Les polytechniciens et la musique

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°583 Mars 2003Par : Bulletin n° 32 de la Société des amis de la bibliothèque de l’École polytechniqueRédacteur : Jean-Paul DEVILLIERS (57)

Dans son avant-pro­pos Patrice Holin­er, directeur musi­cal à l’École poly­tech­nique, rap­pelle qu’il est dif­fi­cile de par­ler de la musique : “ Peut-on ver­balis­er, expli­quer?… s’il faut du silence pour bien enten­dre, qu’en est-il du silence intérieur pour mieux com­pren­dre, mieux jouer, mieux trans­met­tre ? ” Il se trou­ve que le thème des rela­tions entre les poly­tech­ni­ciens et la musique a déjà été évo­qué dans de nom­breuses cir­con­stances, lors de la com­mé­mora­tion du bicen­te­naire de l’École, dans les ouvrages sur l’histoire des X et dans La Jaune et la Rouge.

Pour­tant, afin de répon­dre à un voeu du con­seil de la Sabix, Patrice Holin­er a bien voulu pren­dre le risque de pré­par­er ce bul­letin inti­t­ulé “ Les poly­tech­ni­ciens et la musique ”, en se plaçant d’un point de vue qui s’écarte sen­si­ble­ment des réflex­ions antérieures.

Pour ce faire il a demandé à ses élèves d’interroger quelques musi­ciens et physi­ciens qui avaient accep­té de se prêter au rite de l’entretien. Ont ain­si con­tribué aimable­ment à la réal­i­sa­tion de ce numéro le général Michel André, Claude Abadie, Xavier Boutil­lon, Philippe Char­quet, Jonathan Gilad, Claude Helf­fer, François Kruger, Franck Laloé, Jean-Marie Poil­vé, Lionel Stoléru, Jean-Luc Tin­gaud et Hol­ger Vach. Le résul­tat est un ensem­ble d’une douzaine d’articles écrits dans un style alerte, rel­a­tive­ment courts et dens­es, qui approchent la musique sous des angles très divers, et dont l’intérêt débor­de large­ment le cer­cle des polytechniciens.

Ain­si le lecteur trou­vera des réflex­ions qui por­tent sur des sujets aus­si var­iés que la place de l’enseignement musi­cal dans une école sci­en­tifique, les apports de la physique à la com­préhen­sion du fonc­tion­nement de cer­tains instru­ments, les modal­ités de l’apprentissage, la com­pat­i­bil­ité entre la pra­tique assidue d’un instru­ment ou même une activ­ité de con­certiste avec des respon­s­abil­ités dans l’industrie ou la poli­tique, les lim­ites qu’imposent les par­ti­tions, et les espaces de liber­té qu’elles lais­sent à la sen­si­bil­ité de l’artiste dans son inter­pré­ta­tion, la recherche de la per­fec­tion, les exi­gences et les ambi­tions de la direc­tion d’orchestre, la ges­tion de la car­rière des artistes lyriques…

Les per­son­nal­ités inter­rogées appar­ti­en­nent à des écoles musi­cales dif­férentes. Les textes sont rédigés par des chercheurs et des élèves jeunes et ent­hou­si­astes. À côté des analy­ses con­ceptuelles, ils traduisent bien les émo­tions pro­fondes apportées par la musique à ceux qui se sont astreints à un appren­tis­sage méthodique. Ils mon­trent en pas­sant que le plaisir de jouer n’est pas stricte­ment réservé à ceux qui sont naturelle­ment très doués !

Dans son intro­duc­tion Patrice Holin­er exprime sa con­cep­tion de son rôle d’éducateur musi­cal : “Écouter, laiss­er dire, puis con­duire, à tra­vers les méan­dres de la per­son­nal­ité, vers une final­ité jamais atteinte, faite d’un con­tre­point har­monieux entre émo­tion, rigueur, liber­té et hon­nêteté intellectuelle.”

Afin d’illustrer ce pro­pos il avait organ­isé avec des élèves vir­tu­os­es un con­cert au pro­gramme éclec­tique : démon­stra­tion de “D.J.”, jazz, oeu­vres de Poulenc, Prokofiev, Chopin, Schu­bert. Pour tous ceux qui ont pu braver une mau­vaise météorolo­gie et rejoin­dre l’amphi Poin­caré le soir du 9 jan­vi­er, deux heures d’un bon­heur inoubliable !

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