Ebéniste au travail

Le bois dans l’aménagement intérieur, en particulier dans l’ameublement.

Dossier : Le boisMagazine N°578 Octobre 2002Par : François PLASSAT, chargé de mission - pôle ameublement Centre technique du bois et de l'ameublement

Matéri­au de vieille tra­di­tion paysanne puis arti­sanale dans l’amé­nage­ment glob­al puis intérieur des habi­tats français, le bois appa­raît facile­ment comme une valeur sûre, aus­si fon­da­men­tale que la pierre, la terre, le lait ou le pain, si l’on con­sid­ère l’ac­cu­mu­la­tion du pat­ri­moine de struc­tures, de menuis­eries, de meubles, de déco­ra­tion qu’il con­stitue dans les musées, vieilles demeures et châteaux, dans les salles des ventes ou chez les anti­quaires, et l’im­por­tance qu’il peut avoir dans nos pro­pres intérieurs, anciens ou mod­ernes. On imag­ine facile­ment les sil­lons anciens et pro­fonds d’ami­tié et de con­vivi­al­ité qu’il a dû graver dans notre incon­scient pour que nous le désiri­ons tou­jours aus­si implicitement.

En 1997, Jacque­line Viaux Loc­quin, intro­duisant son livre remar­quable1 sur les traces his­toriques du bois dans les meubles Les bois d’ébénis­terie dans le mobili­er français osait cette évi­dence : ” le matéri­au le plus impor­tant dans le meu­ble est le bois “. Par ce rac­cour­ci péremp­toire d’une longue étude his­torique des bois util­isés dans le meu­ble, elle sig­nifi­ait le règne absolu du bois dans nos intérieurs depuis tou­jours, sug­gérant par là une prob­a­ble péren­nité de cette hégé­monie. On peut cepen­dant se pos­er des ques­tions sur cette probabilité.

Des racines artisanales profondes

À l’o­rig­ine le char­p­en­tier tra­vail­lant le bois mas­sif en pièces menues pour en faire des meubles s’est appelé ” huchi­er “, puis ” menuisi­er “. Son savoir-faire a évolué à par­tir de 1670 vers un tra­vail glob­al inclu­ant l’ébénis­terie, c’est-à-dire la plaque de feuil­lets minces de bois pré­cieux scié (aujour­d’hui le placage) sur une struc­ture en bois menuisé (tech­nique importée de la Renais­sance ital­i­enne, ” intar­sia ”). Une scis­sion s’est alors pro­duite entre les extrêmes : les durs ” menuisiers ” et les purs ” ébénistes “, qui ont tou­jours d’ailleurs leurs incon­di­tion­nels respec­tifs, à côté d’un cen­tre con­sen­suel d’ar­ti­sans qui font l’un ou l’autre méti­er, ou les deux.


© C.T.B.A.

Néan­moins, de nos jours, l’ar­ti­san menuisi­er-ébéniste (ou plus com­muné­ment, par un amal­game tacite­ment accep­té, l’ébéniste), qui per­pétue dis­crète­ment mais farouche­ment la tra­di­tion du meu­ble en bois ou plaqué bois, reste le témoin actuel de nos habi­tudes ances­trales de nous meubler en bois, et tient à main­tenir son équili­bre dans l’en­vi­ron­nement com­mer­cial lourd et tapageur des meubles de série pour tous.

Ceux qui ont survécu aux crises du pou­voir d’achat se por­tent rel­a­tive­ment bien, grâce à une fidél­ité aux règles tech­niques, à la rareté de l’of­fre de ” sur mesure “, et à leur clien­tèle fidèle de prox­im­ité qui mise beau­coup sur la con­fi­ance, le rap­port humain et la qual­ité. Leur avenir à long terme dépend large­ment d’une volon­té poli­tique de reval­oris­er le méti­er et son appren­tis­sage, afin de préserv­er et de péren­nis­er la ressource irrem­plaçable de savoir-faire fon­da­teur qu’il représente — véri­ta­ble poule aux œufs d’or — face à des fran­chis­es com­mer­ciales qui en détour­nent l’im­age pour embel­lir la leur.

Soutenu par les pou­voirs publics et accom­pa­g­né tech­nique­ment par le Cen­tre tech­nique du bois et de l’ameuble­ment (CTBA), le label AEF ” Arti­sans Ébénistes de France ” est venu à temps (1993) pour assur­er aux meilleurs d’en­tre eux une notoriété locale, à l’in­star de l’ap­pel­la­tion ” Arti­san boulanger ” qui, elle, est pro­tégée par décret, le meu­ble ” à la française ” valant bien le pain français, qui comme on sait est le meilleur du monde quand il est fait dans les règles de l’art.

