Le Général de NOMAZY, DG de l'Ecole polytechnique

Le nouveau directeur général de l’X

Dossier : ExpressionsMagazine N°558 Octobre 2000

Quelles sont les fonctions que vous occupiez à la veille de devenir directeur général de l’X ?

Quelles sont les fonctions que vous occupiez à la veille de devenir directeur général de l’X ?

J’étais inspecteur des Arme­ments nucléaires. J’étais chargé, sous l’autorité directe du prési­dent de la République, de véri­fi­er l’application des mesures de con­trôle gou­verne­men­tal et, sous l’autorité du min­istre de la Défense, de l’inspection en matière de sécu­rité nucléaire, des sys­tèmes d’armes et réac­teurs mil­i­taires nucléaires.

Vous faites partie de l’armée de l’air, ce qui est rarissime pour un directeur général de l’X. Est-ce que vous avez l’impression qu’il y a des différences d’état d’esprit entre les militaires de l’armée de l’air et ceux de l’armée de terre ?

Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il y ait des dif­férences d’état d’esprit. Il y a des dif­férences qui sont dues à nos métiers. Au bout de vingt ou trente ans, un méti­er forme ou déforme. Par exem­ple, je crois que le méti­er de pilote de chas­se qui a été le mien pen­dant la pre­mière par­tie de ma car­rière apporte for­cé­ment le goût de la déci­sion rapi­de, le goût du risque cal­culé, le goût de l’initiative. Par ailleurs, ma car­rière m’a con­duit à être au con­tact des tech­nolo­gies mod­ernes, tout au moins de celles que l’on trou­ve dans l’aéronautique, l’espace et le nucléaire, qui sont mes pre­miers domaines de compétence.

Vous n’avez pas fait Polytechnique. Est-ce que vous pensez que c’est un handicap (pour connaître l’École et pour se faire accepter par la communauté polytechnicienne) ou un atout (pour apporter un regard neuf) ou encore que ça n’a aucune importance ?

Je ne suis pas en mesure de répon­dre à cette ques­tion ! En tout cas, les anciens directeurs de l’X m’ont dit que le fait d’avoir été élève de Poly­tech­nique ne leur avait pas beau­coup servi, parce que l’École d’aujourd’hui leur parais­sait très dif­férente de celle qu’ils avaient con­nue quand ils avaient vingt ans.

Vous venez d’arriver à la direction de l’École : quels sont les dossiers qui vous paraissent prioritaires ?

Pour moi, il y a deux dossiers fon­da­men­taux. Le pre­mier c’est la mise en oeu­vre de la réforme X 2000. Cette réforme ne passera bien que si elle rem­porte l’adhésion du corps enseignant.

À ce pro­pos, je voudrais dire toute l’estime que j’ai pour les enseignants. Ils font un méti­er dif­fi­cile mais pas­sion­nant : qu’y a‑t-il de mieux que de for­mer des jeunes, en par­ti­c­uli­er une élite ? Les enseignants sont par­fois décriés, mais il font un tra­vail remar­quable. D’ailleurs, la qual­ité du corps enseignant de l’X est recon­nue comme exceptionnelle.

Vous avez peur qu’ils soient tatillons sur l’application de la réforme ?

Non, je pense que ce sont des gens exigeants. Je n’essaierai cer­taine­ment pas d’imposer la réforme.

J’insiste sur l’importance de leur adhé­sion dans le proces­sus. Les grandes lignes sont décidées. Elles ont l’adhésion de la grande majorité d’entre eux. Il y a encore beau­coup de mesures à met­tre en oeu­vre : il nous faut y tra­vailler ensemble.

Vous avez annoncé deux dossiers fondamentaux. La réforme de l’enseignement constitue le premier. Quel est le second ?

Général Gabriel de Nomazy
Né le 2 jan­vi­er 1947 à Montluçon (Alli­er).
1968–71 École​de l’air de Salon-de-Provence.
1971–75 pilote en escadrille (avion F100 à Toul
puis Mirage III E à Nancy).
1975–77 pilote et offici­er d’échange au sein d’une escadrille
au Cana­da (F5 à Chicoutimi).
1977–80 pilote en escadrille puis com­man­dant d’escadrille
(Mirage III E à Nancy).
1980–83 com­man­dant en sec­ond puis com­man­dant de l’escadron Nor­mandie-Niemen à Reims (Mirage F1C).
1983–86 com­man­dant en sec­ond puis com­man­dant d’escadre (Mirage F1C à Cambrai).
1986–87 École supérieure de guerre aérienne.
1987–91 chargé de mis­sion au cab­i­net du chef d’état-major
de l’armée de l’Air.
1991–93 com­man­dant de la base aéri­enne de Dijon (Mirage 2000).
1993–96 adjoint au chef de la divi­sion “ Emploi des forces ”
de l’état-major des armées.
1996–98 chef de la divi­sion “ Forces nucléaires ” de l’état-major des armées.
1998–2000 inspecteur des arme­ments nucléaires.
1er ao0t 2000 directeur général de l’École polytechnique.
Le général de Nomazy est mar­ié et père de qua­tre enfants.

Il s’agit du cen­tre de recherche. La notoriété de l’École poly­tech­nique, en France, n’est plus à faire. En revanche, comme les autres écoles français­es, elle est peu con­nue à l’étranger. Or, dans un monde qui s’ouvre, dans un monde où l’on con­stru­it l’Europe, dans un monde où se dévelop­pent des tech­nolo­gies de com­mu­ni­ca­tion qui comme Inter­net rap­prochent con­sid­érable­ment ses habi­tants, l’École doit mieux se faire con­naître. Le meilleur moyen, à mon avis, c’est d’avoir un grand cen­tre de recherche recon­nu inter­na­tionale­ment et per­for­mant. C’est le cas pour les grandes uni­ver­sités améri­caines. Je pense qu’il fau­dra ren­forcer encore au sein du cen­tre de recherche de l’X les tech­nolo­gies de pointe, notam­ment dans les domaines de l’informatique, de la biolo­gie et de l’optique.

Quel effet vous fait votre nomination à l’X ?

C’est un très grand hon­neur. En ter­mi­nale, j’avais un bon cama­rade, dont le père, le général Mahieux, était directeur général de l’X : c’était un poste qui sus­ci­tait l’admiration ! Je suis aus­si très heureux parce qu’aujourd’hui Poly­tech­nique est à un tour­nant et que j’aime met­tre en oeu­vre de grands projets.

Chaque directeur général apporte son style. Quel sera le vôtre ?

Je crois beau­coup à la direc­tion col­lé­giale. Un directeur doit savoir pren­dre des ori­en­ta­tions claires, mais il ne peut pas décider seul : aujourd’hui le monde est telle­ment com­plexe que per­son­ne ne peut tout savoir sur tout.

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