Maxime Dahan (90) un humaniste visionnaire

Dossier : TrajectoiresMagazine N°748 Octobre 2019Par Ségolène de WENDEL-AUBIN (90)Par Jérémie WAINSTAIN (90)

En mémoire de notre ami décédé en juil­let 2018 et de son œuvre de recherche con­tre les mal­adies dégénéra­tives, le prix Maxime-Dahan sera remis le 25 octo­bre prochain à l’Institut Curie.

Il y a des copains qui passent sur la terre comme des comètes. Des types bril­lants, touche-à-tout, curieux de tout, en avance sur tout, même ­ – hélas – sur leur pro­pre mort. Maxime Dahan était de ceux-là. Son rêve, c’était de vain­cre les mal­adies neu­rodégénéra­tives en mari­ant la physique des nanopar­tic­ules et la biolo­gie. Il nous a quit­tés trop tôt pour le réalis­er. La camarde l’a attrapé avant qu’il ne l’attrape, l’année dernière, à l’âge de 46 ans.

Le 25 octo­bre prochain, le prix Maxime-Dahan récom­pensera à l’Institut Curie « un nou­v­el out­il ou une méthode inno­vante qui aura per­mis une avancée majeure aux inter­faces physique-biolo­gie-médecine ». Il sera remis par un comité sci­en­tifique for­mé de chercheurs de renom inter­na­tion­al, afin de péren­nis­er le tra­vail de Maxime et le domaine de recherche qu’il a ouvert à l’interface de la physique et de la biologie.

Un Uber pour neurones

Car Maxime était un vrai vision­naire et un acteur majeur du développe­ment de ces nou­velles méth­odes hybrides. Sa dernière idée fut de faire trans­porter des neu­rones sains par des nanopar­tic­ules mag­né­tiques dans le cerveau des malades de Parkin­son – c’est-à-dire fab­ri­quer une sorte de « Uber pour neu­rones » avec des nanopar­tic­ules comme chauf­feurs. Un pro­jet qui eut paru totale­ment far­felu il y a quelques années, mais qui est désor­mais crédi­ble grâce aux tech­niques d’imagerie inven­tées par Maxime qui per­me­t­tent de suiv­re en haute réso­lu­tion le mou­ve­ment des pro­téines dans les cel­lules. Mais de tout cela, Maxime nous par­lait peu. Il était de ces physi­ciens ent­hou­si­astes mais hum­bles, peu enclin à se met­tre en avant mal­gré son ascen­sion fulgurante.

Un expérimentateur exceptionnel

Car Maxime con­nut le suc­cès très jeune, dès 25 ans, grâce aux « oscil­la­tions de Bloch », ce phénomène quan­tique prédit par la théorie mais qu’il fut le pre­mier à observ­er expéri­men­tale­ment sur un réseau d’atomes froids. En faisant osciller des atom­es piégés par des lasers, Maxime est entré de plain-pied dans la caté­gorie des vrais expéri­men­ta­teurs, ceux qui ont un don pour faire par­ler la nature et pour dévoil­er ses secrets. On a ensuite du mal à citer toutes ses con­tri­bu­tions tant il a été pro­lifique, recon­nu, récom­pen­sé, hon­oré en vingt-deux ans de recherche intense.

Médaille de bronze du CNRS à 34 ans, Grand Prix Jacques-Her­brand de l’Académie des sci­ences, 90 pub­li­ca­tions inter­na­tionales, 11 000 cita­tions dans des domaines aus­si var­iés que la physique quan­tique, la physique des solides, la médecine, la biolo­gie, l’imagerie molécu­laire. Entre dix pro­jets, quinze thès­es, ses trois enfants, ses nom­breux amis et ses cours de clar­inette, Maxime a aus­si lancé une start-up lau­réate du con­cours mon­di­al de l’innovation. Le tout avec classe et décon­trac­tion. Du grand Maxime.

Et puis l’année dernière, un 28 juil­let, Maxime nous a quit­tés. Comme ça, d’un coup. Comme une comète. C’était un gars heureux de vivre, tou­jours hilare et tou­jours par­tant. D’une cul­ture générale infinie et d’une curiosité sans lim­ites. Un gars avec qui vous aimiez pass­er des soirées à dis­cuter des dérives du Par­ti social­iste, du para­doxe de Fer­mi ou des Frères Kara­ma­zov. Et qui avait tou­jours un bon livre à vous con­seiller, voire à vous prêter pour la vie. Maxime était ce qu’on appelle un vrai copain. Il n’a pas fini de nous manquer.


Un rêve à poursuivre

Si vous souhaitez con­tribuer à la lutte con­tre les mal­adies neu­rodégénéra­tives, n’hésitez pas à faire un don pour le prix Maxime-Dahan sur le site de l’Institut Curie https://macollecte.curie.fr/projects/
Vous pour­rez ain­si pour­suiv­re le rêve de Maxime, et par­ticiper au développe­ment des tech­nolo­gies physi­co­bi­ologiques aux­quelles il a ouvert la voie.


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