Guerrier aborigène des environs de Port Jackson, signé Nicolas-Martin Petit. Muséum d’histoire naturelle du Havre.

L’Australie et la France

Dossier : L'AustralieMagazine N°592 Février 2004
Par William FISCHER

C’est un grand hon­neur en effet de voir l’Aus­tra­lie être choi­sie comme sujet de ce numé­ro de La Jaune et la Rouge. Il ne sera sans doute pas sur­pre­nant pour de nom­breux lec­teurs d’ap­prendre que la répu­ta­tion d’ex­cel­lence de l’É­cole poly­tech­nique est bien connue en Aus­tra­lie, et c’est pour­quoi je sai­sis avec grand plai­sir cette oppor­tu­ni­té d’é­crire, pour cette édi­tion spé­ciale dédiée à l’Aus­tra­lie, sur les tra­di­tions de richesse et de dyna­misme qui carac­té­risent les rela­tions entre nos deux pays.

L’his­toire des rela­tions fran­co-aus­tra­liennes com­mence bien avant l’é­poque des pre­miers colons euro­péens, lorsque les explo­ra­teurs fran­çais menèrent d’im­por­tantes expé­di­tions scien­ti­fiques et car­to­gra­phiques en Aus­tra­lie. En fait, la croyance popu­laire, tant en Aus­tra­lie qu’en France, pense que si La Pérouse était arri­vé à Bota­ny Bay quelques jours plus tôt, avant l’ar­ri­vée du Capi­taine Phi­lips le 26 jan­vier 1788, l’Aus­tra­lie serait deve­nue une colo­nie fran­çaise. Que La Pérouse ait eu l’in­ten­tion de reven­di­quer l’Aus­tra­lie pour la France, avec l’in­ten­tion d’y éta­blir une colo­nie, est une hypo­thèse his­to­ri­que­ment peu fondée.

Mais si, par un caprice de l’his­toire, la France n’a pas colo­ni­sé l’Aus­tra­lie, ses explo­ra­teurs n’en conti­nuèrent pas moins de déve­lop­per la carte de l’île conti­nent. Les voyages d’En­tre­cas­teaux et de Bau­din en par­ti­cu­lier ont beau­coup contri­bué à la car­to­gra­phie des côtes sud et occi­den­tales de l’Aus­tra­lie. Le nom qu’ils ont don­né à cer­tains endroits, pour la plu­part inchan­gés jus­qu’à pré­sent, est un témoi­gnage durable des exploits des Fran­çais durant la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle.

L’im­pact des tra­vaux scien­ti­fiques qu’ils ont diri­gés est ines­ti­mable. L’ex­tra­or­di­naire entre­prise de Bau­din, com­pre­nant plus de 200 per­sonnes à bord des navires Le Natu­ra­liste et Le Géo­graphe, est cer­tai­ne­ment une des plus grandes expé­di­tions scien­ti­fiques de tous les temps. Bau­din lui-même per­dit la vie au cours de cette mis­sion (à l’île Mau­rice en sep­tembre 1803) mais son expé­di­tion revint en France avec dans ses soutes plus de 10 000 nou­veaux spé­ci­mens de plantes, 2 500 échan­tillons de miné­raux et une dou­zaine de car­tons de notes scien­ti­fiques, d’ob­ser­va­tions et de jour­naux de bord.

Les artistes Nico­las-Mar­tin PETIT et Charles-Alexandre LESUEUR ont accom­pa­gné en Aus­tra­lie l’expédition de Nico­las BAUDIN que Bona­parte déci­da en 1800.
Leurs très nom­breux des­sins (pay­sages, abo­ri­gènes, ani­maux, etc.) sont pour l’essentiel conser­vés au MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE DU HAVRE, que nous remer­cions pour son obligeance.
Les poly­tech­ni­ciens pour­ront aus­si se sou­ve­nir que sur les deux bateaux de l’expédition, le Géo­graphe et le Natu­ra­liste, ser­vaient deux très jeunes cama­rades : Joseph-Charles BAILLY (X 1794), hydro­graphe, et Hya­cinthe de BOUGAINVILLE, marin et explo­ra­teur (X 1799).

