L’eco-conception : un tour d’horizon

Dossier : Entreprise et environnementMagazine N°587 Septembre 2003Par : Serge SIDOROFF, Links Conseil, Gecob Conseil Environnement et Marc JANIN, responsable environnement-produit, Alstom Transport

ORIGINE, DÉFINITIONS

Dans les années soix­ante-dix, la réac­tion aux pre­miers grands acci­dents de pol­lu­tion a essen­tielle­ment été la recherche de procédés curat­ifs visant à traiter les pol­lu­tions en aval des proces­sus de production.

Déf­i­ni­tion de l’éco-conception
Approche sys­té­ma­tique et sys­témique per­me­t­tant de con­cevoir des pro­duits sat­is­faisant les besoins de la clien­tèle tout en réduisant les impacts envi­ron­nemen­taux de ces pro­duits sur l’ensem­ble de leur cycle de vie.

Dans les années qua­tre-vingt, cer­tains indus­triels sont passés du curatif au préven­tif (tech­nolo­gies “sobres et pro­pres”), pas­sant ain­si d’une atti­tude réac­tive à une atti­tude “proac­tive”, mais tou­jours cen­trée sur la phase de fabrication.

Dans la décen­nie suiv­ante s’est général­isée la prise en compte, dès la con­cep­tion, des impacts sur l’en­vi­ron­nement de l’ensem­ble du cycle de vie du pro­duit. Cette démarche a été bap­tisée “éco-con­cep­tion”.

Exemple de cycle de vie d’un produit

Les enjeux

Les exi­gences crois­santes subies par les entre­pris­es en matière d’en­vi­ron­nement, provenant tant de la clien­tèle que de la puis­sance publique, les con­duisent à inté­gr­er ce paramètre à la fois pour la ges­tion des sites de pro­duc­tion (mise en place de sys­tèmes de man­age­ment de l’en­vi­ron­nement) et pour le développe­ment des produits.

Dans des secteurs d’ac­tiv­ité comme les pro­duits élec­triques et élec­tron­iques ou l’au­to­mo­bile, la régle­men­ta­tion va prochaine­ment exiger des fab­ri­cants de pren­dre en charge la col­lecte et le traite­ment de leurs pro­duits en fin de vie. Une bonne antic­i­pa­tion facilit­era le recy­clage, la réu­til­i­sa­tion de cer­tains élé­ments, et per­me­t­tra de min­imiser les quan­tités de déchets ultimes.

Par ailleurs les exi­gences envi­ron­nemen­tales des clients sont de plus en plus fréquentes dans les appels d’of­fres, notam­ment pour les pro­duits industriels.

Chronologie d’une démarche d’éco-conception

Sché­ma­tique­ment, une démarche d’é­co-con­cep­tion se décom­pose en qua­tre points, que nous allons briève­ment pass­er en revue :

1) une prise de con­science ini­tiale qui se traduit par un engage­ment de la direc­tion et la déf­i­ni­tion d’une stratégie,
2) du bon sens mis au ser­vice d’une préoc­cu­pa­tion nouvelle,
3) une mobil­i­sa­tion de com­pé­tences et une acqui­si­tion de savoir-faire et d’outils,
4) la mise en place d’une veille envi­ron­nemen­tale tech­nologique et réglementaire.

L’ex­em­ple des trans­ports fer­rovi­aires : les exi­gences envi­ron­nemen­tales nordiques
Toute réponse à un appel d’of­fres d’un opéra­teur ou exploitant de réseau fer­rovi­aire danois, norvégien, sué­dois ou fin­landais doit respecter les spé­ci­fi­ca­tions du “Nordic Envi­ron­men­tal Man­u­al”, qui définit des exi­gences min­i­males de con­som­ma­tion d’én­ergie, de niveau de bruit, de vibra­tions, de champs élec­tro­mag­né­tiques, de con­som­ma­tions de ressources, d’emploi de sub­stances régle­men­tées, etc.

UNE PRISE DE CONSCIENCE INITIALE ET LA DÉFINITION D’UNE STRATÉGIE

On n’hérite pas la Terre de nos ancêtres,
mais on l’emprunte à nos enfants. 

