prix X-Impact Tech 2021

Le prix X‑Impact Tech 2021 met à l’honneur l’entrepreneuriat au féminin

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°765 Mai 2021
Par Christel HEYDEMANN (X94)
Par Anne-Christelle REINERT-ROFFÉ (E2019)
Par Alix VERDET

Après le suc­cès du lan­ce­ment du prix X‑Impact Tech en col­la­bo­ra­tion avec la DEI (direc­tion entre­pre­neu­riat et inno­va­tion) et la FX, la deuxième édi­tion du prix met à l’honneur l’entrepreneuriat au fémi­nin. Chris­tel Hey­de­mann (94), mar­raine de la 3e pro­mo­tion de l’Executive Mas­ter, et Anne-Chris­telle Rei­nert-Rof­fé (E2019) de la 3e pro­mo­tion pré­sentent la rai­son d’être par­ti­cu­lière de ce prix 2021.

Prix X Impact Tech 2021

Anne-Christelle Reinert-Roffé, peux-tu nous présenter ta promotion de l’Executive Master ?

ACRR : La pro­mo­tion 3 de l’Executive Mas­ter est com­po­sée de 30 élèves. Nous avons entre dix et vingt-cinq ans d’expérience pro­fes­sion­nelle et avons évo­lué aus­si bien dans le sec­teur public ou pri­vé, dans dif­fé­rents types d’industrie (ser­vices, métal­lur­gie, banque, infor­ma­tique, luxe, phar­ma­cie, musique…), en France et à l’international. Nos pro­fils sont variés, allant de par­cours cor­po­rate à des par­cours plus entre­pre­neu­riaux, nous par­ta­geons tous une très grande curio­si­té pour l’innovation.
Le par­tage d’expérience plu­rielle fait la richesse de la promotion.

Comment s’est fait le choix du thème en faveur de l’entrepreneuriat au féminin ?

ACRR : Le choix s’est fait assez natu­rel­le­ment. Avec mon par­cours entre­pre­neu­rial, j’ai pu appré­hen­der et vivre la dif­fi­cul­té d’être entre­pre­neur au fémi­nin d’une part et d’autre part, au sein de la pro­mo­tion de l’Executive Mas­ter, nous n’étions que cinq femmes, ce qui est encore peu et reste – mal­heu­reu­se­ment – repré­sen­ta­tif de ce que nous vivons au quo­ti­dien dans nos entre­prises res­pec­tives. Nous vou­lons don­ner cette année une meilleure repré­sen­ta­tion des femmes dans le prix X‑Impact Tech et par là sim­pli­fier l’accès à l’entrepreneuriat.

Et vous, Christel Heydemann, en tant que marraine de la promotion, quel sens donnez-vous à ce prix ?

CH : Par-delà l’engagement pour l’entrepreneuriat au fémi­nin, le prix en lui-même m’intéresse. Je suis convain­cue que la tech­no­lo­gie a beau­coup à appor­ter sur les enjeux de chan­ge­ment cli­ma­tique, de tran­si­tion ali­men­taire, dans le domaine de la san­té, en défi­ni­tive dans les domaines de recherche des labos de l’X. Faire rayon­ner l’innovation poly­tech­ni­cienne au sens large dans une logique d’impact, avec une orien­ta­tion mar­quée en faveur de plus de diver­si­té, est pour moi un enga­ge­ment assez naturel.

Quelle est selon vous l’importance sociétale du soutien à l’entrepreneuriat au féminin ?

CH : Même si je n’évolue pas direc­te­ment dans un envi­ron­ne­ment d’entrepreneurs, je vois à quel point les équipes diverses sont beau­coup plus inno­vantes et effi­caces. Je tra­vaille beau­coup à atti­rer les femmes vers la tech­no­lo­gie et les métiers tech­niques. Beau­coup d’études montrent que, du côté des inves­tis­seurs ou des entre­pre­neurs, il reste beau­coup de choses à faire pour valo­ri­ser les femmes entrepreneures.

Comment expliquez-vous que les investisseurs ne repèrent pas suffisamment l’entrepreneuriat au féminin ?

CH : Je pense qu’il y a beau­coup de femmes entre­pre­neures mais il y en a moins dans la tech. Aujourd’hui, des fonds d’investissement éta­blissent leur axe de dif­fé­ren­cia­tion sur la diver­si­té, car les sta­tis­tiques montrent la réus­site des équipes diver­si­fiées ou des entre­pre­neures fémi­nines. Nous sommes sur des sujets à la fois socié­taux, tech­no­lo­giques et économiques.