Le nombre impres­sion­nant de pein­tures et de cro­quis, quelque 1 500 en tout, des­si­nés par ses illus­tra­teurs Nico­las-Mar­tin Petit et Charles-Alexandre Lesueur, four­nit la pre­mière des­crip­tion en image et l’un des tout pre­miers récits illus­trés de l’Australie

Même si l’im­mi­gra­tion fran­çaise fut rare au com­men­ce­ment de l’his­toire de notre pays, il y eut tout de même quelques Fran­çais et Fran­çaises qui appor­tèrent une touche fran­çaise à cette nation nais­sante. Cette influence s’est cer­tai­ne­ment res­sen­tie dans l’in­dus­trie du vin, où les pre­miers colons furent les pre­miers viti­cul­teurs de ce côté du » Nou­veau Monde « . Le fait que l’Aus­tra­lie était aus­si proche des colo­nies fran­çaises du Paci­fique, et que beau­coup de Fran­çais étaient enga­gés dans le com­merce mari­time et la chasse à la baleine, a contri­bué à l’é­ta­blis­se­ment d’une com­mu­nau­té consi­dé­rable d’in­té­rêts fran­çais. L’é­ta­blis­se­ment du Consu­lat de France à Syd­ney en 1839 en est le meilleur exemple et fit de la France la pre­mière mis­sion étran­gère à s’ins­tal­ler dans le pays.

Au XXe siècle, la rela­tion bila­té­rale fut ren­for­cée par notre déter­mi­na­tion com­mune dans les deux guerres mon­diales. Sur les 313 814 sol­dats qui embar­quèrent d’Aus­tra­lie pen­dant la Pre­mière Guerre mon­diale, 46 319 furent tués et 130 919 autres bles­sés par­fois grièvement.


Guer­rier abo­ri­gène des envi­rons de Port Jack­son, signé Nico­las-Mar­tin Petit.
Muséum d’histoire natu­relle du Havre. Col­lec­tion Lesueur n° 20 029–1.

Quelque 5 500 Aus­tra­liens de plus, prin­ci­pa­le­ment des membres de l’Air Force, per­dirent la vie en France lors de la Seconde Guerre mondiale.

Les Aus­tra­liens avec qui je dis­cute, et par­ti­cu­liè­re­ment ceux qui ont visi­té la France, sont tou­jours émus et hono­rés par l’hom­mage qui est ren­du à leurs ancêtres qui voya­gèrent 20 000 kilo­mètres pour par­ti­ci­per, dans la Somme, au com­bat pour la liber­té. Chaque année lors de l’An­zac Day le 25 avril, le jour où les Aus­tra­liens rendent hom­mage à tous les sol­dats qui ont ser­vi dans des opé­ra­tions mili­taires depuis la guerre des Boers, des céré­mo­nies com­mé­mo­ra­tives ont lieu dans beau­coup de villes et vil­lages de la Somme. En même temps, dans toute l’Aus­tra­lie, les uni­tés des pays alliés, y com­pris la France bien sûr, rejoignent les mili­taires aus­tra­liens dans les rangs des parades orga­ni­sées pour l’An­zac Day.

Les rela­tions com­mer­ciales ont tou­jours repré­sen­té une part impor­tante des rela­tions bila­té­rales dès le début de la colo­ni­sa­tion de l’Aus­tra­lie ; mais les vingt der­nières années ont vu le com­merce, et plus spé­cia­le­ment l’in­ves­tis­se­ment, deve­nir une facette incon­tour­nable de la rela­tion fran­co-aus­tra­lienne. Atti­ré par les nom­breuses oppor­tu­ni­tés offertes par l’Aus­tra­lie, un pays revi­go­ré par une réforme appro­fon­die et par le fait que l’Aus­tra­lie est située dans une des régions du monde les plus dyna­miques éco­no­mi­que­ment, l’in­ves­tis­se­ment fran­çais en Aus­tra­lie s’est accru de 5 mil­liards de dol­lars aus­tra­liens (3 mil­liards d’eu­ros) et place la France au hui­tième rang des inves­tis­seurs dans le pays.

