Emmanuel BACRY, professeur à l'École polytechnique

Les grands projets de recherche

Dossier : L'École polytechniqueMagazine N°735 Mai 2018
Par Chloé AUBISSE-DANIAULT

Le volet « santé » de l’Initiative Data Science

La science des don­nées appa­raît aujourd’hui comme une réponse à de grandes pro­blé­ma­tiques mon­diales, en par­ti­cu­lier dans le domaine de la santé. 


Emma­nuel Bacry, pro­fes­seur et res­pon­sable de l’initiative Data science au Centre de mathé­ma­tiques appli­quées de l’École poly­tech­nique. © École poly­tech­nique – J. Barande

Afin d’appliquer les tech­niques de big data à des don­nées de san­té publique, l’École poly­tech­nique a noué un par­te­na­riat avec la Caisse natio­nale d’Assurance mala­die (CNAM) qui a confié aux cher­cheurs de l’X les don­nées du Sys­tème natio­nal inter régimes de l’Assurance maladie. 

L’analyse de cette base de don­nées san­té, l’une des plus grandes au monde, repré­sente un immense enjeu pour amé­lio­rer le sys­tème de san­té. Ces tra­vaux de recherche pour­raient per­mettre de détec­ter des signaux faibles en phar­ma­co­épi­dé­mio­lo­gie, d’optimiser les par­cours médi­co­éco­no­mique pour cer­taines patho­lo­gies, de com­pa­rer l’efficacité de stra­té­gies thé­ra­peu­tiques ou encore de détec­ter des fraudes. 

Débu­té en 2014, ce par­te­na­riat exclu­sif a été renou­ve­lé cette année et com­mence déjà à pro­duire des résul­tats pro­met­teurs. Les algo­rithmes d’apprentissage auto­ma­tique déve­lop­pés par les cher­cheurs ont en effet retrou­vé l’association connue et prou­vée par les méthodes clas­siques entre prise de pio­gli­ta­zone et le déclen­che­ment d’un can­cer de la ves­sie chez les patients souf­frant de diabète. 

Ce pro­jet, por­té par Emma­nuel Bacry, pro­fes­seur et res­pon­sable de l’initiative Data science au Centre de mathé­ma­tiques appli­quées de l’École poly­tech­nique et direc­teur de recherche au CNRS à l’Université Paris- Dau­phine, fait par­tie des 9 ini­tia­tives de recherche sou­te­nues par la levée de fonds 2016 de la Fon­da­tion de l’X.

Physique, Sport et Handisport

Phy­sique et sport se conjuguent pour for­mer un domaine de recherche qui se déve­loppe dans plu­sieurs éta­blis­se­ments de haut niveau comme au Bio­de­si­gn Lab de Harvard. 

Handisport
Le pro­jet « Phy­sique, Sport et Han­di­sport » ouvre un vaste champ d’études, alliant recherche fon­da­men­tale et appli­ca­tions médi­cales et socié­tales, en uti­li­sant le sport comme source de défis scien­ti­fiques. © Fovi­va­fo­to

Pour se démar­quer et figu­rer par­mi les lea­ders de cette thé­ma­tique, l’École poly­tech­nique mise sur la plu­ri­dis­ci­pli­na­ri­té qui fait sa force en regrou­pant des com­pé­tences en mathé­ma­tiques appli­quées, méca­nique, phy­sique et biomécanique. 

Au car­re­four de ces dis­ci­plines, le pro­jet « Phy­sique, Sport et Han­di­sport » ouvre un vaste champ d’études, alliant recherche fon­da­men­tale et appli­ca­tions médi­cales et socié­tales, en uti­li­sant le sport comme source de défis scien­ti­fiques ori­gi­naux pour amé­lio­rer les maté­riaux, les stra­té­gies, mais aus­si pour com­prendre les mou­ve­ments opti­maux des spor­tifs et leurs lois sous-jacentes. 

Les recherches sont ini­tiées par des ren­contres avec des spor­tifs comme le navi­ga­teur Yves Par­lier pour le kite­surf et le biath­lète Mar­tin Four­cade pour le far­tage des skis, mais peuvent aus­si rele­ver d’un inté­rêt médical. 

Ain­si, en étu­diant les mou­ve­ments de levées de poids chez des ath­lètes, les équipes de l’X ont construit des modèles pré­cis du mou­ve­ment asso­ciant arti­cu­la­tions et muscles. Ces modèles pour­ront offrir aux méde­cins géné­ra­listes un outil de diag­nos­tic pré­coce de cer­taines mala­dies neuromusculaires. 