Saint-Exupéry

Depuis la paru­tion reten­tis­sante, en 1972, du rap­port au Club de Rome inti­t­ulé The lim­its to growth, on peut dire que la prise en compte de l’en­vi­ron­nement dans l’ac­tiv­ité indus­trielle a été autant le fait des écol­o­gistes que des indus­triels eux-mêmes.

Aujour­d’hui, cette prise en compte est large­ment imposée par des oblig­a­tions régle­men­taires, en appli­ca­tion notam­ment du principe “pol­lueur-payeur” puis, plus récem­ment, du principe de pré­cau­tion et du respect des engage­ments nationaux tels que le pro­to­cole de Mon­tréal (non-emploi des CFC et autres gaz destruc­teurs de la couche d’o­zone) et de Kyoto (lim­i­ta­tion des émis­sions de gaz à effet de serre).

Cepen­dant, le strict respect des exi­gences régle­men­taires, atti­tude pure­ment réac­tive, est sou­vent moins effi­cace qu’une antic­i­pa­tion des évo­lu­tions régle­men­taires qui per­met de plan­i­fi­er les investissements.

Par ailleurs, les mesures de réduc­tion des impacts sur l’en­vi­ron­nement sont sou­vent “à dou­ble béné­fice” (économique et envi­ron­nemen­tal), notam­ment toutes les mesures visant à dimin­uer les con­som­ma­tions de matières pre­mières et d’énergie.

La façon dont un décideur va pren­dre con­science de l’in­térêt d’in­té­gr­er de façon proac­tive l’en­vi­ron­nement dans la stratégie de son entre­prise grâce à la mise en place d’une démarche d’é­co-con­cep­tion peut pren­dre des formes mul­ti­ples, illus­trées par les exem­ples ci-dessous.

La consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment en France

On con­state que le secteur rési­den­tiel et ter­ti­aire représente près de la moitié de la con­som­ma­tion d’én­ergie du pays, et près du quart des émis­sions de gaz car­bonique. Or cette con­som­ma­tion et cette émis­sion sont celles des bâti­ments lors de leur phase d’utilisation.

Quand on sait que les tech­niques per­me­t­tant de divis­er par deux ces valeurs sont par­faite­ment con­nues et maîtrisées, cela per­met de mesur­er les enjeux d’une poli­tique de réha­bil­i­ta­tion mas­sive du parc de bâti­ments exis­tants. L’é­co-recon­cep­tion des bâti­ments exis­tants passe donc en pri­or­ité par une diminu­tion de leurs con­som­ma­tions d’énergie.

La stratégie des pétroliers européens

Cer­taines com­pag­nies pétrolières européennes savent qu’elles ne doivent pas compter sur le pét­role, ressource fos­sile aux réserves lim­itées, pour main­tenir leur activ­ité à long terme. C’est pourquoi elles investis­sent depuis longtemps, notam­ment en France, dans les éner­gies renou­ve­lables, solaire ther­mique ou pho­to­voltaïque et plus récem­ment, éoli­enne, grâce à un tarif de rachat du kWh intéressant.

LE BON SENS AU SERVICE D’UNE PRÉOCCUPATION NOUVELLE

Les flux à pren­dre en compte à chaque étape du cycle de vie d’un produit
Entrants
Matières premières
Ressources énergétiques
Con­som­ma­tion d’e­space (util­i­sa­tion du sol)
Sor­tants
Émis­sions dans l’air
Émis­sions dans l’eau
Émis­sions dans le sol

Une fois définies les pri­or­ités envi­ron­nemen­tales et la stratégie de mise en place d’une démarche d’é­co-con­cep­tion, la pre­mière mesure con­crète est de per­me­t­tre à la créa­tiv­ité des salariés, mais aus­si des clients, de s’ex­primer. Les pre­miers pour­ront être con­viés à une présen­ta­tion de la nou­velle stratégie envi­ron­nemen­tale pro­duits de l’en­tre­prise et à une for­ma­tion sur les ques­tions envi­ron­nemen­tales liées aux pro­duits dont ils ont la charge, tan­dis que les sec­onds pour­ront faire l’ob­jet d’une enquête de sat­is­fac­tion com­por­tant un volet “envi­ron­nement”.

Quelques exem­ples mon­trant que l’é­co-con­cep­tion est sou­vent au départ affaire de bon sens.

