Cinéma Septembre 2022

La nuit du 12 / As Bestas / La maman et la putain / Bullet Train…

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°777 Septembre 2022
Par Christian JEANBRAU (63)

L’été a été chaud et sec, mais la récolte cinéphilique est abondante.

La nuit du 12La nuit du 12

Réal­isa­teur : Dominik Moll — 1 h 54

Excel­lent film, le meilleur du lot peut-être. Tout est bien joué, mais not­er d’abord la for­mi­da­ble human­ité à l’écran de Bouli Lan­ners. La con­struc­tion est sans faille, la mise en scène pré­cise, c’est le docu-fic­tion à l’état sub­limé, réfléchi, dense, qui mon­tre des hommes encore plus que des his­toires. Infor­mé et pro­fond. Impeccable !


As BestasAs Bestas 

Réal­isa­teur : Rodri­go Soro­goyen — 2 h 17

For­mi­da­ble den­sité et thé­ma­tiques mul­ti­ples. Denis Méno­chet, présence puis­sante dans la pre­mière par­tie, puis Mari­na Foïs, épous­tou­flante. La ten­sion s’installe dès la scène ini­tiale, qui pré­fig­ure le drame. Deux mon­des s’affrontent : l’un, là de tou­jours, enracin­e­ment borné tra­ver­sé d’un rêve de fuite ; l’autre, invasif et sat­uré de pro­grès, qui veut se créer et recréer un ter­roir. L’incompatibilité est totale. Cast­ing excel­lent. Réus­site complète. 


El Buen PatrónEl Buen Patrón

Réal­isa­teur : Fer­nan­do León de Ara­noa — 2 h

Fes­ti­val Javier Bar­dem, bien entouré. Excel­lent film, sub­til, autour d’un petit patron con­fron­té à une huitaine déci­sive où se con­cen­trent les prob­lèmes et les fêlures. Bonne volon­té et… faib­lesse humaine ouverte aux arrange­ments. Un scé­nario lucide et pré­cis sur le tra­gi-comique de nos petitesses et de nos com­pro­mis­sions, jusqu’à ris­quer d’aller trop loin.


Les goûts et les couleursLes goûts et les couleurs

Réal­isa­teur : Michel Leclerc — 1 h 50

Diver­tisse­ment de qual­ité, sit­u­a­tions, bande-son, acteurs (Rebec­ca Marder, Félix Moati, Judith Chem­la, Philippe Reb­bot — un régal à chaque appari­tion) : men­tion bien. Petite impres­sion d’inabouti à la fin, après une bas­cule du scénario.


FratèFratè

Réal­isatri­ces : Karole Rocher, Bar­bara Bian­car­di­ni — 1 h 25

Une Corse de pacotille. Un Water­loo cinématographique !


La maman et la putainLa maman et la putain 

Réal­isa­teur : Jean Eustache — 3 h 40

L’éternité selon Woody Allen : « Long, surtout vers la fin. » Mais c’est un must et puis, mal­gré un jeu dépourvu de tout naturel (sauf Bernadette Lafont), avec exis­ten­tiel ger­manopratin très sex­u­al­isé, litres de whisky et car­touch­es de cig­a­rettes, entre Renault 4L et irré­press­ible log­or­rhée (J.-P. Léaud), on ne s’ennuie pas. Une expéri­ence des limites.


Compétition officielleCompétition officielle

Réal­isa­teurs : Mar­i­ano Cohn, Gastón Duprat — 1 h 54

Les trois têtes d’affiche excel­lentes… et puis Pené­lope Cruz, mer­veilleuse. Satire affûtée de l’affrontement des ego et réflex­ion sur le jeu d’acteur, mais dans une suc­ces­sion de saynètes qui sent l’exercice de style. L’ossature d’un pro­jet de film plus qu’un film. La « non-fin » est d’ailleurs assez significative.


Bullet TrainBullet Train

Réal­isa­teur : David Leitch — 2 h 07

Brad Pitt a un charme fou et emporte dans son sil­lage un film d’esprit BD irra­con­table et foutraque, mais de plus en plus diver­tis­sant. Anti-déprime.


Entre la vie et la mortEntre la vie et la mort

Réal­isa­teur : Gior­dano Ged­er­li­ni — 1 h 35

Un polar solide, ryth­mé, com­plet, tenu, con­va­in­cant. Héros crédi­ble et ten­sion con­stante. Avec Marine Vacth, beauté stres­sante, et Anto­nio de la Torre, une décou­verte. Olivi­er Gourmet, tou­jours impér­i­al, devrait un de ces jours penser à vari­er son jeu.


Incroyable mais vraiIncroyable mais vrai

Réal­isa­teur : Quentin Dupieux — 1 h 14

L’ambition de dénon­cer des fan­tasmes (l’inépuisable viril­ité, la jeunesse éter­nelle) et, au bout, l’échec. De bons acteurs jouent avec tal­ent un ratage affligeant.


Decision to leaveDecision to leave

Réal­isa­teur : Park Chan-Wook — 2 h 18

Hyper sophis­ti­ca­tion. Psy­cholo­gie indéchiffrable. Sans doute l’histoire d’un flic fasciné par une mante religieuse… Un charme passe, très fugacement.


SweatSweat

Réal­isa­teur : Mag­nus von Horn — 1 h 46

Une reine du fit­ness, 600 000 fol­low­ers et un univers affec­tif réduit à un Jack Rus­sell. Un harceleur, aus­si. L’ennui d’une vie de façade. Pas tout à fait inintéressant.

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