Schéma résumant l’ascendance maternelle de Marcel Proust et son cousinage polytechnicien.

Les cousins polytechniciens de Proust

Dossier : Proust et les PolytechniciensMagazine N°785 Mai 2023
Par Antoine COMPAGNON (X70)

Point n’est besoin de présen­ter Antoine Com­pagnon ni son exper­tise prousti­enne. Rap­pelons son dernier ouvrage proustien : Proust du côté juif, pub­lié en mars 2022. L’académicien poly­tech­ni­cien nous entraîne du côté des cousins eux-mêmes poly­tech­ni­ciens de Mar­cel et de leur famille.

Jeanne Weil (1849–1905), Mme Adrien Proust, la mère de Mar­cel Proust, avait deux cousins ger­mains poly­tech­ni­ciens, tous deux ingénieurs des Ponts et Chaussées, l’un du côté de son père, l’autre du côté de sa mère.

Maurice Cohen (1826–1883), X1843

Il était le fils de Benoist Cohen, orig­i­naire d’Amsterdam, négo­ciant à Paris, prési­dent du comité de bien­fai­sance du Con­sis­toire, pre­mier directeur de l’hôpital Roth­schild en 1852, et de Mer­line Weil, la sœur aînée du grand-père de Proust, Nathé Weil. Il fut reçu à l’École à un très jeune âge au 105e rang sur 164, comme demi-bour­si­er ; il pas­sa à la 1re divi­sion en 1845 au 16e rang sur 155, en net pro­grès, se clas­sa au 11e rang sur 158 à la sor­tie et fut admis aux Ponts et Chaussées 7e sur 25. Il fut le pre­mier poly­technicien à porter le nom de Cohen (après deux Lévy et deux Cahen, les élèves israélites venant plutôt de Bor­deaux ou étant des Juifs du pape dans les débuts de l’École). Un détail de sa fiche intrigue : après avoir été « licen­cié avec l’École le 17 août 1844 », il fut « admis à subir les exa­m­ens de sor­tie ». En août 1844, les élèves refusèrent en effet de se soumet­tre aux exa­m­ens d’analyse et de mécanique au motif que l’impartialité ne leur était pas assurée, puisque l’examinateur désigné par le min­istre de la Guerre, le maréchal Soult, en con­flit avec l’Académie des sci­ences, était leur directeur des études. Le pou­voir réag­it à cet acte de sédi­tion (les élèves quit­tèrent l’École) par une ordon­nance de Louis-Philippe qui les licen­cia. Une com­mis­sion fut chargée de réor­gan­is­er l’École, une nou­velle ordon­nance d’organisation fut signée par le roi le 30 octo­bre, la ren­trée fut fixée au 1er décem­bre, les élèves furent con­vo­qués aux exa­m­ens et tous ou presque furent réin­té­grés. La fiche de Mau­rice Cohen pré­cise encore qu’il fut « ser­gent pen­dant l’année sco­laire 1844–1845 », donc que le com­man­de­ment, au vu de son classe­ment (et sûre­ment de son sens de la dis­ci­pline), le nom­ma chef de salle et de caserne­ment à la réou­ver­ture de l’École.

D’abord en poste à Digoin (Saône-et-Loire), puis à Chalon-sur-Saône, attaché au ser­vice de la nav­i­ga­tion ain­si qu’à la préven­tion des inon­da­tions sur la Saône et le Doubs, ensuite à Rouen, il était ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, cheva­lier de la Légion d’honneur depuis 1867, et céli­bataire, lorsqu’il décé­da le 3 novem­bre 1883, à l’âge de 53 ans, à Cahors, où il rem­plis­sait les fonc­tions de directeur du ser­vice de la nav­i­ga­tion du Lot. Selon La Dépêche (7 novem­bre 1883), le quo­ti­di­en de Toulouse, c’était un « répub­li­cain ferme et sincère, un ingénieur de mérite », mais aus­si un « car­ac­tère dif­fi­cile » à la « brusque fran­chise » et à la « grande lib­erté de parole ». Il sem­ble que l’oncle de Proust à la mode de Bre­tagne, à côté de son méti­er d’ingénieur, ait été un orig­i­nal, un let­tré, un « véri­ta­ble éru­dit », comme le qual­i­fie La Dépêche, la bib­lio­philie étant son vio­lon d’Ingres.