Les sociétés de vente par correspondance

Quelles sont les marges de manœu­vre à la dis­po­si­tion de “l’é­co-con­cep­teur” ?

1. Choix de matéri­aux peu impac­tants.
Moins toxiques
Renouvelables
Peu énergivores
Recyclés
Recyclables

2. Réduc­tion de l’emploi de matériaux
Réduc­tion de la masse
Réduc­tion du volume

3. Emploi de tech­niques pro­pres de production
Moins d’é­tapes de production
Moin­dre con­som­ma­tion d’énergie
Moin­dre pro­duc­tion de déchets (dan­gereux ou non valorisables)

4. Opti­mi­sa­tion du sys­tème de distribution
Embal­lages réu­til­is­ables, plus pro­pres, moins nom­breux, moins volumineux
Modes de trans­port moins éner­gi­vores, moins polluants

5. Réduc­tion de l’im­pact de la phase d’utilisation
Moins de con­som­ma­tion énergétique
Sources d’én­ergie plus propres
Moins d’én­ergie non renouvelable

6. Accroisse­ment de la durée de vie des produits
Dura­bil­ité et fiabilité
Main­te­nance et répa­ra­tion facilitées
Struc­ture mod­u­laire des produits
Fort lien pro­duit-con­som­ma­teur (valeur d’es­time élevée)

7. Opti­mi­sa­tion des traite­ments en fin de vie
Désassem­blage des con­sti­tu­ants facilité
Pos­si­bil­ité de réutilisation
Pos­si­bil­ité de “refab­ri­ca­tion” ou remise à neuf
Pos­si­bil­ité de recy­clage des matéri­aux (facil­ité par le mar­quage des pièces)
Inc­inéra­tion plus propre

8. Opti­mi­sa­tion des fonc­tions du produit
Dématéri­al­i­sa­tion produit-service
Partage entre plusieurs utilisateurs
Inté­gra­tion de nou­velles fonctions
Opti­mi­sa­tion fonc­tion­nelle des produits

Les prin­ci­paux impacts sur l’en­vi­ron­nement de l’ac­tiv­ité de vente par cor­re­spon­dance sont dus à la fab­ri­ca­tion des cat­a­logues et à la livrai­son des col­is. Les mesures d’é­co-con­cep­tion ont alors porté sur :

  • les pig­ments des encres d’im­pres­sion et le blanchi­ment du papi­er des catalogues,
  • la mod­erni­sa­tion du parc de camions, un entre­tien plus strict (con­trôles tech­niques avec réglages antipol­lu­tion), la for­ma­tion des chauf­feurs à la con­duite économe, la recherche de trans­ports moins pol­lu­ants, etc.

Les emballages de lessive

Les lessives liq­uides sont ven­dues en fla­cons plas­tique rigides de 3 à 5 litres, conçus pour faciliter leur manu­ten­tion (bou­chons doseurs, cols anti-coulures, etc.).

Le fla­con a une durée de vie tech­nique très élevée par rap­port au temps d’u­til­i­sa­tion de son con­tenu, d’où l’idée de pro­pos­er des “éco-recharges” en plas­tique sou­ple de masse très faible com­parée à celle du fla­con rigide qui peut ain­si être util­isé beau­coup plus longtemps.

Les briques de boisson

Les briques de lait ou de jus de fruit sont conçues pour une préhen­sion facile (les pre­mières briques de lait étaient de forme tétraé­drique mal­com­mode), mais aus­si pour opti­miser l’u­til­i­sa­tion de la place offerte par les camions de livraison.

Cette opti­mi­sa­tion a con­duit cer­tains fab­ri­cants à pro­pos­er des briques de forme légère­ment mod­i­fiée afin de max­imiser le vol­ume de liq­uide trans­porté par palette.SortantsÉmissions dans l’airÉmis­sions dans l’eauÉmis­sions dans le sol

MOBILISER LES COMPÉTENCES, ACQUÉRIR SAVOIR-FAIRE ET OUTILS

Mobiliser les compétences

Chaque acteur prin­ci­pal de l’équipe pro­jet a un rôle à jouer :

  • le mar­ke­teur iden­ti­fie les besoins des clients et repère les actions des con­cur­rents (bench­mark­ing envi­ron­nemen­tal),
  • le con­cep­teur intè­gre les spé­ci­fi­ca­tions envi­ron­nemen­tales du mar­ket­ing et joue un rôle cen­tral dans la recherche de com­pro­mis et d’innovations,
  • l’a­cheteur est chargé de la sen­si­bil­i­sa­tion envi­ron­nemen­tale des four­nisseurs et assure la veille tech­nologique environnementale.