Le bilan est impres­sion­nant. Les socié­tés fran­çaises emploient aujourd’­hui plus de 70 000 Aus­tra­liens. Quinze grandes entre­prises fran­çaises dirigent leurs opé­ra­tions régio­nales depuis l’Aus­tra­lie. Pour ne citer que quelques exemples : Accor, qui pos­sède en Aus­tra­lie une cen­taine d’hô­tels sous dif­fé­rentes enseignes, est la pre­mière entre­prise hôte­lière en Aus­tra­lie (près de trois fois plus gros que son concur­rent le plus proche) ; Tha­lès, le nom inter­na­tio­nal der­rière Aus­tra­lian Defence Indus­tries, les experts aus­tra­liens en matière de Défense, est le pre­mier four­nis­seur de nos armées. Les branches aus­tra­liennes de socié­tés telles que Alca­tel et Alstom exportent aujourd’­hui direc­te­ment de l’Aus­tra­lie. Per­nod Ricard est le plus gros expor­ta­teur de vins aus­tra­liens du fait qu’il pos­sède la socié­té Orlan­do Wynd­ham pro­prié­taire de Jacob’s Creek. EADS a fait de l’Aus­tra­lie une prio­ri­té glo­bale et espère s’ap­pro­prier 50 pour cent du mar­ché des avions neufs dans les pro­chains cinq à dix ans. (Et la rela­tion fonc­tionne par­fai­te­ment dans les deux sens dans la mesure où des entre­prises aus­tra­liennes ont sécu­ri­sé des contrats à hau­teur de 500 mil­lions de dol­lars aus­tra­liens afin de four­nir EADS en com­po­sants de pointe.)

La mère et l’enfant, dessin de Nicolas-Martin Petit. Muséum d’histoire naturelle du Havre.
La mère et l’enfant, des­sin de Nico­las-Mar­tin Petit.
Muséum d’histoire natu­relle du Havre. Col­lec­tion Lesueur n° 20 026.

À l’o­ri­gine, BNP s’est éta­bli en Aus­tra­lie pour finan­cer le com­merce de laine entre l’Aus­tra­lie et l’Eu­rope en 1881 sous l’en­seigne du Comp­toir Natio­nal d’Es­compte de Paris. Jus­qu’à la déré­gu­la­tion du sys­tème ban­caire aus­tra­lien au milieu des années quatre-vingt, la BNP était la seule grande banque étran­gère dis­po­sant d’une licence pour opé­rer en Aus­tra­lie. Aujourd’­hui, BNP Pari­bas est la troi­sième plus grande banque en Aus­tra­lie en termes de capi­taux et s’est récem­ment éle­vé au dixième rang dans le clas­se­ment géné­ral. Et il y a beau­coup d’autres exemples : le siège social d’AXA pour la région Asie-Paci­fique se trouve à Mel­bourne et Sodex­ho est l’un des plus gros employeurs de per­son­nel aus­tra­lien du sec­teur pri­vé ; c’est aus­si l’un des plus grands conces­sion­naires d’un des endroits sacrés du sport aus­tra­lien : le Sta­dium Aus­tra­lia de Sydney.

