La dette

La dette : n’ayez pas peur

Dossier : DetteMagazine N°766 Juin 2021
Par Jean-Baptiste MICHAU (M2006)
Par Frederic BONNEVAY (M2006)

La dette mon­di­ale s’accroît sans cesse, cer­taine, inex­orable et menaçante. Les mil­liards pleu­vent chaque jour, au risque d’un emballe­ment que d’aucuns craig­nent hors de con­trôle. Alors que des voix tou­jours plus nom­breuses s’élèvent pour prédire l’imminence d’une cat­a­stro­phe, alors que refait sur­face un incon­scient col­lec­tif naturelle­ment porté à moralis­er la ques­tion des dettes, le pire, pour­tant, n’est pas si sûr.

La dette, un levier de croissance et d’innovation

Levi­er de crois­sance et d’innovation, sup­port priv­ilégié d’épargne et de prévoy­ance, vecteur de con­fi­ance par la pro­duc­tion de crédit, la dette est bien, pour l’individu, l’entreprise et l’État, la pierre angu­laire de tout pro­jet, le socle irréfragable duquel jail­lit l’avenir. L’outil, certes, est puis­sant, au point d’abréger les crises et de sus­citer la relance, mais ses effets réels restent incer­tains à plus long terme, tant est voi­sine la rédemp­tion de l’artifice, le mir­a­cle économique du mirage financier. Nous avons tous en mémoire l’origine des crises qui ont frap­pé l’Europe et l’Amérique depuis 2008, et nous ne pou­vons faire fi du con­sid­érable alour­disse­ment des bilans mon­di­aux, en pleine péri­ode de pandémie. Le remède serait-il pire que le mal ? Le monde va-t-il mourir guéri ? Existe-t-il, comme en physique, des lois et des con­stantes uni­verselles en matière économique ?

Parole aux experts

Pour ten­ter d’y voir plus clair, nous don­nerons la parole dans ce dossier à des experts et prati­ciens chevron­nés qui, à la lumière de leurs recherch­es et de leur expéri­ence pro­pre, nous livreront quelques pré­cieuses clés d’analyse. Quels sont les déter­mi­nants – cul­turels, soci­aux et poli­tiques – des endet­te­ments ? Com­ment domes­ti­quer la dette pour s’en faire un servi­teur plus qu’un maître et pour dis­tinguer l’habile ges­tion du pacte faustien ? Par quels moyens tech­niques, canaux ban­caires et marchés de cap­i­taux la dette naît-elle, cir­cule-t-elle, dis­paraît-elle, et quelles sont les modal­ités de son con­trôle ? Emprun­teurs privés et publics sont-ils effec­tive­ment soumis aux mêmes règles du jeu ? Existe-t-il une « meilleure façon de faire fail­lite » et y a‑t-il une vie après la mort subite par défaut de paiement ? L’atlas financier mon­di­al, tis­su de liens entre créanciers et débi­teurs, doit-il se lire en fil­igrane comme la car­togra­phie d’enjeux stratégiques en per­ma­nente recomposition ?

Poison ou panacée ?

Poi­son ou panacée suiv­ant les cas et les épo­ques, la dette, en défini­tive, pour­rait n’être que le reflet d’un ordre économique impar­fait et changeant. La ter­reur instinc­tive qu’elle inspire ne doit pas mas­quer la cer­ti­tude de ses bien­faits poten­tiels, tout par­ti­c­ulière­ment en ces temps de cat­a­clysmes san­i­taires où elle est seul recours : l’apparent fardeau ne doit pas tou­jours occul­ter le trem­plin, tant sont par­fois bien réels les intérêts de la dette.

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