L’Europe, seul territoire mondial véritablement concurrentiel ?

Dossier : L'EuropeMagazine N°692 Février 2014
Par Jacques LAFITTE (82)

Il y a longtemps qu’une éti­quette Made in Chi­na n’arrête plus personne

Les Français ont un rap­port éton­nant à la con­cur­rence, au com­merce et de manière générale à la mon­di­al­i­sa­tion. Ils les détes­tent sur le principe, et sont en même temps par­mi les plus rapi­des à en accepter les con­séquences pos­i­tives sur leur porte-monnaie.

Il y a longtemps qu’une éti­quette Made in Chi­na n’arrête plus per­son­ne et le low-cost, pour­tant antin­o­mique de nos charges sociales élevées, fait un tabac, comme l’a mon­tré l’arrivée fra­cas­sante de Free dans le mobile.

Dans le même temps même les politi­ciens anti­mon­di­al­i­sa­tion se font facile­ment pho­togra­phi­er autour des avions et des usines d’Airbus, apparem­ment sans com­pren­dre l’ironie de leur comportement.

REPÈRES
Les enquêtes d’opinion révè­lent l’ampleur du rejet de l’économie de marché en France, dans l’absolu et en com­para­i­son avec d’autres pays1. En 2010 déjà, alors que 65 % des Chi­nois et 55% des Améri­cains esti­maient que l’économie de marché est une bonne chose, seuls 15 % des Français partageaient cette opin­ion. C’était le score le plus bas de tous les pays dévelop­pés, loin der­rière l’Italie (26 %). C’était aus­si le chiffre le plus bas pour la France elle-même depuis que ce type d’enquête existe. Les choses ne se sont hélas guère améliorées depuis.

Un peu d’histoire

Le siè­cle des Lumières porte bien son nom. Les thès­es d’Adam Smith et de David Ricar­do ont attiré bien des cri­tiques, émanant sou­vent de gens qui ne les con­nais­saient pas, mais elles ont aus­si bien résisté à l’épreuve du temps que celles de Mon­tesquieu : la con­cur­rence et le com­merce sont à la prospérité ce que la sépa­ra­tion des pou­voirs est à la démocratie.

Japon ver­sus Chine
Il n’y a rien de nou­veau : dans les années 1850, le Japon de l’ère Mei­ji s’est don­né les moyens de rejoin­dre le club des « grandes puis­sances » en accep­tant les Occi­den­taux, tan­dis que la Chine, en reje­tant les étrangers et en se refer­mant sur elle-même, est dev­enue une nation du tiers-monde. Le PIB chi­nois, estimé à 35% du PIB mon­di­al en 1820, était tombé à env­i­ron 1% en 1960.

En France flotte vague­ment l’idée que l’ouverture de l’économie a pu apporter quelque chose pen­dant des trente glo­rieuses dis­tantes et idéal­isées, mais que le mal aujourd’hui est l’excès de mondialisation.

C’est un point de vue très hexag­o­nal : les « drag­ons » et autres « tigres » asi­a­tiques ont tous en com­mun d’avoir con­nu une crois­sance sans précé­dent dès le moment où ils ont décidé d’ouvrir leurs frontières.

Par oppo­si­tion, la Bir­manie, qui était lors de son indépen­dance en 1948 le pays le plus riche d’Asie du Sud-Est, se retrou­ve aujourd’hui à la remorque après des décen­nies d’autarcie économique.

Marché unique et PIB

En Europe le con­sen­sus qui se dégage chez les écon­o­mistes est que le PIB de l’Union européenne serait aujourd’hui 20% plus faible sans la créa­tion pro­gres­sive du marché unique.

L’euro, présen­té comme l’ennemi nation­al numéro un par des politi­ciens qui séduisent désor­mais plus du tiers des électeurs, aurait per­mis une aug­men­ta­tion du com­merce intra­com­mu­nau­taire d’au moins 5 % et le sur­croît de crois­sance qui va avec, une étude allant même jusqu’à 14%.