Importance du bois dans le secteur, concurrence

La part du bois dans le meuble : un ratio, un coût d’achat

Bizarrement, aucune sta­tis­tique fiable ne donne directe­ment une idée exacte de la part du bois dans l’ameuble­ment français arti­sanal et indus­triel. D’ailleurs cela a‑t-il un sens, et pour qui ? Cela intéresse au moins les ges­tion­naires de la fil­ière bois de savoir s’il est en bonne place, sta­ble ou en évo­lu­tion, mais les fab­ri­cants comme les marchands de meubles s’en inquiè­tent en fait fort peu : l’In­sti­tut pour la pro­mo­tion et l’é­tude de l’ameuble­ment (IPEA), obser­va­toire du marché, ne l’a pas inscrit comme une préoc­cu­pa­tion dans ses études, et ne restitue aucun chiffre à ce sujet. Con­traire­ment à la menuis­erie extérieure, le bois des meubles n’au­rait donc pas de con­cur­rent sérieux.

Décoration tout bois pour un bureau
Déco­ra­tion tout bois pour un bureau. © C.T.B.A — PLANTIER

Une équipe d’é­tu­di­ants de l’É­cole supérieure du bois (ESB), chargés d’une étude ini­ti­atrice, avait extrapolé dans un cumul approx­i­matif le coût relatif moyen, en Europe et pour les années qua­tre-vingt, des achats de matières bois et dérivés pour le seul secteur de l’ameuble­ment, prob­a­ble­ment à par­tir d’une enquête brux­el­loise sur ques­tion­naire aux pays mem­bres de l’U­nion européenne de l’ameuble­ment (UEA). Le ratio affir­mé (sous toutes réserves, car on sait la fia­bil­ité de telles enquêtes) était que 70 % des coûts d’achat de matières de l’ameuble­ment (tous secteurs con­fon­dus) étaient relat­ifs à du bois mas­sif, des placages et des pan­neaux dérivés du bois.

Or, si l’on con­sid­ère que, dans le meu­ble français, les achats inter­vi­en­nent en moyenne à hau­teur d’un tiers dans le coût de revient ; si l’on admet que le ratio de 0,7 n’a pas changé, que l’on part des chiffres offi­ciels du Ser­vice des études et des sta­tis­tiques indus­trielles (SESSI) pour l’an­née 2000, qui don­nent un chiffre d’af­faires indus­triel de l’ameuble­ment au sens large (hors objets bois, mais avec literie, cui­sine, bureau, etc.) de 9,7 mil­liards d’eu­ros HT, aux­quels on peut ajouter 1,3 mil­liard d’eu­ros HT venant de l’ar­ti­sanat du meu­ble, enfin, si l’on établit la marge pro­duc­teur moyenne à 20 % du chiffre d’af­faires, on obtient env­i­ron 2 mil­liards d’eu­ros HT en valeur d’achat de bois et dérivés, rien que pour le secteur de l’ameublement.

Quant à en déduire des vol­umes, c’est une autre paire de… branch­es, car bien rares sont les scieurs et impor­ta­teurs qui tien­nent une compt­abil­ité séparée entre clients menuisiers et clients fab­ri­cants de meubles ; et puis, il y a les pan­neaux, dans lesquels le bâti­ment et l’a­gence­ment pren­nent leur part. Bref, le cal­cul détail­lé reste dif­fi­cile, mais le résul­tat serait plutôt ras­sur­ant pour le bois.

D’autres matériaux pour le meuble et la décoration

Néan­moins, par l’ar­rivée d’autres matéri­aux, la préémi­nence de l’emploi du bois tend à être démen­tie par le marché glob­al des achats de meu­ble et de l’amé­nage­ment intérieur, quand bien même l’ap­pétit de cer­taines caté­gories d’a­cheteurs pour le bois s’af­firme plus fort que jamais, aigu­isé par les démon­stra­tions éli­tistes des revues de déco­ra­tion. Car il n’est plus seul à pré­ten­dre à cette per­cep­tion de matéri­au de choix : l’a­lu­mini­um et le verre en par­ti­c­uli­er ont fait une entrée remar­quée en ameuble­ment, et y fig­urent noble­ment, après avoir été banal­isés en déco­ra­tion intérieure, cloi­sons, agence­ment et fenêtres.

Encore plus que les créa­teurs de meubles du passé, les design­ers con­tem­po­rains ont cette ambi­tion d’in­nover qui les fait rechercher et tester d’autres matéri­aux, un peu comme l’ar­chi­tecte qui cherche à sor­tir de la dic­tature du Nom­bre d’Or, à tel point qu’il est courant de voir des tables bass­es, des meubles pour téléviseur, des tablettes de salle de bains ou même des fau­teuils en verre col­lé sur chant (col­lages spé­ci­aux sous lampe UV), toutes choses impens­ables il y a dix ans.

