Les X et l'histoire, dessin de Tesson

Les X et la pratique de l’histoire diversité ou communauté d’approches ?

Dossier : HistoireMagazine N°771 Janvier 2022
Par Arnaud PASSALACQUA (98)

Le pré­sent dos­sier entend mettre en lumière la place qu’occupe l’histoire dans la for­ma­tion et les acti­vi­tés des X, en se fon­dant sur trois formes de rap­port entre les X et l’histoire en tant que discipline.

Pre­miè­re­ment, l’histoire s’inscrit dans le cur­sus poly­tech­ni­cien. On peut bien évi­dem­ment pen­ser à l’histoire des sciences, abor­dée au fil des ensei­gne­ments de mathé­ma­tiques, de phy­sique, d’économie… L’énoncé du nom de tel ou tel scien­ti­fique don­né à un théo­rème, à une constante ou à un dis­po­si­tif expé­ri­men­tal ren­voie à l’histoire de chaque dis­ci­pline, sou­vent évo­quée en cours. Mais les élèves de l’École se voient aus­si offrir des cours direc­te­ment ancrés dans l’histoire comme dis­ci­pline : his­toire poli­tique, his­toire éco­no­mique, his­toire de l’art… L’histoire consti­tue un fon­de­ment de la for­ma­tion des huma­ni­tés et sciences sociales. Ce pre­mier volet inter­roge l’intérêt qu’il y a à recou­rir à l’histoire pour for­mer des ingé­nieurs poly­va­lents que sont les X, alors qu’ils l’ont aban­don­née comme matière depuis le lycée.

“Comment comprendre
ce désir d’histoire ?”

Deuxiè­me­ment, bien que rares, plu­sieurs X se sont tour­nés plus ou moins direc­te­ment vers l’histoire comme pra­tique pro­fes­sion­nelle. On dit sou­vent que l’École mène à tout ! Plu­sieurs ques­tions se posent dès lors pour les X qui se sont tour­nés vers l’histoire. S’agit-il d’un tour­nant, d’une rup­ture ou d’une conti­nui­té de la logique d’une for­ma­tion poly­va­lente ? L’histoire ne sup­pose-t-elle pas une poly­va­lence qui ren­voie à celle sup­po­sée des X ? Par ailleurs, com­ment les X ont-ils trou­vé leur place dans ce milieu aca­dé­mique, mar­qué en France par des réfé­rences lit­té­raires, le concours de l’agrégation et le lien avec le milieu du secon­daire ? Leur aisance vis-à-vis des sujets tech­niques a‑t-elle été un levier pour conqué­rir leur légitimité ?

Troi­siè­me­ment, on constate aus­si que l’intérêt pour l’activité his­to­rique concerne aus­si des per­sonnes ayant eu une pre­mière car­rière pro­fes­sion­nelle ou bien retrai­tées. L’activité généa­lo­gique domine sou­vent ces pra­tiques, mais de nom­breux tra­vaux portent aus­si sur des sujets autre­ment plus variés. Les X ne font pas excep­tion, comme André Tur­cat (40), pre­mier pilote d’essai du Concorde et doc­teur en his­toire de l’art. Qu’ils soient encore en poste ou déjà retrai­tés, de nom­breux X écrivent des pro­duc­tions his­to­riques. Com­ment com­prendre ce désir d’histoire ?

En par­cou­rant ces trois volets, nos lec­trices et nos lec­teurs pour­ront ain­si tra­quer ce que cette pra­tique de l’histoire révèle de l’identité poly­tech­ni­cienne : uni­té ou diversité ?

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