Portraits et statues au musée de l'École polytechnique

Inauguration du musée de l’X : MUS’X

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°736 Juin 2018
Par Nadine SALABERT

Créer un musée est un pro­jet com­plexe, où l’on doit adress­er un mes­sage au vis­i­teur. Ici, on lui pro­pose le par­cours : pourquoi et pour qui enseign­er les sci­ences ? com­ment enseign­er les sci­ences ? la sci­ence ou les sci­ences ? les sci­ences et la guerre, et pour finir : les sci­ences en société. Dans la salle d’exposition tem­po­raire, c’est le bicen­te­naire de la mort de Gas­pard Mon­ge qui est célébré. 

Nadine Salabert, vous avez dirigé le projet muséographique de mus’X. Qu’avait-il de particulier ?

Un musée, c’est tou­jours un pro­jet com­plexe : ce ne sont pas seule­ment et d’abord des objets à expos­er. C’est avant tout un mes­sage : que veut-on dire, et à qui, de l’histoire de l’École poly­tech­nique, de l’histoire des sci­ences ou de la « Grande His­toire » au tra­vers de ces collections ? 

En fait, c’est un réc­it trans­ver­sal qui est don­né à voir, et qui mène le vis­i­teur d’hier à aujourd’hui au tra­vers d’une série de ques­tions qui struc­turent le par­cours : pourquoi et pour qui enseign­er les sci­ences ? Com­ment enseign­er les sci­ences ? La sci­ence ou les sci­ences ? Les sci­ences et la guerre, et pour finir : les sci­ences en société. 

“Un parcours tout à fait exceptionnel dans l’histoire de l’École”

Ce sont donc des ques­tion­nements qui ont mar­qué le développe­ment de l’École, depuis Gas­pard Mon­ge jusqu’à de grandes fig­ures de sci­en­tifiques plus proches de nous comme Lau­rent Schwartz ou Louis Lep­rince-Ringuet, en pas­sant par Gay-Lus­sac ou Freycinet pour ne citer que deux des plus grands con­tribu­teurs his­toriques aux col­lec­tions pat­ri­mo­ni­ales de l’X.

Mus’X, c’est donc un par­cours tout à fait excep­tion­nel dans l’histoire d’une école qui ambi­tionne dès l’origine d’enseigner la sci­ence (les sci­ences ?) en train de se faire, mais aus­si dans un con­texte mar­qué par les grands moments de l’histoire de France que sont la révo­lu­tion indus­trielle et les mul­ti­ples guer­res qui ont jalon­né cette histoire. 

Comment une muséographe travaille-t-elle ?

Avant tout, pas seule ! Le tra­vail du muséo­graphe con­siste essen­tielle­ment à met­tre en sens et en œuvre un par­cours de vis­ite. Il s’applique aux con­tenus d’une expo­si­tion avant de s’appliquer à leur mise en scène. 

Une fois posés les fon­da­men­taux de ce par­cours, il s’agit d’un tra­vail d’équipe avec de mul­ti­ples parte­naires : le comité de pilotage présidé par Hubert Lévy-Lam­bert (53), prési­dent d’Amusix, que vos lecteurs con­nais­sent bien, je crois ; le con­seil sci­en­tifique, dirigé par Frédéric Brechen­mach­er, qui est pro­fesseur d’Histoire des Sci­ences à l’X ; et bien sûr le Cen­tre de Ressources His­toriques de l’X, dirigé par Marie-Chris­tine Thooris, qui nous a apporté son plein soutien. 

Et au sein d’Altermuseo, c’est aus­si toute une équipe pluridis­ci­plinaire qui tra­vaille avec moi : archi­tecte, scéno­graphes, graphiste, éclairag­iste… sans oubli­er bien enten­du de nom­breuses entre­pris­es spé­cial­isées dans ce genre de réalisation. 

C’est donc un ensem­ble de com­pé­tences très com­plet qui est mis en œuvre sur ce pro­jet, et qui lui donne l’assise pro­fes­sion­nelle néces­saire pour aboutir à un véri­ta­ble musée. Mus’X sera d’ailleurs le 22e musée dépen­dant du min­istère des Armées, et non le moindre… 

Que va-t-on découvrir à mus’X ?

