GreenYellow

GreenYellow : La force du collectif comme moteur durable de rentabilité

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°770 Décembre 2021
Par Alexandra MANNAÏ (2003)

Selon Alexan­dra Man­naï (2003), CSR Direc­tor and Chief Trans­for­ma­tion Offi­cer (CTO) de GreenYel­low, il est essen­tiel pour les jeunes d’aborder le monde de façon hum­ble et courageuse, et d’avancer pas à pas pour bâtir leur car­rière vers ce qui leur sem­ble être « bien ». Retour sur les moments forts de son par­cours et ses prin­ci­paux défis au quotidien.

Quelles sont vos valeurs et d’où viennent-elles ?

Spon­tané­ment, je dirais que ma pré­pa au lycée Sainte-Geneviève a ancré une grande par­tie de mes valeurs : la curiosité et la soif d’apprendre, la recherche de l’excellence, le dépasse­ment de soi et surtout l’importance et la force du col­lec­tif. Avec du recul, je m’aperçois que ces valeurs étaient en réal­ité bien enrac­inées dans l’éducation que j’ai reçue, mêlant ouver­ture, tolérance, exi­gence et impor­tance du noy­au familial. 

Quelles sont les étapes les plus marquantes de votre parcours professionnel depuis votre sortie de Polytechnique ?

Après 6 ans d’études assez théoriques, je me sen­tais plus attirée par une expéri­ence « ter­rain » que « bureau ». J’avais envie de tra­vailler pour une belle entre­prise française, bien ancrée dans notre pat­ri­moine : direc­tion Saint-Jean-de-Braye, à l’usine de par­fums Chris­t­ian Dior. Là, je fais la con­nais­sance de Jean­nette, « madame nœud Miss Dior » du temps où les lignes de pro­duc­tion étaient manuelles… 30 ans plus tôt ! Dior sera aus­si ma pre­mière expéri­ence de man­age­ment, bien dif­férent du style mil­i­taire, de la con­fronta­tion des généra­tions « avec ou sans ordinateur ».

Après mon MBA à Har­vard, lors duquel j’avais par­ti­c­ulière­ment inves­tigué la sphère finance / investisse­ments, j’ai rejoint l’équipe oper­a­tional due-dili­gence au sein du cab­i­net Alvarez & Marsal à Boston. J’ai ain­si accom­pa­g­né plusieurs fonds de pri­vate equi­ty, en amont de leurs investisse­ments au sein de PME-ETI sou­vent peu sophis­tiquées. L’objectif était d’identifier et de quan­ti­fi­er le poten­tiel financier qui serait issu d’optimisations de proces­sus opéra­tionnels, d’organisation, de dig­i­tal­i­sa­tion etc. Un rôle qui me va comme un gant, à la croisée de l’opérationnel et de la finance.

Lorsqu’en 2017 le groupe Casi­no me sol­licite pour un rôle de directeur de mis­sion auprès de Gérard Wal­ter, alors mem­bre du Comex du groupe, je m’interroge. Mais pas longtemps : Gérard est un de ces rares auto­di­dactes qui ont com­mencé leur car­rière sur le ter­rain et qui ont su évoluer et s’élever à la force de leur intu­ition et de leur per­son­nal­ité. Je pressens que j’apprendrai énor­mé­ment aux côtés de ce grand meneur d’hommes et décide de rejoin­dre le groupe. Pen­dant 2 ans, je l’accompagne tam­bour bat­tant sur plusieurs pro­jets d’envergure : rap­proche­ment des fil­iales logis­tique, développe­ment de mag­a­sins dans la zone Océan indi­en, restruc­tura­tions et de ces­sions… avant qu’il ne décide de pren­dre sa retraite anticipée !

Auriez-vous un exemple de situation qui vous a menée en dehors de votre zone de confort ?

Quand je suis arrivée en 2019 chez GreenYel­low aux côtés de Otmane Hajji, je ne con­nais­sais pour ain­si dire rien au monde de l’énergie – cela remon­tait à ma dernière année de l’X et depuis lors, tout avait changé. Par ailleurs, je quit­tais une entité très mature, dans un con­texte d’optimisation de coûts et de ces­sions d’actifs pour celui d’une qua­si-start-up en plein essor, et ma feuille de route était à bâtir… en totalité ! 

Et ce fut en même temps une très grande chance pour moi : l’inconfort m’a poussée à la créa­tiv­ité, et j’ai pro­posé de struc­tur­er deux nou­velles dimen­sions stratégiques pour GreenYel­low : la RSE (respon­s­abil­ité socié­tale des entre­pris­es) et le M&A (fusions acqui­si­tions). Ces deux activ­ités parta­gent une même portée inter­na­tionale et sont trans­vers­es à plusieurs fonc­tions, ce qui m’a per­mis de rapi­de­ment met­tre en œuvre mon goût pour les pro­jets col­lec­tifs. Et elles m’ont apporté un éclairage com­plé­men­taire et néces­saire pour assim­i­l­er rapi­de­ment les enjeux de notre industrie.