Ces études sont par essence tou­jours con­testa­bles ; ce qui ne l’est pas, c’est que juste avant l’euro nous avons eu le grand bazar moné­taire intra-européen, avec les déval­u­a­tions dites « com­péti­tives » de 1992 et 1995, et la réces­sion bru­tale de 1993.

La concurrence, une politique européenne trop intégrée ?

Légèreté d’analyse
La Com­mis­sion européenne a inter­dit la fusion Schnei­der-Legrand pour éviter la con­sti­tu­tion d’une posi­tion très dom­i­nante sur le marché de la basse ten­sion en France, tan­dis que le tri­bunal a annulé par défaut d’analyse de la Com­mis­sion sur un cer­tain nom­bre d’autres marchés à pro­pos desquels la Com­mis­sion avait fait preuve d’une cer­taine légèreté d’analyse. L’élément cen­tral de l’interdiction – la créa­tion d’une posi­tion dom­i­nante en France – n’a jamais été remis en cause.

En théorie la poli­tique de con­cur­rence et la poli­tique com­mer­ciale sont des « com­pé­tences exclu­sives » de l’Europe, mais le rôle de l’Europe est en fait très dif­férent entre les deux. En matière de con­cur­rence, l’intégration est poussée, avec des pou­voirs exé­cu­tifs forts don­nés à la Com­mis­sion européenne.

Même en France, l’action pra­tique de la Com­mis­sion est rarement cri­tiquée en matière de con­trôle des con­cen­tra­tions et de chas­se aux car­tels et aux abus de posi­tion dom­i­nante. Il est donc per­mis de penser que, dans les grandes lignes, « ça marche ».

Il y a eu cepen­dant quelques excep­tions. À défaut de pou­voir les pass­er toutes en revue, j’aimerais revenir sur l’exemple emblé­ma­tique de la fusion entre Schnei­der Elec­tric et Legrand, inter­dite par la Com­mis­sion en 2001.

Une interdiction annulée

La répro­ba­tion a été qua­si unanime en France, sur le thème « Com­ment ce tech­nocrate ital­ien incon­nu, Mario Mon­ti, peut-il se per­me­t­tre d’interdire la créa­tion d’un cham­pi­on européen ? ». L’affront était aggravé par le fait que le prési­dent de la République de l’époque avait plaidé per­son­nelle­ment pour la fusion. L’affaire a rebon­di fin 2002, quand le tri­bunal de pre­mière instance de l’Union européenne a annulé la déci­sion de veto, créant un joli chaos juridique puisque Legrand s’était dans l’intervalle ven­du à Wen­del Investisse­ment et KKR.

Les par­ti­sans de la fusion ont évidem­ment vu dans cet arrêt la « preuve » qu’elle aurait dû être autorisée.

Merci Monsieur Monti

Si la fusion avait été autorisée, Schnei­der aurait con­sti­tué une rente dont nous feri­ons tous un peu les frais dans nos travaux de réno­va­tion. Il est risqué de spéculer sur ce que Schnei­der aurait fait de cette rente, mais l’entreprise serait sans doute aujourd’hui frag­ilisée par sa dépen­dance envers la France.

Schnei­der est devenu un leader mon­di­al dans les métiers de demain

L’interdiction a con­tribué à pouss­er Schnei­der à une remise en cause fon­da­men­tale de sa stratégie. C’est aujourd’hui l’un des spé­cial­istes mon­di­aux de la ges­tion de l’énergie, à la pointe dans les smart grids et autres smart cities.

Avec le rachat d’Invensys, qui vient d’être approu­vé sans prob­lème par la Com­mis­sion, Schnei­der fran­chit une nou­velle étape dans les logi­ciels d’automatismes et s’impose comme l’entreprise de référence face à Siemens et Gen­er­al Electric.

