Face à une révolution énergétique de la “ sobriété ” digitalisée

Dossier : Dossier FFEMagazine N°708 Octobre 2015
Par Jean-Christophe ALLUÉ (85)
Par Jean-Marie HUBERT (92)

Pouvez-vous nous restituer le contexte de la transition énergétique ?

Dans l’histoire des indus­tries et des tech­niques, il y a régulière­ment des révo­lu­tions indus­trielles qui intè­grent une révo­lu­tion énergé­tique, comme l’a dévelop­pé, par exem­ple, Jérémy Rifkin : le char­bon au XIXe siè­cle, le pét­role au XXe siècle.

Pour la France, en par­ti­c­uli­er, la dernière en date de ces grandes muta­tions cor­re­spond au pro­gramme élec­tro-nucléaire des années 70 ; néan­moins, cette pré­dom­i­nance du nucléaire n’est pas uni­verselle et il n’y a qu’en France que le nucléaire a boulever­sé ain­si la com­po­si­tion du mix énergé­tique, avec 70 % de l’électricité d’origine nucléaire.

Ce qui est remar­quable, c’est que la tran­si­tion énergé­tique actuelle a des car­ac­téris­tiques opposées à celle des années 70.

Pouvez-vous nous caractériser la transition énergétique et ce qui la différencie des périodes précédentes ?

Pour la recon­struc­tion, au sor­tir de la sec­onde guerre mon­di­ale, puis pour le pro­gramme nucléaire au milieu des « 30 glo­rieuses », l’Etat, maître d’ouvrage, est face à un maître d’œuvre unique, du fait du mono­pole énergétique.

Dans ces deux cas, une révo­lu­tion « pro­duc­tiviste » se met en place avec l’objectif de « pro­duire mieux pour pro­duire plus ». La révo­lu­tion énergé­tique découlait d’une stratégie décidée pour l’amont, au niveau de la pro­duc­tion, pour se propager vers les usages domes­tiques et pro­fes­sion­nels ; la préférence typ­ique­ment française pour le chauffage élec­trique découlait, par exem­ple, du choix de la stratégie du nucléaire.

Aujourd’hui, nous sommes dans une révo­lu­tion énergé­tique de la « sobriété » où il faut « con­som­mer mieux pour con­som­mer moins ». Et ce sont à présent les usages, c’est à dire les besoins des clients fin­aux, qui guident les choix énergétiques.

Cela s’inscrit aus­si dans une per­spec­tive décen­tral­isatrice puisque chaque acteur, par­ticipera aux choix entre dif­férentes solu­tions et tech­nolo­gies com­péti­tives, et pren­dra part au dessin du mix énergé­tique de demain, à chaque échelle pertinente :

  • au niveau d’un bâti­ment : depuis quelques années, les clients veu­lent être maîtres de leurs choix énergé­tiques, acteurs de leurs con­som­ma­tions et par­fois pro­duc­teurs eux-mêmes. Les solu­tions SMART de con­nais­sance et de pilotage de ses con­som­ma­tions per­me­t­tent à un ges­tion­naire de pat­ri­moine immo­bili­er de devenir un « consomm’acteur » de l’optimisation énergé­tique pour cha­cun de ses besoins et de ses bâtiments ;
  • au niveau des micro-ter­ri­toires, des choix impac­tants sont faits pour notre devenir énergé­tique avec les expéri­men­ta­tions d’éco-quartiers. Les lieux de pro­duc­tion énergé­tique sont plus proches, donc les éner­gies plus locales, plus flex­i­bles notam­ment avec l’apport du dig­i­tal et de réseaux plus communicants.
    Ceci traduit aus­si dans notre poli­tique énergé­tique, le mou­ve­ment de décen­tral­i­sa­tion poli­tique puisque les élus locaux enten­dent définir et pre­scrire des sché­mas économiques locaux ;
  • en haut de la pyra­mide, au niveau du « macro-ter­ri­toire »,l’Etat, qui en inté­grant les évo­lu­tions impul­sées par les besoins des clients au niveau de leurs bâti­ments et des attentes des micro-ter­ri­toires, mod­i­fie en pro­fondeur la stratégie et le mix énergé­tique nationaux.

Quels sont les points prinicpaux de votre stratégie dans le cadre de la transition énergétique ?

Notre stratégie repose ain­si sur deux axes forts : s’imposer comme leader de la tran­si­tion énergé­tique en Europe et devenir l’énergéticien de référence sur les marchés à forte crois­sance. Cette stratégie se traduit par des objec­tifs ambitieux.