Le ” A ” de CTBA

Pierre Malaval (52), ancien directeur général du CTBA, avait vite com­pris le dilemme et mon­tré la voie, tout en mil­i­tant pour la fil­ière bois, de l’im­périeux décrochage, pour l’avenir du Cen­tre, que devait assumer le meu­ble vis-à-vis de son matéri­au his­torique. Le ” A ” du CTBA, intro­duit en 1984 et qu’on lui doit, entraî­nait un dédou­ble­ment des champs de recherche, de nor­mal­i­sa­tion, d’es­sais, de con­seil, de for­ma­tion, de cer­ti­fi­ca­tion et de doc­u­men­ta­tion du Cen­tre tech­nique du bois (CTB) pour deux groupes de métiers, bois et ameuble­ment, au lieu de bois tout court, et impli­quait bien que, suite à une demande forte de spé­cial­i­sa­tion, il y aurait désor­mais des mis­sions spé­ci­fiques du Cen­tre pour aider deux mon­des : celui du bois (con­struc­tion, sci­eries, préser­va­tion) et celui du meu­ble, mul­ti­matéri­aux, aux enjeux certes liés par un matéri­au com­mun, mais aux déter­min­ismes différents.

Le bois fait de la résistance

Un nouvel appétit pour le bois

On perçoit cepen­dant des déplace­ments de la con­som­ma­tion vers cer­taines formes d’amé­nage­ment, de déco­ra­tion ou d’ameuble­ment avec du bois : mode du meu­ble ” mas­sif ” plutôt qu’en pan­neau plaqué ou imi­ta­tion bois ; meubles de jardin en bois ” durable ” plutôt qu’en résine, qu’on a beau­coup vue, surtout dans ses imi­ta­tions du bois ; brico­lage en bois et pan­neaux ; par­quet bois plutôt que moquette ou linoléum ; mon­tée en puis­sance, en qual­ité et en prix de la haute déco­ra­tion intérieure sur mesure en bois, tant dans les bâti­ments col­lec­tifs (comme la Cité judi­ci­aire de Bor­deaux) que dans l’habi­tat indi­vidu­el. Toutes ces ten­dances mon­trent que les archi­tectes d’in­térieur, les déco­ra­teurs et les par­ti­c­uliers pren­nent plus au sérieux les avan­tages nom­breux du bois.

Table basse en matériaux modernes
Verre, Medi­um den­si­ty fiber­board, aci­er. Gran piano de L. et M. Vigneli. © C.T.B.A.

Que ce soit sous l’an­gle fonc­tion­nel : absence d’acariens, amor­tisse­ment acous­tique, ergonomie et sou­p­lesse (lattes de som­mi­er), dura­bil­ité, facil­ité d’usi­nage, ou sous celui du con­tenu affec­tif et esthé­tique, le bois apporte incon­testable­ment de bonnes et ras­sur­antes répons­es, et qui plus est en nom­bre et sous des aspects à l’in­fi­ni : le Viêt­nam utilise actuelle­ment plus de cent espèces de bois dif­férentes, dont nom­breuses nous sont totale­ment incon­nues… Rien qu’à la let­tre A, le Cirad-Forêt2 donne une nomen­cla­ture mon­di­ale de plus de 1 000 essences.

L’en­vie de retrou­ver dans nos décors quo­ti­di­ens — habi­tat, bureau, lieux de réu­nion, de sport, lieux publics — l’au­then­tic­ité de nos racines paysannes peut pren­dre le pas sur le dik­tat des stan­dards indus­triels et des matéri­aux, que sont le béton, l’aci­er et le verre. Il est donc pos­si­ble que, glob­ale­ment, la con­som­ma­tion du bois à l’in­térieur du bâti­ment se main­ti­enne à un bon vol­ume, mal­gré la con­cur­rence des nou­veaux matéri­aux, mal­gré les ten­ta­tives des design­ers de sor­tir de la logique lourde du bois. Mais la pro­duc­tion et la vente de meubles ou d’a­gence­ments en bois sont-elles des critères déter­mi­nants du suc­cès de la fil­ière ameuble­ment-déco­ra­tion intérieure ?

La marque NF ameublement : un outil phare pour promouvoir la qualité, notamment du bois

Créée en 1954, his­torique­ment néces­saire pour dis­tinguer la bonne qual­ité issue des bonnes pra­tiques, notam­ment en matière de bois, puis de pan­neaux, la mar­que NF ameuble­ment s’est depuis vingt ans davan­tage attachée aux per­for­mances et à la sécu­rité. Gérée depuis son orig­ine par le CTB, puis le CTBA sous man­dat de l’Afnor, elle s’est diver­si­fiée sur dif­férentes caté­gories de meubles, du domes­tique au col­lec­tif, mais égale­ment, dans le mobili­er domes­tique intérieur, en plusieurs strates cor­re­spon­dant à des marchés dif­férents par les pou­voirs d’achat.