Proust ne fut pas le pre­mier écrivain de la famille, puisque Mau­rice Cohen pub­li­ait des brochures d’histoire lit­téraire sous un pseu­do­nyme ana­gram­ma­tique (E. Mar­ni­couche), ain­si que de doctes arti­cles dans des revues aus­si savantes que Le Moni­teur du bib­lio­phile et Le Moliériste, où Gus­tave Lar­roumet, spé­cial­iste de Mari­vaux, futur pro­fesseur à la Sor­bonne, l’un des précurseurs de l’histoire lit­téraire comme dis­ci­pline sci­en­tifique, rédi­gea sa nécrolo­gie (jan­vi­er 1884). Sa pré­cieuse bib­lio­thèque de trois mille vol­umes fut ven­due à la salle Drouot durant trois vaca­tions (Le Figaro, 20 avril 1884). « Avec M. Cohen, con­clu­ait La Dépêche, dis­paraît une per­son­nal­ité. » C’était à coup sûr un homme sin­guli­er : l’ingénieur des Ponts et Chaussées bib­lio­phile, bien avant Legrandin, l’ingénieur lyrique de Combray.

Emile Mayer X1870 © Collections École polytechnique (Palaiseau).
Emile May­er X1870 © Col­lec­tions École poly­tech­nique (Palaiseau).

Daniel Mayer (1852–1903), X1870

Il était le fils de Samuel May­er, orig­i­naire de Ribeauvil­lé (Haut-Rhin), négo­ciant à Flers (Orne), et d’Ernestine Bern­castell, la sœur cadette de la grand-mère de Proust, Adèle Weil, née Bern­castell. Sa car­rière fut plus con­forme, même si sa pre­mière année à l’École fut bous­culée. Reçu au 18e rang sur 149, lui aus­si très jeune, il béné­fi­cia d’une bourse avec demi-trousseau (son père était décédé en 1856). Il était le deux­ième May­er reçu à l’X mais, cette année-là, un troisième May­er fig­u­rait plus loin sur la liste d’admission. La ren­trée de la pro­mo­tion, retardée par la guerre fran­co-prussi­enne, eut lieu en jan­vi­er 1871 à Bor­deaux pour la majorité des élèves, non à Paris assiégé, où l’École rou­vrit en mars après l’armistice. Mais les élèves furent mis en con­gé dès la fin du mois, quand débu­ta la Com­mune, et l’École se réfu­gia à Tours jusqu’en juil­let (la fiche de Daniel May­er est datée du 7 mars, tan­dis que l’autre May­er et la majorité des élèves, dont plusieurs qui avaient défendu Paris durant le siège, furent enreg­istrés le 6 juil­let). Classé 31e sur 145 au pas­sage à la 1re divi­sion et 22e sur 141 à la sor­tie, Daniel May­er fut admis dans le corps des Ponts et Chaussées 18e sur 18. D’abord affec­té à Mon­tauban, Chartres, Cam­brai, Roubaix, Reims, il rejoignit en 1881 le départe­ment de la Seine comme ingénieur de la Ville de Paris. À ce titre, il rédi­gea en 1886 un rap­port sur les insti­tu­tions munic­i­pales de Berlin, puis sur celles de Vienne en 1887. Cheva­lier de la Légion d’honneur en 1888, il fut envoyé en 1891 à Bône, en Algérie, pour y faire fonc­tion d’ingénieur en chef spé­ciale­ment chargé des travaux d’achèvement du port. Pro­mu ingénieur en chef en 1892, il devint le directeur des chemins de fer de l’Est algérien en 1893. Il fut égale­ment admin­is­tra­teur de la Com­pag­nie des tramways de l’Ouest parisien à par­tir de 1899.

