Le Corps du héros

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°526 Juin/Juillet 1997Par : Francis BERTHELOT (66)

Des for­mal­istes russ­es aux héri­tiers de l’analyse struc­turale, le héros de roman a per­du peu à peu sa dimen­sion char­nelle pour acquérir le statut de “ per­son­nage de papi­er ”, voire de pur signe lin­guis­tique. À l’encontre de cette évo­lu­tion, le pos­tu­lat de base adop­té ici est que son corps, pour fic­tif qu’il soit, a dans le plan de l’histoire une exis­tence, même si celle-ci n’est acces­si­ble au lecteur qu’au tra­vers des mots.

À par­tir de là, deux prob­lèmes se posent.

D’une part, quelle est, dans un frag­ment don­né de l’histoire, l’importance accordée au corps du héros ? Et de quelle manière le dis­cours rend-il compte de son incar­na­tion, de sa réal­ité organique ? Selon les cas, le regard et le juge­ment du lecteur seront modifiés.

D’autre part, le roman se dévelop­pant par entrelacs de trois grands modes d’expression – la descrip­tion, la nar­ra­tion et le dia­logue –, le corps des per­son­nages con­di­tionne cha­cun d’eux d’une manière bien spé­ci­fique. Est-il vu de l’intérieur ? de l’extérieur ? Sert-il de révéla­teur à l’espace ? au temps ? De quelle sub­stance est faite sa voix ? Com­ment les corps de deux per­son­nages inter­agis­sent- ils ? Autant de ques­tions qui cer­nent la ren­con­tre qui s’effectue vrai­ment : celle de l’auteur et du lecteur.

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