LETTRES À HÉLÈNE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°658 Octobre 2010Par : Robert Chapuis (38)Rédacteur : Paul Bassole (38)

Notre cama­rade Robert Cha­puis (38) a pub­lié une sélec­tion des let­tres écrites à sa femme Hélène au cours de ses nom­breux voy­ages et les dessins qu’il a exé­cutés, cro­quis pris sur le vif de per­son­nages et de paysages. Fonc­tion­naire inter­na­tion­al à l’UIT (Union inter­na­tionale des télé­com­mu­ni­ca­tions), il a par­ticipé à toutes les con­férences inter­na­tionales dans ce domaine de 1950 à sa retraite. C’est l’expérience de ses rela­tions avec ses col­lègues étrangers et les pays vis­ités qu’il nous con­te : Lis­bonne, Schevenin­gen, Saragosse, New York, Philadel­phie, Toron­to, Tuc­son, San Fran­cis­co, Tokyo, Damas, Recife, Mel­bourne, Can­ton, Pékin, Shang­hai, on ne peut les citer tous.

Couverture du livre : Lettres à HélèneCe qui frappe est que, mal­gré la courte durée de ses séjours (le temps d’une con­férence), il a bien saisi la civil­i­sa­tion des pays vis­ités, sen­si­ble au pit­toresque des mon­u­ments et des paysages et à la vie dif­fi­cile des habi­tants des pays en développe­ment. Sa foi catholique lui per­met de ren­con­tr­er des prêtres ayant vécu sou­vent plusieurs années les vies de leurs paroissiens et con­nais­sant bien leurs dif­fi­cultés d’existence. Mais il ren­con­tre aus­si des ingénieurs, des directeurs de sociétés comp­tant quelque­fois plusieurs mil­liers de salariés qui ont, eux, des prob­lèmes fis­caux sur lesquels il n’insiste pas.

À Genève, il fait la con­nais­sance du pein­tre Chris­to qui fera le por­trait de ses enfants et de son épouse, celui fig­u­rant en cou­ver­ture de son livre. Ses sou­venirs n’excluent pas un humour s’exprimant quelque­fois aux dépens des habi­tants des pays vis­ités et même de nos com­pa­tri­otes touristes, retraités, énar­ques mon­trant une arro­gance et « une ségré­ga­tion de caste incon­nue aux USA ». Ses réflex­ions con­cer­nent surtout les arts mais peu la lit­téra­ture de ces pays. Il est vrai qu’il n’est pas néces­saire d’aller dans un pays pour la con­naître, quoique, à mon avis, il est dif­fi­cile de bien com­pren­dre Cer­van­tès ou Lor­ca, par exem­ple, si on n’est jamais allé en Espagne. Sculp­ture, pein­ture, arti­sanat qu’il n’apprécie pas tou­jours sont ses sujets favoris, la musique aus­si (sou­venirs des tam­bours de Sal­vador de Bahia), la choré­gra­phie (les dans­es bali­nais­es), le ciné­ma chi­nois « auquel il ne com­prend pas grand-chose ». Il com­pare quelque­fois ces tra­di­tions à celles de sa région d’origine : Vienne et l’Isère.

D’autres remar­ques por­tent égale­ment sur l’organisation des sociétés (plus ou moins démoc­ra­tiques, plutôt moins), la mon­naie, les fêtes tra­di­tion­nelles et religieuses, des activ­ités inat­ten­dues (une fête des ven­dan­ges près de Tokyo, des man­i­fes­ta­tions folk­loriques en Cal­i­fornie), le dépayse­ment dans les con­trées où l’écriture n’est pas celle de l’Occident, les prob­lèmes que con­nais­sent tous les voyageurs pour télé­phon­er, obtenir une place sur un vol sat­uré, récupér­er ses bagages…

En faisant con­naître à son épouse, dont il regrette par­fois l’absence, ses activ­ités, il tente d’effacer les dis­tances qui l’en sépar­ent et plante des jalons pour de futurs voy­ages avec elle.

Poster un commentaire