L’é­co-con­cep­tion néces­site égale­ment des rela­tions étroites avec les four­nisseurs (amont) et les acteurs inter­venant en fin de vie, comme les col­lecteurs et les recy­cleurs (aval).

Acquérir savoir-faire et outils

L’é­co-con­cep­tion néces­site des con­nais­sances à la fois sur le pro­duit (cycle de vie, sub­stances, régle­men­ta­tion, exem­ples réus­sis) et sur le proces­sus (mod­èles de struc­ture, règles essen­tielles, outils).

Ces con­nais­sances devront être traduites par l’ex­pert en éco-con­cep­tion et trans­mis­es à l’équipe qui devra, avec son aide, s’ap­pro­prier pro­gres­sive­ment la démarche. Cet expert n’a pas de local­i­sa­tion typ­ique : il peut être incar­né dans un mem­bre du ser­vice envi­ron­nement, un con­cep­teur “senior” (interne) ou un con­sul­tant (externe). Il est par con­tre impor­tant que :. cette exper­tise soit facile­ment acces­si­ble à l’équipe pro­jet,. tous ses mem­bres soient sen­si­bil­isés aux ques­tions d’en­vi­ron­nement,. l’équipe accepte et intè­gre les out­ils et les choix de conception.

QUELS OUTILS ?

Deux types d’outils seront utiles à l’équipe projet :

  • des out­ils d’analyse, per­me­t­tant d’é­val­uer l’im­pact envi­ron­nemen­tal d’un pro­duit et d’i­den­ti­fi­er ses points faibles,
  • des out­ils de syn­thèse per­me­t­tant d’aider l’équipe à trou­ver les options d’amélio­ra­tions du produit.

Outils d’évaluation de l’impact environnemental d’un produit (analyse)

Évaluation quantitative

  • Analyse du cycle de vie (ACV) : 4 étapes (normes ISO 14040 à 14043).
    Pour l’é­tape d’é­val­u­a­tion, il n’y a pas de con­sen­sus, et plusieurs méth­odes mul­ti­critères coex­is­tent : agrégées par pondéra­tion : EPS (S), Eco­points (CH), Eco-indi­ca­tors 95 et 99 (NL) ou non agrégées : CML (NL).
    Plusieurs logi­ciels d’aide à l’é­co-con­cep­tion sont basés sur des cal­culs d’ACV : EIME et TEAM (France), SimaPro (Pays-Bas), Gabi (Alle­magne), KCL ECO (Fin­lande).
  • ACV sim­pli­fiée : monoé­tape (exem­ple : inven­taire des émis­sions) ou mon­ocritère (exem­ple : con­tenu énergé­tique, sans évaluation).

Évaluation semi-quantitative

Éval­u­a­tion sim­pli­fiée et quan­ti­ta­tive du cycle de vie (ESQCV) (MEDD/Afnor).

Évaluation qualitative.

  • Matri­ces : Ademe1 (F), MET (NL).
    Tableaux prenant en compte plusieurs critères d’é­val­u­a­tion et plusieurs phas­es du cycle de vie du pro­duit. Pour chaque cel­lule de la matrice, don­nées chiffrées à ren­seign­er ou don­nées qual­i­ta­tives (unique­ment des matéri­aux sans indi­ca­tion de leurs mass­es, par exemple).
  • Indice écologique : Indice Eco de Renault (pour les emballages).
    Plusieurs critères sont regroupés en class­es. Des pénal­ités sont attribuées en fonc­tion de la sit­u­a­tion par rap­port à l’en­vi­ron­nement : de favor­able à insatisfaisante.
    Le cal­cul de l’indice ECO est égal à 100 — S pénalités.
  • Check-lists : listes de ques­tions dont les répons­es sont notées, par exem­ple sur une échelle à trois niveaux (bon, accept­able ou besoin d’agir).
  • Listes de sub­stances : listes de VOLVO (S) — Noire (sub­stances inter­dites), Grise (à éviter) ou Blanche (recom­mandées).