À défaut d’avoir été autorisé à devenir un « cham­pi­on européen » dans les métiers d’hier, Schnei­der est devenu un leader mon­di­al dans les métiers de demain. Per­son­nelle­ment, je serais plutôt ten­té de remerci­er M. Monti.

Le commerce, une politique européenne pas assez intégrée

Les États mem­bres sont loin d’être allés aus­si loin dans le trans­fert de com­pé­tences en matière de com­merce. La Com­mis­sion n’agit qu’en con­sul­ta­tion avec le Comité de poli­tique com­mer­ciale, héri­ti­er du fameux Comité 113, et « dans le cadre des direc­tives que le Con­seil peut lui adresser ».

Bien évidem­ment, une immense majorité de Français, et peut-être même une majorité de lecteurs de La Jaune et la Rouge, se félicite de ce que les euro­crates ne déci­dent pas seuls. Ils passent pour des naïfs ou des idéo­logues prêts à toutes les com­pro­mis­sions vis-à- vis de pays tiers dont les marchés sont irrémé­di­a­ble­ment fer­més aux pro­duc­tions français­es (quoique bizarrement ouverts aux pro­duc­tions allemandes).

Le rôle des États

La réal­ité est tout autre. J’ai eu la chance, mât­inée de beau­coup de frus­tra­tions, de tra­vailler sur quelques dossiers de défense com­mer­ciale, notam­ment le pre­mier dossier com­biné antidump­ing-anti­sub­sides-sauve­g­arde jamais instru­it par la Com­mis­sion européenne, dans le secteur très sen­si­ble des équipements de télécommunications.

Un sys­tème absurde
L’absurdité du sys­tème actuel fait qu’on en arrive à des sit­u­a­tions où un État mem­bre « lâche » l’un de ses indus­triels en prise à un dump­ing avéré pour pro­téger les expor­ta­tions d’un secteur plus impor­tant. C’est ce qui est arrivé il y a quelques mois quand la chancelière alle­mande, inquiète pour les expor­ta­tions d’automobiles alle­man­des vers la Chine, a demandé à la Com­mis­sion de se calmer sur le dossier des pan­neaux solaires chinois.

Fort de ces expéri­ences, je peux affirmer que si faib­lesse il y a, elle est à rechercher du côté des États mem­bres pris dans leur ensem­ble, pas de la Com­mis­sion. Tant que nos États auront l’opportunité de don­ner des ordres à la Com­mis­sion, les pays tiers auront tout loisir de divis­er pour régn­er, en menaçant tel État de fer­mer une usine ou en promet­tant à tel autre d’en ouvrir une.

Il y a pire. J’ai eu par exem­ple un client haute­ment représen­tatif du mod­èle européen de crois­sance durable (pro­duc­tion par recy­clage de phos­pho­re, sub­stance rare et indis­pens­able à la vie) qui au final a été mis en liq­ui­da­tion après un dump­ing vio­lent d’un pro­duc­teur d’Asie cen­trale, au très grand regret de la Com­mis­sion impuissante.

La vraie rai­son : les pays latins se sont vengés des Pays-Bas, pays d’origine du client, con­nu pour vot­er qua­si sys­té­ma­tique­ment con­tre les mesures pro­posées par la Commission.

Le chacun pour soi

En France, un accord de libéral­i­sa­tion est par déf­i­ni­tion suspect

En matière d’antidumping, nous sommes au degré zéro de la sol­i­dar­ité, et il s’agit d’un défaut de con­struc­tion du sys­tème d’autant plus regret­table qu’une vraie délé­ga­tion de pou­voir à la Com­mis­sion nous pro­tégerait des repré­sailles au niveau national.

Évidem­ment, le com­merce ne se résume pas à l’antidumping. Il y a aus­si et surtout les accords de libéral­i­sa­tion des échanges, qui se font de bloc à bloc main­tenant que le round de Doha sem­ble défini­tive­ment enter­ré. Dans ce domaine, la méfi­ance est de règle en France : un accord de libéral­i­sa­tion est par déf­i­ni­tion suspect.

