La lutte d’une polytechnicienne pour concilier vie privée et vie professionnelle

La lutte d’une polytechnicienne pour concilier vie privée et vie professionnelle

Dossier : 50 ans de féminisation de l'XMagazine N°777 Septembre 2022
Par Laure THIBAUT (X84)

Diplômée de la pro­mo­tion X84, Lau­re Thibaut a dû lut­ter tôt dans sa car­rière pour que la con­cil­i­a­tion de sa vie per­son­nelle et pro­fes­sion­nelle soit respec­tée tant par son employeur que par la société.

Très vite, trop vite après mon entrée dans la vie pro­fes­sion­nelle, je me suis retrou­vée face à deux injonc­tions con­tra­dic­toires : d’une part mon employeur qui, compte tenu de mon CV, s’attendait à ce que je fasse car­rière en oubliant toute vie privée et d’autre part ma mairie qui m’a dit – je cite – que j’étais une mère indigne si, avec le nom­bre d’enfants que j’avais (cinq), je voulais travailler.

Faire évoluer la société

Face à cette sit­u­a­tion, refu­sant de choisir entre vie pro­fes­sion­nelle et vie privée, j’ai cher­ché com­ment je pou­vais par­ticiper à l’évolution de la société, pour ne pas être une généra­tion sac­ri­fiée pour rien et parce que je pen­sais que cela pou­vait lui être béné­fique. J’ai alors inté­gré un syn­di­cat de salariés qui met­tait en place le pre­mier réseau visant à pro­mou­voir l’égalité profession­nelle. J’ai ain­si par­ticipé à des groupes de tra­vail qui ont été force de propo­si­tions à par­tir de 2005 pour le cor­pus lég­is­latif autour de ce sujet, j’ai accom­pa­g­né en sou­tien des syn­di­cal­istes qui ont négo­cié des accords pro­fessionnels et par­ticipé aux délé­ga­tions de négo­ci­a­tion au sein de mon entre­prise autour de qua­tre accords successifs.

Une longue procédure pour plus d’égalité professionnelle

Sachant qu’un sujet avance grâce à des démarch­es col­lec­tives, mais aus­si grâce à des dossiers indi­vidu­els qui ser­vent de jurispru­dence, et ayant ren­con­tré une avo­cate qui avait voué sa vie à ces dossiers, en 2012 j’ai instru­men­tal­isé ma pro­pre sit­u­a­tion. En 2018, après trois cours d’appel, un juge de l’exécution et une Cour de cas­sa­tion, mon employeur est défini­tive­ment con­damné pour dis­crim­i­na­tion, alors qu’il avait essayé par tous les moyens de ne pas appli­quer le pre­mier juge­ment de la cour d’appel qui en 2015 le con­damnait à me pass­er cadre supérieur, pour non-appli­ca­tion du pro­to­cole égal­ité pro­fes­sion­nelle. J’ai finale­ment quit­té l’entreprise.

Pour en revenir à l’École, à mes yeux le fait que l’X soit ouverte aux filles ne sera plus hyp­ocrite le jour où notre société per­me­t­tra de con­cili­er vie pro­fes­sion­nelle et vie privée. Il y a encore beau­coup à faire ; j’y ai pris ma part autant que possible.

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