Il y a d’abord l’espace d’exposition per­ma­nente, situé au rez-de-chaussée de la bib­lio­thèque, et qui s’articule donc selon un par­cours thé­ma­tique : d’abord les col­lec­tions rel­a­tives à la mesure et aux math­é­ma­tiques, autour du thème : pour quoi et pour qui enseign­er les sci­ences ? On passe ensuite au « com­ment enseign­er les sci­ences ? », avec les col­lec­tions d’électricité et mag­nétisme ; puis « la sci­ence ou les sci­ences », avec la ther­mique et la chimie. 

On con­tin­ue avec « Les sci­ences et les guer­res », et l’hydrostatique. Enfin, le dernier espace ouvre sur les ques­tion­nements con­tem­po­rains, avec les sci­ences en société et l’interdisciplinarité.

On retrou­vera bien sûr des ensem­bles impor­tants, comme la recon­sti­tu­tion du lab­o­ra­toire de Gay-Lus­sac, sans oubli­er l’iconique micro­scope de Mag­ny, qui est aus­si l’emblème du musée. 

Mais il y a aus­si une salle d’exposition tem­po­raire. Cette année, pour l’ouverture du musée, le cal­en­dri­er fait bien les choses puisque nous célébrons en 2018 le bicen­te­naire de la mort de Gas­pard Mon­ge : on ne pou­vait rêver plus à pro­pos. C’est donc une expo­si­tion con­sacrée au plus illus­tre des pères fon­da­teurs de l’École qui sera pro­posée au public. 

DES COLLECTIONS PRESTIGIEUSES

Ces col­lec­tions – en lien direct avec l’histoire de l’École poly­tech­nique – offrent un témoignage unique de l’évolution des inter­ac­tions entre sci­ences et sociétés et sont célèbres à une échelle mon­di­ale dans le champ de l’histoire des sci­ences et des techniques. 

Hubert Lévy-Lam­bert (extrait de la pla­que­tte mus’X)

UN TRIPLE OBJECTIF

Le par­cours de vis­ite de l’exposition per­ma­nente du mus’X a été conçu avec trois objec­tifs : val­oris­er les col­lec­tions his­toriques de l’École poly­tech­nique, con­stituer un espace de médi­a­tion en lien avec la recherche con­tem­po­raine et dif­fuser la cul­ture sci­en­tifique et tech­nologique à des­ti­na­tion d’un pub­lic large, notam­ment scolaire. 

Frédéric Brechen­mach­er (extrait de la pla­que­tte mus’X)

UN PROJET EN PRISE SUR L’ECOLE AUJOURD’HUI

Dès 2017, deux groupes d’élèves ont choisi de con­sacr­er au mus’X leur pro­jet sci­en­tifique col­lec­tif de deux­ième année. L’un tra­vaille à la con­cep­tion d’une appli­ca­tion infor­ma­tique de réal­ité virtuelle per­me­t­tant d’enrichir l’expérience des vis­i­teurs en fonc­tion de leur emplace­ment spa­tial, l’autre à la con­cep­tion d’audiovisuels illus­trant la diver­sité des enjeux de la recherche et de l’innovation con­tem­po­raines par une série de por­traits de femmes et d’hommes menant des car­rières scientifiques. 

Frédéric Brechen­mach­er (extrait de la pla­que­tte mus’X)

DES PARCOURS DIVERSIFIES

Au-delà du scé­nario prin­ci­pal, conçu pour une pre­mière vis­ite et à des­ti­na­tion d’un large pub­lic, cer­tains dis­posi­tifs invi­tent à des par­cours plus appro­fondis et diver­si­fiés. Ils per­me­t­tent notam­ment de con­sul­ter les col­lec­tions doc­u­men­tant la vie de l’École à dif­férentes épo­ques : films doc­u­men­taires réal­isées par des élèves de 1945 à nos jours, argot de l’X, car­i­ca­tures et chan­sons des séances des ombres, jour­naux d’élèves tels que Le petit cra­pal, archives audio­vi­suelles de cours tels que ceux de Lau­rent Schwartz ou Louis Leprince-Ringuet. 

Frédéric Brechen­mach­er (extrait de la pla­que­tte mus’X)


La pla­que­tte Mus’X

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