Jules Verne, ravitailleur spatial européen très automatisé

Dossier : X-aviationMagazine N°635 Mai 2008
Par Jean-François CLERVOY (78)

Ce vais­seau pesant vingt tonnes et de même taille qu’un bus à dou­ble étage est très automa­tisé et équipé de plusieurs dis­posi­tifs garan­tis­sant la sécu­rité de l’équipage de l’ISS. Le mode de sécu­rité ultime appelé « manœu­vre anti­col­li­sion » a été testé avec suc­cès en orbite le 14 mars.

À par­tir du 29 mars ont été exé­cutées à la per­fec­tion trois approches de démon­stra­tion, sur­veil­lées par le cen­tre de con­trôle situé au CNES à Toulouse. Grâce à des tech­nolo­gies très inno­vantes de nav­i­ga­tion optique, Jules Verne s’est approché puis a accosté automa­tique­ment au seg­ment russe avec une pré­ci­sion iné­galée de l’ordre du cen­timètre. Ajoutée à cette pré­ci­sion, la sta­bil­ité par­faite du pilote automa­tique a per­mis une économie de l’ordre d’une tonne de car­bu­rant sur les prévi­sions de con­som­ma­tion, ce qui représente autant de ressources sup­plé­men­taires de propul­sion au ser­vice de l’ISS.

En effet, une fonc­tion impor­tante de l’ATV est le remorquage de la sta­tion qui perd en moyenne deux cents mètres d’altitude par jour, suite au freinage con­tinu exer­cé par l’atmosphère résidu­elle même à qua­tre cents kilo­mètres d’altitude. L’ATV pour­ra aus­si pilot­er l’orientation de la sta­tion et mod­i­fi­er sa tra­jec­toire pour éviter les débris spa­ti­aux éventuels comme cela s’avère néces­saire quelques fois chaque année.

Pour les 250 derniers mètres du ren­dez-vous, l’équipage dis­po­sait d’un moyen indépen­dant de sur­veil­lance vidéo et de com­man­des d’arrêt ou de recul du vaisseau. 

Ravitailler et débarrasser

Leurs pre­miers com­men­taires étaient très élo­gieux pour ce nou­veau mod­ule bien­venu qui, au-delà de sa fonc­tion de rav­i­taille­ment, débar­rassera pro­gres­sive­ment la sta­tion des rebus et déchets qui s’y accu­mu­lent. Le vais­seau Jules Verne libér­era ain­si beau­coup d’espace dans le com­plexe spa­tial qui rece­vait jusqu’à ce jour plus de biens qu’il ne pou­vait s’en débar­rass­er lors des mis­sions de dessertes suc­ces­sives assurées par nos partenaires.
En fin de mis­sion, lorsque toutes ses ressources auront été exploitées, le vais­seau Jules Verne, rem­pli de ces rebus, sera détaché de la sta­tion en août puis détru­it lors d’une ren­trée con­trôlée dans l’atmosphère au-dessus du paci­fique. Qua­tre autres ATV sont déjà com­mandés pour sat­is­faire en nature plutôt qu’en cash l’obligation de paiement par l’Agence spa­tiale européenne de sa coti­sa­tion aux frais de fonc­tion­nement de l’ISS.

Explorer le système solaire

Une fois cette pre­mière mis­sion de ren­dez-vous réussie, et compte tenu de l’expérience acquise grâce au lanceur Ari­ane, au mod­ule Colum­bus et à la cap­sule de ren­trée ARD, l’Europe spa­tiale avec ses acteurs majeurs – l’ESA, le CNES, Astri­um et Thales – et leurs mul­ti­ples sous-trai­tants répar­tis dans dix pays européens pour­ra pré­ten­dre jouer un rôle incon­tourn­able et de pre­mier plan dans les futures mis­sions d’exploration du sys­tème solaire.

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