Alors que le niveau des inves­tis­se­ments et le suc­cès des entre­prises fran­çaises sont les piliers de notre rela­tion com­mer­ciale, il est évident qu’il y a encore à faire. En termes abso­lus, l’in­ves­tis­se­ment fran­çais est rela­ti­ve­ment modeste com­pa­ré à d’autres pays euro­péens. La France est le cin­quième plus gros inves­tis­seur au monde et pour­tant seule­ment envi­ron 1,5 pour cent de l’in­ves­tis­se­ment total fran­çais est en Aus­tra­lie. De la même manière, le com­merce fran­co-aus­tra­lien (qui repré­sente 5 mil­liards de dol­lars aus­tra­liens soit 3 mil­liards d’eu­ros par an) place la France au rang de quin­zième par­te­naire com­mer­cial de l’Aus­tra­lie et per­met à la France de repré­sen­ter envi­ron 2 pour cent de part de mar­ché en Aus­tra­lie, der­rière les États-Unis qui détiennent quelque 22 pour cent et l’Al­le­magne et l’An­gle­terre qui détiennent cha­cune 6 pour cent.

Une de nos prio­ri­tés dans la rela­tion bila­té­rale est de sen­si­bi­li­ser les cercles fran­çais des affaires et des admi­nis­tra­tions aux avan­tages qu’offre l’Aus­tra­lie. Il ne fait aucun doute qu’il existe un nombre immense de pos­si­bi­li­tés pour déve­lop­per davan­tage les échanges com­mer­ciaux entre la France et l’Aus­tra­lie. Cela sur­pren­dra pro­ba­ble­ment cer­tains, mais l’in­dus­trie viti­cole en est un exemple : depuis la fin des années quatre-vingt, à l’é­poque où Per­nod Ricard fit l’ac­qui­si­tion d’Or­lan­do Wynd­ham, les socié­tés de vins aus­tra­liennes BRL Har­dy et Sou­th­corp ont éta­bli des inté­rêts modestes dans le Midi. Un autre exemple de cet échange entre le » Vieux Monde » et le » Nou­veau Monde » est four­ni par les quelque soixante jeunes viti­cul­teurs aus­tra­liens qui se rendent chaque année dans la seule région du Lan­gue­doc pour y for­ger leur expérience.

Les gou­ver­ne­ments, aus­tra­lien et fran­çais, sont conscients que la capa­ci­té de crois­sance de la coopé­ra­tion com­mer­ciale est très réelle. Dans cet esprit, la visite du ministre délé­gué au Com­merce exté­rieur, mon­sieur Fran­çois Loos, en Aus­tra­lie en mars der­nier, accom­pa­gné d’une impor­tante délé­ga­tion d’hommes d’af­faires, était très oppor­tune. Sa visite, ain­si que les visites de ministres aus­tra­liens, telles que celles du ministre du Com­merce, mon­sieur Mark Vaile, venu en France à deux reprises depuis 2000, et celle du ministre des Affaires étran­gères, mon­sieur Alexan­der Dow­ner, plus récem­ment en jan­vier 2003, ont contri­bué à pro­mou­voir les oppor­tu­ni­tés com­mer­ciales qu’offre cha­cun des pays. La crois­sance des expor­ta­tions fran­çaises en Aus­tra­lie, en par­ti­cu­lier, a été un grand suc­cès dans la mesure où la France exporte aujourd’­hui plus du double de ce qu’elle importe d’Australie.

Le suc­cès des entre­prises fran­çaises en Aus­tra­lie, en tant qu’in­ves­tis­seurs et expor­ta­teurs, reflète éga­le­ment les pro­grès de l’é­co­no­mie aus­tra­lienne ces der­nières années. En tant que l’un des pays les plus per­for­mants de l’OCDE, l’é­co­no­mie aus­tra­lienne a résis­té à un nombre de crises consé­cu­tives, depuis la grippe asia­tique de 1997 jus­qu’au ralen­tis­se­ment mon­dial de la crois­sance éco­no­mique suite à l’é­cla­te­ment de la bulle Inter­net et des hautes technologies.

Curieux petit kangourou à dos rayé de la côte ouest de l’Australie, signé Nicolas-Martin Petit. Muséum d’histoire naturelle du Havre.
Curieux petit kan­gou­rou à dos rayé de la côte ouest de l’Australie, signé Nico­las-Mar­tin Petit.
Muséum d’histoire natu­relle du Havre. Col­lec­tion Lesueur n° 80 055.

