Hubert Lebrun (62) industriel spécialiste des PME et des ETI

Dossier : TrajectoiresMagazine N°746 Juin 2019
Par Anne BERNARD-GÉLY (74)
Par Henri JANNET (65)
Par Jean-Paul MÉRIC (63)
Par René-François BERNARD (70)

Décédé bru­tale­ment le 14 jan­vi­er dernier, Hubert Lebrun a fait une car­rière d’ingénieur dans l’industrie, s’intéressant par­ti­c­ulière­ment aux PME et ETI. Fidèle à ses attach­es lor­raines, il s’est aus­si con­sacré à des recherch­es his­toriques sur le Pays-Haut lorrain.

Petit-fils du prési­dent Albert Lebrun, major de la pro­mo­tion 1890, Hubert, né en 1942, a gran­di entre Paris, la Lor­raine, et la Brie. Il pré­pare l’X au lycée Jan­son-de-Sail­ly et intè­gre avec facil­ité notre École pour laque­lle il gardera toute sa vie une très grande recon­nais­sance pour ce qu’il y avait appris et pour les ami­tiés qu’il y avait nouées… Tou­jours déter­miné et pas­sion­né, Hubert ne fai­sait jamais les choses à moitié et aimait tra­vailler avec les autres, c’était l’esprit même de l’École.

Un vif intérêt pour les PME

À sa sor­tie de l’X, décidé à faire une car­rière d’ingénieur et attiré par le poten­tiel con­sid­érable de l’industrie nucléaire, il entre au CEA puis le quitte lors de l’abandon de la fil­ière « graphite-gaz » et se tourne alors vers un autre secteur en pleine expan­sion : celui du ciment. Entré chez Lafarge dans la recherche, il par­ticipe à la réor­gan­i­sa­tion de ce secteur essen­tiel pour l’avenir de la construction.

Il passe d’abord quelques années au Cen­tre tech­nique de l’industrie cimen­tière où il éla­bore une charte qui don­nera une impul­sion nou­velle à cet organ­isme. Il rejoint ensuite les cen­tres de recherche de Rueil puis de Viviers, dans le cœur his­torique du cimen­tier Lafarge pour met­tre sur les rails une organ­i­sa­tion qui portera ses fruits dans les années à venir. Entre-temps, le groupe Lafarge s’étant diver­si­fié dans des matéri­aux de sec­ond œuvre, Hubert voit de nou­velles per­spec­tives se présen­ter et saisit l’occasion pour pren­dre la direc­tion d’activités de mécanique, décou­vrant ain­si le monde des gross­es PME en Alle­magne où il s’investit avec bon­heur et suc­cès. Après plusieurs postes de direc­tion dans les gross­es PME, il se pas­sionne pour le monde des fusions-acqui­si­tions, en par­ti­c­uli­er des rap­proche­ments trans­frontal­iers, en inté­grant le cab­i­net Intu­itu Cap­i­tal SA. Il y restera jusqu’à la fin de sa car­rière, se con­sacrant au développe­ment d’entreprises de taille moyenne dans ce milieu où l’on reste en per­ma­nence au con­tact de la tech­nique, des hommes et des ter­ri­toires. Dans les opéra­tions finan­cières, il mit con­stam­ment en avant les aspects indus­triels et soci­aux pour préserv­er l’activité en France et notam­ment en Lorraine.

Le sauvetage des ETI

Ces dernières années, il a mis bénév­ole­ment son expéri­ence et ses com­pé­tences au ser­vice du sauve­tage des entre­pris­es indus­trielles de l’Aisne en dif­fi­culté : trou­ver une solu­tion tenait de l’exploit face à la mul­ti­plic­ité des acteurs publics et la dilu­tion des respon­s­abil­ités qu’elle induit.

Mem­bre du groupe X des Busi­ness Angels des Grandes Écoles, il a répon­du présent quand ce réseau a cher­ché un bénév­ole pour mon­ter une solu­tion de reprise de deux start-up indus­trielles en grande dif­fi­culté, mon­ter les dossiers cor­re­spon­dants, trou­ver des acquéreurs poten­tiels, et organ­is­er les rapprochements.

Un esprit curieux et passionné d’histoire de la Lorraine

Hubert s’est beau­coup engagé dans l’histoire du Pays-Haut, et notam­ment de tout ce qui se rap­por­tait à la Pre­mière Guerre mon­di­ale. Il était vice-prési­dent de l’association His­toire et Pat­ri­moine de Mer­cy-le-Haut, com­mune de nais­sance de son grand-père et s’est beau­coup investi pour faire vivre le sou­venir d’Albert Lebrun. Il fai­sait énor­mé­ment de recherch­es sur les événe­ments sur­venus à cette époque, en par­ti­c­uli­er l’histoire de la bataille des fron­tières du 22 août 1914, en tra­vail­lant avec les archives alle­man­des et français­es, et était très attaché à la sauve­g­arde du pat­ri­moine local, et au devoir de mémoire qu’il a cher­ché à trans­met­tre aux écol­iers lor­rains. Ses travaux ont même reçu la recon­nais­sance du New York Times en 2014. 

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