« L’assurance santé doit évoluer vers un modèle plus préventif, personnalisé et plus digital »

Dossier : Vie des entreprises - AssurancesMagazine N°793 Mars 2024
Par Didier CADIC (X00)

Accé­lé­ra­tion des tran­si­tions, trans­for­ma­tion du modèle de san­té, déve­lop­pe­ment de la san­té digi­tale, inno­va­tion et nou­velles tech­no­lo­gies… sont autant d’enjeux qui mobi­lisent Gene­ra­li qui a fait le choix de se posi­tion­ner comme un acteur lea­der en matière de e‑santé dans le monde de l’assurance. Didier Cadic (X00), res­pon­sable de l’innovation chez Gene­ra­li France, nous en dit plus.

Le monde de l’assurance est à la croisée de transformations et d’enjeux majeurs. Quels sont-ils et comment les traitez-vous ?

Le monde change à une vitesse inédite. Face aux incroyables enjeux éco­lo­giques, cli­ma­tiques, géo­po­li­tiques et socié­taux, nous devons nous adap­ter sans cesse. Par exemple, le déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables ou encore l’explosion de la menace cyber s’accompagnent de risques spé­ci­fiques en matière de sécu­ri­té et de res­pon­sa­bi­li­té, que nous devons adres­ser avec des solu­tions d’assurance inédites, bien au-delà des garan­ties usuelles. Nous n’offrons plus à nos clients, entre­prises ou par­ti­cu­liers, une simple pro­tec­tion en bout de chaîne mais bien des solu­tions d’accompagnement qui visent à opti­mi­ser leur rési­lience glo­bale avec des moyens inno­vants de pré­ven­tion, détec­tion, réac­tion et répa­ra­tion. Nous allons au-delà du modèle clas­sique « assu­reur payeur » sym­bo­li­sé par notre signa­ture LifeTimePartner.
Pour déployer les inno­va­tions néces­saires à ces trans­for­ma­tions, nous avons dou­blé depuis 2021 nos inves­tis­se­ments dans les tech­no­lo­gies digi­tales, la data, l’intelligence arti­fi­cielle ou encore la blo­ck­chain. Le mon­tant d’investissement glo­bal sur ces tech­no­lo­gies « socles » est déjà pas­sé de 44 mil­lions d’euros en 2021 à 80 mil­lions d’euros en 2023. Au total, nos inves­tis­se­ments digi­taux repré­sen­te­ront 1,1 mil­liard d’euros entre 2022 et 2024, soit une aug­men­ta­tion de 60 % par rap­port au der­nier cycle stra­té­gique qui nous avait déjà per­mis de bâtir les fon­da­tions avec des orga­ni­sa­tions dédiées, des recru­te­ments d’experts et des infra­struc­tures adaptées.
Enfin, nous maxi­mi­sons la trans­ver­sa­li­té de nos inno­va­tions grâce à une mul­ti­pli­ci­té de labs recon­nus en interne : un « sus­tai­na­bi­li­ty lab » dédié aux enjeux de dura­bi­li­té, une « cog­ni­tive fac­to­ry » trai­tant des sujets d’automatisation et notam­ment d’IA géné­ra­tive, un « Data Lab » ras­sem­blant des data scien­tists bien déci­dés à valo­ri­ser toutes les don­nées de l’entreprise, un « Cli­mate Lab » très recon­nu pour sa maî­trise de notre expo­si­tion cli­ma­tique, etc.

Au cœur des enjeux qui vous mobilisent, on retrouve la transformation du modèle de santé. Pourquoi est-ce un sujet stratégique et quel rôle souhaitez-vous y jouer ?

Nous sommes convain­cus que le modèle de san­té est lui aus­si en pleine révo­lu­tion, avec l’émergence de nou­velles tech­no­lo­gies, de nou­veaux acteurs et de nou­veaux besoins. Nous pen­sons que l’assurance san­té doit évo­luer vers un modèle plus pré­ven­tif, per­son­na­li­sé et plus digi­tal, qui place le client au centre d’un par­cours de soins holis­tique et lon­gi­tu­di­nal. Mais notre sys­tème de san­té, com­plet et pro­tec­teur, est éga­le­ment un véri­table mas­to­donte, invo­quant par­fois des régle­men­ta­tions contrai­gnantes comme frein à l’innovation. Aucun acteur ne peut opé­rer cette trans­for­ma­tion seul, aus­si puis­sant soit-il sur le plan économique.
C’est pour­quoi nous avons lan­cé fin 2021 Future4care, une ini­tia­tive qui vise à accé­lé­rer la trans­for­ma­tion de la san­té en Europe, en ras­sem­blant de nom­breux par­te­naires autour des start-up Heal­th­Tech et Med­Tech les plus pro­met­teuses du conti­nent. Ces der­nières béné­fi­cient ain­si d’un éco­sys­tème par­te­na­rial très actif et ancré dans la réa­li­té indus­trielle. Entre autres, nous leur offrons un accès pri­vi­lé­gié à l’univers de Gene­ra­li afin de les confron­ter à la réa­li­té de notre ter­rain et de concré­ti­ser des par­te­na­riats ambi­tieux. Nous les aidons à déve­lop­per leur solu­tion, à la tes­ter, à la déployer et à la finan­cer, en fonc­tion de leurs besoins et de leur matu­ri­té. Nous leur appor­tons éga­le­ment notre vision stra­té­gique et notre connais­sance du mar­ché de la santé.
Pour ani­mer cet éco­sys­tème, Future4care orga­nise aus­si régu­liè­re­ment des évè­ne­ments d’ampleur avec des invi­tés pres­ti­gieux dans ses magni­fiques locaux du 13e arron­dis­se­ment. Par exemple, le fes­ti­val GenAI4Care du 18 décembre der­nier a ren­con­tré un énorme suc­cès en réunis­sant plus de 700 per­son­na­li­tés, dont les PDG d’Orange, Sano­fi, Cap­ge­mi­ni aux côtés de celui de Gene­ra­li, autour de l’utilisation de l’IA géné­ra­tive dans la santé.