Daniel May­er épousa Mar­guerite Lévy (1859–1926) en 1881, fille de Ben­jamin Lévy, inspecteur général de l’Instruction publique, et d’Eugénie Bam­berg­er (sœur d’Henri Bam­berg­er, le fon­da­teur de la Banque de Paris et des Pays-Bas). Mar­guerite Lévy avait pour frère aîné Raphaël-Georges Lévy, ban­quier, pro­fesseur d’économie à Sci­ences Po, mem­bre de l’Institut, séna­teur, que Proust con­sul­tera sur ses place­ments financiers. Daniel et Mar­guerite May­er eurent six enfants. Les deux aînés, jeunes cousins de Proust issus de ger­mains, entrèrent à Poly­tech­nique sur les traces de leur père.

Charles Mayer (1883-1962), X1902 © Collections École polytechnique (Palaiseau).
Charles May­er (1883–1962), X1902 © Col­lec­tions École poly­tech­nique (Palaiseau).

Charles Mayer (1883–1962), X1902, et Maurice Mayer (1884–1933), X1903

Charles, admis 137e sur 191, classé 113e sur 190 en 1903, puis 115e sur 189 à la sor­tie, démis­sion­na alors que son rang lui aurait per­mis de choisir le génie ou l’artillerie (l’affaire Drey­fus, qui n’était pas ter­minée, pou­vait dis­suad­er les élèves juifs de pour­suiv­re une car­rière mil­i­taire) ; sous-lieu­tenant de réserve du génie, il devint ingénieur civ­il des Mines et directeur de société. Son frère Mau­rice, reçu 45e sur 179, bour­si­er avec trousseau (son père venait de décéder), classé 70e sur 179 en 1904 et 26e sur 179 à la sor­tie, sous-lieu­tenant de réserve d’artillerie, fut admis 3e sur 3 dans le corps des man­u­fac­tures de l’État (tabacs et allumettes).

Maurice Mayer (1884-1933), X1903 © Collections École polytechnique (Palaiseau).
Mau­rice May­er (1884–1933), X1903 © Col­lec­tions École poly­tech­nique (Palaiseau).

Lors du décès de Daniel May­er, le 17 mars 1903, à l’âge de 50 ans et après une « inex­orable mal­adie » (Le Siè­cle, 18 mars 1903), Proust veil­la son oncle, dans l’appartement famil­ial du 19, boule­vard de Cour­celles, avec les deux fils aînés, Charles, alors élève de pre­mière année à l’École, et Mau­rice, qui serait reçu dans quelques mois. De retour chez ses par­ents en pleine nuit, il rédi­gea ce mot à l’intention de sa mère :

« 1° Il n’y aura pas de prières à la mai­son et quelques mots seule­ment au cimetière.

« 2° Pour laiss­er couch­er Mau­rice, j’ai dit mal­gré le froid noir qu’il fai­sait que je passerais la nuit. Mais au bout d’une heure Mau­rice qui n’avait pu s’endormir est revenu et, comme ils ne voulaient plus se couch­er ni l’un ni l’autre, ma présence deve­nait inutile. Néan­moins je suis resté encore une heure mais j’ai été pris d’une col­ique éton­nante et, comme ils ont dit qu’en allant aux cab­i­nets je ris­querais de réveiller leur Mère, je suis par­ti pour aller dehors et j’ai dit que je ne reviendrais pas, ce que j’ai fait. Je n’ai vu per­son­ne que Charles et Mau­rice sauf Mon­sieur Léon Lévy qui par­tait comme j’arrivais et que j’ai pris pour Mr Rabel. »