Outils d’amélioration (synthèse)

Normes.

L’APEDEC
L’As­so­ci­a­tion pro­fes­sion­nelle d’ex­perts pour le développe­ment de l’é­co-con­cep­tion a pour ambi­tion de regrouper l’ensem­ble des experts français tra­vail­lant dans le domaine de l’é­co-con­cep­tion, qu’ils soient con­cep­teurs, enseignants ou chercheurs.
Son prin­ci­pal objec­tif est d’of­frir un espace de réflex­ion et de tra­vail col­lec­tif sur les métiers et les pra­tiques liés à l’é­co-con­cep­tion afin de con­tribuer à en définir le cadre con­ceptuel, méthodologique et déon­tologique et à en pro­mou­voir les bonnes pra­tiques, notamment :
— en inter­venant lors des débats ou col­lo­ques liés à la qual­ité écologique des produits,
— en dévelop­pant dif­férents out­ils de sen­si­bil­i­sa­tion, de veille et de formation.
www.apedec.org

  • Normes nationales ou inter­na­tionales : FD X30-310, ISO TR 14062.
  • Normes internes d’en­tre­pris­es : déf­i­ni­tions, principes généraux, préconisations.

Guides ou recommandations

Recom­man­da­tions pour l’équipe projet.

  • Guides généraux : guide de l’Ademe “90 exem­ples d’éco-conception”.
  • Guides internes d’en­tre­prise : Philips, “Point of no return”.

Check-lists

Listes de ques­tions per­me­t­tant d’imag­in­er des voies d’amélioration.

  • Eco-Wheel (H. Brezet, TU Delft).
  • Prod­uct Improve­ment Matrix (AT&T).

Logiciels.

  • DfE (Design for Environment).
  • DfD (Design for Disassembly).
  • DfR (Design for Recycling).


Face à une telle pro­fu­sion, la ques­tion qui vient à l’e­sprit est : quel(s) outil(s) choisir ? En bonne maïeu­tique, on répon­dra à cette ques­tion par… une série de ques­tions, à se pos­er à chaque étape :

  • qui utilis­era l’outil et pourquoi ?
  • de quelles infor­ma­tions aura-t-il besoin ? en dis­pose-t-il à cette étape ?
  • dis­pose-t-il des com­pé­tences nécessaires ?
  • quels résul­tats sont atten­dus ? sous quelle forme ?
  • ces résul­tats seront-ils exploita­bles par l’intéressé ?

LA MISE EN PLACE D’UNE VEILLE ENVIRONNEMENTALE TECHNOLOGIQUE ET REGLEMENTAIRE

EN RÉSUMÉ, L’ÉCO-CONCEPTION IMPLIQUE.…

Une vision à moyen ou long terme : penser à l’u­til­i­sa­tion et à la fin de vie des produits.
Une rela­tion plus étroite avec ses four­nisseurs (co-con­cep­tion).
Une mobil­i­sa­tion de tous les ser­vices con­cernés : bureau d’é­tudes, mar­ket­ing, achats, méth­odes, indus­tri­al­i­sa­tion… (con­cur­rent engineering).
Une sen­si­bil­i­sa­tion envi­ron­nemen­tale de tout le personnel.
Une démarche d’amélio­ra­tion continue.
Une veille envi­ron­nemen­tale tech­nique et réglementaire.
 
La phase de con­cep­tion d’un pro­duit est le vecteur per­ti­nent de l’in­té­gra­tion de l’en­vi­ron­nement dans l’en­tre­prise car :
80 % des nui­sances d’un pro­duit sur son cycle de vie y sont déterminées,
90 % des coûts y sont engagés,
10 % des dépens­es y sont réelle­ment effectuées.
 

La mise en place d’une démarche d’é­co-con­cep­tion per­met à une entreprise :
d’amélior­er son image de marque,
de réduire ses coûts,
d’amélior­er la qual­ité de ses produits,
de respon­s­abilis­er son per­son­nel,. d’innover.

