Papernest, Gérer ses contrats en un clic

Papernest, Gérer ses contrats en un clic

Dossier : TrajectoiresMagazine N°770 Décembre 2021
Par Hervé KABLA (84)

En 2015 Philippe Libault de la Chevas­ner­ie (2009) a cofondé Papernest, une start-up française spé­cial­isée dans la sim­pli­fi­ca­tion des démarch­es admin­is­tra­tives liées au démé­nage­ment. Elle offre la souscrip­tion et la résil­i­a­tion des con­trats d’énergie, d’internet, d’assurance, ou encore la redi­rec­tion de cour­ri­er vers la nou­velle adresse de l’utilisateur. Elle a aujourd’hui 700 000 clients.

Quelle est l’activité de Papernest ? 

Papernest, c’est la solu­tion qui per­met aux par­ti­c­uliers de cen­tralis­er et sim­pli­fi­er la ges­tion de leurs con­trats et abon­nements. Élec­tric­ité, gaz, box inter­net, mobile, Net­flix, salle de sport, passe Nav­i­go… Un seul espace pour avoir une vision glob­ale de toutes ses charges récur­rentes, bas­culer facile­ment vers de meilleures offres, souscrire et résili­er en un clic, automa­tis­er toutes les démarch­es asso­ciées et repren­dre la main sur sa con­som­ma­tion et son budget.

Quel est le parcours des fondateurs ? 

Nous avons tous les deux fait des études d’ingénieur et de com­merce. Benoît Fab­re est diplômé de Supélec et de l’ESCP, moi de Poly­tech­nique et d’HEC. Après ça, Benoît a tra­vail­lé pen­dant deux ans chez Advan­cy, moi chez McK­in­sey. In fine, nous avons eu tous les deux des par­cours assez proches, mais nous nous sommes surtout tou­jours retrou­vés dans notre déter­mi­na­tion à entreprendre.

Comment t’est venue l’idée ?

Comme beau­coup d’étudiants, j’ai été amené à démé­nag­er sou­vent pour inté­gr­er une nou­velle école, faire un stage ou par­tir en échange uni­ver­si­taire. Je me retrou­vais con­fron­té aux mêmes démarch­es à chaque fois : assur­er mon apparte­ment, souscrire mon con­trat d’électricité, de gaz, installer ma nou­velle box inter­net, chang­er l’adresse de mon cour­ri­er… Des démarch­es extrême­ment pénibles et chronophages dont on se passerait bien dans un moment de vie déjà stres­sant. Un jour, j’ai fail­li me faire met­tre à la porte de mon apparte­ment par le pro­prié­taire car je ne m’étais pas occupé de l’assurance habi­ta­tion. Je me suis dit qu’il y avait un vrai prob­lème et j’ai com­mencé à réfléchir à une solution.

Qui sont les concurrents ? 

Nous appor­tons une solu­tion pour sim­pli­fi­er des démarch­es que les gens font, dans 90 % des cas, tout seuls. C’est pré­cisé­ment l’objet de notre propo­si­tion de valeur : fournir une solu­tion sim­ple, gra­tu­ite et rapi­de à un prob­lème que les par­ti­c­uliers affron­tent face à chaque four­nisseur, ses offres, son inter­face et son ser­vice client.

On peut se deman­der com­ment Papernest fait pour gag­n­er de l’argent avec un ser­vice 100 % gra­tu­it. Notre busi­ness mod­èle est basé sur une rémunéra­tion par les four­nisseurs, sans être pre­scrip­teurs pour autant, c’est-à-dire que nous ne dépen­dons pas de tel ou tel four­nisseur. Nous restons totale­ment indépen­dants et la rémunéra­tion n’a aucune influ­ence quant aux offres pro­posées à nos clients.

Quelles ont été les étapes clés depuis la création de Papernest ? 

La pre­mière étape a été notre sélec­tion au « Y Com­bi­na­tor », au tout début. Nous étions par­tis à San Fran­cis­co pour présen­ter Souscritoo, l’ancêtre de Papernest. Finale­ment, nous avons décidé de renon­cer au pro­gramme pour nous con­cen­tr­er sur le marché français, mais c’était une belle pre­mière vic­toire. Notre deux­ième étape clé a été la lev­ée de fonds de 10 mil­lions d’euros en 2017, auprès des fonds d’investissement Partech, Idin­vest Part­ners et Kima Ven­tures. La même année, Souscritoo est devenu Papernest et nous avons passé la barre des 100 000 clients et du 100e col­lab­o­ra­teur. La troisième année clé a été 2018. Nous avons alors ouvert nos bureaux à Barcelone et attaqué le marché espag­nol. Enfin, l’année 2020 a égale­ment été une année charnière. Nous avons ouvert les marchés ital­iens et anglais, passé le cap des 500 000 clients, des 8 000 agences parte­naires et nous avons signé notre pre­mier parte­nar­i­at ban­caire avec BNP Paribas. Nous avons depuis lors passé le cap des 700 000 clients con­quis, des 8 000 agences parte­naires et des 800 col­lab­o­ra­teurs embarqués.