Léon Lévy et Paul Rabel

Léon Lévy (1851–1925), que Proust croisa ce soir-là, était un cama­rade de pro­mo­tion de Daniel May­er à l’X, ingénieur des Mines et grand patron, directeur de la Com­pag­nie des forges de Châtil­lon-Com­men­try et Neuves-Maisons (il existe une cité Léon-Lévy à Com­men­try, dans l’Allier), plus tard vice-prési­dent du Comité des forges. Paul Rabel (1848–1899), X1868, leur ancien de deux ans, fut un remar­quable ingénieur des Ponts et Chaussées, col­lab­o­ra­teur de Charles de Freycinet (1828–1923), X1846, respon­s­able des ponts de Paris, créa­teur du pont Mirabeau, inspecteur général des Ponts et Chaussées et directeur du per­son­nel au min­istère des Travaux publics lors de son décès, lui aus­si à l’âge de 50 ans. Proust dut con­naître Paul Rabel, mais ignor­er son décès, puisqu’il prend Léon Lévy pour lui (tous deux habitaient rue de Logel­bach, à deux pas du boule­vard de Cour­celles). Pour la petite his­toire, la petite-fille de Paul Rabel, fille d’André Rabel (1878–1934), X1899, cham­pi­on d’escrime, épousa le fils de Mme Scheikévitch-Car­o­lus-Duran, proche amie de Proust.

Proximités de famille

Mais où Proust se ren­dit-il pour se soulager après avoir quit­té ses cousins ? Peut-être dans l’un de ces chalets de néces­sité sur le mod­èle de celui des Champs-Élysées, tenu par une « mar­quise » dis­tin­guée, où la grand-mère du héros se réfugie lors d’une « petite attaque » dans Le Côté de Guer­mantes. Le lende­main, « au milieu d’une grande afflu­ence de par­ents, d’amis, de nota­bil­ités du monde de la haute indus­trie et de la finance », les obsèques de Daniel May­er eurent lieu au domi­cile famil­ial du 19, boule­vard de Cour­celles (non loin de l’appartement des Proust au 45, rue de Cour­celles), suiv­ies de l’enterrement au cimetière Mont­par­nasse (Le Figaro, 20 mars 1903).

“Proust resta toujours proche de sa tante
et de ses cousins Mayer.”

Proust res­ta tou­jours proche de sa tante, qu’il tutoie dans des let­tres affectueuses, et de ses cousins May­er, qui se firent appel­er Daniel-May­er après la mort de leur père. En juin 1911, lors des fiançailles de Mau­rice et de Mar­i­anne Alcan, il écrit à sa tante : « […] Le sou­venir tou­jours aus­si vivant et cher de ton mari reste insé­para­ble pour moi de vos joies que je place sous son invo­ca­tion. » Il évoque une journée à Lou­ve­ci­ennes, où les Lévy (Mme Daniel May­er et son frère) pos­sé­daient une mai­son. En novem­bre 1913, alors que Du côté de chez Swann est sous presse, il juge son livre trop « indé­cent » pour l’envoyer à sa tante, mais promet de lui adress­er deux exem­plaires pour ses cousins Charles et Maurice.

Le troisième fils Mayer

Le troisième fils May­er s’appelait Jacques (1886–1915). Pierre Abra­ham (1892–1974), X1913, racon­te qu’en 1899, pen­dant les vacances de Pâques à Biar­ritz et en pleine affaire Drey­fus, il fut vic­time, à l’âge de sept ans, d’une agres­sion anti­sémite de la part de ses cama­rades de jeux. Il con­fia sa mésaven­ture non à ses par­ents, mais à Jaques Daniel-May­er, fils d’un ami de son père qui pas­sait les vacances avec eux. Pierre Bloch, dit Pierre Abra­ham, était le fils de Richard Bloch (1852–1933), X1872, ingénieur des Ponts et Chaussées comme Daniel May­er. Il était aus­si le frère cadet de Mar­cel Bloch (1881–1951), X1901 (tous deux seront des as de l’aviation en 14–18 et, proches du PCF, des résis­tants en 39–45), et de l’écrivain Jean-Richard Bloch (1884–1947). Cette prox­im­ité explique que le livre de Pierre Abra­ham sur Proust, Proust. Recherch­es sur la créa­tion intel­lectuelle (Rieder, 1930), soit le pre­mier qui ait été abon­dam­ment illus­tré de pho­tos de famille et man­u­scrits, four­nis par Robert Proust, le frère de Marcel.