C’est ain­si que sont dis­tin­guées : NF Référence, qui cer­ti­fie la con­for­mité aux normes, NF Exi­gence qui est le signe d’une dura­bil­ité supérieure, et NF Pres­tige qui dis­tingue les meubles de haut design con­tem­po­rain en excel­lents matéri­aux et les meubles de style faits selon des règles de l’art éprou­vées. Pour l’ensem­ble de ses appli­ca­tions domes­tiques et col­lec­tives, elle rassem­ble plus de 200 fab­ri­cants volon­taires, tit­u­laires du droit d’usage, dont 4 d’autres pays européens.

En matière de bois et de garantie de qual­ité, la mar­que NF est intéres­sante car elle a don­né aux fab­ri­cants des règles qual­i­ta­tives con­trôlables face à l’empirisme dom­i­nant : les cahiers des charges d’achat de bois sont main­tenant passés dans les mœurs, s’ap­puyant soit sur les classe­ments améri­cains ou scan­di­naves, soit sur les classe­ments européens (d’ini­tia­tive CTBA), en ce qui con­cerne le chêne, les résineux, le peu­pli­er et le hêtre, à l’é­tude pour le merisier.

Elle per­met égale­ment de garan­tir une sta­bil­ité à l’usage si les bois sont suff­isam­ment secs à la mise en œuvre : pour des ventes en France mét­ro­pol­i­taine, entre 8 et 12 % d’hu­mid­ité interne, voire 8 à 10 pour les pièces larges, ce qui fait l’ob­jet de con­trôles en usine sys­té­ma­tiques véri­fiés lors des vis­ites d’in­spec­tion. Elle accom­pa­gne la vente avec des con­seils judi­cieux, soit d’emploi comme d’éviter l’ex­po­si­tion du bois au soleil ou la prox­im­ité des radi­a­teurs, soit d’en­tre­tien comme d’éviter la surabon­dance de cire…

Évolutions récentes

On a assisté en France depuis cinquante ans d’une part à une démoc­ra­ti­sa­tion du meu­ble de style, surtout en bois, par la grâce de l’in­dus­tri­al­i­sa­tion de procédés arti­sanaux (lourde étude ” indus­tri­al­i­sa­tion du meu­ble mas­sif “, au CTBA, 1978–1981), d’autre part à l’émer­gence d’une fab­ri­ca­tion de meubles indus­triels de très grande série, puis de meubles en kit en pan­neaux intro­duits après-guerre (avec notam­ment l’ar­rivée du pan­neau de par­tic­ules, du strat­i­fié déco­ratif, du pan­neau sur­facé mélam­iné et plus récem­ment du pan­neau de fibres de den­sité moyenne), dont la qual­ité à l’u­til­i­sa­tion, par­fois remar­quable, n’a pas tou­jours été aus­si durable que souhaitée, suite à des erreurs de con­cep­tion, de com­mu­ni­ca­tion et à une recherche de bas prix de revient.

Chaise, en acier, contreplaqué fin, mousse néoprène
Chaise à voile, F. Azambourg.
Aci­er, con­tre­plaqué fin,
mousse néo­prène © C.T.B.A.

Par effet de bal­anci­er large­ment exploité par les pro­duc­teurs s’est accen­tuée la demande de ” vrai bois mas­sif ” dans le meu­ble tra­di­tion­nel, ain­si que de bois nou­veaux typés ” luxe clair ” comme l’érable, et ” exo­tique-colo­nial ” comme le teck dans le mobili­er con­tem­po­rain, répon­dant à l’évo­lu­tion des men­tal­ités vers le ” naturel “, ” l’é­cologique “, ou le ” paraître “.

Pen­dant ces dernières décen­nies, de matéri­au de base, bon marché, com­mun, d’usage implicite et naturel pour tout dans la mai­son, le bois est devenu, pour les créa­teurs et déco­ra­teurs, un matéri­au d’au­tant plus chargé d’af­fec­tif et de sym­bol­es que son prix le rend rare et cher, dans des qual­ités de plus en plus éli­tistes. Il tend donc à être choisi, non plus sys­té­ma­tique­ment parce qu’il a été le matéri­au tra­di­tion­nel et incon­tourn­able du meu­ble, mais parce que le meu­ble s’en­richi­ra glob­ale­ment de sa présence à côté d’autre chose qu’il valorise.

D’an­née en année, on a observé dans les salons pro­fes­sion­nels un partage mul­ti­matéri­aux de l’of­fre inno­vante (meubles typés ” con­tem­po­rains ” ou ” design ”) qui tend à aug­menter, à côté d’une offre qual­i­fiée de ” tra­di­tion­nelle ” util­isant le bois mas­sif et plaqué sur pan­neaux, qui, elle, tend incon­testable­ment à diminuer.