Notre très chère exception culturelle

Il y a un sujet qui résume mieux que d’autres la pen­sée col­lec­tive nationale : l’exception cul­turelle. Je n’ai pas fait le tour de ce vaste sujet mais je suis à la fois con­sul­tant sur cer­tains aspects régle­men­taires du secteur (droits d’auteur, aides d’État) et minus­cule copro­duc­teur en Bel­gique et en France.

À voir les piètres per­for­mances des films français en 2013, il est dif­fi­cile de ne pas se pos­er quelques ques­tions. En décem­bre 2012, un dis­trib­u­teur et pro­duc­teur français et tal­entueux a dénon­cé des dérives inquié­tantes dans Le Monde : par exem­ple, nom­bre d’acteurs français con­nus deman­dent des cachets dix fois supérieurs en France à ce qu’ils deman­dent aux États-Unis.

Et il y a peut-être plus inquié­tant que le ciné­ma. Si vous avez un jour eu la curiosité de regarder l’article de Wikipedia France con­sacré aux séries télévisées, vous aurez peut-être remar­qué que la rubrique « expor­ta­tions » est vide, alors que l’article lui-même est très long et très fouil­lé. Il n’est pas cer­tain que ce soit un oubli : la France peine à exporter pour 100 mil­lions d’euros de séries par an – le prix des ailes d’un Air­bus A 380 – alors que le petit Dane­mark a exporté dans des dizaines de pays, notam­ment aux États-Unis et au Roy­aume-Uni, sa série Bor­gen, pour­tant tournée en danois avec des moyens modestes.

Des accords couron­nés de succès
Nous avons beau­coup obtenu dans les deux derniers accords de libre-échange avec la Corée du Sud et le Cana­da, notam­ment en matière d’accès aux marchés publics de libéral­i­sa­tion des ser­vices (dans lesquels l’Europe est leader mon­di­al, avec des acteurs français inno­vants et par­ti­c­ulière­ment com­péti­tifs) et d’accès au marché pour nos pro­duits agri­coles, avec une recon­nais­sance de fait de nos indi­ca­tions géo­graphiques (qui s’opposent frontale­ment au sys­tème améri­cain, qui ne con­naît que les marques).
Il est trop tôt pour quan­ti­fi­er les choses avec le Cana­da, mais le bond fait par nos expor­ta­tions vers la Corée est impres­sion­nant : 28 % en plus rien qu’en 2012 pour les expor­ta­tions français­es d’équipements mécaniques et élec­triques. Le lecteur mal infor­mé objectera que le prix à pay­er a été une inva­sion de notre marché par les Hyundai et autres Kia. C’est oubli­er que ces voitures sont dans leur majorité fab­riquées en Europe et donc pas con­cernées par l’accord.

Coûteuses contreparties

L’UE ne s’est jamais vrai­ment dotée d’une poli­tique com­mer­ciale unitaire

Le prix de cet attache­ment à l’exception cul­turelle va bien au-delà des petits prélève­ments Canal + ou même de nos impôts. Dans le TTIP2, le gros accord de libre-échange avec les États- Unis en cours de négo­ci­a­tion, les Améri­cains ne nous ont pas encore présen­té la fac­ture de l’exclusion des ser­vices audio­vi­suels mais elle s’annonce salée.

Il se dit à Brux­elles que la con­trepar­tie min­i­male pour­rait être con­sti­tuée par l’exclusion des ser­vices aériens et mar­itimes, secteurs très pro­tégés aux États- Unis parce que réputés stratégiques.

Pour l’Europe, ce « moin­dre mal » serait déjà une petite cat­a­stro­phe : les trois plus grandes sociétés de trans­port par con­teneurs du monde sont européennes (l’une est française, CMACGM), et nous auri­ons tout à gag­n­er d’une libéral­i­sa­tion des échanges avec les États-Unis.