Jacques Daniel-May­er entra dans la banque. Mobil­isé comme sous-lieu­tenant au 246e rég­i­ment d’infanterie, il fut « tué en Artois, le 25 sep­tem­bre, à la tête de sa com­pag­nie qu’il entraî­nait à l’attaque des tranchées alle­man­des » (Le Figaro, 6 octo­bre 1915). Proust écrit à une amie de sa mère qu’« une cou­sine de Maman que vous avez peut-être entr’aperçue à la mai­son (Mme May­er) a eu son dernier fils tué ». À son valet Nico­las Cot­tin, lui aus­si au front, il rap­pelle : « Je vous avais par­lé de mes jeunes cousins May­er qui étaient depuis le début sur le front. Le plus jeune a été tué et j’ai dû tâch­er d’être un peu auprès de la pau­vre mère qui s’attend au même sort pour les autres. » Poly­tech­ni­ciens mobil­isés dans le génie et l’artillerie, armes moins exposées que l’infanterie, les deux aînés survécurent à la guerre. Comme les amis de Proust morts au champ d’honneur, Bertrand de Fénelon et Robert d’Humières, son cousin Jacques May­er a posé pour Saint-Loup, l’ami du nar­ra­teur, tué en héros dans Le Temps retrou­vé.

Tragiques destinées

La mort de Mau­rice Daniel-May­er en mars 1933 ne fut pas moins trag­ique. Directeur des usines Breguet, rue Didot, père de cinq enfants, chef d’escadron d’artillerie de réserve, offici­er de la Légion d’honneur, admin­is­tra­teur de plusieurs sociétés, mais endet­té, prob­a­ble­ment vic­time de la crise économique, il fut trou­vé dans son bureau griève­ment blessé par balle et suc­com­ba à l’hôpital. L’enquête con­clut à un sui­cide (Le Matin, 30 et 31 mars 1933).

Lors des fiançailles de la plus âgée des trois filles de Daniel May­er, Amélie, dite Lily (1889–1969), Proust, dans une let­tre à sa mère de mars 1908, évoque « son cher papa à qui je pense bien sou­vent et dont je n’ai jamais retrou­vé chez per­son­ne le charme unique de savoir, de finesse, de bon­homie et d’originalité ». De tels mes­sages attes­tent prox­im­ité et famil­iar­ité, de même que la for­mule finale : « Ten­dres ami­tiés à tes fils. » Le mari de Lily, Jacques Fer­di­nand-Drey­fus, directeur général des Assur­ances sociales au min­istère du Tra­vail, révo­qué en 1940, sera déporté de Dran­cy par le con­voi n° 58 du 31 juil­let 1943 et mour­ra à Auschwitz. Quant aux deux dernières filles de Daniel May­er, le siè­cle ne les épargna pas davan­tage. Luci­enne (1892–1974) épousa en 1921 Julien Cain, futur admin­is­tra­teur général de la Bib­lio­thèque nationale de 1930 à 1940, puis de nou­veau à son retour de Buchen­wald, de 1945 à 1964. Suzanne (1899–1944), qui avait qua­tre ans à la mort de son père et ne s’était pas mar­iée, fut déportée dans le con­voi n° 77, le dernier à quit­ter Dran­cy pour Auschwitz le 31 juil­let 1944, et elle ne revint pas.

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