ACRR : Dans la tech ou l’innovation, il n’y a que 10 % des femmes entre­pre­neures. Il existe encore beau­coup d’idées reçues sur la place des femmes dans la tech. Plus il y aura de repré­sen­ta­tion des femmes dans la tech, moins il y a aura de sté­réo­types de genre ren­con­trés encore trop sou­vent dans les contacts avec les ban­quiers ou auprès de fonds. Nous sou­hai­tons aus­si que cet accès des femmes à la tech et aux inves­tis­seurs soit ren­du plus simple. Être entre­pre­neur, qu’on soit homme ou femme, ça s’apprend, ça se tra­vaille et ça ne doit pas être gen­ré. L’idée de ce prix, qui est assor­ti d’un men­to­rat et d’un coa­ching, c’est de flui­di­fier, de sim­pli­fier et d’ac­com­pa­gner la démarche entre­pre­neu­riale, de bout en bout.

Christel, en tant que polytechnicienne, votre diplôme vous a‑t-il aidé dans votre carrière à faire entendre votre voix ? N’y a‑t-il pas une importance sociétale dans le fait que l’Executive Master de l’X porte ce prix ?

CH : Il est sûr que le diplôme de Poly­tech­nique donne – en France – un cré­dit confiance impor­tant dans le regard des autres. Nous avons moins à prou­ver lorsqu’on sort d’une grande école. Pen­dant long­temps, je n’ai pas vu d’enjeu à faire pro­gres­ser les femmes dans l’entreprise, parce que je ne voyais pas vrai­ment de bar­rière. Mais, lorsque je suis deve­nue DRH d’Alcatel, je me suis ren­du compte que c’était un véri­table sujet. J’ai consta­té à quel point hommes et femmes n’avaient pas du tout les mêmes façons de réagir, de deman­der, d’avoir de l’ambition. Et j’ai aus­si expé­ri­men­té qu’une entre­prise ne peut pas atti­rer les talents si elle ne consti­tue pas des équipes diver­si­fiées. Or, comme nous sommes dans un monde très com­pé­ti­tif pour aller cher­cher des talents, il est néces­saire de déve­lop­per une culture d’entreprise qui attire les meilleurs, les femmes comme les hommes, et la diver­si­té des pro­fils en général.

ACRR : Nous vou­lons por­ter cette approche tech­no­lo­gique avec un impact socié­tal dans l’excellence aca­dé­mique de l’École poly­tech­nique. La par­ti­cu­la­ri­té du prix X‑Impact Tech, c’est que les dix can­di­dats rete­nus pour pit­cher vont être coa­chés pen­dant deux mois pour les aider à tra­vailler leur pré­sen­ta­tion orale et écrite, à aller cher­cher des inves­tis­seurs. Nous avons consti­tué un jury repré­sen­ta­tif de cette démarche : des entre­pre­neures, des inves­tis­seurs (Poly­tech­nique Ven­tures, Idin­vest), des membres de comi­té exé­cu­tif. Les lau­réats seront men­to­rés pen­dant six mois sur dif­fé­rents types de sujets qui cor­res­pondent aux com­pé­tences de notre pro­mo­tion et aus­si des pré­cé­dentes, mises à dis­po­si­tion des lau­réats via un fichier de méta-com­pé­tences (com­pé­tences tech­niques, trans­ver­sales et expé­rien­tielles). L’autre spé­ci­fi­ci­té du prix réside dans la notion de conti­nui­té entre les pro­mo­tions. La pro­mo­tion 2 nous a pas­sé le relai à nous la pro­mo­tion 3, et nous sou­hai­tons trans­mettre cette dyna­mique du prix à la pro­mo­tion 4 pour ins­crire l’Executive Mas­ter, qui est une for­ma­tion encore jeune, dans l’écosystème de l’IP Paris et de l’innovation entrepreneuriale.

Qu’attendez-vous de la communauté polytechnicienne ?

CH : Pour nous, c’est impor­tant que les alum­ni connaissent l’existence du prix X‑Impact Tech et qu’ils en parlent à de jeunes entre­pre­neurs. Comme nous sommes dans la phase de levée de fonds, nous les invi­tons éga­le­ment à par­ti­ci­per à la col­lecte et à la relayer auprès de leurs réseaux.

ACRR : Nous aime­rions que la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne nous sou­tienne dans notre démarche et nous aide à l’inscrire dans la durée. Nous cher­chons aus­si à don­ner encore plus de cré­dit au prix en l’associant avec une entre­prise, un naming, qui atti­re­rait encore plus de candidatures.


Jean-Paul Cottet (74), délégué général de la Fondation de l’École polytechnique

« Je tiens à saluer l’engagement des étu­diants de la 3e pro­mo­tion de l’Executive Mas­ter de l’X qui, à tra­vers le prix X‑Impact Tech, encou­ragent l’entrepreneuriat à fort impact socié­tal et l’entrepreneuriat fémi­nin. Ces thèmes sont chers à la Fon­da­tion qui ins­crit dans la durée son action en faveur de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. Je remer­cie celles et ceux qui ont d’ores et déjà fait un don pour finan­cer cette ini­tia­tive et j’invite ceux qui ne l’ont pas encore fait à prendre part à cet effort collectif. »


Se renseigner et soutenir :

https://don.fondationx.org/prix-x-impact-tech-2021

Voir les témoi­gnages des pre­miers lau­réats (pages 8 et 9)

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