Pour répon­dre à cette évo­lu­tion et à l’ap­pétit des design­ers pour de nou­velles matières, qu’il faut accom­pa­g­n­er plutôt que frein­er, le CTBA a conçu et mon­té en 2000 le Ser­vice ” Inno­vathèque pour l’ameuble­ment ” à la demande de l’U­NI­FA (Union nationale des indus­tries français­es de l’ameuble­ment). La par­tie matéri­au­thèque de ce ser­vice est déjà riche de 600 références, au sein desquelles le bois devient non un par­ent pau­vre, mais un grand clas­sique que les créa­teurs redé­cou­vrent par sa richesse d’ex­pres­sion, ses vari­antes de den­sité et de per­for­mances tech­niques, tel cet arti­san spé­cial­isé dans la mise en valeur du poten­tiel acous­tique et musi­cal de cer­tains bois.

La perception du bois sous l’angle marketing

Un attachement national au bois

Encore un signe, dira-t-on, de l’ex­cep­tion française : pour le Français, penser, dire ou écrire : ” le bois est la matière de base du meu­ble et de l’amé­nage­ment de l’habi­tat ” tient du pléonasme cul­turel, pour ne pas dire de la langue… de bois ; pour l’I­tal­ien au con­traire, le bois n’est plus, depuis longtemps, qu’un des matéri­aux pos­si­bles du meu­ble, et n’a pas à pré­ten­dre à cet emploi réservé.

En matière d’ameuble­ment, à la ” fil­ière bois ” française s’op­pose la ” fil­ière meu­ble ” ital­i­enne : si le meu­ble français procède his­torique­ment du bois par fil­i­a­tion fer­mée (ressource abon­dante égale tra­di­tion anci­enne, ancrée et con­fort­able, de la pro­duc­tion et de la con­som­ma­tion de meu­ble en bois), le meu­ble ital­ien (ressource faible en bois implique risque de pénurie, recherche, ouver­ture au monde, inno­va­tion, design) procède de tout matéri­au util­is­able, ce qui motive moder­nité et créa­tiv­ité dans les produits.

Au Pôle ameuble­ment du CTBA, bien qu’aimant par­ti­c­ulière­ment ce matéri­au, nous ne pou­vons cepen­dant lui accorder l’ex­clu­siv­ité, car il nous faut d’abord raison­ner ” meu­ble ” : le secteur de l’ameuble­ment n’est plus, et depuis longtemps une chas­se gardée, la plus noble, pour l’emploi du bois, mais doit être con­sid­éré, majori­taire­ment, comme un secteur ” mul­ti­matéri­aux “, sans exclu­sive, sous peine de ne plus évoluer et de péricliter.

Des pertes de marché relatives

Car la réal­ité est bien là : le bois nation­al a per­du pro­gres­sive­ment à la fin du XXe siè­cle des ” parts de marché ” dans le secteur du meu­ble. On est passé en moins d’un siè­cle de l’ar­ti­sanat, isolé ou regroupé dans de petites entre­pris­es, n’u­til­isant qua­si­ment que du bois sous toutes ses formes (mas­sif, placage, con­tre­plaqué, lat­té), à du com­merce inter­na­tion­al avec une sous-trai­tance puis une délo­cal­i­sa­tion dans les pays en développe­ment, et ceci à une échelle qui devient si impor­tante qu’on peut à son sujet par­ler de mon­di­al­i­sa­tion, en pas­sant par une phase inter­mé­di­aire d’in­dus­tri­al­i­sa­tion tous azimuts de l’é­conomie de pro­duc­tion, dont on a du mal à sortir.

Celle-ci s’est traduite par de mas­sives impor­ta­tions de bois améri­cains ou nordiques. Deux raisons sont invo­quées : la qual­ité-régu­lar­ité (les lots sont impor­tants, les bois homogènes d’une livrai­son à l’autre, réguliers en couleur et qual­ité, bien séchés), et le dol­lar est passé par des creux… intéressants.

Le prix du bois débité a en effet forte­ment aug­men­té en peu d’an­nées. Par ailleurs, la con­struc­tion d’une infra­struc­ture lourde de pro­duc­tion de pan­neaux a per­mis d’al­i­menter de très grands fab­ri­cants de meubles dont les clients sont surtout les grands groupes de dis­tri­b­u­tion (Con­fora­ma, But, Ikea), qui ont forte­ment investi en chaînes semi-automa­tiques dans le ” façon bois ” qu’est le revête­ment de papi­er sur pan­neau, ou dans l’usi­nage du pan­neau de par­tic­ules sur­facé mélam­iné (PPSM), dont cer­tains décors sont des pho­tos sur papi­er de bois véritable.

