuille de route stra­té­gique et fonc­tion­nelle opti­male. Mon expé­rience en conseil, au cours de laquelle j’ai été confron­té à des sujets et des sec­teurs variés, me per­met d’accompagner nos clients sur ces aspects. Au-delà d’être un par­te­naire tech­nique, nous sommes un spar­ring part­ner stra­té­gique pour nos clients : c’est un élé­ment dif­fé­ren­cia­teur de notre agence. Il n’en demeure pas moins que, du point de vue tech­nique, nos clients cherchent les com­pé­tences poin­tues qui assu­re­ront un livrable de qualité.

Vous demande-t-on de développer des projets sur mesure autour de l’IA générative et des LLM ?

Abso­lu­ment : nous avons inté­gré des modules d’IA (via ChatGPT) dans quatre pro­duits de nos clients au cours des six der­niers mois, et même déve­lop­pé un pro­jet repo­sant inté­gra­le­ment sur l’intelligence conver­sa­tion­nelle. Tou­te­fois, je note que l’engouement s’est un peu dis­si­pé depuis sep­tembre. L’effet « ruée vers l’or » s’amenuise alors que le mar­ché est satu­ré de pro­duits estam­pillés « IA », se conten­tant d’une inter­face basique fai­sant appel à ChatGPT, qui ont du mal à trou­ver leur public. À ce jour, la majo­ri­té des cas d’usages per­ti­nents sont dis­po­nibles direc­te­ment sur l’interface de ChatGPT ou de son éco­sys­tème, lais­sant peu de place à des pro­jets IA indé­pen­dants et aux res­sources limitées.

Y a‑t-il un risque de voir votre métier disparaître justement du fait du développement de ce type de technologie et du remplacement des ingénieurs par des machines ?

Pour uti­li­ser une ana­lo­gie, je dirais qu’un pro­jet numé­rique com­plexe (par exemple un SaaS) res­semble à un chan­tier immo­bi­lier. Les outils d’IA sont remar­quables pour pro­duire les briques, peuvent en assem­bler cer­taines entre elles, voire construire une sec­tion de bâti­ment ; en revanche, elles sont inca­pables de prendre du recul sur le pro­jet dans son ensemble, d’en assu­rer la cohé­rence et la vision glo­bale, comme le font le pro­mo­teur, le conduc­teur de tra­vaux ou l’architecte. Et c’est bien là que réside la valeur des ingé­nieurs infor­ma­tiques : non pas dans la pro­duc­tion de lignes de code, mais dans leur arti­cu­la­tion glo­bale selon les besoins expri­més – et impli­cites – du client. 

Nous uti­li­sons donc l’IA à notre avan­tage, à tra­vers des outils d’assistance au code – le fameux GitHub Copi­lot, fon­dé sur le moteur GPT‑4. Ces outils per­mettent d’améliorer la pro­duc­ti­vi­té de nos équipes et de réduire la part fas­ti­dieuse du tra­vail de déve­lop­peur. Cette ana­lyse tien­dra d’après moi à moyen terme : dans vingt ans, les cartes seront peut-être rebattues !

À terme, pensez-vous vous orienter vers un rôle d’éditeur ou d’intégrateur ?

C’est en effet l’ambition de la plu­part des agences de déve­lop­pe­ment et nous ne fai­sons pas excep­tion. C’est un équi­libre com­plexe à trou­ver, car il est dif­fi­cile de refu­ser un client en pres­ta­tion de ser­vice, acti­vi­té géné­ra­trice de cash, pour prio­ri­ser un pro­jet interne, gour­mand en tré­so­re­rie. Nous avons tou­te­fois choi­si de faire un pas vers l’édition, à tra­vers deux démarches com­plé­men­taires. D’une part, nous inves­tis­sons occa­sion­nel­le­ment dans des pro­jets por­tés par nos clients, en échange d’une pres­ta­tion de ser­vices. D’autre part, nous tra­vaillons depuis plus d’un an sur le dévelop­pement d’un pro­jet ambi­tieux dans le domaine du sport – lan­ce­ment pré­vu début 2024 ! 

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