Comment travaillez-vous avec les professionnels de l’immobilier ?

Depuis 2019, Papernest s’associe aux pro­fes­sion­nels de l’immobilier pour être au plus proche de ceux qui démé­na­gent. Ce que l’on pro­pose aux agents, c’est une offre sup­plé­men­taire qui améliore sig­ni­fica­tive­ment l’expérience client et con­tribue à la numéri­sa­tion du secteur. On est aujourd’hui parte­naire des plus grands réseaux nationaux (Cen­tu­ry 21, Arthurimmo.com, Citya, Laforêt, Guy Hoquet, Orpi, l’Adresse…) et régionaux (Ser­gic, Le Tuc Immo, Poz­zo Immo­bili­er, Vivre Ici…). Au total, ce sont près de 8 500 agences qui ont choisi de met­tre nos ser­vices à dis­po­si­tion de leurs clients.

Les Français ont-ils un rapport plus complexe avec la paperasserie et l’administration ?

Cer­taine­ment ! Le con­cept de pho­bie admin­is­tra­tive, c’est très français. C’est par­fois telle­ment con­fus, long et rébar­batif qu’on a l’impression que les four­nisseurs ou les insti­tu­tions le font exprès. Et le prob­lème est aus­si dans le nom­bre incal­cu­la­ble de démarch­es qu’il y a à effectuer. En France, on a un sys­tème social et poli­tique très com­plet, qui est aus­si un véri­ta­ble mille­feuille admin­is­tratif. À chaque sujet ses démarch­es, ses inter­locu­teurs, ses for­mu­laires. C’est pareil pour les offres four­nisseurs. D’une part, une com­plex­ité incroy­able dans les démarch­es ; de l’autre, une mul­ti­plic­ité de canaux et d’interfaces qui font per­dre un temps fou.

Quel a été l’impact de la crise Covid sur le développement de Papernest ? 

La Covid, et notam­ment le pre­mier con­fine­ment, a été un véri­ta­ble coup de mas­sue pour notre activ­ité. Les démé­nage­ments, qui sont le cœur de notre méti­er, ont cessé du jour au lende­main. Et, comme de nom­breuses start-up, nous avons été mis face à l’incertitude la plus totale quant à la via­bil­ité de notre activ­ité et à la préser­va­tion des emplois de nos équipes. Ça a été une épreuve dif­fi­cile. Mais toute la boîte s’est mobil­isée avec une énergie folle pour réin­ven­ter notre busi­ness mod­èle en trou­vant de nou­veaux par­cours, pro­pos­er de nou­veaux leviers de crois­sance et, surtout, faire tout ce qui était pos­si­ble pour n’avoir à sup­primer aucun emploi. Tous les col­lab­o­ra­teurs se sont mobil­isés, c’était très intense. Finale­ment, nous n’avons licen­cié per­son­ne et nous avons mis au point de nou­veaux pro­jets qui se sont révélés très fructueux puisqu’ils nous ont per­mis d’ouvrir un nou­veau cen­tre d’opérations à Reims en jan­vi­er et de recruter 200 personnes.

Quelles tendances particulières avez-vous observé au cours de la crise Covid ? 

Pen­dant la Covid, en rai­son de l’interruption des démé­nage­ments notam­ment, nous avons dévelop­pé un nou­veau par­cours client per­me­t­tant aux par­ti­c­uliers de réduire leurs fac­tures récur­rentes et de bas­culer en quelques clics vers des offres four­nisseurs plus avan­tageuses. Le suc­cès de ce par­cours met en évi­dence une pre­mière ten­dance, regret­table bien qu’assez intu­itive : l’impact de cette crise san­i­taire sur le pou­voir d’achat des Français. Par ailleurs, nous avons observé une hausse des démé­nage­ments des grandes métrop­o­les vers la province. La pandémie a ren­for­cé une ten­dance déjà gran­dis­sante : la remise en ques­tion du sché­ma de vie en ville. Les chiffres par­lent d’eux-mêmes ; aujourd’hui 50 % des Français (provenant prin­ci­pale­ment de grandes métrop­o­les) ont démé­nagé à plus de 100 km dans les trois mois qui ont suivi le pre­mier confinement.

Quels sont vos projets à court terme ? 

Par­mi les nom­breux pro­jets que nous por­tons pour les années à venir, deux me tien­nent par­ti­c­ulière­ment à cœur. D’une part, nous comp­tons con­tin­uer à faire grandir notre équipe en pour­suiv­ant la cam­pagne de recrute­ment mas­sive que nous avons lancée en début d’année dans le cadre de l’ouverture de nos bureaux à Reims notam­ment. D’autre part, nous sommes impa­tients de voir l’ouverture de notre nou­veau cen­tre à Barcelone. Un seul hub pour réu­nir les col­lab­o­ra­teurs des qua­tre cen­tres actuels et con­firmer notre implan­ta­tion dans un pays clé pour nous, à la fois en ter­mes de cul­ture interne et en matière de stratégie de développe­ment. Un pro­jet très sym­bol­ique pour nous et sur lequel nous tra­vail­lons depuis des mois.

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