Jean Nganso-Sunji

Jean Nganso Sunji (58) premier polytechnicien camerounais

Dossier : TrajectoiresMagazine N°774 Avril 2022Par Michel LÉVY (58)

Décédé le 14 novem­bre 2021, Jean Ngan­so Sun­ji a choisi, à sa sor­tie de l’École, de faire car­rière dans l’armée de son pays natal, le Camer­oun, où il s’est fait con­naître notam­ment en organ­isant, avec suc­cès, la résis­tance à la ten­ta­tive de putsch de 1984.

Né le 15 octo­bre 1937, à Balen­gou, dans le départe­ment du Ndé, région de l’Ouest, Jean Ngan­so Sun­ji a fait des études clas­siques jusqu’au bac­calau­réat, dans l’enseignement pub­lic au Camer­oun. (Rap­pelons qu’après la Pre­mière Guerre mon­di­ale le Camer­oun, aupar­a­vant colonie alle­mande, a été placé sous tutelle de la Société des Nations qui a con­fié l’administration de la par­tie ori­en­tale du pays à la France, le reste étant admin­istré par la Grande-Bre­tagne.) Jean a pour­suivi ses études dans les class­es pré­para­toires du lycée Mon­taigne de Bor­deaux. Il a réus­si le con­cours d’entrée à Poly­tech­nique et a fait par­tie de la pro­mo­tion 1958. À l’X, il était un cama­rade très sym­pa­thique et cor­dial avec les amis qu’il fréquen­tait (notam­ment au groupe catho) et très mod­este. On ne se rendait pas du tout compte qu’il était le pre­mier élève africain (hors Maghreb) ayant réus­si à entr­er à l’X. Après l’X, il a suivi le même chemin que les ingénieurs du corps des Ponts et Chaussées : deux ans d’études à l’ENPC (École nationale des ponts et chaussées), six mois d’école d’officier à l’EAG (École d’application du génie d’Angers). C’est, peut-être, cette dernière péri­ode qui a déter­miné sa voca­tion mil­i­taire qu’on ne soupçon­nait pas quand il était à l’X, mis à part le brevet de para­chutiste qu’il avait passé, à titre sportif, comme bien d’autres élèves.

Participer au développement du Cameroun

Ses cama­rades ont beau­coup appré­cié le fait que, après ses études en France, il retourne au Camer­oun, pour aider son pays d’origine à s’organiser et à se dévelop­per, après avoir obtenu son indépen­dance en 1960. En effet, à cette époque, beau­coup d’étudiants africains préféraient rester en France après leurs études et y faire car­rière, plutôt que de retourn­er dans leur pays d’origine pour l’aider à bâtir son indépen­dance fraîche­ment acquise. Après quelques années de ser­vice sur le ter­rain, années peu nom­breuses mais dif­fi­ciles et où il a été très effi­cace, il rejoint le min­istère des Forces armées du Cameroun.

Là, tou­jours sans se met­tre en avant, il jouera un rôle prépondérant dans l’organisation et l’équipement des Forces armées du Camer­oun, tout en faisant, dans les pre­miers temps, des stages (deux ans au total) dans les prin­ci­paux états-majors de l’armée française. Au fur et à mesure de ses pro­mo­tions suc­ces­sives, il œuvr­era dans tous les départe­ments impor­tants du min­istère, avec une spé­cial­i­sa­tion finale dans l’armée de l’air dont il sera général chef d’état-major pen­dant dix ans, à par­tir de 1983.

Un soldat aussi valeureux que loyal

Il n’est apparu au grand pub­lic de son pays qu’en avril 1984, lorsque des mil­i­taires ont voulu organ­is­er un putsch con­tre le Prési­dent Paul Biya. Avec deux autres généraux, il a pris la tête des troupes restées fidèles et a organ­isé, avec un grand courage, la résis­tance aux troupes des putschistes qui a été couron­née de succès.

Cette action a grande­ment con­tribué à sta­bilis­er le Camer­oun qui, en cas de suc­cès de ce pre­mier putsch, risquait de con­naître une suc­ces­sion d’actions sim­i­laires et de som­br­er dans l’instabilité.

Au cours de ses dernières activ­ités de car­rière, il a été, en tant que général de corps d’armée, inspecteur général des armées.

Jean Ngan­so-Sun­ji a été admis en deux­ième sec­tion le 11 mars 2011.

Il était, au Camer­oun, com­man­deur de l’ordre de la Valeur et grand cor­don du Mérite. En France, il était com­man­deur de la Légion d’honneur.

Il laisse der­rière lui son épouse, Mme Marie Esther Kouekeu, trois enfants et six petits-enfants. 

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