Comment cela se traduit-il concrètement ?

Très concrè­te­ment, Future4care a accé­lé­ré, sur ses 6500m² du 13e, 64 start-up en seule­ment deux ans et 3 pro­mo­tions, sur des sujets aus­si variés que la pré­ven­tion, le diag­nos­tic, le sui­vi patient, la thé­ra­peu­tique, la télé­mé­de­cine, etc. Nous avons eu chez Gene­ra­li des dis­cus­sions avan­cées avec 19 d’entre elles et avons à ce jour conclu 6 par­te­na­riats. Cela repré­sente une accé­lé­ra­tion consi­dé­rable de nos cycles d’innovation en san­té digi­tale. Nous pou­vons citer Mapa­tho, un por­tail com­mu­nau­taire mis à dis­po­si­tion des dizaines de mil­liers de malades chro­niques pro­té­gés par Gene­ra­li afin qu’ils puissent par­ta­ger leurs expé­riences, s’informer et béné­fi­cier de ser­vices adap­tés à leur patho­lo­gie. Par exemple les malades chro­niques peuvent s’appuyer sur ce por­tail pour recons­ti­tuer leur éco­sys­tème médi­cal en cas de démé­na­ge­ment. Nous avons éga­le­ment noué un par­te­na­riat stra­té­gique avec Reme­dee Labs, qui offre une solu­tion non médi­ca­men­teuse de ges­tion de la dou­leur, s’appuyant entre autres sur des ondes mil­li­mé­triques qui sti­mulent loca­le­ment les récep­teurs de la peau et sou­lagent les dou­leurs chro­niques via la pro­duc­tion interne d’endorphine. Nous avons pris une par­ti­ci­pa­tion dans cette start-up pour l’aider notam­ment à atteindre le stade de « dis­po­si­tif médi­cal », ce qui illustre bien notre volon­té de contri­buer acti­ve­ment à l’émergence d’innovations de rup­ture qui peuvent amé­lio­rer la qua­li­té de vie de nos clients.

Comment mobilisez-vous les forces internes de Generali sur des terrains d’innovation aussi vastes ?

Gene­ra­li est un groupe inter­na­tio­nal, qui compte plus de 70 000 col­la­bo­ra­teurs dans plus de 50 pays, et qui pro­pose une diver­si­té de métiers, de cultures et d’opportunités. Notre groupe a une véri­table his­toire, une iden­ti­té forte et des ambi­tions très affir­mées. Mais sur­tout nous sommes un maillon essen­tiel de l’ensemble des sec­teurs d’activité, et pou­vons à ce titre avoir un impact très fort sur l’économie.
Ajou­tez à cela un éco­sys­tème d’open inno­va­tion comme Future4care, une culture interne très entre­pre­neu­riale, une stra­té­gie ambi­tieuse et des cen­taines de mil­liards d’euros d’actifs ; cela nous donne une force de frappe consi­dé­rable. Nos col­la­bo­ra­teurs se sentent inves­tis d’une immense res­pon­sa­bi­li­té au quo­ti­dien et cela rend nos métiers très attrac­tifs. J’ai moi-même décou­vert Gene­ra­li et l’assurance il y a un peu plus de 3 ans et j’y ai trou­vé un monde empli d’opportunités. Ici nous rai­son­nons davan­tage par l’impact que par les moyens.
Pour cata­ly­ser ces éner­gies et insuf­fler l’esprit d’innovation, nous par­ta­geons beau­coup avec les enti­tés métiers, à tra­vers notam­ment une com­mu­nau­té interne qui ren­contre un franc suc­cès : le « Cercle des Inno­vants ». Sur la thé­ma­tique de la san­té digi­tale, nous met­tons par ailleurs sou­vent les solu­tions des start-up de Future4care à dis­po­si­tion des col­la­bo­ra­teurs de Gene­ra­li pour qu’ils puissent tes­ter eux-mêmes ces inno­va­tions, comme ce fut le cas récem­ment avec une cabine de télé­san­té Bodyo déployée sur notre site Inno­va­tis (plus de 1 000 bilans san­té réa­li­sés par les col­la­bo­ra­teurs en 3 mois) ou encore les chal­lenges d’activité phy­sique en équipe de Kiplin (+80 % d’activité phy­sique moyenne quo­ti­dienne des col­la­bo­ra­teurs participants !).
Au-delà de ces aspects d’animation, les équipes inno­va­tion sont avant tout au ser­vice des métiers pour les aider à concré­ti­ser leurs idées ambi­tieuses sans les détour­ner de leurs prio­ri­tés de court-terme. Nous ren­con­trons assez peu de dif­fi­cul­tés pour mobi­li­ser les équipes sur des pro­jets inno­vants, même très ambi­tieux, car nous veillons tou­jours à ce que ces pro­jets soient bien por­tés par les besoins des enti­tés busi­ness et ali­gnés avec les prio­ri­tés stra­té­giques de Generali.

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