La veille tech­nologique peut être assurée par l’a­cheteur pour les ques­tions amont, par les con­cep­teurs pour l’in­no­va­tion, par le mar­ke­teur pour le suivi des con­cur­rents. La veille régle­men­taire peut être assurée par le ser­vice envi­ron­nement ou le ser­vice juridique. Inter­net est un out­il pré­cieux dans tous les cas de fig­ure, et même un con­sul­tant peut par­fois s’avér­er utile ! L’ef­fi­cac­ité de cette veille est essen­tielle : l’ap­pari­tion de tech­nolo­gies de rup­ture est fréquente sur les procédés éner­gi­vores ou pol­lu­ants, et elles con­stituent à la fois des oppor­tu­nités et des men­aces si les con­cur­rents les adoptent les premiers.

Citons en vrac la catal­yse enzy­ma­tique et les solvants super­cri­tiques en chimie fine et en agroal­i­men­taire, les vit­rages clairs peu émis­sifs et à faible fac­teur solaire dans le bâti­ment, l’é­clairage par diodes élec­tro­lu­mi­nes­centes blanch­es à 95 % d’ef­fi­cac­ité lumineuse, etc.

La veille doit bien sûr porter égale­ment sur les don­nées envi­ron­nemen­tales des process amont, aval et concurrents.

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

La dif­fu­sion de la démarche d’é­co-con­cep­tion se heurte à divers obsta­cles qui devront être abor­dés cha­cun à leur niveau :. l’in­com­préhen­sion ou la mécon­nais­sance de cer­tains enjeux par les décideurs (régle­men­ta­tion, oppor­tu­nités con­cur­ren­tielles, baisse de coûts),. la per­cep­tion d’une oppo­si­tion entre l’é­co-con­cep­tion et la logique com­mer­ciale,. l’in­suff­i­sance de con­nais­sances, le manque de savoir-faire,. le manque de con­sen­sus dans les méth­odes d’é­val­u­a­tion envi­ron­nemen­tale,. le manque de normes et de guides de con­cep­tion,. les nom­breuses incer­ti­tudes sur les acteurs con­cernés, les échelles tem­porelles, l’évo­lu­tion des tech­nolo­gies, l’é­conomie des fil­ières de fin de vie.La régle­men­ta­tion évolu­ant inéluctable­ment dans le sens de l’é­co-con­cep­tion2, les indus­triels ont enfin tout intérêt à réa­gir de manière proac­tive, en antic­i­pant les exi­gences envi­ron­nemen­tales et en assur­ant une veille sur les tech­niques per­me­t­tant d’y par­venir au moin­dre coût.

BIBLIOGRAPHIE

Pra­ti­quer l’é­co-con­cep­tion,  L. Grisel et G. Duran­thon — Afnor col­lec­tion pra­tique — 2001.
Éco-con­cep­tion,  mod­ule de sen­si­bil­i­sa­tion ADEME — www.ademe.fr
Éco-con­cep­tion,  J. Vigneron, J.-F Pat­in­gre, S. Sido­roff, P. Schiess­er et al. — Édi­tions Eco­nom­i­ca, Paris, 2001.
Vers une écolo­gie indus­trielle,  Suren Erk­man — Édi­tions Charles Léopold May­er, 1998.
Fac­teur 4,  E. U. von Weizsäck­er, A. Lovins et L. H. Lovins — Édi­tions Terre vivante, 1997–2000.
Notre empreinte écologique, M. Wack­er­nagel et W. Rees — Édi­tions Écoso­ciété, 1999 www.wwf.fr
Con­cep­tion des pro­duits et envi­ron­nement : 90 exem­ples d’é­co-con­cep­tion  — Ademe Édi­tions, 1999.

 
_____________________________
1.
ADEME : Agence de l’en­vi­ron­nement et de la maîtrise de l’énergie.
2. Plusieurs direc­tives européennes récem­ment adop­tées désig­nent le pro­duc­teur comme respon­s­able de ses pro­duits en fin de vie : direc­tive VHU 2000/53/CE (traite­ment des véhicules hors d’usage). Direc­tive DEEE 2002/96/CE (traite­ment des déchets d’équipements électr(on)iques, ou règle­mente l’emploi de cer­taines sub­stances : direc­tive LSD 2002/95/CE (lim­ite de l’emploi de sub­stances dans les équipements électr(on)iques. Une autre direc­tive sur l’é­co-con­cep­tion des pro­duits électr(on)iques est en pré­pa­ra­tion : direc­tive EUP (Ener­gy Using Products).

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