Aujour­d’hui, après les dis­pari­tions et regroupe­ments, seuls sur­vivent les groupes et entre­pris­es bien gérés qui savent ” flair­er ” à l’a­vance les goûts changeants du pub­lic et sont assez réac­t­ifs pour les séduire au bon moment ; et ceux qui ont résol­u­ment pris, à cause de la forte valeur ajoutée française (dont le bois local est un des élé­ments), le chemin de l’ex­por­ta­tion vers des pou­voirs d’achat plus élevés que le nôtre, comme Grange, La Ren­naise du Meu­ble, et même plus mod­este­ment Jan­cyr, dont les meubles en bois bour­guignons ” Made in Bour­gogne ” plaisent tant aux Américains.

Le marché décide

Et puis le meu­ble, le décor intérieur, ne sont pas, à l’op­posé de l’Alle­magne ou de la Grande-Bre­tagne, par­mi les pre­mières urgences d’achat des Français. Pro­duits de con­fort et de plaisir sur le long terme, ils passent dans les achats — et, avec eux, le bois dont ils sont faits — large­ment après l’au­to­mo­bile, les voy­ages, la télévi­sion par câble ou satel­lite, toutes gâter­ies faciles à choisir.

Le mar­ket­ing, la con­cep­tion doivent donc faire un gros effort pour séduire, alors que la pro­duc­tion doit fournir vite et le moins cher pos­si­ble, ce qui impose créa­tiv­ité, réac­tiv­ité, ate­liers ” flex­i­bles “, et, au-delà, quand on ne peut plus suiv­re, mobil­ité, sous-trai­tance, impor­ta­tion, délo­cal­i­sa­tion. Devant l’in­suff­i­sance des répons­es, la per­cée mon­di­ale et l’ex­péri­ence en France du groupe Ikea illus­trent bien cet appétit vari­able et économe du pub­lic, séduit par plus de sim­plic­ité dans la moder­nité, y com­pris pour des bois inusités chez nous comme le bouleau, dans une ambiance latente d’in­cer­ti­tude pour l’avenir où un sou est un sou, même pour son décor intérieur.

Questions d’actualité sur le bois dans l’habitat intérieur

Écologie et environnement

Les listes en pré­pa­ra­tion pour la pro­tec­tion de cer­taines espèces d’ar­bres exo­tiques par la Con­ven­tion de Wash­ing­ton sur le com­merce inter­na­tion­al des espèces de faune et de flo­re men­acées d’ex­tinc­tion (CITES) com­men­cent à inter­peller les acheteurs sen­si­bles à la pro­tec­tion de l’environnement.

Ensemble en panneau de particules surfacé mélaminé, décor bois.
Ensem­ble en pan­neau de par­tic­ules sur­facé mélam­iné, décor bois.
NOVOLAM. © C.T.B.A.

Le palis­san­dre de Rio, l’a­ca­jou de Cuba sont désor­mais inter­dits de com­merce, tout comme d’autres aca­jous sai­sis par les douanes faute de con­nais­sances… Si la mar­que PEFC peut ne pas provo­quer de sur­prise appliquée aux bois français, dans notre pays habitué depuis longtemps à une bonne ges­tion de la forêt, en revanche l’é­co­cer­ti­fi­ca­tion sur les bois étrangers risque dans un avenir proche, à son appari­tion sur l’é­ti­quette des meubles ven­dus par ceux qui en fer­ont plus un argu­ment de vente qu’une affaire d’éthique, de sus­citer une demande éli­tiste qui peut don­ner un temps aux bois provenant de forêts dites ” gérées durable­ment ” une aura de matéri­au de luxe.

Au-delà, son développe­ment et sa banal­i­sa­tion, faute de moyens de con­trôle puis­sants et garan­tis, pour­raient tourn­er les four­nisseurs vers l’à-peu-près, puis la fraude, et donc l’a­cheteur vers une sus­pi­cion légitime qui inversera la demande au point de ralen­tir l’ensem­ble des ventes.

Déjà, des asso­ci­a­tions écol­o­gistes com­men­cent à regarder de près les arrivages de grumes ” éco­cer­ti­fiées “, à provo­quer les douanes, à véri­fi­er les con­di­tions d’ex­ploita­tion locales, notam­ment celles du teck, soupçon­nées de traf­ic illé­gal pour une part. Dans ce battage médi­a­tique, le para­doxe mar­ket­ing de la recherche de l’au­then­tique, qui déboucherait sur une four­ni­ture d’im­age de l’au­then­tique, peut donc repar­tir de plus belle, d’au­tant qu’on trou­ve dif­fi­cile­ment des sources d’in­for­ma­tion crédibles.

Poussières de bois

Des patholo­gies cutanées, nasales et pul­monaires, dues aux pous­sières du bois, ont été iden­ti­fiées, avec une fréquence cepen­dant très faible, chez cer­tains opéra­teurs exposés au même poste sur une longue durée. La règle est donc de pro­téger l’opéra­teur (masques, fil­tres) et de lim­iter l’émis­sion à la source (capotages spé­ci­aux, aspi­ra­tion effi­cace…). La con­nais­sance du risque par les respon­s­ables d’u­nités et leurs instances pro­fes­sion­nelles, infor­més et aidés par les CRAM, les médecins et inspecteurs du tra­vail, le CTBA et la mise en œuvre de mesures sim­ples con­courent glob­ale­ment aujour­d’hui à maîtris­er ce risque à son juste niveau.