Selon le rap­port de mars 2003 de l’OCDE sur l’é­co­no­mie aus­tra­lienne, ses suc­cès » doivent beau­coup à une com­bi­nai­son judi­cieuse de poli­tiques bud­gé­taires et moné­taires pru­dentes axées sur le moyen terme et de réformes de grande enver­gure appli­quées aux mar­chés du tra­vail, des pro­duits et des capi­taux durant ces deux der­nières décen­nies. » Nous sommes, bien sûr, fiers de ces réus­sites et espé­rons conti­nuer à construire sur cette base solide. Pour les entre­prises fran­çaises inté­res­sées pour inves­tir ou expor­ter en Aus­tra­lie, le mes­sage est on ne peut plus clair : l’Aus­tra­lie est un endroit idéal pour les affaires. Je remarque que cer­taines entre­prises fran­çaises pré­sentes en Aus­tra­lie ont aima­ble­ment accep­té de contri­buer à cette édi­tion en offrant leurs obser­va­tions sur leurs propres expé­riences australiennes.

Les racines his­to­riques et la nature à mul­tiples facettes de la rela­tion bila­té­rale sont reflé­tées par les nom­breux domaines de coopé­ra­tion dans les­quels les deux pays sont enga­gés. La coopé­ra­tion dans le domaine de la défense est deve­nue une impor­tante carac­té­ris­tique de cette rela­tion ces der­nières années. La par­ti­ci­pa­tion de la France dans l’o­pé­ra­tion INTERFET sous le com­man­de­ment aus­tra­lien au Timor orien­tal en 1999 donne une bonne idée de cette coopé­ra­tion. Nos mili­taires conti­nuent de col­la­bo­rer très étroi­te­ment dans les Océans du Paci­fique-Sud, y com­pris dans les inter­ven­tions à la suite d’un désastre et dans la pré­ven­tion de la pêche illé­gale. L’Aus­tra­lie achète aus­si tra­di­tion­nel­le­ment son équi­pe­ment tech­no­lo­gique mili­taire à la France ; l’ar­mée aus­tra­lienne a rete­nu fin 2001 le Tigre fran­co-alle­mand pour deve­nir son nou­vel héli­co­ptère armé de recon­nais­sance et ceci démontre que l’Aus­tra­lie appré­cie l’ex­per­tise fran­çaise dans ce domaine.

J’ai briè­ve­ment men­tion­né le Paci­fique-Sud mais il s’a­git d’un domaine dans lequel s’exerce une acti­vi­té bila­té­rale méri­tant plus de recon­nais­sance. L’Aus­tra­lie et la France par­tagent des inté­rêts com­muns dans la région du Paci­fique et se consi­dèrent comme des par­te­naires ayant des rôles impor­tants à rem­plir pour la sta­bi­li­té et la pros­pé­ri­té de la région. Cela com­prend notre col­la­bo­ra­tion conti­nue pour le déve­lop­pe­ment de la coopé­ra­tion dans la région, mise en évi­dence récem­ment avec l’an­nonce en juillet 2003 d’une ini­tia­tive com­mune fran­co-aus­tra­lienne sur cinq ans ciblant la pro­pa­ga­tion du virus du Sida/VIH et des mala­dies sexuel­le­ment trans­mis­sibles (MST) dans la région du Pacifique.

À la dimen­sion poli­tique des rela­tions entre l’Aus­tra­lie et la France dans le Paci­fique s’a­joute une forte dimen­sion éco­no­mique, dans la mesure où la Nou­velle-Calé­do­nie et la Poly­né­sie- Fran­çaise consti­tuent deux des prin­ci­paux par­te­naires com­mer­ciaux de l’Aus­tra­lie dans la région du Paci­fique. Et natu­rel­le­ment les liens entre les peuples res­tent forts si l’on en croit le nombre crois­sant d’Aus­tra­liens qui pro­fitent de l’en­tente qui existe entre l’Aus­tra­lie et le Paci­fique fran­çais et qui auto­rise les res­sor­tis­sants à séjour­ner pour une courte durée dans l’autre pays sans visa.

