L’histoire d’une fête joyeuse

Dossier : CAHIER CENTRAL : Le Point GAMMAMagazine N°665 Mai 2011

L’é­lève Émile Lemoine (1860) eut l’i­dée de com­pen­ser les paroles sopo­ri­fiques du maître par une fête joyeuse en l’hon­neur du point gam­ma. Il s’a­gis­sait de s’en rap­por­ter à cette tra­di­tion antique du culte astral, de faire comme » ces prêtres de la vieille Égypte qui s’ins­pi­raient du mou­ve­ment des astres dans le règle­ment de leurs céré­mo­nies mys­tiques1 « .

Le Point Gam­ma est à sa créa­tion une mas­ca­rade d’ins­pi­ra­tion païenne qui suc­cède au Bal bur­lesque des « fruits secs », qui se dérou­la de 1831 à 1848, et célé­brant le réveil de la nature.

À par­tir de 1875, la fête se fait somp­tueuse par les dégui­se­ments, les déco­ra­tions, les spec­tacles. Les frais occa­sion­nés sont tels que le Point Gam­ma est sup­pri­mé en 1880 par le ministre de la Guerre, pro­ba­ble­ment aus­si alar­mé de voir les élèves vaquer pen­dant près de deux semaines à des occu­pa­tions si peu scolaires.

La renaissance

Le Point Gam­ma renaît en 1919. Mais la fête se veut béné­fi­ciaire : les gains réa­li­sés sont rever­sés à l’Ac­tion sociale de la Kès ou à des orga­nismes de bien­fai­sance externes comme la Croix-Rouge.

Les élèves sont impli­qués immé­dia­te­ment car il relève de leur res­pon­sa­bi­li­té de mon­ter les divers res­tau­rants et bars, marques tan­gibles de leur esprit d’en­tre­prise. En effet, » l’in­té­rêt du Point Gam­ma est mul­tiple : il per­met à tous de bri­co­ler à l’É­cole, de faire preuve d’i­ni­tia­tive, d’hu­mour, de punch ; il ras­semble des gens qui sinon ne se seraient pas ou peu connus ; puis, durant le Point Gam­ma lui-même, il règne une joyeuse atmo­sphère dans cette vieille bou­tique, et ça n’est pas si désagréable.

ref, cela consiste à redé­cou­vrir la notion de fête, notion qui se perd et à laquelle beau­coup de monde s’in­té­resse actuel­le­ment2 « .

Cuisine et spectacle

En juin, cette fête donne à l’É­cole une orga­ni­sa­tion nou­velle de son espace. En 1946, la Bras­se­rie alsa­cienne occupe le som­met de la tour Umb­den­stock ; à la pis­cine, on peut assis­ter à des » attrac­tions excep­tion­nelles » ; dans la cour de l’in­fi, on pour­ra prendre une place au » Salon de verdure « .

Sur le site actuel, on main­tient cette uti­li­sa­tion fes­tive des locaux. Le pro­gramme du Point Gam­ma de 1980 annonce que, dans le Grand Hall, on pour­ra man­ger liba­nais, dans le Salon d’hon­neur, viet­na­mien. Les élèves comptent ain­si atti­rer la clien­tèle par la varié­té des tra­di­tions culi­naires. Les amphis accueillent, quant à eux, divers spec­tacles. Le clou de la soi­rée, c’est la soi­rée Styx, que mar­tè­le­ront les rythmes divers de rock’n roll, de reg­gae, de new wave ou de dis­co.

Par le pas­sé, on nom­mait Styx les par­ties sou­ter­raines de l’É­cole où la Khô­miss orga­ni­sait ses réunions secrètes ; aujourd’­hui, les Styx sont les soi­rées dan­santes des élèves. Autant dire que le Styx du Point Gam­ma est un méga-Styx, venant cou­ron­ner l’une des plus impor­tantes fêtes étu­diantes. Sinon la plus importante ? »

Sans honte, nous pou­vons nous affir­mer comme la plus grande fête étu­diante et comme la moins chère3 « .

Extrait du Car­va Déchaî­né, mai 1994.
1. Le Monde illus­tré, 12 avril 1879.
2. Jour­nal des élèves, 11 février 1975.
3. Orga­ni­sa­teurs du Point Gam­ma, 18 juin 1983.

Poster un commentaire