Par ailleurs, le car­ac­tère explosif du mélange air-pous­sière est bien con­nu. Il tend à être totale­ment élim­iné dans les entre­pris­es qui utilisent des moyens adap­tés, inter­dis­ent la cig­a­rette, et net­toient régulière­ment leurs ate­liers par aspiration.

La mode du teck

Le teck inonde actuelle­ment le marché du meu­ble d’ex­térieur, et même d’in­térieur, prof­i­tant d’une mode qu’il avait déjà con­nue en 1960–1970. On pour­rait, en France et en Europe du Nord, chercher à exploiter le robinier (ou faux aca­cia), accli­maté chez nous, apte à faire d’ex­cel­lents meubles d’ex­térieur par tous les temps, puis favoris­er la crois­sance régulière et la replan­ta­tion de cette espèce.

Un grand dis­trib­u­teur a déjà d’ailleurs appro­vi­sion­né pour le print­emps 2002 ses mag­a­sins d’Île-de-France au moins à égal­ité avec des meubles en teck. L’ar­bre plutôt tor­du, branchu et de peu de rap­port (classé en bois divers dans les sta­tis­tiques) a un bois réputé nerveux qui peut cepen­dant per­me­t­tre des pièces cour­tes et de faible sec­tion, ce qui con­vient par­faite­ment aux meubles de jardin. Cer­taines expéri­ences sont promet­teuses, comme des bancs de jardin fab­riqués par Perchebois à Chartres.

Une autre alter­na­tive pour les meubles de jardin est le bois traité ther­mique­ment. Si les process récem­ment brevetés sont bien maîtrisés et paramétrés pour per­me­t­tre la cer­ti­fi­ca­tion, et si les con­cep­teurs utilisent le bois chauf­fé dans des sec­tions et assem­blages véri­fiés mécanique­ment, beau­coup de meubles d’ex­térieur pour­ront être faits en hêtre, peu­pli­er ou résineux bon marché, sans fongi­cide, pour un coût final voisin de celui des fab­ri­ca­tions français­es de meubles en teck.

L’importation

On a con­staté depuis vingt ans que la fab­ri­ca­tion en série des meubles d’in­térieur en bois mas­sif util­i­sait, lorsque le coût était moin­dre grâce au change du dol­lar, un appro­vi­sion­nement majori­taire­ment améri­cain de gros vol­umes de qual­ité con­stante ou presque, du fait de la qual­ité du séchage et de l’é­conomie d’échelle que per­met la mono­cul­ture en chêne, merisi­er, érable, sur des sols choi­sis et réservés.

Le rac­cour­cisse­ment des séries (de l’or­dre d’une cinquan­taine de meubles à la fois), la pos­si­bil­ité de trou­ver des lots homogènes en France ou en Europe ori­en­tent main­tenant les fab­ri­cants vers une ressource plus locale, con­sid­érée en out­re comme plus riche d’aspect.

La trop belle régu­lar­ité des bois améri­cains (droit fil, peu de nœuds), réel avan­tage pour le trans­for­ma­teur indus­triel, et le grain plus grossier (crois­sance rapi­de) plaisent en effet moins aux Français habitués au car­ac­tère sin­guli­er de l’ar­bre isolé de nos forêts, qui con­stitue notre ” haut de gamme ” par ses doss­es plus fig­urées et ramageuses, mais dans des vol­umes homogènes moindres.

Initiatives privées

À côté des essences les plus demandées par le meu­ble ou l’amé­nage­ment intérieur et qui sont bien val­orisées par les ventes de bois en France — chêne, hêtre, merisi­er, érable -, la pri­or­ité crois­sante don­née à la con­ser­va­tion de la bio­di­ver­sité dans l’amé­nage­ment foresti­er devrait favoris­er d’autres espèces. Mais l’éter­nel dilemme entre la ges­tion de la forêt (à long terme) et le souci com­mer­cial de l’u­til­isa­teur (à court terme) est un frein à cette évolution.

Cepen­dant, ici ou là, des ini­tia­tives isolées à l’échelle régionale mon­trent cepen­dant que cer­tains pro­prié­taires privés, lorsqu’ils se rassem­blent sur un objec­tif à moyen terme, peu­vent se préoc­cu­per de val­oris­er col­lec­tive­ment leurs ” bois divers ” par le meu­ble. Un bon mon­tage des dif­férents mail­lons (expert bois, inven­taire, choix des arbres, exploitant, scieur, sécheur, arti­san ébéniste), dans lequel les ces­sions sont définies et les plus-val­ues négo­ciées et lim­itées assure la fais­abil­ité tech­ni­co-économique de la fab­ri­ca­tion de meubles vend­ables en petites quan­tités, comme c’est le cas depuis plusieurs années : opéra­tion pilote du Groupe­ment d’é­tudes et de développe­ment pour l’é­conomie forestière Loiret-Sologne, opéra­tion des arti­sans lozériens du meu­ble avec le pin de Marg­eride, opéra­tion des menuisiers ” Perchebois ” avec chênes et robiniers du Perche, opéra­tion ” Dou­glas ” dans le Morvan.