Un vrai problème : les marchés publics

Suc­cès danois
La Pre­mière min­istre danoise, Mme Helle Thorn­ing-Schmidt, ren­due célèbre par son self­ie avec Barack Oba­ma, offre le cof­fret des trente épisodes de la série Bor­gen en cadeau lors de ses vis­ites d’État. Viendrait-il à l’idée de quelqu’un que notre prési­dent de la République offre un petit car­ton de séries vedettes de notre PAF depuis plus de vingt ans ?
Les Danois, qui sont l’un des peu­ples les plus fran­cophiles du monde, se per­dent en per­plex­ité sur notre attache­ment indé­fectible à l’exception cul­turelle. Moi aussi.

Dans le cadre de son pro­pre proces­sus d’intégration, l’Europe a très tôt com­bat­tu le pro­tec­tion­nisme dans les marchés publics, et le résul­tat est que notre marché européen est aujourd’hui bien plus ouvert que la plu­part des marchés tiers.

La dis­symétrie est choquante : alors que 90% des marchés publics européens sont (au moins en théorie) ouverts à la con­cur­rence des entre­pris­es non européennes, seuls 32% des marchés publics améri­cains le sont, et le Buy Amer­i­can Act per­met mal­gré tout à l’administration améri­caine d’y favoris­er ses entreprises.

Le pour­cent­age est de 28 % pour les marchés publics japon­ais, et de 0% pour les marchés publics chi­nois et indiens.

Les réticences du Conseil

30 mil­lions d’emplois
L’enjeu est majeur : les marchés publics représen­tent env­i­ron 19% du PIB de l’Union européenne, et les entre­pris­es dont l’activité en dépend directe­ment totalisent plus de 30 mil­lions d’emplois. C’est aus­si un secteur en plein essor dans les économies émer­gentes. C’est enfin un secteur où les entre­pris­es européennes sont très com­péti­tives, du fait juste­ment de l’ouverture de longue date du marché intraeu­ropéen. La Com­mis­sion européenne le sait : cette ouver­ture des marchés publics tiers a été au cœur des négo­ci­a­tions avec la Corée et le Cana­da, et elle est au cœur des négo­ci­a­tions en cours avec les États-Unis et le Japon.

Le com­mis­saire Michel Barnier a lancé en 2011 une ini­tia­tive qui a abouti en mars dernier à une propo­si­tion de déci­sion du Con­seil3 : en cas de dis­crim­i­na­tion grave et répétée à l’encontre de four­nisseurs européens dans un pays hors Union européenne, la Com­mis­sion pour­rait restrein­dre l’accès au marché européen aux entre­pris­es de ce pays. Hélas, le Con­seil traîne des pieds.

On retrou­ve ici le prob­lème de départ, qui fait que l’Union européenne ne s’est jamais vrai­ment dotée d’une poli­tique com­mer­ciale uni­taire : nous sommes divisés entre des États du Nord à la bal­ance com­mer­ciale pos­i­tive et à forte tra­di­tion libre-échangiste et des États latins générale­ment impor­ta­teurs nets et moins spon­tané­ment con­va­in­cus des bien­faits du com­merce. C’est peu de dire que ce deux­ième camp serait plus fort sans l’exception cul­turelle française.

Évidem­ment, l’Europe pour­rait mieux faire – encore faudrait-il avoir le courage de lui en don­ner les moyens. Dénon­cer les excès, les défi­ciences et la naïveté de la Com­mis­sion, c’est se voil­er la face. Le pro­tec­tion­nisme et les monopoles ne résol­vent jamais les prob­lèmes de com­péti­tiv­ité, ils ne font que les aggraver.

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1. http://www.ifop.com/media/pressdocument/328- 2‑document_file.pdf
2. Transat­lantic Trade and Invest­ment Partnership.
3. Con­seil des min­istres de l’U­nion européenne.

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