Les liens entre les popu­la­tions ont plus géné­ra­le­ment conti­nué de se déve­lop­per for­te­ment dès les pre­miers temps de la colo­ni­sa­tion. Selon notre der­nier recen­se­ment, il y a envi­ron 20 000 natifs fran­çais rési­dant en Aus­tra­lie, et à peu près le triple si l’on inclut ceux ayant de proches ancêtres fran­çais. Le nombre de tou­ristes fran­çais qui viennent visi­ter les diverses attrac­tions de l’Aus­tra­lie conti­nue de croître chaque année ; notre der­nière esti­ma­tion sug­gère que quelque 60 000 tou­ristes fran­çais ont visi­té l’Aus­tra­lie l’an­née der­nière. La France, bien sûr, demeure une des­ti­na­tion très pri­sée des tou­ristes australiens.

Le sport nous donne de plus en plus l’oc­ca­sion de nous connaître. Les récents suc­cès de nos cyclistes au Tour de France, et notam­ment les cyclistes aus­tra­liens qui ont rem­por­té le Maillot vert deux années consé­cu­tives, ont beau­coup contri­bué à la pro­mo­tion de l’Aus­tra­lie auprès du public fran­çais tra­di­tion­nel­le­ment ama­teur de cyclisme. Nos ren­contres fré­quentes en Rug­by et lors de la Coupe Davis n’ont pas seule­ment été des évé­ne­ments spor­tifs d’une grande inten­si­té, ils nous ont aus­si don­né l’oc­ca­sion de célé­brer notre pas­sion com­mune pour le sport.

Les rela­tions cultu­relles bila­té­rales ont éga­le­ment été un domaine où l’ac­ti­vi­té a été bour­geon­nante. Je ne sur­pren­drai per­sonne en consta­tant que la France a, au fil du temps, été une source d’ins­pi­ra­tion et d’en­sei­gne­ment pour beau­coup d’ar­tistes aus­tra­liens. Un exemple contem­po­rain se trouve en la per­sonne de Geof­frey Rush, l’ac­teur aus­tra­lien vic­to­rieux d’un Aca­de­my Award, qui apprit son art au sein de l’é­cole de Jacques Lecoq à Paris. Sté­phane Jacob vous offre une intro­duc­tion à l’art visuel aus­tra­lien dans son article inclus dans ce volume et je suis cer­tain que vous trou­ve­rez ses pro­pos très per­ti­nents. Nous atten­dons aus­si l’ou­ver­ture en temps vou­lu du nou­veau Musée du Quai Bran­ly qui pré­sen­te­ra de nom­breuses œuvres d’art des com­mu­nau­tés indi­gènes d’Australie.

En conclu­sion, je pense donc pou­voir affir­mer qu’a­vec la longue tra­di­tion d’a­mi­tié et de coopé­ra­tion entre l’Aus­tra­lie et la France, cette rela­tion est aujourd’­hui en très grande forme. Elle est basée sur des fon­da­tions solides à la fois poli­tiques, éco­no­miques et socio­cul­tu­relles. Avec tout ce que nous avons en com­mun et notre attrac­tion mutuelle, ain­si que les syner­gies, dans bon nombre de domaines, je vois un grand poten­tiel pour l’é­pa­nouis­se­ment de nos rela­tions dans les pro­chaines années. Je suis convain­cu que je pour­rai comp­ter sur le rôle que l’É­cole poly­tech­nique, et la com­mu­nau­té de ses anciens élèves, ne man­que­ra pas de jouer dans ce projet. 

Aborigènes transportant leur feu dans leur canot. Muséum d’histoire naturelle du Havre.
Abo­ri­gènes trans­por­tant leur feu dans leur canot. Muséum d’histoire natu­relle du Havre. Col­lec­tion Lesueur n° 20 025–1.

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