Objec­tifs ambitieux dans le développe­ment des éner­gies renou­ve­lables, d’une part : le Groupe s’était engagé à aug­menter de 50 % sa capac­ité instal­lée en éner­gies renou­ve­lables dans le monde entre 2009 et 2015. Cet objec­tif sera atteint, et le Groupe se fixe d’aller encore plus loin : dou­bler sa capac­ité de pro­duc­tion à base d’énergie renou­ve­lable en Europe d’ici 2025 et réduire de 10 % ses émis­sions spé­ci­fiques de CO2 d’ici 2020.

Objec­tifs ambitieux dans la maîtrise des con­som­ma­tions, d’autre part. Le Groupe – fort de près de 100 000 col­lab­o­ra­teurs experts des ser­vices à l’énergie à tra­vers le monde – se fixe de faire croître de 40 % d’ici 2018 son activ­ité dans l’efficacité énergé­tique en Europe, en pro­posant notam­ment des nou­veaux ser­vices inno­vants grâce aux nou­velles technologies.

Enfin, la tran­si­tion énergé­tique étant au cœur du pro­jet stratégique d’ENGIE, le Groupe prend naturelle­ment une part active dans la pré­pa­ra­tion des grands ren­dez-vous inter­na­tionaux à venir, au pre­mier rang desquels la Con­férence des Nations Unies sur le Cli­mat qui se tien­dra en fin d’année à Paris.

ENGIE organ­ise ain­si, en coopéra­tion avec plusieurs col­lec­tiv­ités locales, une série de con­férences dans les grandes régions français­es pour présen­ter les enjeux liés au Cli­mat ain­si que les solu­tions adap­tées en ter­mes de tran­si­tion énergétique.

ENGIE s’est engagé comme parte­naire fon­da­teur de « Solu­tions COP21 », portées par le Comité 21 et le Club France Développe­ment durable, afin de met­tre en avant les solu­tions con­tribuant à réduire les émis­sions de gaz à effet de serre. ENGIE souhaite ain­si qu’un accord cli­mat ambitieux soit con­clu à Paris, sur la base des con­tri­bu­tions nationales.

Concrètement, comment accompagnez vous les entreprises et les collectivités en France ?

Informer et accom­pa­g­n­er nos clients vers la réduc­tion de leurs con­som­ma­tions d’énergie est une néces­sité à la fois pour des raisons de stratégie com­mer­ciale mais aus­si de respon­s­abil­ité socié­tale : c’est la seule façon de répon­dre durable­ment aux besoins des entre­pris­es, soucieuses de préserv­er leur compétitivité.

Nous sommes con­va­in­cus que la stratégie gag­nante pour un four­nisseur d’énergie, c’est de s’impliquer dans la maîtrise de la demande d’énergie ; c’est aus­si la meilleure façon pour lui de péren­nis­er son activ­ité et son porte­feuille de clients !

Pre­mière étape vers une mod­i­fi­ca­tion des com­porte­ments pour plus de sobriété, il faut pou­voir mesur­er l’énergie con­som­mée pour pou­voir ensuite agir. Rai­son pour laque­lle nous nous impliquons dans le développe­ment des tech­nolo­gies de comp­tage intel­li­gent SMART ; pour les clients en chauffage col­lec­tif, par exem­ple, notre solu­tion Ver­tuoz Habi­tat per­met l’individualisation des charges des occu­pants ain­si que la mise à dis­po­si­tion d’un tableau de bord pour le suivi des con­som­ma­tions du loge­ment, des com­para­isons, des con­seils indi­vid­u­al­isés et des alertes.

EN BREF

Fort de plus de 150 000 collaborateurs et de 74,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, ENGIE inscrit la croissance responsable au cœur de ses métiers (électricité, gaz naturel, services à l’énergie) et propose des solutions innovantes pour les particuliers, les collectivités et les entreprises dans plus de 70 pays.

Pour aller vers l’efficacité énergé­tique, nous accom­pa­gnons égale­ment nos clients dans leurs pro­jets de travaux de réno­va­tion. Une fois le diag­nos­tic réal­isé, la réduc­tion des con­som­ma­tions peut pass­er par un change­ment des solu­tions mis­es en œuvre ou/et des com­porte­ments énergé­tiques, et se traduire par la néces­sité d’engager des travaux de réno­va­tion énergé­tique sou­vent com­plex­es et coû­teux. D’où la néces­sité d’être con­seil­lé et accom­pa­g­né car la prob­lé­ma­tique n’est pas unique­ment financière.

Pour ces raisons, nous sommes présents sur toute la chaîne de l’efficacité énergé­tique. Ce posi­tion­nement nous per­me­t­tra d’accompagner nos clients dans la mise en œuvre de la loi de tran­si­tion énergétique.

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