Apollon : le laser le plus intense au monde pour des expériences utilisateur

Apol­lon est une ins­tal­la­tion conçue autour de lasers d’une puis­sance jamais éga­lée, dédiée aux expé­riences d’interactions avec la matière à très haute inten­si­té, avec des appli­ca­tions finales dans les domaines de l’énergie, de la bio­lo­gie, de la méde­cine et du nucléaire. 

Apollon§: le laser le plus intense au monde, à l'École polytechnique
Apol­lon est pilo­té par une équipe du Labo­ra­toire d’utilisations des lasers intenses.
© École poly­tech­nique – J. Barande

Son prin­cipe est de mettre à dis­po­si­tion un fais­ceau d’une inten­si­té de 150 Joules et d’une durée de l’ordre de 15 fem­to­se­condes pour atteindre une puis­sance de 10 PétaWatt. 

Le sys­tème est conçu pour être robuste et pour déli­vrer un fais­ceau propre à rai­son d’un tir par minute afin que les uti­li­sa­teurs puissent l’exploiter dans deux salles dédiées à la réa­li­sa­tion d’expériences de phy­sique de pointe. 

Ini­tié en 2007 au sein de l’Institut de lumière extrême, le pro­jet fédère une dizaine de labo­ra­toires du pla­teau de Saclay qui couvrent l’ensemble des com­pé­tences néces­saires pour la construc­tion et l’exploitation de lasers de forte puis­sance. Actuel­le­ment en phase de construc­tion, Apol­lon est pilo­té par une équipe du Labo­ra­toire d’utilisations des lasers intenses et devrait réa­li­ser ses pre­mières per­for­mances en 2018 : pre­mier tir à 1PW en été et pre­mière expé­rience avec des uti­li­sa­teurs à l’automne. Sa puis­sance sera pro­gres­si­ve­ment aug­men­tée pour atteindre 10PW. 

Le laser Apol­lon est finan­cé dans le cadre du Contrat de Plan État – Région Île-de-France 2007–2013, avec le sou­tien com­plé­men­taire du CNRS, de l’École poly­tech­nique et de l’ENSTA Paris­Tech et de l’EQUIPEX CILEX. 

NanoMAX : observer les nanostructures croître atome par atome

Les nano-objets joue­ront un rôle crois­sant dans la micro­élec­tro­nique de demain. Le but du pro­jet Nano­MAX est la com­pré­hen­sion, à l’échelle ato­mique, des méca­nismes qui gou­vernent la crois­sance de ces nanoob­jets, des nano­par­ti­cules aux nano­tubes de car­bone, en pas­sant par les nano­fils semi-conduc­teurs ou métalliques. 

Projet NanoMAX à l'École polytechnique
Le pro­jet Nano­MAX est por­té par l’École poly­tech­nique et le CNRS avec le concours du C2N et du CEA. © École poly­tech­nique – J. Barande

Cette com­pré­hen­sion est essen­tielle pour maî­tri­ser leur fabri­ca­tion en contrô­lant leur géo­mé­trie, leur struc­ture cris­tal­line et leur com­po­si­tion chi­mique afin de maî­tri­ser leurs pro­prié­tés élec­tro­niques et optiques. 

Il s’agit à terme de pou­voir pro­duire ces nanoob­jets soit à grande échelle, soit pour des appli­ca­tions poin­tues à haut conte­nu tech­no­lo­gique. À cette fin, Nano­MAX uti­lise un micro­scope élec­tro­nique à trans­mis­sion à ultra-haute réso­lu­tion unique où les fais­ceaux d’atomes, de molé­cules ou de radi­caux gazeux sont diri­gés vers l’échantillon in situ d’une manière très contrô­lée pen­dant que les obser­va­tions de réso­lu­tion ato­mique sont enregistrées. 

Les pre­mières expé­riences réa­li­sées avec le Centre de nanos­ciences et de nano­tech­no­lo­gies (C2N – Uni­ver­si­té Paris-Sud) ont don­né des résul­tats impres­sion­nants qui sont en cours de publication. 

Le pro­jet Nano­MAX est por­té par l’École poly­tech­nique et le CNRS avec le concours du C2N et du CEA. C’est l’un des trois volets de TEMPOS, lau­réat de l’appel à pro­jets Equi­pex 2010 qui vise à créer à Saclay un tri­angle de la science des maté­riaux com­po­sé d’un centre d’élaboration de nanoob­jets, d’un centre de nano­ca­rac­té­ri­sa­tion et un centre d’exploration de nou­velles pro­prié­tés de la matière.

Poster un commentaire