Quelles sont les activités de GreenYellow en deux mots ?

Nous sommes un acteur mon­di­al de la tran­si­tion énergé­tique et écologique, spé­cial­isé dans les instal­la­tions décen­tral­isées (autrement dit très proches du con­som­ma­teur final). Nous sommes présents dans 16 pays sur 4 con­ti­nents et y déployons trois métiers complémentaires :

  • fournir de l’électricité verte et locale en con­ce­vant, con­stru­isant et finançant des cen­trales solaires pho­to­voltaïques au plus proche des util­isa­teurs fin­aux (B2B);
  • accroître l’efficacité énergé­tique de nos clients en investis­sant pour mod­erniser leurs équipements et trou­ver les meilleurs paramé­trages pour une con­som­ma­tion réduite et maîtrisée ;
  • soutenir nos clients pour mieux acheter leur énergie, béné­fici­er de sou­tiens financiers, obtenir des garanties d’origine ou des cer­ti­fi­cats carbone.

La RSE semble donc faire partie intégrante de l’ADN de GreenYellow et pourtant il a été nécessaire de structurer cette activité. Pourriez-vous nous donner quelques exemples concrets ?

La RSE est une mis­sion que je mène avec beau­coup de pas­sion depuis plus de 2 ans main­tenant, et qui est beau­coup plus vaste que l’impact envi­ron­nemen­tal de nos pro­jets. C’est un sujet qui a pris une dimen­sion stratégique, et même dif­féren­ciante vis-à-vis de nos clients, de nos four­nisseurs et de nos investis­seurs. En 2021, nous avons par exem­ple déployé une démarche dite « d’achats respon­s­ables » c’est-à-dire en impli­quant nos four­nisseurs dans une démarche éthique, sociale et envi­ron­nemen­tale. Cette ini­tia­tive est par­ti­c­ulière­ment appré­ciée de nos bailleurs, de nos fonds d’investissements et de nos action­naires, et posi­tionne GreenYel­low en avance par rap­port à ses concurrents.

Et pour l’année prochaine, j’ambitionne notam­ment d’inscrire notre tra­jec­toire car­bone auprès du Car­bone Dis­clo­sure Project (CDP), qui sera sous-ten­due par une grande mobil­i­sa­tion en interne. Nous allons égale­ment définir notre poli­tique d’inclusion & diver­sité, en col­lab­o­ra­tion avec toutes les RH pour met­tre en lumière la richesse mul­ti­cul­turelle de GreenYel­low. Mais je n’en dirai pas plus et je vous invite à décou­vrir cela en détail dans le prochain rap­port RSE…

Aujourd’hui vous êtes également CTO de GreenYellow. Dans quel cadre s’inscrit ce rôle et quelle est votre feuille de route ?

En 2019, nous avons décidé d’entamer une con­ver­sion du busi­ness mod­èle de GreenYel­low : his­torique­ment bâti comme un développeur (investis­sant puis cédant 4–5 ans plus tard ses act­ifs), nous bâtis­sons désor­mais une vision de long terme et conser­vons nos act­ifs. Cela n’a l’air de rien, mais en réal­ité les impacts sont pro­fonds pour n’en citer que quelques-uns : la mise en place sys­té­ma­tique de finance­ments de pro­jets implique une pro­fes­sion­nal­i­sa­tion accrue de notre organ­i­sa­tion ; la con­ser­va­tion des act­ifs va de pair avec une excel­lence opéra­tionnelle dans la réal­i­sa­tion puis l’exploitation des pro­jets ; et le numérique va pren­dre une place prépondérante dans nos métiers.

Nous avons donc mis en place un plan de trans­for­ma­tion que je suis chargée de pilot­er et qui touche toutes les fonc­tions de l’entreprise avec des enjeux de per­for­mance opéra­tionnelle, de stratégie com­mer­ciale et de time to con­tract, de cul­ture d’entreprise et de gou­ver­nance. C’est un pro­gramme ambitieux que je suis ravie de men­er auprès du Comex et avec l’ensemble de nos équipes. 

Et si vous aviez un message à passer aux jeunes diplômés de l’école ?

Je suis passée il y a quelques semaines sur le cam­pus pour des tables ron­des autour de la tran­si­tion écologique. Ce qui m’a le plus frap­pée ce sont leurs innom­brables ques­tions qui tradui­saient leurs doutes. Va-t-on réelle­ment s’en tenir aux +2°C pré­con­isés par le GIEC ? A cet immo­bil­isme, je préfère le mou­ve­ment : avancer pas à pas vers ce qui sem­ble être le plus béné­fique au vu de nos con­nais­sances actuelles. 

Chez GreenYel­low, nous dis­ons : « Togeth­er let’s impulse pos­i­tive change ! », avec courage et humilité. 

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