C’est ain­si que l’on met sous les yeux d’un pub­lic éton­né des meubles superbes en robinier, charme, trem­ble, chêne des marais, voire Dou­glas de plan­ta­tion récente, et autres essences marchan­des d’autre­fois tombées en désué­tude. Il est cer­tain que cette idée est adap­tée à l’ar­ti­sanat, mais pas à l’in­dus­trie. En revanche, répétée dans toutes les régions forestières, de tra­di­tion arti­sanale forte, elle est por­teuse d’avenir. En effet, l’ébéniste sait pro­duire des meubles à l’u­nité qua­si­ment au même prix que le négo­ciant sait ven­dre un meu­ble indus­triel avec marge… et remise : si l’ar­ti­sanat repart comme on peut le souhaiter, l’idée devrait faire tache d’huile.

Recherches

Il faut saluer les efforts de l’IN­RA pour relancer une nou­velle espèce d’orme, bois ô com­bi­en noble du meu­ble, qui soit résis­tante aux attaques biologiques qui en ont amené la qua­si- dis­pari­tion dans les fab­ri­ca­tions de meubles neufs. Cette essence, très demandée autre­fois, s’est raré­fiée, sans jamais trou­ver d’autres var­iétés de rem­place­ment que les ormes améri­cains, cana­di­ens ou polon­ais, pas tou­jours aus­si beaux. À coup sûr, dès matu­rité, les arbres de cette nou­velle espèce con­naîtront un beau suc­cès, à con­di­tion toute­fois de ne pas en faire une den­rée de luxe par le prix.

Quant aux recherch­es en cours pour l’in­dus­trie du meu­ble et la déco­ra­tion, des études récentes mon­trent les souhaits de l’ONF et des forestiers privés d’op­ti­miser l’adéqua­tion entre sylvi­cul­ture, pre­mière et sec­onde trans­for­ma­tions, et marchés : l’une, où le CTBA est parte­naire, vise à déter­min­er sta­tis­tique­ment quelle var­iété de chêne présen­tera après exploita­tion le meilleur ren­de­ment qual­i­tatif au séchage (moins de défor­ma­tions, de fentes et de col­lapse) ; l’autre, en parte­nar­i­at CNRS-École nationale du génie rur­al, des eaux et des forêts (ENGREF), a per­mis de cern­er le goût majori­taire actuel des Français, pour leur décor et leurs meubles, de l’aspect ” dosse ” plutôt que ” quarti­er ” du bois de chêne, avec un grain et à une échelle induits par des accroisse­ments annuels de 3 à 4 mm : ceci per­met de sélec­tion­ner, de choisir des sols et de replanter des var­iétés don­nant ce type de bois à terme (dans qua­tre-vingts à cent ans) pour que nos descen­dants les achè­tent dans leurs meubles, à sup­pos­er qu’ils aient encore nos goûts actuels, à sup­pos­er qu’ils achè­tent tou­jours des meubles en chêne… à sup­pos­er qu’au train où va le pro­grès ils achèteront tou­jours des meubles… non virtuels ?

Conclusion

On retombe donc sur la prob­lé­ma­tique du début de cet arti­cle : ce qui a tou­jours été — le bois majori­taire dans le meu­ble et la déco­ra­tion — le sera-t-il tou­jours demain ?

Pour ma part je le crois, car la nature tient le coup sous les out­rages, et l’homme a su, du moins pour l’in­stant, pro­téger suff­isam­ment son envi­ron­nement, replanter à mesure, et ne pas sci­er la branche sur laque­lle il se sent si bien assis.

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1. Les bois d’ébénis­terie dans le mobili­er français de Jacque­line Viaux Loc­quin, Édi­tions Léonce Laget, Paris, 1997. 
2. Départe­ment de la forêt et du bois du Cen­tre de coopéra­tion inter­na­tion­al en recherche agronomique pour le développe­ment, départe­ment qui a suc­cédé en 1984 au Cen­tre tech­nique foresti­er trop­i­cal (CTFT).

Commentaire

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Anonymerépondre
4 octobre 2012 à 20 h 59 min

Bien dom­mage que le bois soit
Bien dom­mage que le bois soit hors de porté aujourd’ hui .
Les meubles con­tem­po­rains sont rarement com­posé de bois, ou s’il le sont , ils sont loin
d’être à la porté de tous . 

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