Le secteur automobile, moteur de l’innovation

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°765 Mai 2021
Par Olivier MATHIEU

Olivi­er Math­ieu, Prod­uct Inno­va­tion Man­ag­er au sein de Rogers Cor­po­ra­tion, nous par­le de l’importance de la fil­ière auto­mo­bile pour son entre­prise tout en détail­lant les car­ac­téris­tiques de ses pro­duits qui se dis­tinguent par leur fia­bil­ité et robustesse.

Qu’est-ce qui caractérise vos solutions ?

Nous pro­posons des matéri­aux de haute per­for­mance pour des appli­ca­tions exigeantes. Les strat­i­fiés hautes fréquences se dis­tinguent par la qual­ité des matéri­aux qui com­posent leur résine isolante. Nous sommes capa­bles de con­trôler et de garan­tir la sta­bil­ité des pro­priétés diélec­triques, ther­miques et mécaniques de la résine grâce à l’ajout de charges et de fibres de verre. La qual­ité du cuiv­re, notam­ment sa rugosité de sur­face, est égale­ment déter­mi­nante pour per­me­t­tre un meilleur con­trôle de la con­stante diélec­trique et des pertes d’insertions. Ces paramètres sont cri­tiques pour la réal­i­sa­tion de cir­cuits hautes fréquences.

Par ailleurs, les bus­bars lam­inés sont util­isés dans des ond­uleurs de puis­sance afin de con­necter les dif­férents mod­ules avec les con­den­sa­teurs tout en amélio­rant l’efficacité glob­ale du sys­tème grâce à leur faible induc­tance par­a­site. Ils se car­ac­térisent égale­ment par leur struc­ture rigide qui con­stitue un avan­tage lors de l’assemblage.

Enfin, les sub­strats céramiques avec métalli­sa­tion en cuiv­re de type Direct Bond­ing Cop­per (DBC) et Active Met­al Braz­ing (AMB) per­me­t­tent de dis­siper effi­cace­ment les pertes issues des com­posants semi-con­duc­teurs. De plus, ces sub­strats ont un coef­fi­cient de dilata­tion ther­mique très proche de celui des matéri­aux semi-con­duc­teurs ce qui con­fère aux assem­blages une excel­lente tenue en cyclage ther­mique et une plus grande durée de vie.

Le secteur automobile se positionne de plus en plus comme un marché stratégique pour Rogers Corporation. Qu’en est-il ?

His­torique­ment, nos pro­duits sont des­tinés aux marchés plus tra­di­tion­nels tels que les éner­gies renou­ve­lables, les com­presseurs de cli­ma­ti­sa­tion, les ascenseurs et l’automatisation des robots. Avec l’émergence de la mobil­ité élec­trique et de la con­duite autonome, la demande du secteur auto­mo­bile en ter­mes de con­ver­sion de puis­sance et de con­nec­tiv­ité n’a cessé de croître. La part des com­posants semi-con­duc­teurs et des sys­tèmes élec­tron­iques dans les véhicules est en con­stante aug­men­ta­tion, ce qui a ren­for­cé notre présence dans le secteur auto­mo­bile, qui est devenu un moteur de l’innovation au sein de Rogers Corporation.

Plus particulièrement, qu’est-ce que cela implique en termes d’innovation ?

Les topolo­gies et les méth­odes d’assemblage et d’interconnexion des semi-con­duc­teurs doivent être repen­sées et opti­misées pour les besoins spé­ci­fiques de l’industrie auto­mo­bile qui requiert des solu­tions légères, peu volu­mineuses et adapt­a­bles aux dif­férents mod­èles de véhicules. Cer­tains fab­ri­cants auto­mo­biles font appel aux semi-con­duc­teurs de nou­velle généra­tion tels que le car­bu­re de sili­ci­um afin de réalis­er des solu­tions plus com­pactes pour les mod­èles pre­mi­um. D’autres optent pour des semi-con­duc­teurs tra­di­tion­nels à base de sili­ci­um quand ceux-ci sont suff­isants pour attein­dre l’autonomie souhaitée et min­imiser le temps de recharge des bat­ter­ies. De nou­veaux sub­strats céramiques à base de nitrure de sili­ci­um ont été intro­duits sur le marché pour répon­dre aux exi­gences accrues en ter­mes de per­for­mance et de fia­bil­ité. D’autres solu­tions sont en cours de développe­ment soit pour élever le niveau de per­for­mance, soit pour aug­menter la robustesse des sys­tèmes, mais tou­jours avec un objec­tif de réduc­tion des coûts du sys­tème glob­al. À terme, ces solu­tions vont con­verg­er vers un stan­dard opti­misé en per­for­mance et en coût. Nous par­ticipons aux dis­cus­sions en cours entre les acteurs de la fil­ière auto­mo­bile pour faciliter cette transition.

Comment avez-vous appréhendé l’impact de la crise sanitaire sur le secteur automobile ?

Plusieurs crises se sont suc­cédé ces dernières années et ont désta­bil­isé le marché auto­mo­bile : la crise com­mer­ciale entre la Chine et les États-Unis, la crise du Brex­it et récem­ment la crise san­i­taire. Mal­gré la baisse des ventes glob­ales d’environ 25 % en 2020, les ventes de véhicules élec­triques et hybrides ont aug­men­té. Cela nous a poussés à accroître nos capac­ités de pro­duc­tion et à rac­cour­cir nos cycles de développe­ment. Nous con­sid­érons que le futur du secteur auto­mo­bile sera étroite­ment lié aux véhicules de nou­velle généra­tion (élec­triques, hybrides, autonomes…).

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